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Souvenirs de Grospixeliens
Ce dossier est le récapitulatif d'un concours lancé début 2005 sur le forum de Grospixels. Il s'agissait pour les participants de raconter leur vie de joueurs dans un essai d'environ 4 pages. Cher lecteur, ne manque surtout pas de lire ces textes qui sont tous passionnants, vivants et la plupart du temps plein d'humour.

Les souvenirs de... Riki

(Remplacer les « ... » par le son d’une voiture qui roule à très vive allure) : ... j’arrive mes petits, j’arrive, ... (ma barre de boost se remplit lentement mais sûrement) ... Ah ! En voilà un ... je vais pas le rater ...Et tiens ! Craaaaaaaaa !!! Allez dégage ! ... Ah il est là le 1er ... encore un peu ... eeeeeetttt tiens ! Ah zut ! ... Eeeettt tiens !!! Cette fois c’est la bonne ! ... La ligne d’arrivée, 1er, comme d’habitude, héhé.

Ce Burnout 3 est vraiment chouette, les parties sont vraiment très fun à jouer mais pourtant, il manque quelque chose, je ne sais pas quoi qui fait que ça reste très différent, je ne dirai pas que c’est moins bon mais c’est très loin des parties endiablées de Mario Kart jouées il y a plus d’une dizaine d’années sur SNES et dont le plaisir ardent est encore si présent aujourd’hui. Je m’en rappelle comme si c’était hier ; on était tous réunis dans le salon ; il y avait Mourad, Christian, Clément, Jojo et moi, les manettes passaient de mains en mains et cela durait des heures. Les carapaces rouges, vertes, les bananes, les étoiles d’invincibilité, les éclairs pour rétrécir tout le monde, tout y passait. Sur tous les circuits, dans tous les virages, dans toutes les lignes droites, les combats acharnés étaient au rendez-vous ; les colères aussi bien entendu car Mario Kart, c’est quand même de la grosse injustice comme pas permis. Mais bon, ça ne nous a pas empêché d’y avoir pris notre pied et de l’avoir savouré jusqu’à la dernière miette. Des jeux qui m’ont mené au sommet du bonheur, il y en a eu pas mal à l’époque : Mortal Kombat 2, Zelda 3, Super Probotector, Fatal Fury Special, Dragon Ball Z 2, ...(non, ceux-là c’était des petits point normaux, oubliez le bruit de bagnole maintenant). A cette époque, la vie était simplement un rêve : jouer au jeu video tout le temps, être détaché de tout, ne penser à rien d’autre, jouer, tout le temps jouer, ne rien faire que jouer, ... que du bonheur.

Il est étrange que bien qu’à cet époque, j’allais à l’école où je voyais mes potes et je rigolais beaucoup, la part dont je me rappelle en dessinant sur mon visage le plus grand sourire de tendresse qui soit, ce sont les moments passés devant la console. A croire que j’étais scyzophrène, la vie en société, c’était bien mais c’était pas ma vraie nature, le grand bonheur, c’était avec mes autres potes, les vrais (dans l’ordre chronologique) : Mario, Luigi, Raphaëlo, Michaelangelo, Donatello, Leonardo, Billy, Jimmy, Picsou, Megaman, Link, Simon, Ken, Ryu, Chunli, Blanka, Liu (Kang), SubZero, Scorpion, Johnny, Terry, Andy, Joe, Kim, Geese (!!!), Donkey Kong, Yago, Sabrewulf, Fulgor, Samus, Ryo, Robert, ... pour ne citer que la 1ère partie de ceux que je chéris tout particulièrement. Mon parcours, ça aura été : Coleco Vision, console Philips (je sais plus ce que c’était), NES, SNES, PC, Saturn, N64, Emulateurs, Dreamcast, PS2 puis PSOne.

Ce qui est vraiment dommage. Je m’en rends compte aujourdh’ui, c’est que j’ai souvent été fauché aux moments clés de mon histoire de joueur à savoir ces moments où l’achat d’une console vous devient indispensable pour vivre, la décision est prise, elle s’est ancrée en vous et vous ronge jusqu’aux entrailles ; une chose est sûre, soit cette console sera vôtre très rapidement soit ...ben soit rien du tout, vous prendrez votre mal en patience jusqu’au jour où vous l’aurez, qu’est-ce vous voulez que je vous dise de plus. Prendre mon mal en patience est quelque chose que je n’ai jamais su faire ; raison pour laquelle, j’ai souvent pratiqué la revente de jeux et consoles à des prix dérisoires juste pour me permettre d’avoir la somme manquante pour pouvoir poursuivre mon activité de joueur. Ce qui fait qu’aujourd’hui, je ne dispose pas de la moindre vieille console, du moindre vieux jeu, de la moindre vieille manette. Néanmoins, mes souvenirs sont toujours présents ; ce n’est pas rien, loin de là même, laissez-moi donc vous comter ces souvenirs « qui tuent » que j’emporterais jusque dans ma tombe (c’est le cas de le dire ...arf, mais puisqu’ils tuent les souvenirs !):
Nous sommes fin des années 80 (1988 pour être exact), j’ai 8 ans, c’est l’époque des dessins animés que nous avons tous adorés. Je suis en 3ème primaire, j’ai compris en entendant les copains parler qu’il existe une machine qui permet de jouer à un jeu video de Dragon Ball, je sais que ça s’appelle une nintendo, je n’en sais pas plus mais je la veux. J’ai vu plusieurs fois à la TV la pub « SEGA, c’est plus fort que toi ! », je ne sais pas ce que c’est mais les copains disent que c’est même mieux que la nintendo ! Je bouillonne, il y a des trucs qui existent, qui sont trop bien et dont je suis pas au courant.

