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Banjo-Kazooie
Année : 1998
Système : N64
Développeur : Rare
Éditeur : Nintendo
Genre : Plate-forme / Action
Par Corentin M. (14 juin 2004)

Alors que tout le monde ne parle plus que de la Dreamcast de Sega, annoncée au printemps 1998, et que la Nintendo 64 semble avoir toutes les peines du monde à maintenir un minimum de pression sur la toute puissante PlayStation de Sony, en attendant désespérément un Zelda 64 annoncé comme le Messie, le dernier jeu de plates-formes de Rareware débarque en fanfare en ce joli mois de juin 1998 - aux USA en tous cas, car en France il faudra attendre la rentrée. Nouveau bébé des géniaux créateurs de GoldenEye 007 et autres Diddy Kong Racing, et, plus tard, de Jet Force Gemini, Conker's Bad Fur Day et Perfect Dark toujours sur Nintendo 64, Banjo-Kazooie devient immédiatement un classique absolu du jeu de plates-formes, tant la qualité globale du soft semble côtoyer la perfection.

Tout d'abord, techniquement, ce Banjo-Kazooie remet clairement les pendules à l'heure. Car, si depuis quelques mois, voire un an et demi, certaines langues de vipère prétendent que les différences techniques entre la PlayStation et la Nintendo 64 ne sautent pas aux yeux, cette diffamation est ici balayée d'un revers de la main. Nous sommes bien ici sur une console 64-bits, et non sur une 32-bits, avec un réel fossé technologique et esthétique : la 3D de Banjo-Kazooie est en effet d'une stabilité à toute épreuve. Finis les bugs et autres effacements ou tremblements de polygones ! Ici le gros pixel est banni, et jamais remplacé par un flou fadasse et impersonnel comme ces mêmes langues de vipère aiment à la dire, mais bien par de magnifiques textures, riches, variées et hautes en couleurs ! La Nintendo 64 finit d'enfoncer le clou en offrant des effets spéciaux à gogos tout bonnement sidérants : l'eau est ici rendue avec un souci sans pareil, avec ses bulles, et ondule de partout, avec des effets de transparence, de torsions et de flou à foison. Les effets lumineux sont remarquables, avec notamment un phénomène de diffraction lumineuse ou lens-flare des plus réussis, j'en passe et des meilleurs !

Les textures, elles, constituent réellement l'autre morceau de bravoure du jeu, car variées à n'en plus finir et fantastiquement belles, comme ce sable brûlant, ces vertes prairies, ces tôles si joliment rouillées ou encore cette neige superbe ou ce merveilleux ciel étoilé... Une véritable démonstration technologique et esthétique qui remet l'arrogante PlayStation à sa place, démonstration si forte même qu'on se demande alors bien comment Zelda 64 pourra faire mieux en fin d'année - il ne le fera tout simplement pas... C'est dire. Bref, Nintendo peut enfin souffler un peu, car, en plus d'être techniquement mirobolant, Banjo-Kazooie est une pure merveille vidéoludique, en termes de gameplay, de longévité et, tout simplement, de plaisir de jeu...

La sœur de Banjo a été capturée par la vilaine sorcière Gruntilda ! Ours au grand cœur, Banjo part à la recherche de sa sœur, immédiatement aidé de sa grande copine Kazooie, espèce d'oiselle rouge racoleuse... Vous l'aurez compris, l'ambiance est définitivement bon enfant, à des années-lumières de celle, totalement déjantée, que l'on découvrira avec Conker. Mais revenons à nos pauvres petits noursons. Banjo, aidé de la fidèle Kazooie qui restera pendant tout le jeu dans son sac ou sur son dos (lorsqu'elle prendra les choses en main), devra donc retrouver sa sœur. Et, vous l'avez deviné, il devra d'abord traverser un certain nombre de niveaux. Dix, pour être plus précis. Dix mondes, classiques, certes - Banjo-Kazooie n'a aucune ambition de révolution - mais tellement beaux, grands, riches et intelligents !

