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Le 1er site en français consacré à l'histoire des jeux vidéo
Brève histoire des jeux vidéo
Un condensé de toutes les grandes dates, avec images et commentaires. A lire avant de commencer à surfer sur le site.

1982-1984 : le crash.
Où les Américains cassent la machine à rêves et les Japonais, jusqu'ici suiveurs, prennent les commandes.

- 1982 -

Sortie de la Colecovision.
Coleco lance la Colecovision, une console de jeux à cartouches proposant des graphismes et un son largement supérieurs à la concurrence, et proches des standards du jeu d'arcade. Coleco reçoit (dans un premier temps) le soutien de Nintendo et peut intégrer dans l'emballage de sa console le jeu Donkey Kong, dans une excellente conversion. Il est aussi adapté sur VCS et Intellivision dans des versions correctes, quoique bien inférieures. Un adaptateur pour cartouches VCS est fourni pour la Colecovision (qui fait la colère d'Atari), et des accords sont signés avec les Japonais de Sega, Konami, et Universal (créateurs du jeu Mr DO!) pour enrichir la ludothèque de cette console très prometteuse.

La Colecovision.

Magnavox et Atari remettent ça.
Magnavox lance un jeu pour Odyssey 2 intitulé KC Munchkin. Atari attaque aussitôt en justice, déclarant que ce jeu est un clone de Pac-Man, dont il possède les droits exclusifs pour une exploitation sur console. Magnavox est sommé de retirer son produit du marché, privant sa console d'un de ses meilleurs jeux.

Un mauvais clone.
Alors que Coleco lance sur le marché des adaptations de jeux d'arcade sur console de très bonne qualité, Atari sort sa version de Pac-Man pour VCS 2600 (nouveau nom de la VCS après un léger redesign). Mauvaise nouvelle, l'adaptation codée par Tod R. Frye dans des délais impossibles, et qui tient sur quelques Ko, est une horreur. Atari se rattrapera avec Ms Pac-Man, une suite beaucoup mieux réalisée, mais ce faux-pas malheureux écorne sa crédibilité.

E.T téléphone maison.
Atari sort le jeu E.T. The Extra-Terrestrial, inspiré du film de Steven Spielberg qui vient de sortir. Programmé en seulement 6 semaines par Howard Scott Warshaw, le jeu est nul, mais Atari compte profiter du succès du film et prend le risque de fabriquer autant de cartouches qu'il y a de VCS et de clones de cette console en circulation. L'arnaque ne prend pas et des centaines de milliers de cartouches d'E.T et de Pac-Man finissent dans un entrepôt du Nouveau Mexique, avec d'autres jeux invendus. L'image d'Atari se dégrade un peu plus. Pendant ce temps, Activision fait un malheur avec ses jeux VCS d'excellente qualité, comme Pitfall (de David Crane) ou H.E.R.O (de John Van Ryzin).

La console Atari 5200.

Le super système d'Atari.
Atari lance la 5200, une console plus puissante que la VCS 2600, pour concurrencer la Colecovision et l'Intellivision qui marchent de mieux en mieux. Basée sur l'architecture des micro-ordinateurs Atari 400 et 800, la 5200 présente des jeux plus beaux, mais qui n'apportent pas grand chose en intérêt à ceux de la 2600. De plus, elle n'est pas compatible avec les jeux de cette dernière. Un adaptateur sortira un peu plus tard, mais il est déjà trop tard, la 5200 est un échec. A noter que cette console est livrée avec deux joysticks analogiques, devenus depuis un standard, mais inadaptés au marché de l'époque.

Les vecteurs arrivent dans les foyers.
La General Consumer Electronics (GCE) développe la Vectrex, l'unique console de jeu de l'Histoire à proposer des graphismes vectoriels. La Vectrex, machine extraordinaire devenue aujourd'hui culte, est équipée d'un écran monochrome sur lequel des caches plastiques peuvent ajouter de la couleur et des motifs de fond (comme dans les bornes d'arcade de l'époque comme Space Invaders), de deux joysticks analogiques et d'un jeu intégré en série nommé Mine Storm (ou Mine Sweeper selon les versions), un clone impressionnant d'Asteroids. La console sera distribuée par Milton Bradley (MB), qui a racheté GCE entre temps.

