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Wolfenstein 3d
Année : 1992
Système : Windows
Développeur : id Software
Éditeur : Apogee Software
Genre : FPS / Action
Par Laurent (13 novembre 2002)
La boîte du jeu (merci au site MobyGames !) Cliquez sur une image pour une version plus grande.

Id Software est le spécialiste des "jeux d'action à la première personne", que l'on appèle aussi "first person shooters", ou FPS, ces jeux en 3D et vue subjective qui permettent au joueur de voir avec les yeux de son héros dans un univers virtuel généralement hostile, plein de monstres qu'il faut tuer au plus vite. Crée par John Carmack, John Romero et Adrian Carmack, Wolfenstein 3D fait suite à deux jeux monochromes aux graphismes très primitifs sortis sur Apple II en 1982 et 1984, Castle Wolfenstein et Beyond Castle Wolfenstein (édités par Muse et programmés par Silas Warner), qui proposent une action fort comparable à celle du jeu Berzerk.

C'est le premier hit des futurs fondateurs d'Id software travaillant encore pour Apogee, un éditeur qui fait circuler ses jeux en shareware. Sorti le 5 Mai 1992, il est considéré comme le premier FPS de l'histoire (il n'y a que Ultima Underworld, sorti deux mois avant, qui puisse lui contester ce titre à condition qu'on le considère comme un FPS, ce qui est loin d'être évident pour tout le monde). Le but du jeu est plutôt simple : vous êtes enfermé dans un château allemand plein de nazis qui n'attendent que de vous envoyer leurs chiens de berger (allemands aussi) aux trousses ou de vous tirer dessus au Luger. Vous devez à chaque niveau trouver la sortie, tout en leur résistant, des armes jalonnant votre parcours, sans vous laisser effrayer par les nombreux portraits d'Hitler qui ornent les murs, et qui ont contribué à faire beaucoup parler de Wolfenstein, en mal bien entendu. La violence extrême du jeu n'a pas toujours été bien accueillie, mais c'est là une autre constante des productions Id.

Castle Wolfenstein sur Apple II (1982).

D'un point de vue technique, Wolfenstein 3D apporte deux innovations majeures, le texture mapping et la 3D. Le texture mapping consiste en l'application d'images (appelées textures) sur les faces de divers polygones constituant un décor en 3D, l'autre nouveauté de Wolfenstein 3D étant la possibilité de se déplacer en temps réel dans ce décor, l'ordinateur redimensionnant les polygones et les perspectives au fur et à mesure. Comme cela implique des calculs complexes, il aura fallu attendre les processeurs 16/32 bits de deuxième génération et leurs millions d'opérations à la seconde pour rendre possible un déplacement fluide (au moins 30 renouvellement d'image par seconde) et l'utiliser dans un jeu d'action (encore fallait-il s'appeler John Carmack pour programmer un tel moteur 3D). Auparavant, des moteurs de déplacement en 3D avaient déjà été programmés, mais ceux-ci n'étaient utilisés que dans des jeux d'aventure (comme Eye of The Beholder, Dungeon Master ou l'antique Wizardry), et chaque déplacement se soldait par un calcul de plusieurs secondes durant lesquelles l'image restait immobile.

Wolfenstein 3D version Mac.

Si Wolfenstein 3D est donc un première, le jeu n'en est pas pour autant exempt de défauts. D'abord, il ne propose qu'un mode solo, pas encore de multi-joueur en vue, les réseaux n'étant à l'époque que très peu pratiqués en dehors des entreprises. Ensuite, seul l'angle de vue horizontal est possible, pas moyen de lever ou baisser les yeux. L'éclairage du décor d'un niveau à l'autre est toujours le même et ne permet pas de faire varier l'ambiance. Tous les couloirs ont la même longueur, et la hauteur de plafond est constante. Quant aux graphismes, ils s'avèrent, à cause du mode 320 x 200 auquel le PC s'est cantonné bien après que les autres systèmes furent passés à la vitesse supérieure, moches et pixélisés. En dépit de tous ces défauts qu'Id n'a pas manqué de corriger dans ces productions ultérieures, Wolfenstein 3D représente à sa sortie un jeu d'un genre nouveau, qui va très vite engendrer beaucoup de fans. Aujourd'hui, s'il est resté dans les mémoires c'est surtout grâce à ses successeurs, et il faut bien admettre que Wolfenstein 3D a surtout servi à préparer le monde des video game maniacs à l'arrivée de Doom, ainsi qu'à la supériorité du PC sur l'Amiga et le ST en tant que support de jeux d'action en 3D.

Peu après la sortie de Wolfenstein, une suite est sortie utilisant le même moteur graphique, son nom : Spear of Destiny. Iskor vous en parle plus en détail dans cet article.

Return to Castle Wolfenstein.

En 2000, la sortie du film Il faut sauver le soldat Ryan a engendré un regain d'intérêt parfois morbide pour la Seconde Guerre Mondiale, dont on s'est soudain souvenu à quel point elle constitue un sommet dans la tuerie de masse qu'on ne dépassera probablement jamais (du moins l'espère-t-on). Logiquement, un nouvel épisode de Wolfenstein utilisant le moteur 3D de Quake 3 est sorti (édité par Activision, développé par Id, Grey Matter et Nerve Studios), intitulé Return to Castle Wolfentein, qui se situe à sa sortie dans le peloton de tête des meilleurs FPS de son époque, grâce notamment à un mode multi-joueur remarquable qui plonge dans une ambiance très crédible tout en misant en premier lieu sur le fun d'un jeu facilement accessible. Vu le réalisme visuel du jeu, les graphistes se sont abstenus de références trop appuyées au nazisme afin d'éviter les amalgames, ce qui a globalement été efficace. Mais ce jeu, qui comporte aussi des ingrédients fantastiques intéressants (on y affronte des créatures zombiesques en plus des troupes allemandes), a eu droit à un article dédié sur le site.

Laurent
(13 novembre 2002)
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