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Sega Game Gear
1990 - 1994
Une tentative honorable mais infructueuse pour Sega de s'imposer sur le marché des consoles portables. Un produit atttrayant, mais à qui il manquait l'essentiel.
Par Simon Cosentino (09 août 2002)

L'histoire

1990. Sega va de mieux en mieux. La firme américano-japonaise domine le marché des consoles de salon avec la Megadrive, sortie un an plus tôt. Puisque Sega ne supporte pas la concurrence, et surtout celle de Nintendo en particulier, on décide en haut lieu de s'attaquer à la Game Boy, jusqu'alors reine des consoles portables, en lançant la Game Gear. La première console portable de Sega a un atout face à sa concurrente : son écran couleur.

La Game Gear sort en octobre 1990 au Japon, et il fadra attendre juin 1991 pour la voir arriver sur le sol français. Elle est supérieure à la Game Boy, voire même à la NES, d'un point de vue technique : il s'agit en gros d'une Master System portable avec de meilleures possibilités graphiques. Dotée d'un microprocesseur Z-80 cadencé à 3,58 Mhz, sa mémoire vive s'élève à 16 Ko. Son écran LCD couleur est rétro-éclairé et d'une résolution de 160x146 (contre 256x192 pour la Master System). Elle peut afficher 32 couleurs sur 4096, et génère 3 voix sonores en stéréo. Elle comporte deux boutons de tir, un bouton start, et un pad directionnel. Les jeux sont stockés sur des cartouches capables de contenir jusqu'à 512 Ko.

Malgré ce hardware alléchant, la portable 8-bits de Sega ne connaît pas le succès escompté.

La Game Gear a 3 défauts majeurs qui l'ont empêché de décoller :
- Bien que destinée aux adolescents, son prix s'éleve à 1290 F (contre 990 F pour la Game Boy).
- Elle est assez lourde et volumineuse.
- Son autonomie se limite à trois petites heures, alors que la Game Boy peut atteindre 30 heures grâce à son absence de rétro-éclairage, seule option viable en cas de fonctionnement sur piles alcalines. A noter que ce choix sera conservé pour la Game Boy Advance, au grand bonheur des opticiens et fabriquants de lunettes du monde entier. Nintendo ne passera au rétro-éclairage qu'avec la GBA SP qui abandonnait enfin les piles au profit d'une batterie rechargeable.

Lors que la Game Gear est mise en vente, la presse spécialisée est unanime : la console est une déception, malgré la politique marketing agressive de Sega la présentant comme un produit plus "adulte" que celui de Nintendo (slogan US : "If you're still playing a Game Boy, it's time to grow up" - Si vous jouez encore sur Game Boy, il est temps de grandir - Rappelons qu'aux US, on a le droit de citer les marques concurrentes dans les pubs).

La Game Boy demeurera donc la console portable la plus populaire et la reine incontestée des ventes toutes marques confondues. La Game Gear a clairement été conçue pour être tout ce que la Game Boy n'est pas, mais le public a fait son choix, et s'y tiendra pour de longues années.

Jeux et accessoires

Super Monaco GP et Wonderboy, deux jeux Master System adaptés sur Game Gear.

Etant donné que la Game Gear est l'équivalent d'une Master System portable (ou portative, à vous de voir), un adaptateur pour les jeux de celle-ci est commercialisé. La Game Gear dispose, ainsi, d'une assez vaste ludothèque. Auparavant, de nombreux titres Master System ont été convertis pour la sortie de la console, comme Super Monaco GP, Mickey Mouse Castle of Illusion, ou encore Wonder Boy.

On peut malgré tout considérer, globalement, que les jeux Game Boy ont toujours été plus nombreux et plus variés que ceux sur Game Gear, comme dans le cas de la comparaison NES / Master System.

Sonic the hedgehog, Street of Rage, Columns.

Cela n'empêche pas la portable de Sega d'avoir proposé de très bons jeux. L'inévitable Sonic eu droit à ses versions sur le support, ainsi qu'à de nombreuses variantes comme un jeu de flipper (Sonic Spinball) et une course de kart (Sonic Drift).

Streets of Rage, LE jeu de baston de Sega, fut adapté, avec à la clé une très bonne réalisation. Columns fut le concurrent de Tetris sur Game Boy, avec principe est différent : il faut aligner 3 couleurs identiques (l'idée a d'ailleurs été beaucoup plus souvent reprise au final même si Tetris est plus célèbre). Ce fut longtemps le jeu vendu avec la console. Super Monaco GP, un jeu de F1, resta le jeu de référence en matière de simulation sportive de la Game Gear. Le second opus fut d'ailleurs parrainé par Ayrton Senna, un des meilleurs pilotes de sa génération. Une version de Shinobi fut spécialement éditée pour la console.

Au total, la ludothèque de la Game Gear s'éleveà environ 240 titres.

Fifa 96, Mortal Kombat, Shinobi.

Quant aux accessoires, furent disponibles :
- L'adaptateur de cartouches Master System sorti en 1992 (au moment où cet article est écrit, août 2002, on le trouve encore en vente, pour 10€, à cette adresse : http://www.retro-games.co.uk/uk2shop-18.php).
- Une loupe qui s'adapte à la console.
- Un tuner TV uniquement compatible avec les pays fonctionnant en vidéo PAL (donc pas la France).

L'adaptateur pour cartouches Master System

La Game Gear comporte également une prise permettant de connecter plusieurs consoles et ainsi de créer un résau multijoueur.

L'émulation

De très bon émulateurs sont disponibles sur le net, tel que Meka ou Master Gear, et permettent enfin de jouer à des jeux Game Gear sans limitation de temps. Tous les jeux sont disponible à condition de chercher. (par exemple : http://www.planetemu.net)

Conclusion

Pas grand chose à ajouter une fois qu'on a abordé le problème de l'autonomie réduite, du prix élevé et d'une ludothèque très bonne mais en retrait face au concurrent direct. La Game Gear date d'une époque où le marché des appareils électroniques portables était assez rationnel, peu technophile, donc peu adapté à la stratégie habituelle de Sega. L'important était que la machine soit réellement, indiscutablement portable, les capacités techniques passaient après. Pour ne pas l'avoir admis, Sega a échoué, au même titre qu'Atari et sa Lynx, à convaincre le public de la qualité de son hardware.

Simon Cosentino
(09 août 2002)