La Vectrex.

La Pac-Mania continue.
Midway crée Ms Pac-Man sans faire appel aux développeurs japonais du jeu original. C'est le jeu d'arcade le plus vendu aux USA, avec 115.000 unités, et Namco développe de son côté Super Pac-Man, un jeu très différent du concept de départ, pour le marché japonais. Des barrettes mémoire contenant des améliorations pour la version originale de Pac-Man (modification des graphismes, ajout de nouveaux labyrinthes, nouveaux sons...) sont vendues par Namco dans le monde entier. Impossible de s'y retrouver dans cet enchevêtrement de versions alternatives. L'une d'elles, à destination des USA, "américanise" le jeu en remplaçant les fruits que Pac-Man avale par des canettes de Coca Cola et des hamburgers.

Les actions chutent.
Le 7 décembre 1982 est une date importante dans l'Histoire des jeux vidéo : Atari annonce que les ventes de consoles VCS 2600 et 5200 cette année n'ont pas atteint les objectifs. Aussitôt, l'action de la Warner chute de 32 % ! C'est la première fois que la bourse se ressent d'un échec dans le domaine du jeu vidéo, et le crash du marché qui va s'ensuivre est mémorable.

- 1983 -

Entre le jeu vidéo et le dessin animé.
Cinematronics lance Dragon's Lair, conçu par Rick Dyer et basé sur des séquences animées par Don Bluth et son équipe. C'est un des premiers jeu d'arcade à utiliser la technologie laser-disc pour stocker les séquences animées (le premier était Astron Belt, de Sega, l'année précédente).

Dragon's Lair.

Un nouvel ordinateur pour Commodore.
La société Commodore (fondée en 1954 par Jack Tramiel) lance le Commodore 64, un micro-ordinateur peu coûteux mais très performant qui enfonce toutes les consoles de jeux du marché avec ses graphismes et ses possibilités sonores, en plus de proposer toute la gamme d'applications qu'on peut attendre d'un micro. C'est le début d'un grand renversement des tendances du marché du jeu vidéo, que les consoles vont progressivement quitter au profit des micro-ordinateurs, le nouveau produit qui monte. Au cours des années suivront, une multitude de nouveaux micros vont sortir, et aucun ne manquera de garnir sa logithèque de jeux afin d'attirer un large public : Amstrad, Atari, Standard MSX, Oric, Sinclair, Acorn, Apple, IBM et bien d'autres encore (même notre Thomson national), sont autant de marques ayant contribué à l'explosion du marché de la micro-informatique, au cœur de laquelle le jeu vidéo tient une place prépondérante.

Le Commodore 64.

La Nintendo Famicom.
Nintendo lance son Family Computer (Famicom) au Japon, une console qui peut être convertie en micro-ordinateur par des accessoires vendus séparément, et livrée avec les jeux Donkey Kong, Donkey Kong Junior et Popeye. Le succès est immédiat. Nintendo ne compte pas au départ commercialiser la Famicom en dehors du Japon, mais Atari se montre intéressé par la vente du produit et des jeux dans les autres pays. En juin les deux compagnies signent un accord dans ce sens.

La Famicom ou NES

Comment Nichibutsu voit les choses.
La société Nichibutsu, spécialisée dans les jeux d'arcade (Moon Cresta, Raiden), sort une console nommée My Vision, qui ne connait qu'une brève diffusion, limitée au Japon. Equipée du même processeur graphique que la Colecovision, elle ne possède pas de joypad mais 14 boutons montés sur la console sur lesquels vient se poser un cache plastique fourni avec chaque jeu, qui en indique les fonctions. Seulement une dizaine de jeux seront produits, principalement des jeux de réflexion genre Othello ou Master Mind. L'insuccès de cette console, et d'autres encore moins connues, illustre la main-mise de la Famicom sur le marché japonais de l'époque.

La console My Vision.