La 1ère console qui débarquera à la maison sera une Coleco Vision avec le jeu des Schtroumpfs !! Selon mon père, c’est une nintendo ; je le crois sur parole. De toute façon, j’en avais rien à faire de ce que c’était, tout ce que je voulais, c’était avec les Schtroumpfs et faire sa fête à Gargamel !
Les petits êtres bleus bien que gentils et très joyeux ( ) ne m’auront amusé que quelques mois. Il est temps pour moi de passer à autre chose ; je veux la nintendo et la vraie cette fois !! Je sais ce que c’est maintenant, j’ai grandi, je suis beaucoup moins bête ! Je vais au Christiansen avec le frangin et le papa qui va encore usé de tous les stratagèmes pour alléger la facture. Nous entrons dans le magasin et ddchhh !! Un problème inattendu apparaît ; une console que je n’avais encore pourtant jamais désirée se présente à côté de la NES, j’en ai déjà entendue parler, elle a vraiment de la gueule, c’est une console 16-bits alors que la NES n’en a que 8 et elle a un design bien plus futuriste et high-tech que la boîte grise de Nintendo, je ne sais pas ce que c’est mais je sens qu’elle est trop puissante ; je lis son nom sur la boîte, elle s’appelle la « MEGADRIVE ». Il est marqué à côté « SEGA », je me rappelle alors du très vieux slogan qui est encore présent au fond de ma tête : « SEGA, c’est plus fort que toi ». Je la veux ...

Mon père analyse les prix :
_ la MEGADRIVE avec un jeu (Sonic) et une manette : 7000 FB (env. 175 euros)
_ la NES avec 2 jeux (Super Mario Bros et Duck Hunt), deux manettes et un flingue : 6000 FB (env. 150 euros)

Au final, Sega aura été plus fort que moi mais pas plus fort que mon père ; sur critère du prix et sous la pression de mon abruti de frangin, il tranchera pour la NES qui bien qu’elle n’avait pas la gueule de la MEGADRIVE fera mon plus grand bonheur. Super Mario Bros 1,2,3, Duck Hunt, Megaman, Castlevania, DuckTales, Tortue Ninja, Double Dragon 3 ... beaucoup de jeux ont contribué à l’usure de mes manettes NES puis de celles de la SNES qui viendra ensuite. Découverte des premiers jeu de baston sur cette dernière, de Mario Kart, de Zelda 3, ... les classiques quoi. Mon bonheur s’étendra plusieurs années avec la SNES mais vous savez bien que tout bonheur a ses limites, cellles du mien furent la NEOGEO, La rolls des consoles comme on l’appelait sans cesse dans Microkid’s. J’en ai bavé devant les séquences de jeu diffusées quasi tous les week-ends sur FR3. La vie se sera vraiment payer ma tête ; on m’a donné une Coleco quand je voulais une NES, une NES quand je voulais une MEGADRIVE et maintenant que j’ai la SNES que je voulais ben, il y 1000 fois, ça s’appelle la NEOGEO et s’il y a bien une chose qui est sûr, c’est que c’est trop cher pour moi. C’est la console que je n’ai jamais pu toucher (encore à ce jour !!! Au point que je peux vous dire qu’un des évènements marquants du cartoonist 2002 à Paris aura été de voir pour la 1ère fois une NEOGEO bien réelle ! Le choc ! ... Je ne sais pas pourquoi, je me sens vraiment ridicule à dire ça ... )

