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Souvenirs de Grospixeliens
Ce dossier est le récapitulatif d'un concours lancé début 2005 sur le forum de Grospixels. Il s'agissait pour les participants de raconter leur vie de joueurs dans un essai d'environ 4 pages. Cher lecteur, ne manque surtout pas de lire ces textes qui sont tous passionnants, vivants et la plupart du temps plein d'humour.

Les souvenirs de... davios

OLD MEMORIES...

LA GENESE.

Retour en arrière de, disons hmm... 21 ans.

Visite chez mon cousin. Son père montre du bout de l’index au mien qu’il vient d’acheter un ordinateur pour son fils. Intrigué, je m’approche et aperçois un petit clavier gris anthracite maculé de touches colorées fruit d’un amour inavouable entre une machine à écrire et un lecteur de cassettes, le tout posé devant un petit téléviseur de la même couleur foncée. Un jeu tournait dessus. Enfin, un jeu, c’est beaucoup dire à mon âge. Un jeu d’aventure textuel qui se nommait, si ma mémoire ne me joue pas de tour, Sorcerer.
Un truc super nul : Que du texte avec deux images qui se battent en duel. Puis, insertion d’une autre cassette. « Tûûûût...tiiiiiiiit iiiiiit tit ». Vraiment bizarre ce truc. Et voilà qu’apparaît un programme plus en accord avec l’idée que je m’en faisait (attention hein, j’avais une énorme expérience dans le domaine grâce à mes Game&Watch et mes débuts sur bornes arcade –Mr Do !, Galaga, Track ‘n’ Field- ) : Un jeu d’action (mais pas trop non plus) avec un œuf comme héro. Dizzie. Le nom de cette machine ? Un AMSTRAD CPC464.

Bon, retour à la maison et plusieurs semaines et « cassages » de pieds plus tard, arrivée dans le bureau de papa (ben ouais, c’est sensé être un micro-ordinateur, pas un « jeu électronique » ) d’un SCHNEIDER CPC464 qui ne porte pas le même nom que celui de mon cousin et qui a perdu ses touches de couleurs au passage. Celui-ci est livré avec un pack de softs divers dont certains sont des utilitaires rébarbatifs. Parmi tout ça, il y a tout de même quelques jeux. Un jeu d’avion de chasse vu de profil qui doit abattre d’autres supersoniques venant en face et couler des bateaux qui croisent sous lui. J’en aurai vite fais le tour, ainsi que les autres. Et, las de copier des lignes de Basic pleines de « Syntax Error » parues dans un journal plutôt comique (Hebdogiciel), ce micro restera un peu à l’abandon, sont intérêt restant fort limité pour moi.

Puis vint mon entrée au collège et là, ce fut la révélation. Quelques potes de quatrième viennent au cours avec un mag super chouette : TILT. Ils jouent beaucoup sur un autre micro que moi : Le COMMODORE 64. Qu’à cela ne tienne, j’apprends surtout que d’autres jouent sur CPC et possèdent plein de jeux ! Ah ? Mon micro peut afficher ça ? C’est sur CPC464 ce jeu ? C’est donc ainsi que ma ludothèque s’est rapidement enrichie avec des titres comme BARBARIAN, SABOTEUR, BRUCE LEE, RYGAR, GAUNTLET et bien d’autres adaptations de bornes d’arcade. Ce plaisir fut malgré tout freiné par la rapide évolution de ces jeux de café que mon brave micro ne pouvait restituer sans perdre de leur superbe (la vache, Outrun sur CPC. Ceux qui y ont joué savent de quoi je parle).

MASTER SYSTEM, MON AMOUR.

Mes yeux s’écarquillent. Mon cœur se met à battre plus fort dans ma poitrine. La raison de cet état fébrile ? Une boîte de jeu croise mon regard en passant d’un cartable à l’autre : Space Harrier sur SEGA Master System. Quels graphismes mes amis ! Adieu le mode 2 du CPC ! Fini l’attente interminable du chargement du jeu avec son écran titre s’affichant ligne par ligne. Cette console se met à hanter mes nuits, d’autant plus fort que certains de mes camarades en font l’acquisition. Je passe le plus clair de mon temps à rêver de la belle en admirant le poster publicitaire vantant les mérites de la machine, captures d’écran à l’appui. Anecdote comique : J’ai acheté le stick arcade de la console avant même d’avoir la machine. Je la branchais sur mon CPC pour pouvoir jouer avec lui. J’ai fini par obtenir un soir de décembre ma MasterSystem à moi. A moi ! Le CPC et son écran à affichage vert furent vendus pour la bonne cause : me constituer rapidement une collection de jeux tels que SHINOBI, THUNDER BLADE, POWER STRIKE, OUTRUN, Y’s et bien d’autres. Cette console aura été le véritable élément déclencheur de ma passion pour les jeux vidéo et j’en remercie encore Sega de m’avoir fait vivre une telle expérience ludique. Cette machine sera source de bien de bonheur jusqu’à sa relève, ...