L'ordinateur de Coleco.
Coleco révèle l'Adam, son micro-ordinateur, au CES (Consumer Electronics Show) de Juin, et se sert de sa version de Donkey Kong pour en faire la démonstration. Atari, qui a acheté les droits du jeu à Nintendo, accuse ce dernier de rupture de contrat et menace de ne pas distribuer la Famicom hors Japon, comme il était convenu. Nintendo se retourne contre Coleco, prétextant que les droits acquis sur Donkey Kong sur ces derniers ne concernaient qu'une adaptation sur Colecovision, et pas sur un micro-ordinateur. Coleco rétorque que l'Adam n'est qu'un prolongement de la Colecovision et que la version de Donkey Kong est la même pour les deux systèmes. Ce genre de controverse, repose sur le positionnement incertain des machines qui sortent à l'époque (console ou micro, qui va l'emporter ?) et la frontière juridiquement mal définie entre software et hardware. Ce ne sera pas la dernière.

L'Adam

Clash chez Atari.
Le PDG d'Atari, Ray Kassar, est accusé de délit d'initié par les dirigeants de la Warner qui se sont aperçus que celui-ci s'est débarrassé de ses actions Warner moins de 24 heures avant de faire une annonce des derniers (mauvais) chiffres d'Atari, qui en a entraîné la baisse ! La plaisanterie ne fait pas rire la Warner, et Kassar est congédié le 6 Septembre. Il est remplacé par James Morgan. L'implication d'Atari dans la distribution de la Famicom et de ses jeux ne résistera pas à cette crise.

Le crash.
Trop de produits sont en concurrence, le marché du jeu vidéo n'a plus d'avenir, et bien peu des nombreuses sociétés dont il a entraîné la création résistent. Les jeux et les consoles de toutes marques sont bradés pour écouler les stocks. L'heure est à la micro-informatique, moins limitée que les consoles, qui vont temporairement disparaître du marché. C'est le célèbre video game crash évoqué avec insistance dans toutes les rétrospectives, surtout du point de vue américain, car dans la pratique certains acteurs du marché ont plutôt profité de la situation, à commencer par les Japonais.

Article du New York Times datant de janvier 84 sur les déboires financiers d'Atari et, conséquemment, de la Warner.

- 1984 -

La Vectrex arrive après la guère.
Milton Bradley commence à distribuer la Vectrex, mais la chute des prix généralisée l'oblige à la vendre à perte à 100$ l'unité, le fait qu'elle soit livrée avec un écran rendant son coût de fabrication incompressible. Cette console qui aurait pu devenir un standard sera finalement abandonnée. Elle est aujourd'hui un objet de collection très recherché.

Coleco victime d'une rage d'Adam.
Dupé par l'expansion du marché des micro-ordinateurs, Coleco abandonne la Colecovision et se lance à corps perdu dans la distribution de l'Adam, sans expérience dans la micro-informatique et de façon précipitée. C'est un désastre. 60 % des modèles vendus sont défectueux et retournés en garantie, ruinant tout espoir d'une carrière pour cette machine pourtant très prometteuse.

Mattel revend l'Intellivision.
Arrivée à la fin d'un beau parcours, l'Intellivision est revendue par Mattel à un de ses vice-présidents, qui fonde Intellivision Inc.

la NES.

Nintendo croit en l'Amérique.
Alors que le marché du jeu vidéo et des consoles est en déroute, Nintendo lance la commercialisation de la Famicom aux USA en mai, sous le nom de Nintendo Entertainment System (NES). Le produit a été repensé, c'est à présent une pure console de jeu, partie à l'assaut d'un marché moribond, fort d'un prix de vente compétitif et d'une bonne implentation locale orchestrée par Nintendo of America.

Atari contre attaque.
Au CES d'été, Atari présente de nouveaux produits : la console 7800, encore plus puissante que la 5200 et cette fois compatible avec les jeux 2600, et le Mindlink, un système de contrôle de jeu à reconnaissance vocale fixé sur la tête du joueur. Devant les pertes accusées par la société, la Warner veut s'en débarrasser, et la revend à Jack Tramiel, l'homme qui à fondé Commodore et vient de s'en faire débarquer. Warner Communications garde la division arcade, rebaptisée Atari Games, et ferme la division Ataritel. Tramiel renomme la division micro-informatique qu'il a acquise Atari Corporation et annonce son désir d'arrêter la production de consoles de jeux au profit de la création d'un ligne de micro-ordinateurs 16-bits, les Atari ST. La 7800 et le Mindlink, présentés aux CES, sont mis sur la touche pour une durée indéterminée.

L'Atari 7800.