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Spear of Destiny - La série
Année : 1992
Système : Windows
Développeur : id Software
Éditeur : Formgen
Genre : FPS
Par IsKor (12 juin 2006)

Spear of Destiny
Année : 1992
Système : PC
Développeur
: Id Software
Editeur : FormGen
Support : disquettes

La boîte du jeu. Merci au site MobyGames ! Cliquez sur une image pour une version plus grande.

L'année même de la sortie de Wolfenstein 3D, Id Software, studio désormais bien connu, sort Spear of Destiny. Mais qu'est-ce donc ? Tout simplement une aventure continue de quelques 20 niveaux (dont 2 cachés) en un seul épisode : je vous rappelle que Wolfenstein 3D comprenait 6 épisodes distincts de 10 niveaux chacun (dont 1 caché).

L'écran titre.

L'histoire est la suivante : Hitler a ramené de Versailles la fameuse Lance du Destin, l'instrument qui servit à percer le flanc de Jésus après sa crucifixion. On raconte que quiconque tient cette lance dans ses mains est invincible. Bien entendu, l'objet est mis à l'abri au plus profond du dangereux château Wolfenstein : ce cher B.J Blazkowicz reprend donc du service, sa mission étant de subtiliser l'artefact sacré pour empêcher le pire.

Un garde de moins.
B.J ira même en Enfer !

On doit plus considérer SoD (abréviation courante de Spear of Destiny) comme un add-on que comme un jeu à part entière, car pour ceux qui ont plié les 6 épisodes originaux, il n'y a rien de bien nouveau : le moteur du jeu est identique, les armes, ennemis, textures, et sons sont les mêmes. Seules quelques nouvelles musiques et un nouvel ennemi (un fantôme qui fait mal si on le touche) sont au menu des ajouts.

Le jeu entier s'articule comme une tour : le niveau 1 constitue le rez-de-chaussée et le niveau 20 le sommet, la surface des étages rétrécissant au fur et à mesure de la montée. En revanche il n'y aura pas qu'un seul un boss, mais 5 (le boss final étant l'Ange de la Mort, B.J étant carrément propulsé en enfer !), situés à des étages bien précis :

  • Niveau 5 - Trans Grosse. C'est le petit frère de Hans Grosse, le boss de fin du 1er épisode de Wolf 3D. Pas très dur, mais ne restez pas devant. Il est quand même armé de 2 canons Gattling.
  • Niveau 10 - Barnacle Wilhelm. Ca commence à devenir un peu chaud, car ce personnage est armé d'un lance roquette qui fait mal.
  • Niveau 16 - Ubermutant. On aborde les gros boss du jeu. Celui ci possède 4 bras équipés de hachoirs PLUS une Gattling dans le torse... bobo.
  • Niveau 18 - Death Knight. Un conseil : évitez de rester devant ce boss, vous seriez morts en un rien de temps. Il est armé de 2 Gattlings ET 2 lance roquettes... Heureusement son Niveau est truffé de médikits et munitions.
  • Niveau 21 - Angel of Death. Le dernier boss du jeu. Il lance des boules d'énergie qui font extrêmement mal, et il est très long à battre.

La "DeathCam" qui permettait de voir la mort du boss en très gros plan a disparu. Bon, je chipote, mais c'était un petit plus assez amusant dans Wolfenstein 3D. Quand vous irez visiter l'Enfer, vous serez face à un nouvel ennemi : le fantôme. Ne vous en approchez pas, car il siphonne la vie de manière impressionnante, de plus il est invincible. Il suffit de tirer quelques balles sur le fantôme pour qu'il disparaisse pendant quelques secondes (après, bien sûr, il réapparaît), ce qui rend le combat contre le boss final un peu plus difficile...

La mort du boss final, bien salissante.
La Gattling incandescente, la lance entre les mains... Pas de doutes, B.J a réussi !

Même si les nouveautés ne sont pas nombreuses - si bien qu'on a souvent l'impression de jouer à Wolfenstein 3D, il faut avouer que ce jeu possède un charme indéniable qui le rend très sympathique. Encore aujourd'hui, il n'est pas rare que je démarre Dosbox pour me faire un petit SoD : on a d'avantage l'impression de jouer à un jeu entier qu'à une succession de petits sharewares. De plus, les quelques écrans de fin sont absolument magnifiques. Contrairement à Wolfenstein 3D, Spear of Destiny n'a connu aucune adaptation si on excepte l'intégration de ses boss à la version Macintosh de Wolfenstein 3D...

Des écrans de fin magnifiques.
Un superbe artwork du Deathknight.

Vous pensez que la saga Wolfenstein s'arrête là ? Vous avez tort ! FormGen a sorti encore 2 jeux sur le thème de Wolfenstein, qui sont en fait 2 épisodes suivant Spear of Destiny. On les désigne souvent sous l'appellation "Lost Episodes" car ils sont extrêmement rares, que ce soit en téléchargement sur Internet ou dans leur boite d'origine. À noter que Id n'a rien à voir avec ces épisodes, FormGen ayant juste exploité la licence.

Mission 2 : Return to Danger
Année : 1994
Système : PC
Développeur
: FormGen
Editeur : FormGen
Support : disquettes

La boîte du jeu. Merci au site MobyGames ! Cliquez sur une image pour une version plus grande.

On ne sait trop comment, les nazis ont réussi à récupérer la lance. Et notre bon vieux B.J de reprendre du service pour aller la récupérer. Le prétexte est gros, mais pourquoi pas ? Après le brillant SoD, on se sent d'attaque pour repartir éradiquer du nazi à la tonne. Le moteur du jeu est encore inchangé, toujours limité au 320x200, mais ce qui frappe le plus est que tout le reste est nouveau : les textures ont toutes été retouchées, les ennemis et les armes redessinés, et les sons sont totalement inédits... Mais autant vous le dire tout de suite : à mon goût, le jeu est un ratage complet. Pourquoi ?