16-BITS SINON RIEN

... La MEGADRIVE. La première console 16bit au monde. La première à pouvoir assouvir ma soif d’adaptations de bornes arcade. Les premières images de SPACE HARRIER II (décidément, encore lui) dans TILT et les screenshots de SUPER HANGON dans Computer&Video Games achèvent de me convaincre : Il me la faut. Premières lectures d’un nouveau mag’, JOYSTICK, et pub d’un magasin d’import parisien, SHOOT AGAIN. La MegaDrive Jap’ à 3999 FF avec un jeu au choix (ce sera Super HangOn). Qu’à cela ne tienne, je vais me séparer de ma 8bit et de ses cartouches pour me l’offrir. Quelques semaines -et encarts de VIRGIN dans la presse ^^- plus tard, la voilà enfin à la maison et grosse déception : C’est en noir&blanc ! Maudit 60Hz que le téléviseur familial ne peut ni restituer ni me permettre de la brancher par le scart... absent lui aussi. Tant pis, j’y jouerai comme ça. Pas le choix. De plus, un nouveau micro rallie les joueurs de mon entourage et m’isole moi et ma 16bit performante mais trop chère et encore fort confidentielle : L’AMIGA 500. Il faut dire que voir Shadow of the Beast, ça fait un sacré choc. Je passerai donc le mois de juillet suivant à travailler pour rassembler suffisamment d’argent nécessaire à l’achat de mon futur Amiga. Le montant n’étant pas assez important, je me sépara donc de ma MegaDrive auprès du propriétaire du magasin qui me vis acheter ma MasterSystem.

Ce micro restera un bon souvenir de part ses jeux d’anthologie créés par les talentueux programmeurs de chez Psygnosis, LucasArts et CinemaWare. Des jeux de hardcore gamers comme Fire & Brimstone ou encore Turrican resteront longtemps dans ma mémoire ainsi que de nombreux titres simples mais diablement addictifs comme ShufflePuck Café, Klax et bien d’autres dont j’ai oublié le nom.
Les œuvres des demomakers précédant le chargement de mes jeux... crackés également ^^. X-Copy fut d’ailleurs un compagnon de premier ordre tout ce temps *hahemm*. Au fait, tant que j’y pense et surtout parce que ça va me faire du bien : Le 520ST c’est nul, beurk. Un son pourri et seulement 32 couleurs simultanées à l’écran, lol. Mouhahaha ! Trop drôle.

Entre temps, je continue malgré tout à traîner mes baskets dans mes salles d’arcade favorites à jouer sur CrackDown (surtout la borne de la salle de billard qu’on squattait tous les midis près de l’école : Elle freezait après plusieurs minutes mais suffisamment longtemps pour qu’on arrive au dernier level. « M’sieur, le jeu déconne ». Hop ! Remboursé à tous les coups, trop cool ), Golden Axe et autres grosses licenses SEGA ou CAPCOM. Je lis aussi que Nintendo sort une console 16bits au Japon (la Megadrive arrive à peine en europe de façon officielle). Bof, elle a une drôle de tête et ce Goemon est un parfait inconnu. C’est donc dans ces salles que je croise pour la première fois un jeu de baston vachement bien foutu : Street Fighter II. Woua, la claque ! Beau, super jouable (en me rappelant mes sueurs sur son grand frère à vouloir sortir des hadoken devant le terrible Balrog), addictif au possible comme tout grand jeu d’arcade. J’y joue dès que j’aperçois une borne SF2. (le dernier m’ayant fait pareil effet était le shoot Raiden de Seibu). Stupeur devant l’adaptation de SFII sur... Super Nintendo. P’tain, c’est enfin l’arcade à la maison ! Bon, il a bien eu le FM Towns de Fujitsu mais ça restera un fantasme de joueur car tel un monstre de puissance est parfaitement inabordable (j’ai failli faire dans mon slip devant les images d’After Burner, c’est dire). Nintendo... Merde, ce sont ceux à qui je n’ai jamais accordé le moindre regard. Oh et puis merde, tant pis, je craque pour une Super Famicom (oué, j’ai eu une télé SCART depuis ^^) et la cartouche SFII pour la somme faramineuse de 6000 fb (150€!) J’y joue tout l’été 92 et c’est seulement en septembre que je me décide enfin à insérer la cartouche fournie avec la console : Super Mario World. J’ai pas décollé de ce jeu pendant des jours et après avoir tout débloqué, je me suis rendu à l’évidence que Mario, ben, c’est quant même super chouette . J’ai donc découvert des jeux comme Super Mario Kart, Axelay, Zelda. J’en profite pour redécouvrir les autres Mario que j’avais loupé sur NES grâce à Mario All Stars.

32 + 32 = 16 + 16 + 16 + 16 = 64 < 32 MOUAIS...

