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Toki
Année : 1989
Système : Arcade
Développeur : Tad Corporation
Éditeur : Tad Corporation
Genre : Plate-forme
Par Vincent Pays (23 mars 2003)
Le « Marquee » de Toki version US, licence FABTEK, et toujours un air rigolard (mais la banane ?)

On a retrouvé le chaînon manquant ! Après des années de recherche, le lien entre les super-héros modernes et les machins issus de la préhistoire (Shadow of the Beast ?) a enfin été établi. Il est rapide, il saute, il vole, il court, il nage, il ne manque pas d'humour. Mais qui est donc cet être surhumain ? Une seule réponse, et c'est la défunte TAD CORPORATION qui l'a découverte en 1989, en arcade bien sûr :

Une histoire de singe renfrogné...

La main maléfique de Bashtar s'est refermée sur l'adorable Miho. Son amoureux, le puissant Toki, a également reçu un coup funeste. Maintenant réduit à l'état de faible singe, Toki doit se risquer à un périlleux voyage afin de libérer Miho et ainsi, récupérer sa virilité son humanité.
C'est l'occasion pour nous d'entreprendre une jolie petite quête, pleine de dangers, d'humour et de pièges vicieux, à travers les 6 stages que compte ce jeu malicieux et sympathique. Et croyez-moi, les bananes ne manqueront pas ! Très populaire durant les années 80 et le début des années 90, le genre plateforme 2D est ensuite tombé lentement en déconfiture, même s'il n'a jamais totalement disparu. Je n'hésite pas à classer quelques très grands jeux dans cette catégorie : Solomon's key, Snow Bros, The New Zealand Story... Ghosts'n Goblins, Shinobi (et son redoutable stage « des piliers ») sont également des jeux de plateformes, certes avec des phases de combat pures, mais plateformes toutefois. Il y en a beaucoup d'autres, mais ceux-là suffisent pour démontrer que les jeux de plateformes constituent un genre majeur.

Déjà auteur de quelques hits, Blood Brothers et Cabal entre autres, TAD s'essaye à son tour au genre avec un certain bonheur, on va le voir. Il semble que la compagnie ait disparu, ou bien elle s'est reconvertie dans autre chose, la sécurité apparemment... (http://www.tadcorp.co.jp). Le jeu s'est particulièrement bien exporté (depuis son Japon natal où il fut un grand hit sous le nom de Juju Densetsu jusqu'en Europe, et également aux U.S.A sous licence FABTEK.

Bien évidemment, comme tout hit d'arcade qui se respecte, les conversions ont été nombreuses, sur ordinateurs bien sûr (C64, Amiga, Atari ST), mais aussi consoles (NES, SNES, Lynx (!) et Megadrive).

À gauche la version NES, pas si mal ! À droite, la version Lynx, pas si mal non plus !

Le jeu

Il s'agit d'un pur jeu de plateformes, qui alterne avec bonheur scènes de baston délicates (certains monstres sont fort coriaces, les boss de fin aussi !) et moments d'habileté parfois terribles (stage des rails). Les passages sont en règle générale très linéaires, seules de nombreuses tentatives permettant d'en venir à bout. Ces séquences "chausses-trappes" se généralisent à partir du troisième niveau, les derniers nécessitant en outre une bonne dose de self-control, tant certains pièges et certains monstres sont vicieux !.

Bien évidemment, les objets à ramasser sont légion : des fruits apportant un bonus, aux vies supplémentaires (parfois suicidaires à ramasser), en passant par les nombreux tirs différents dont peut se charger Toki (il tire en « crachant » sur ses ennemis). Mais on trouve aussi de l'équipement : baskets autorisant des sauts plus vastes, casque de foot US qui rend presque invincible... Bref une panoplie complète pour tout jeu de plateformes qui se respecte.

Toki sous l'eau, casqué, face au versatile « thon ».
Toki et son meilleur tir, le « magma infernal » !

Le bestiaire

Varié, très coloré, souvent imprévisible, vicieux et délicat, le bestiaire de Toki est très intéressant. On y découvre en effet toute l'étendue graphique dont peut faire preuve une équipe nippone. Comme dans l'ensemble du jeu, l'humour n'est pas exclu du bestiaire, avec des créatures souvent drôles et attachantes. On les retrouve d'ailleurs dans un « casting » final, dont voici quelques extraits :

Ils vous en ont fait voir de toutes les couleurs. Mention spéciale à « Bellzador », un poison !

L'humour quadrumane

LE gros point positif de ce jeu. Sans cet humour tout ce qu'il y a de plus nippon, il est fort à parier que Toki ne serait pas sorti de l'ombre où croupissent tant de jeux anonymes. Toki prend en effet de nombreuses postures comiques, ce qui le rend très attachant. De plus, le jeu est truffé de situations cocasses, les boss de fins - quoique difficiles - étant souvent présentés comme des nazes en puissance ! On sent que l'équipe qui a conçu ce jeu s'est vraiment amusée à rendre les personnages principaux rigolos, et c'est une totale réussite.

Toki inquiet...
prudent...
joueur...
vainqueur...
ahemm...rien de grave !

Les boss ne sont pas en reste :

« Grosses lèvres » ne se sent plus
« Burp » s'effondre
« Bibendum » a le mauvais œil !

Une tradition nippone : le tronchoscope.

Les joyeux drilles qui ont « commis » Toki...
On va pas en faire des pieds et des mains !!!

Conclusion

Ce n'est pas le jeu du siècle, loin de là... Mais on passe un grand moment de rigolade en compagnie de ce singe lubrique (ne fait-il pas cela pour retrouver sa dulcinée ?) dans un jeu plein de couleurs vives. Il y a cependant assez de difficulté pour rendre un gamer heureux. L'animation est bonne, bien que Toki soit un singe de la classe des "placides" : le faire se déplacer plus rapidement aurait été bienvenu. Les bruitages sont superbes, avec notamment un bruit de vieille boîte de conserve des plus heureux quand on détruit les chevaliers d'or. Les musiques sont agréables, bien dans l'ambiance, et celle qui se produit dans le stage 6, sur les rails, est très entraînante.

Quelques petits reproches toutefois : les pièges sont vraiment vicieux, et il faut parfois s'accrocher pour les passer. Le boss de fin est également assez pénible, avec une technique fine à appliquer pour le tuer. Toki est un peu lent, je l'ai dit, et ses déplacements sont parfois risqués (pas de possibilité de « temporiser » un saut). Il faut surtout anticiper les monstres. Mais dans l'ensemble on passe un bon moment...

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Vincent Pays
(23 mars 2003)
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