Un des nouveaux Boss.
Oui, vous avez bien vu, ce boss est bien un robot.

Déjà parce que les gars de FormGen ne se sont pas foulés : l'habillage même du jeu est strictement identique à SoD. Mêmes menus, même fin (?)... Ça fait un peu tâche et laisse un gout d'inachevé. Ensuite, le level-design est catastrophique : je veux bien que le principe de Wolfenstein 3D soit de trouver la sortie d'un labyrinthe, mais certains niveaux sont atroces. J'ai souvent dû m'aider de cartes pour trouver la sortie ! Seule trouvaille vraiment sympathique : la présence de rats écrasés non loin des passages secrets : c'est un vrai plus, totalement indispensable vu que leur découverte est essentielle dans beaucoup de niveaux.

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Voici l'équivalent de l'Enfer dans cet épisode : on ne s'y retrouve plus, et les textures ajoutent à la confusion.

Finalement les textures, bien que nouvelles, sont en décalage complet avec ce qu'on observait dans Wolfenstein 3D ou SoD. La plupart des réalisations de FormGen sont criardes, mal finies... On a l'impression d'être devant des réalisations de fans peu inspirés. Un comble tout de même... On constate que FormGen a voulu introduire 2 thèmes (l'informatique et le nucléaire) qui jurent un peu avec le reste du jeu même si, je vous l'accorde, le coup des mutants était audacieux. Beaucoup de textures ont été créées dans ce sens, mais le résultat ne convainc pas du tout... De plus, FormGen a voulu exploiter au maximum le filon du politiquement incorrect dont a bénéficié Wolfenstein 3D (les symboles nazis avaient un goût d'interdit qui a grandement contribué au succès du jeu), et on se retrouve finalement à arpenter des niveaux d'un mauvais goût manifeste avec des swastikas, croix gammées et portraits d'Hitler tous les 2 mètres. On frise l'overdose.

2 exemples de mauvais goût : à trop vouloir en faire on agresse les mirettes et ça dégoûte.

Tous les ennemis ont été retouchés et d'autres ont été carrément inventés pour l'occasion : on trouve toujours les gardes, les SS et les officiers, mais les chiens sont devenus des dobermanns et les mutants se sont transformés en de surprenantes chauves-souris armées. Les boss sont aussi inédits, mais on sombre dans le n'importe quoi : on trouve toujours les sempiternels gros nazis armés jusqu'aux dents, mais ajouter des robots était quand même culotté...

Le rat indique un passage secret tout proche.
Wolf 3D et les lasers : un mariage pas très heureux.

Que dire cet add-on ? Il est a réserver aux fans pur sucre de Wolfenstein 3D. Le jeu est sensiblement plus ardu, fouillis et visuellement criard, mais l'adjonction de nouveaux sons et ennemis fait qu'on veut tout de même avancer. Reste que certains niveaux tiennent plus du viol rétinien qu'autre chose, ce qui est assez embêtant. De plus, la difficulté est élevée et les moins habiles vont vite abandonner. Le gros atout de cet épisode est sans conteste l'ambiance sonore : les voix et bruitages sont vraiment convaincants.

Mais les petits futés de FormGen ne se sont pas arrêtés en si bon chemin : la même année, ils ont sorti un autre add-on.

Mission 3 : Ultimate Challenge
Année : 1994
Système : PC
Développeur
: FormGen
Editeur : FormGen
Support : disquettes

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L'histoire innove quelque peu : cette fois ci, B.J va chercher la lance dans un bunker secret de recherche atomique du 3ème Reich. Oui, la lance a encore été récupérée par les nazis (Ndlr : ah oui, ça innove, on peut pas dire).

Des niveaux d'une propreté et d'une cohérence graphique sans commune mesure avec l'add-on précédent.

Pour ce qui est de la réalisation, cet épisode est en tous points identique au précédent : mêmes sons, mêmes textures, mêmes ennemis, mêmes boss. La grosse différence concerne l'agencement des niveaux. On peut dire que FormGen a compris la leçon : Mission 3 est beaucoup plus agréable à jouer. Chaque niveau possède une cohérence graphique, on se rapproche vraiment du travail réalisé sur SoD. Du coup, on se plait à arpenter les environnements que propose le jeu, d'autant plus que malgré leur taille importante ils sont bien moins alambiqués, et curieusement la thématique du nucléaire passe cette fois plutôt bien.

À noter que les rats qui indiquaient la présence de passages secrets ont disparu, les niveaux étant moins axés sur la découverte desdits passages. Petite surpise à la fin : au lieu de visiter l'Enfer, notre héros roucain va se retrouver... dans un entrepôt de l'UAC (mais si, vous savez, la compagnie qui figure dans Doom) ! Combattre l'ange de la Mort dans un entrepôt de l'UAC est vraiment une excellente idée... Les fantômes ont été remplacés par des nuages radioactifs très dans le ton de l'add-on. L'UAC serait donc un reste du 3ème Reich ?

En lieu et place de l'Enfer, un bunker nucléaire.
Des caisses de l'UAC ?

Personnellement, j'ai vraiment trouvé cet add-on excellent : la comparaison avec Mission 2 : Return to Danger est amusante. Le 1er passerait presque pour une production "homebrew" (fait maison par un fan, en gros) alors que Mission 3 fait clairement penser à un développement professionnel. Si vous devez essayer un de ces 2 jeux, jouez à Ultimate Challenge. Par contre, la difficulté n'a pas baissé, alors restez sur vos gardes !

IsKor
(12 juin 2006)
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