Vous avez remarqué que j’ai cité Ducktales et Teenage Mutant Ninja Turtles et même les schtroumpfs plus tôt ; des jeux à licence il y en avait déjà à l’époque ; c’est ce qui me permet de comprendre totalement le succès des Pokémons aujourd’hui. La force d’une licence pour soutenir le gameplay d’un jeu video est qu’on a presque l’impression de rencontrer des êtres vivants dans le jeu. Dans Ducktales par exemple, jouer avec Picsou, rencontrer Mamie Baba qui nous donne des gâteaux, affronter la méchante Mystique, se voir donner des indications par Fifi, Riri, Loulou, ... me remplissait d’un bonheur d’enfant au pays des merveilles. J’ai été très jeu de baston dans ma vie, un peu trop même, après la « Super » comme on l’appelait (mais la SNES tiens ! qu’est-ce que vous voulez que ce soit d’autre !?), j’ai acheté une saturn pour les jeux de baston et j’ai été bien servi car j’y ai découvert la série des « The King of Fighters » qui m’aura permis de recontrer encore toute une floppée d’amis que je ne citerais pas car ça ferait un peu trop long ; KOF étant le jeu ayant remporté la bagarre du plus grand nombre de personnages, menée par les jeux de baston à l’époque. Pourtant ses amis-là, j’y tiens comme pas possible (allez, j’en balance quelques-uns : Athena, Sie, Iori, Goro, Ralf, Clark, ...)

Ah ! Retour en arrière ! La coleco est bien ma plus ancienne console mais ce n’est pas la plus vieille que j’ai eue. Ma plus vieille c’était une console Atari avec 2 joysticks à 1 bouton rouge chacun et avec ... attention, préparez-vous bien...255 jeux intégrés !!! Biensûr il y avait 20 fois le même jeu de foot avec des noms différents et des jeux de voitures qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, ...à vrai dire, je suis même pas sûr si c’était une Atari ou si on l’appelait comme ça juste parce que ça y ressemblait et qu’on ne savait pas comment l’appeler autrement. Un autre truc qui tuait à l’époque, c’était les consoles qu’on vous transformait au magasin gratuitement si vous achetiez un jeu de zone étrangère. En fait, je voulais acheter Super Mario Bros 3 sur NES dans un magasin en plein centre commercial et le revendeur m’a expliqué que pour que je puisse y jouer, il faudrait transformer ma console, service qu’il me rendrait gratuitement si je lui achetais le jeu. Aussitôt dit, aussitôt fait. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que les jeux qu’ils vendaient étaient américains. Je trouvais d’ailleurs bizarre que lorsque j’étais parti acheter à ce même magasin Megaman 3, la semaine de sa sortie, ils avaient déjà en vitrine le 4 !!! Heureusement que mon abruti de frangin, têtu comme il était avait quand même forcé pour qu’on achète Megaman 3 parce qu’à ce qui paraît, le 4 était nettement moins bien. Je pourrais encore vous parler de toutes ces choses fantastiques que j’ai malheureusement manquées : les salles d’arcade où je passais mon temps à regarder les jeux sans jamais y jouer faute d’argent ; j’en ai bavé devant les nouveaux hits SNK ou les jeux de bagnoles avec siège, volant et pédales, « wow, comme dans un vraie voiture ! » que je me disais, comme vous pouvez le voir, j’étais déjà une lumière à ce moment-là. La borne que je trouvais la plus jolie, c’était celle aux couleurs de Mortal Kombat 2, avec Raiden aux yeux foudroyants dessinés sur un des côtés. Quelle était belle ! J’ai des fois envie d’acheter une borne rien que pour prendre ma revanche sur la vie, de même pour la NEO GEO. Ces plates-formes représentaient à mes yeux l’Olympe où régnaient les vrais hardcore-gamers (terme très en vogue à une époque) alors que moi, pauvre petit mortel que j’étais, je devais me contenter de ces jeux qui pourtant n’avaient vraiment rien de moins si ce n’est justement que je les avais.

Je vais m’arrêter là parce que tout ce qui s’est passé après est trop récent pour que j’en éprouve de la nostalgie. Aujourd’hui, je joue à ma ps2 tranquillos et je regrette bien le temps où on se réunissait entre potes. Cela me paraît impossible de nos jours ; on a tous grandi, chacun a ses préoccupations et son horaire. Je me fais mes jeux en solitaire ; ça m’amuse bien mais bon, y a pas non plus de quoi en fouetter un chat. Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi je trouve les jeux moins funs qu’autrefois ? Pourquoi je suis plus capable de jouer plusieurs heures d’affilée à un même jeu ? pourquoi je trouve les jeux trop chers alors qu’autrefois, je payais le prix fort sans hésiter ? Je ne sais pas. Les jeux sont-ils moins bons ou est-ce moi qui ai changé ? J’ai trop peur que la deuxième raison soit la bonne pour y croire et vais patiemment attendre le jeu qui réveillera le « moi » qui sommeille depuis un petit temps déjà. Allez, c’est reparti ! ...(bruit de bagnole qui fonce )

edit : ah si ! Il me reste quelque chose ! La boîte de Fatal Fury Special sur SNES ! Elle est magnifique ! Et croyez-moi, je préfère devenir SDF que m'en séparer !

Riki
(27 octobre 2005)