Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Laurent (02 octobre 2000) Atari entre dans le monde des consoles de jeu en 1975, lorsque le premier prototype de Stella est développé par Steve Mayer et Ron Milner de Cyan Engineering (une compagnie à laquelle Atari fait parfois appel en tant que consultant). Un autre prototype plus performant sera ensuite développé par Joe DeCuir, toujours chez Cyan, assisté de Jay Miner (futur papa de l'Amiga), puis encore revu au laboratoire Atari de Los Gatos. Rebaptisée VCS (Video Computer System), cette console arrive dans les boutiques pour Noël 1977. Elle est vendue avec le jeu Combat, programmé par une partie des développeurs de Stella, à savoir Larry Kaplan, Larry Wagner et Joe DeCuir. Combat est à l'origine prévu pour être intégré en ROM dans la console, mais finira par être vendu en cartouche. La console, mue par un microprocesseur Motorola 6507 à 1,19 Mhz, est vendue 249,95$. Neuf cartouches sont lancées en même temps. En raison du prix élevé des composants électroniques à l'époque, Atari fait peu de marge sur la vente des consoles, mais se rattrape sur les cartouches qui sont fabriquées pour presque rien et vendues environ 40$ chacune. (Cette optique commerciale est devenue depuis un standard sur le marché des consoles de jeu, mais elle n'était pas volontaire dans le cas d'Atari et de la VCS, c'est plutôt Nintendo qui en est le pionnier). Pendant les deux premières années de sa carrière, la VCS a du mal à trouver son créneau sur le marché. Atari perd des millions de dollars, entraînant dans sa chute l'action de la Warner, dont l'entreprise fait alors partie. De gros problèmes de production en chaîne se présentent, certains composants sous-traités étant défectueux, et l'ambiance zen très décontractée qui règne à la direction d'Atari, instaurée en grande partie par Nolan Bushnell, commence à irriter fortement le patron de la Warner, Steve Ross. Sous pression du haut commandement, Bushnell démissionne en 1978, et l'atmosphère de la compagnie change du tout au tout. Les tenues pour le moins cool font place au costume-cravate, voire à la blouse blanche dans les labos de développement, et les heures d'arrivée et de départ des employés sont maintenant surveillées. L'heure est au redressement. En 1978, grâce à une injection substantielle de cash de la part de la Warner, Atari fabrique 800.000 unités VCS, un stock plutôt optimiste. Entre 1979 et 1980, 12 nouveaux jeux VCS sont lancés, mais l'événement le plus important de cette période pour Atari est la signature, pour la première fois, d'une licence de conversion d'un jeu d'arcade. Space Invaders, à l'origine lancé par les Japonais de Taito et vendu aux USA par Midway pour la version arcade, devient le bonus imparable de la VCS et fait enfin décoller les ventes. Les gens n'attendaient que cela, apparemment, pour acheter la console. La cartouche propose 112 modes de jeu différents (Atari n'hésite pas à annoncer sur l'emballage "112 jeux pour VCS", ce qui est pour le moins abusif), dont certains mettent le joueur face à des aliens invisibles, des bunkers mouvants, ou permettent de jouer à deux simultanément. Le jeu rapportera en tout près de 100 millions de dollars à Atari, qui ne versera à l'auteur de la conversion, Rick Mauer, que 11.000 $. Mauer n'a depuis jamais plus travaillé pour Atari... Les deux années qui suivent, l'Atari VCS domine totalement le marché des consoles de jeu. Son seul rival sérieux est l'Intellivision de Mattel. Plus de 25 millions de VCS sont vendues, rapportant au total près de 5 milliards de dollars à Atari. Un record. Atari est aussi un des premiers fabricants de jeux, au sens large du terme, à passer outre la saisonnalité de ce marché. Avec la VCS, c'est toute l'année que les jeunes américains attendent des nouveaux jeux, et pas seulement pour Noël ou Thanks-giving. Les magasins spécialisés dans les jouets, dopés par les sorties incessantes de jeux VCS, en profitent pour faire du chiffre sur tous leurs articles. Une brèche est ouverte, qui ne se refermera jamais vraiment (la désaffection rencontrée par Atari par la suite ne faisant qu'ouvrir le marché à Nintendo qui prendra bien vite la relève). 