Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Tonton Ben (16 mai 2005)
Les héros ne se reposent-ils donc jamais ? Pour la troisième fois aujourd'hui, la Terre est menacée par une force extra-terrestre hostile, et l'humanité toute entière n'a d'autre espoir de survie qu'en vous et vos talents de pilote de vaisseau sur-armé pour aller botter les fesses de ces prétentieux faquins de l'espace ! Et ma pause déjeuner syndicale, je m'assois dessus ? Psygnosis, dans sa longue tradition de shoot'em up Amiga tels qu'Apidya ou Agony, remet donc le couvert avec Novastorm, un jeu de tir légèrement différent de ses prédécesseurs dans sa réalisation, puisqu'il s'agit ici d'un shoot en vue arrière, un peu façon Space Harrier ou Panzer Dragoon. Après une introduction en FMV plutôt jolie où le Général-en-chef-des-armées-de-la-coalition-internationale-terrestre-qu'a-trop-les-boules-de-prendre-sa-raclée-par-des-robots-pourtant-sympathiques-si-l'on-prend-le-temps-de-mieux-les-connaître vous supplie d'accepter de mettre votre vie en jeu pour sauver vos compatriotes, vous voilà parti pour cinq niveaux de nettoyage intégral de tout ce qui bouge et tire dans votre direction. Seulement cinq ? C'est un peu court, certes, mais encore faut-il les boucler. Le joueur contrôle donc un vaisseau rapide et sur-armé, face à des vagues d'ennemis volants dans des niveaux précalculés qui se concluent par le sempiternel boss de fin. Premier constat : les décors sont très bien réalisés. S'ils ne peuvent évidemment rivaliser avec les productions Treasure (Ikagura, Radiant Silvergun), Tecnosoft (la série des Thunderforce), ou encore Konami (Gradius V), qui se caractérisent par des décors de fond à tomber, un gros effort a été fourni afin de donner un rendu de perspective réussi, tout en volume. Car au-delà des fieffés coquins à blaster, il faudra gérer le terrain : il est possible de s'éclater contre les bords, occasionnant de jolis effets d'étincelles, et certains passages vont jouer avec la caméra pour faire tourner le décor, simulant une rotation du vaisseau. Les ennemis bénéficient du même soin, dans un style très acier/métal/brut de fonderie, arborant des formes étranges et mal définies, mais toujours prêts à empêcher le joueur d'atteindre leur patron. Et quels patrons, parlons-en ! Rien que le premier rencontré en jette : il s'agit d'une espèce de complexe volant crachant des flammes, pratiquant des aller-retours du fond de l'écran vers le joueur, tout en tournant sur lui-même. Et on sent bien que Psygnosis a tout misé sur le graphisme, car le jeu est truffé de séquences cinématiques très réussies, même si elles sont légèrement compressées, et qui apparaissent aux instants-clés : découverte du boss, transition entre les niveaux, perte d'une vie... Et aussi pendant les niveaux, pour signaler un changement de chemin. Pour se défendre, le joueur peut compter sur des bonus de valeurs différentes (bronze, argent et or) qui lui permettent de faire progresser une barre d'options. Il ne suffit plus alors que de valider le gain voulu pour gagner en puissance ; un système repompé sur celui de Gradius, mais en plus complet, puisque l'on comptabilise ici une dizaine d'options, du tir multiple à la vie supplémentaire, en passant par les satellites, ou les bombes à énergie, pratiques pour tout nettoyer. Contrairement à la plupart des shoot'em up, Novastorm, à l'instar d'un autre shoot sorti également sur Pécé, Raptor, quantifie les dégâts encaissables par le vaisseau au moyen d'une barre de vie. Alors, forcément, on serait tenté de se dire que Novastorm est plutôt facile, sans compter que le niveau de difficulté est paramétrable, tout comme le nombre de vies au démarrage. Je l'avoue, je ne suis pas un ténor du genre, mais tout de même, Novastorm va donner du fil à retordre. L'angle de vue sélectionné corse un peu la situation, il est vrai, mais la maniabilité exemplaire couplé à un bon dosage des vagues ennemies font que les niveaux sont abordables. Non, le problème vient des boss : arrivé au troisième niveau, les choses se compliquent lourdement, car le boss que l'on affronte alors peut détruire le vaisseau en deux ou trois coups. Or, dans Novastorm, on recommence la partie à partir de checkpoints gérés automatiquement, le dernier de chaque niveau se situant au boss lui-même, en perdant la plus grosse option acquise. Les boss sont donc à battre en une seule fois, et plus l'on recommence, moins l'on est armé... Un mot sur la bande son, exceptionnelle. Les thèmes musicaux électroniques aux mélodies tantôt dynamiques, tantôt tragiques rythment diablement bien les parties. Et si les classiques mais indispensables bruitages de tirs et d'explosions de shoot'em up sont présents, on notera avec plaisir l'existence d'une voix off féminine qui commente les options disponibles et choisies, l'état de la barre de vie et d'autres évènements spécifiques. Le jeu n'est malgré tout pas exempt de défauts : si l'esthétique générale tape vraiment à l'œil, il est dommage de ne pas avoir assisté à plus de variété dans les décors durant la première moitié du jeu : un canyon ressemblant finalement toujours autant à un autre canyon, même s'il a changé de forme et de couleur. D'autre part, les barres de menu placées en haut et en bas de l'écran, ainsi que le vaisseau principal et ses tirs, sont plaqués sur l'écran de jeu, et leurs graphismes bitmap se démarquent trop du précalculé qui régit le reste du jeu. Enfin, la lisibilité des tirs et des collisions, à cause de la perspective visuelle employée, n'est pas toujours aisée. Pour le reste, Novastorm est une excellente surprise à découvrir ou à déterrer, sur Pécé, PSX ou 3DO de préférence, les versions étant d'équivalente qualité ; seule la version Mega-CD étant vraiment larguée graphiquement. Atypique, novateur, ce titre possède des charmes qui ne sont pas à dénigrer. La pitite surprise pour finir : en tapant tomatoes lors du premier niveau, on atteint un stage bonus bien barré, où l'on se bat contre des lapins de fête foraine à coups... de tomates ! Les possesseurs d'Amiga auront ici reconnu le clin d'œil à un autre titre de Psygnosis qui avait sévi sur la machine de Commodore, Bill's Tomato Game. À la fin de ce parcours facile où l'on se gave de bonus, on court-circuite surtout le jeu pour se retrouver au dernier niveau du jeu contre les vaisseaux-mères, tout en gardant les tirs de tomate. Si l'humanité savait à quoi elle se raccroche... Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (5 réactions) |