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Gravitar
Année : 1982
Système : Arcade ...
Développeur : Atari
Éditeur : Atari
Genre : Arcade / Action / Shooter
[voir détails]
Par JPB (28 mai 2009)
Le superbe flyer. Cliquez sur une image pour une version plus grande.
Merci au site Arcade Flyer Archive !

Chez Romeu à Clermont-Ferrand, dans les années 1983, se trouvaient pas mal de jeux intéressants, notamment Popeye et le fantastique Battlezone. Si on acceptait de braver la salle sombre, les gens agglutinés près des bornes d'arcade, le peu de place qu'il restait entre eux pour se faufiler, on arrivait tout au bout du local, et là se trouvait Gravitar.

Impossible d'être passé à côté de ce jeu sans avoir marqué un temps d'arrêt devant les graphismes vectoriels colorés. Le style graphique de ce jeu n'avait pas beaucoup d'équivalents. Des jeux vectoriels, il y en a eu : dans le désordre, on peut citer Battlezone, Tempest, Asteroïds, Lunar Lander, Star Wars... Gravitar a un look particulier, et on ne peut pas rester indifférent. Après on aime ou pas, mais c'est une autre histoire !

Phénomène d'attraction

La gravité, voilà tout le cœur de Gravitar - comme son nom l'indique d'ailleurs, vous l'aurez sûrement remarqué.
Le but du jeu est très simple à comprendre, mais très dur à pratiquer : il faut détruire tous les bunkers ennemis (rouges) situés sur chaque planète du système.
Voilà. Si c'est pas simple ça !
Bien entendu, en pratique ça l'est beaucoup moins.

Le titre, vectoriel, dont les lettres bougent dans tous les sens.
Le système de départ.

Votre vaisseau, triangle bleu, apparaît au milieu de l'écran. Vous allez pouvoir choisir une destination, mais il faut connaître trois constantes avant d'aller plus loin :
- premier point : le soleil est comme un trou noir, il génère un puits de gravité qui vous attire. Ne vous en approchez pas ! Il vous détruirait aussitôt. Et ne traînez pas, ou vous allez le percuter si vous ne faites rien.
- deuxième point : la planète rouge qui vaut 9000 points, c'est le passage vers le système solaire suivant. Vous pouvez décider d'y aller immédiatement, mais le challenge est ardu, je vous en parlerai plus tard.
- troisième point : chaque planète rapporte plus ou moins de points, et moins elle rapporte, plus le site est facile d'accès. On peut commencer par une planète difficile pour gagner des points bonus, mais si vous n'avez jamais joué à Gravitar avant, n'essayez même pas !

Use the Force !

Voyons la première mission, sur la planète qui rapporte 2000 points.
Tout d'abord, le vaisseau se dirige grâce à deux boutons pour la rotation (dans le sens des aiguilles d'une montre, ou dans l'autre sens), un bouton pour le tir, un autre pour la propulsion, et enfin un dernier pour le bouclier (ou la récupération de carburant, j'y reviendrai). Le maniement en soi n'est donc pas bien compliqué, mais il faut bien utiliser les différents boutons et ne pas se tromper.

Approche de la première planète, depuis le haut. L'écran zoome au bout d'un moment sur un détail du terrain.

Vous allez donc partir de votre base et vous diriger vers la planète, en faisant bien attention de ne pas vous faire aspirer par le soleil. Une fois que vous êtes en orbite, la vue change et vous montre le relief de la planète. Votre vaisseau se trouve tout en haut, et plonge vers le sol. Une fois qu'il est à mi-parcours, l'écran zoome sur la zone concernée afin de vous montrer plus en détail tous les éléments qui vous attendent.