Mon entrée dans la vie professionnelle rimera malheureusement avec l’effondrement de mon temps alloué aux jeux vidéo. Je vends mon Amiga qui prend la poussière dans un meuble depuis fort longtemps et s’en suit l’achat d’une Megadrive PAL suite à la sortie européenne de Sonic mais le feu sacré s’est mué en flammèche vacillante. J’apprends que Sony ce lance sur le marché des consoles avec une 32bits, que Nintendo annonce sa prochaine machine, la Ultra64 dont deux jeux sont dispos en arcade. Killer Instinct est vraiment bien foutu. Même ATARI tente son retour avec une certaine Jaguar et la 3DO de Panasonic fini par se casser la figure. Mais ce ne sera qu’une courte pause, bien heureusement. Car, quelques mois et plusieurs boulots plus tard, un de mes collègues se met à me décrire ses parties endiablées sur Toshinden et Tekken avec son pote. Entre temps, l’Ultra64 sort sous le nom de N64 et Killer Instinct perd des polygones au passage. Commodore ressort son Amiga sous la forme d’une console CD, la CD32. Hmm, original :/.

Ca a l’air tout de même bien, cette Playstation. Je l’aperçois en grande surface et je l’achète avec un jeu mais quel jeu !: WipeOut. Je me rappelle de ma tête éberluée devant la cinématique d’intro, le cerveau baigné de sons technoïdes. Une grande claque dans la tronche et merde quoi, Psygnosis, celui de Beast, Lemmings ou Agony ! Les p’tits gars de Core Design qui ont aussi fait pas mal de chouettes jeux sur Amiga (Rick Dangerous, ça vous dit quelque chose ?) donnent naissance à la voluptueuse Lara Croft. Tomb Raider est un jeu lui aussi formidable. En tout cas, cette machine m’aura vraiment donné des heures et des heures de plaisirs dans bien des domaines. La redécouverte des RPG (genre que j’avais laissé tomber depuis Fantasy Stars sur Megadrive) grâce au sublime FF VII, le retour en fanfare du survival horror avec Resident Evil et mes premiers pas dans baston 3D grâce à SoulEdge. Ce n’est que lui rendre justice d’admettre que cette formidable machine à jouer a dominé le marché toutes ces années (à contrario de sa descendance, mais c’est une autre histoire).

Merde, il me manque plein de place pour terminer alors, on va laisser tomber les anecdotes et accélérer un peu .

PC, CONSOLES NEXT GEN & HYPE

Révolution dans le monde PC en 4 caractères : 3DFX (je laisse volontairement la PowerVR de côté). Je mets le doigt dans l’engrenage de l’accélération graphique qui va me mener d’un fantastique Half-Life sous Glide sur Pentium II 350 64Mb, 8Go et Voodoo2 à un... HL² tout aussi exceptionnel sur P4 3.4 EE @ 3.8Ghz 2Go de ram dual channel, 800Mo de HDD, ATI Radeon X800 XT PE. Diantre, dire que ça ne fait qu’à peine 5 ans entre les deux. Mais si on passe sur tout ça, il reste un point majeur à aborder sur PC : L’émulation. C’est par l’ému SYSTEM16 que je la découvre fin 1999. Jouer à Outrun avec cette qualité, c’est purement incroyable. Après quelques recherches, voici que je tombe sur un petit émulateur multi systèmes qui en est à ses balbutiements: MAME. Sega, fidèle à son image de pionnier dans la course à la puissance, sort la première console 128bits, la première « Next Gen » : La Dreamcast. Entre-temps, le marketing Sony *voix d’outre-tombe* étend son ombre sur le monde du jeu vidéo *fin de la voix d’outre-tombe, merci de votre participation* et entame son travail de sape envers la concurrence. Des gens comme vous et moi se tapent dessus pour une machine qui n’offre rien à sa sortie. J’ai passablement le dégoût quand je vois ce carnage. En grand rebelle, la Dreamcast, je me l’offre, na. Et Sega, à bout de souffle, s’effondre en me laissant cette superbe console vouée à... rien. Suite à ces évènements, j’ai gardé longtemps un rôle d’observateur sur le monde des consoles de salon, surtout suite à l’annonce du souhait de Microsoft à se lancer dans l’arène. Ils m’auront agréablement étonné les bougres. Nintendo nous gratifie d’une chouette machine affublée d’une image infantile mais qu’importe du moment qu’on s’amuse. Voilà, j’ai à présent une XBOX sous mon téléviseur, juste à côté de mon GameCube. L’une et l’autre s’accaparent tour à tour mes faveurs sous l’œil jaloux de mon PC de gros bourgeois. Mais qu’il se rassure, je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut profiter du meilleur des deux mondes (et puis, il y a MAME qui prend du galon en vieillissant). Mais surtout, ne le répétez pas, ils ne savent pas que je les trompe de temps en temps dans mon lit ou au travail avec une certaine petite portable qui porte un nom ravissant dit à haute voix : DS.

Mais au fait, vous ai-je dit que je n’avais pas de PS2 ?

davios
(27 octobre 2005)