120 millions de cartouches au total seront vendues, et 55 consoles compatibles avec les jeux Atari seront commercialisées par d'autre marques. Atari, qui en 1978 était un boulet au pied de la Warner, se retrouve en 1983 responsable de la moitié de ses profits. En dehors des jeux, l'Atari VCS est une plate-forme de développement très prisée des créateurs d'accessoires et d'extensions diverses visant à la transformer peu ou prou en micro-ordinateur. Hélas, la plupart de ces modules resteront à l'état de projet, à commencer par le kit My First Computer prévu par Atari. Seul le Compumate (clavier + lecteur de cassettes), de Spectravideo connaîtra les honneurs d'une commercialisation en 1983, alors que la console est déjà en fin de carrière. De toutes les initiatives engendrées par le succès de la VCS, la plus innovante et originale est celle de la compagnie Control Video Corporation (CVC), avec son service Gameline. Ce service est l'idée d'un visionnaire nommé William F.Von Meister, patron de CVC, qui à déjà à son actif l'invention de The Source, le premier service commercial on-line de l'histoire, en 1979. Son idée est de proposer de jouer à des jeux pour VCS en connexion par ligne téléphonique au moyen d'un modem 1200 bauds et d'un programme de connexion stocké sur une cartouche VCS standard. La cartouche et le modem sont vendus 49,95$, à peine plus cher qu'un jeu normal, auquel il faut ajouter un abonnement de 15$ (paiement unique). Ensuite, le temps de jeu est facturé 1 $ l'heure, quelque soit le jeu. Cela permet de jouer sans cesse à des jeux différents pour un coût attractif, et en plus le système s'avère fonctionner plutôt bien d'un point de vue technique. CVC prévoit même de proposer ultérieurement un service de courrier électronique, de gestion de compte bancaire à distance et un serveur de news. Hélas, le projet sera saboté par d'innombrables problèmes de licences et de droits (notamment avec Atari) qui empêcheront le service d'inclure les titres majeurs du catalogue VCS, et Gameline sera rapidement fermé. Cet échec de CVC entraîne le départ de Von Meister, qui parvient malgré son départ à imposer l'intégration de ses amis Marc Seriff et Steve Case. En 1985, CVC change de nom et s'appelle devient Quantum Computer Services. (QCS). QCS fera à son tour faillite, et de ses cendres naîtra, monté par des anciens de CVC, une compagnie nommée America On Line, qui semble s'être souvenu des idées de Von Meister (bien que celui-ci, mort d'un cancer en 1995 à l'âge de 53 ans, n'en ait guère profité). Ca, c'était pour la petite histoire. Revenons à la VCS... En 1982, la VCS entame la dernière partie de sa carrière. Atari tente de prolonger celle-ci en compensant l'obsolescence technique flagrante de son produit par un travail sur le design et l'emballage. Des systèmes de contrôle de jeux sans fil ou par reconnaissance vocale sont mis à l'étude, mais aucun ne dépasse le stade de prototype. C'est en 1982 que la VCS est rebaptisée 2600, en même temps que Pac-Man remplace Space Invaders en tant que jeu intégré. La console Colecovision est arrivée sur le marché, et commence à faire de l'ombre à la 2600. Il est temps d'agir vite, et la conversion de Pac Man est visiblement bâclée pour cause de calendrier de sortie. La version VCS du petit céphalopode jaune, qui est en train d'envahir les esprits de la planète entière, est un désastre. Mal réalisée (le programmeur Tod Frye ne disposait que de 2Ko !), laide, elle ne respecte même pas le minimum de fidélité à la version arcade, Pac-Man s'y avérant incapable de tourner la tête vers la haut ou le bas (il reste constamment en position horizontale, même lors de déplacement verticaux). Menacé par la supériorité technique indéniable du produit de Coleco, Atari se rattrape