Ici, ce n'est pas compliqué : deux canons, deux réserves de carburant, l'objectif est de détruire les deux premiers et éventuellement de siphonner les deux autres. La première chose à faire est de freiner la descente, en retournant le vaisseau et en mettant les gaz. Une fois que vous êtes plus ou moins stabilisé, et surtout à l'écart des tirs ennemis, il faut mettre le premier canon en joue et le détruire par une salve bien placée (un seul tir suffit, c'est pareil pour vos ennemis d'ailleurs).
Une fois que vous avez réussi à détruire le premier bunker, il faut faire pareil avec le second. En passant, vous pouvez survoler le réservoir de carburant, en appuyant sur le bouton du bouclier vous allez le siphonner et remplir votre réservoir à vous. Ne vous en privez pas, on n'a jamais trop de carburant sur soi.

Là, je siphonne un réservoir, tandis qu'un vaisseau ennemi passe au-dessus de moi.

Une fois que vous avez détruit toutes les cibles, le message "Mission Complete" s'affiche en haut de l'écran. Libre à vous de siphonner toutes les réserves ou de partir aussitôt vers une autre planète.
Toute la difficulté du jeu est présente dans ce premier tableau, mais heureusement pas trop concentrée : la gravité vous attire vers le sol, les canons vous tirent dessus, toute utilisation du bouclier ou de la propulsion pompe votre carburant, bref : voilà ce qui vous attend tout le long du jeu, mais en pire.

Les choses se compliquent !

La première planète n'était que de la mise en jambes. Si vous n'arrivez pas à réussir cette mission, vous n'avez pas la moindre chance de terminer les autres planètes...
Dans le même système solaire, la difficulté vient de la surface des planètes, de plus en plus tourmentée, avec les bunkers bien nichés au fond de profondes anfractuosités. Reste que la gravité justement se manifeste non pas du haut vers le bas, mais c'est la surface de la planète qui vous attire... Alors imaginez ce qui se passe quand vous volez dans des grottes ou autour de planètes "fermées", comme la quatrième...

La deuxième planète...
... et la troisième.

Les bunkers ennemis tirent des missiles vers vous, il faut donc rester dans la mesure du possible hors de portée ou hors de leur rayon d'action. Au bout de quelques secondes, vous verrez des vaisseaux ennemis rouges patrouiller sur la surface de la planète, sans tirer, mais leur contact est fatal. Il faut les détruire pour éviter qu'ils vous poussent à la faute. Dans tous les cas, n'hésitez pas à utiliser le bouclier : il vaut mieux perdre du carburant qu'une vie.

Les planètes en largeur sont infinies, en fait quand vous faites défiler le décor (lorsque l'écran a zoomé sur une portion de planète), c'est comme si le dessin était plaqué sur un cylindre vertical. Vous faites une boucle pour revenir au point de départ.

Voilà : vous savez maintenant comment combattre vos ennemis pour devenir un as du jeu. Maintenant, il faut passer au système solaire suivant.

Le cordon entre deux mondes

La planète rouge, d'où sortent sans arrêt les vaisseaux ennemis qui vous prennent en chasse dans le système solaire, est en fait une espèce de spirale au fond de laquelle se trouve un réacteur. Le but est, dans un temps limité - ou ce serait trop facile - d'arriver jusqu'au réacteur, le détruire, et repartir.
C'est vrai : le jeu était trop facile jusque là !

La quatrième planète. Ça devient coton non ?
La planète rouge, passage entre les deux systèmes solaires.

Il faut donc arriver à guider le vaisseau sans toucher les parois de l'étroit tunnel, stabiliser le vaisseau pour viser et tirer sur le réacteur, puis repartir au plus vite avant que le compte à rebours soit terminé... Tout un programme !

Comme le je disais au début, sachez que si ça vous tente, vous pouvez très bien commencer par là et vous dispenser de détruire les défenses des autres planètes. Vous pouvez tenter ainsi un bonus conséquent de 20 000 points. Simplement, une fois que vous avez réussi, vous arrivez dans un nouveau système solaire dont la gravité est inversée... Hé oui, la surface des planètes ne vous attire plus, elle vous repousse !

Et ensuite ?

Imaginez que vous soyez un super joueur, qui a réussi à maîtriser les contrôles du vaisseau, la gravité positive ou négative, et que vous ayez réussi à triompher du second système solaire... Ça recommence en gravité normale, mais cette fois les planètes sont invisibles. Et après ça, le système solaire suivant est invisible aussi mais en gravité inversée.