On passe donc du relativement petit Spiral Mountain de mise en bouche au colossal Click Clock Wood, gigantesque arbre voyant majestueusement défiler les quatre saisons, en passant (dans le désordre) par le sublime Treasure Trove Cove avec ses plages ensoleillées et son gallion échoué, Rusty Bucket Bay et son port industriel souillé d'huile et tout rouillé, Mumbo's Mountain la montagne, Clanker's Cavern, avec son énorme requin métallique immergé, Mad Monster Mansion et sa colossale maison hantée, Gobi's Valley et ses grandes pyramides infestées de momies, BubbleGloop Swamp et ses étranges marécages hostiles, Freezeezy Peak avec ses ours polaires, ses morses et ses montagnes enneigées... Bref, dix mondes pour des dizaines d'heures de plaisir intense ! Car le challenge est à la hauteur : la difficulté finit par devenir assez élevée, avec quelques passages bien chauds à la manette, mais aussi parce qu'il y a beaucoup à chercher : passages pour accéder aux mondes, interrupteurs, et, surtout, chaque monde recèle 10 pièces de puzzle bien cachées et un minimum sera indispensable pour accéder aux nouveaux mondes, jusqu'à l'infâme Gruntilda...

La maniabilité est assez riche pour un jeu de plates-formes, avec une grande quantité de mouvements, à effectuer avec Banjo ou Kazooie, que vous apprendrez tout au long de votre périple, grâce à Bottles votre grande amie taupe... Il sera donc possible de sauter de maintes manières différentes, de courir à fond les manettes, de voler et d'attaquer en vol, de lancer des œufs, de faire des supers-coups, de devenir invincible, etc., vous connaissez la musique ! Autre possibilité, celle de pouvoir se transformer en d'autres créatures, comme un alligator, une citrouille, un morse, etc. grâce à votre ami Mumbo, le squelette chamane. De fait, avec une telle quantité de mouvements, la maniabilité devient relativement complexe, avec parfois quelques combinaisons de boutons assez tarabiscotées... Mais ça n'est jamais réellement « prise de tête », rassurez-vous ! Seule, la nage, devient parfois franchement horripilante, et restera le pire et seul vrai défaut du jeu - dommage car c'est si beau sous l'eau !

Mais, fort heureusement, on ne passe pas non plus son temps à nager, et d'autres possibilités comme celle de voler procurent de très grandes sensations... Dans le genre agréable, les transformations ne sont pas mal non plus, souvent très drôles, grâce à un design parfait. De nombreux petits challenges vont seront également proposés tout au long du jeu, comme une course de luge, un labyrinthe à faire en temps limité, une chorale à diriger (!), pleins d'items à chercher (notes de musiques, petites créatures nommées Jinjos...) bref pleins de petites idées bien sympas.

Alors, certes, Banjo-Kazooie se contente quelque part de reprendre le meilleur des jeux de plates-formes, mais il le fait avec un tel brio, avec une telle maîtrise, et, surtout, offre un volume de jeu si proprement hallucinant qu'on ne saurait lui en vouloir... Un Mario 64 en infiniment plus beau, donc - et sûrement aussi en beaucoup plus drôle. Seul, un mode multi-joueurs semble manquer à ce Banjo-Kazooie - et encore on se le demande, tant l'aventure solo est passionnante ! Le meilleur jeu de plates-formes d'alors, sans aucun doute, qui reste aujourd'hui encore l'un des tous meilleurs titres Nintendo 64, et sans nul doute aussi l'un des tous meilleurs représentants du genre de façon générale.

Sa suite, Banjo-Tooie, sortie en 2000, fera encore plus fort. Pas franchement plus beau - les limites de la Nintendo 64 étant tout de même ce qu'elles sont - mais tout de même magnifique, ce Banjo-Tooie permettra enfin à nos deux héros Banjo et Kazooie de se séparer réellement, et proposera aussi un mode multi-joueurs des plus sympathiques. Mais il fera surtout dans la plus pure surenchère concernant la taille et le nombre des niveaux, ainsi que des multiples challenges proposés, pour une durée de vie franchement déroutante avoisinant largement les 150 heures de jeu... Un autre très grand classique, donc !

Corentin M.
(14 juin 2004)
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