avec la 5200, mais celle-ci arrive trop tard et ne connaît qu'une distribution confidentielle. Un autre phénomène fait du tort à la VCS : les éditeurs tiers, apparus avec cette console. Si le premier d'entre eux, Activision, réalise des jeux exceptionnels qui dépassent souvent ce que développe Atari en interne (H.E.R.O, Pitfall!, Starmaster, Enduro...), d'autres, moins scrupuleux, tâchent de surfer sur le succès de la console pour faire du profit à court terme. Et Atari ne fait rien pour les décourager, soucieux de pouvoir dire que sa console possède la plus grosse ludothèque du monde. Un grand nombre de mauvais jeux, vendus plus ou moins cher, vont ainsi s'accumuler dans le catalogue VCS, au point de devenir difficiles à discerner des productions valables. Quelques loupés regrettables de la part d'Atari vont même noircir le tableau, notamment le tristement célèbre E.T.. Lors du lancement de la NES en 1983, Nintendo retiendra la leçon, se garantissant un contrôle total sur les jeux produits par des éditeurs tiers, afin d'éviter toute dérive. Son vieillissement technique (qui arrive notamment en Europe 5 ans après la conception de son hardware), ajouté à cette qualité en dent de scie des jeux vont peu à peu donner à la VCS l'image d'une console dont l'acheteur ne doit pas craindre de se faire posséder de temps en temps. Nombreux sont ses anciens possesseurs qui peuvent témoigner de très mauvaises surprises en lançant pour la première fois un jeu... Lorsqu'à l'été 1984, Jack Tramiel, ex-patron de Commodore arrive chez Atari, une de ses première actions est de remodeler la 2600 en petit format, et de la vendre 50$ sous le nom de 2600 Junior. Cette bonne idée donnera un sursis à la VCS, qui sera produite jusqu'en 1991, établissant un record de longévité, pour un système de jeu domestique, encore invaincu. La contribution de l'Atari VCS à l'histoire du jeu vidéo ne doit pas être sous-estimée, même si aujourd'hui on peut jeter un œil méprisant aux graphismes cubiques hideux qu'elle nous a d'une certaine manière imposés pendant longtemps comme un standard, alors que la concurrence proposait mieux. C'est à la VCS que l'on doit l'éclosion de talents de la création de jeux vidéo, comme notamment David Crane, Allan Miller, Bob Whitehead et Larry Kaplan qui, lassés du manque de reconnaissance chez Atari, partiront former Activision. Les limitations de la machine ont dans un sens forcé ces génies à se dépasser pour aller au delà du son et de l'image, et créer des concepts de jeux nouveaux et passionnants. Aujourd'hui, la création et le succès d'un jeu vidéo ne sont qu'affaire de surenchère de spectacle, de 3D, de technologie, voire tout simplement d'argent (les coûts de développement, d'ampleur hollywoodienne, et l'argent de l'utilisateur qui change de carte vidéo à chaque nouveau hit sur PC ou achète régulièrement une nouvelle console). À l'époque de la VCS il en était autrement, et le fossé entre créateurs et businessmen était encore large. Et puis j'en avais une, moi, de VCS, et je m'éclatais bien avec. Ajout de JPB (juillet 2011)J'ai déniché dans mes souvenirs un vieux catalogue de jeux pour la console Atari 2600. Il manque 3 pages et certaines illustrations, parce que je m'en étais servi dans des fiches (je les avais découpées). Cependant, les 3 pages concernent le sommaire du catalogue, et les quelques images manquantes ne sont pas très problématiques. Voici donc ce catalogue, si vous cliquez sur chaque image vous en aurez une version plus grande : Par ailleurs, j'ai déniché quelques vieilles pubs qu'on trouvait dans les Tilt de l'époque. Les premières vendent un seul jeu, puis les publicités sont systématiquement conçues pour présenter deux jeux avec un thème commun. Vous y verrez aussi une pub pour Enduro, quelques jeux Activision, et quelques hits de Parker. Là aussi, si vous cliquez sur une des images, vous accèderez à une version plus grande. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (31 réactions) |