Vous croyez que c'est impossible ? Moi aussi !
Et pourtant, voici deux personnes qui sont de ces super joueurs.
Le premier est Ray Mueller, qui a totalisé le record officiel le 04 Décembre 1982, avec 4 722 200 points (il a joué 12H21). Son record a été pulvérisé le 23 Décembre 2006 par Dan Coogan, qui a totalisé 8 029 450 points au bout de 23H15 de jeu.

Les deux champions se sont rencontrés, Dan Coogan à gauche et Ray Mueller à droite.

Dan Coogan a fait un site Internet dédié à Gravitar, c'est ici : http://www.cooganphoto.com/gravitar/ (c'est de là que vient cette photo d'ailleurs). Vous y trouverez d'innombrables infos (en anglais hélas) sur TOUT ce qui a trait au jeu. Des astuces, des interviews avec les créateurs du jeu... Bref une vraie mine d'or.

Réalisation

Tout d'abord, apprenez que le prototype de Gravitar s'appelait Lunar Battle.

Le jeu fut développé en 14 mois par Mike Hally (dont c'est le premier jeu, mais on le verra par la suite participer à Star Wars, Road Runner, Blasteroïds, Indiana Jones...). Le jeu fut programmé par Rich Adam (Missile Command) et le designer technique fut Joe Coddington (qu'on a vu aussi sur Red Baron). D'autres personnes furent également créditées : Owen Rubin, Mark Cerny et Brad Chaboya.
Quand on compare Gravitar avec d'autres jeux plus anciens, on pourrait dire qu'il s'agit d'un croisement entre Lunar Lander, dans lequel on devait faire alunir délicatement un module sur des reliefs torturés, et Asteroïds, qu'on ne présente plus.

Cette parenthèse étant faite, parlons un peu de la réalisation technique du jeu.

Gravitar offre des graphismes vectoriels, avec ses canons à 3 couleurs, ce qui permet d'offrir des couleurs vives à l'écran qui ne sont plus dues à de simples films plastiques posés au-dessus de vecteurs blancs. Chaque objet a sa propre couleur, comme on l'a vu dans Tempest auparavant, et comme on le verra dans Star Wars un peu plus tard...

Lunar Lander et Asteroïds, deux jeux références de 1979 dont Gravitar est le "rejeton".

Du fait de ces graphismes vectoriels, simples lignes épurées, et de la technologie employée, l'animation est d'une fluidité sans pareille. Le moindre mouvement demandé par le joueur est immédiatement retranscrit à l'écran. Aucun à-coup dans les déplacements des ennemis et des tirs non plus.

En revanche, le son n'est pas particulièrement impressionnant, mais il retranscrit bien les actions.

Conversions

Comme pour Amidar, il n'y a eu qu'une conversion officielle : sur Atari 2600 en 1983, par Atari justement.

Cependant, on a retrouvé le jeu par la suite dans des compilations de hits d'arcade :
- sur PlayStation ("Atari Anniversary Edition Redux") et Dreamcast ("Atari Anniversary Edition") en 2001,
- sur PlayStation 2 ("Atari Anthology") et XBox ("Atari Anthology") en 2004,
- sur Nintendo DS ("Retro Atari Classics") en 2005,
- sur PC avec "Atari Arcade hits 2" en 2000, "Atari Anniversary Edition" en 2001 et "Atari - 80 Classic Games in One!" en 2003.

Gravitar sur Atari 2600.
Thrust sur C64.

Une adaptation de Gravitar, non officielle, fut Thrust sur C64.

Le jeu fut testé dans le Tilt n° 16 d'octobre 1984.

Voilà, vous savez tout. Le problème de ce jeu, c'est que sa difficulté a rebuté les joueurs et qu'il n'a pas eu le succès qu'il méritait. Je ne peux hélas dire le contraire, Gravitar est très ardu... Mais c'est quand même un grand jeu.

JPB
(28 mai 2009)
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