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Vs. the Goonies
Année : 1985
Système : Arcade, NES
Développeur : Konami
Éditeur : Konami
Genre : Plate-forme
Par chatpopeye (02 septembre 2013)
Le marquee de la borne. Merci au site Playchoice Games & Resources.

D'abord il faut que tu fasses le Bouffi Bouffon !

Généralement, lorsque l'on regarde un film appartenant à une trilogie, une tétralogie, voire une pentalogie ou une hexalogie (liste donnée dans le seul but de ressortir de la lecture de cet article avec un petit bagage linguistique destiné à briller dans les soirées mondaines), on a tendance à commencer par le premier opus sorti, surtout depuis la possibilité qui nous est offerte depuis maintenant de nombreuses années de regarder les dits films chez soi. Il m'est cependant arrivé dans ma prime jeunesse, de regarder des films « dans le désordre », à l'instar des Indiana Jones ou des Star Wars. J'ai en effet d'abord vu Indiana Jones et le temple maudit lors de sa sortie en salle, avant de regarder Les Aventuriers de l'arche perdue à l'occasion d'une reprogrammation au cinéma. Ce phénomène touchait (mais touche encore) surtout les enfants qui souhaitent absolument aller voir au cinéma le deuxième opus d'un cycle à succès lorsqu'il sort dans les salles obscures, sans se préoccuper d'avoir vu le premier. À charge pour les parents de rattraper le retard à la maison.
Dans le domaine des jeux vidéo, il en va autrement. Dans l'idée qu'une suite est forcément meilleure, ne serait-ce que sur le plan technique, bon nombre de joueurs commencent par essayer le dernier opus sorti, avant d'éventuellement s'essayer à ceux édités auparavant. Qui parmi vous a joué à The Legend of Zelda avant A Link to the Past ? À Metroid avant Metroid Prime ? À Vs. The Goonies avant The Goonies II ? J'ai eu la chance de pouvoir jouer aux premiers Zelda et Metroid car ils sont sortis au moment où j'acquérais une Nes. Vs. The Goonies, cependant, n'était pas disponible sur cette console à l'époque, et pour cause, et j'ai donc joué en premier à The Goonies II, me promettant de jouer un jour à sa préquelle. Et puis le temps faisant son office, je suis passé à autre chose, et ce n'est qu'en 2012 que j'ai joué pour la première fois à Vs. The Goonies. Ceci étant dit, il ne faut pas confondre Vs. The Goonies avec The Goonies, sorti entre autres sur C64 et ZX Spectrum, et qui est traité dans cet article. Et pourtant, Vs. The Goonies est parfois appelé The Goonies, eh oui, c'est compliqué, il est temps de prendre un cachet d'aspirine.

Les flyers du jeu. Merci au site Arcade Flyer Archive !

C'est le machin le plus dingue que j'aie jamais vu !

Vs. the Goonies est un jeu sorti sur Famicom en 1986, mais qui n'a jamais franchi les frontières du Japon, sur cette console tout du moins. Le jeu a en effet d'abord été porté en arcade à travers les bornes VS. System. Celles-ci offraient la possibilité à deux joueurs de s'affronter sur une même borne, et permettaient également à Nintendo de faire profiter les joueurs fréquentant les salles d'arcade de certaines de ses productions sur console. Deux modèles principaux cohabitaient alors : l'UniSystem et le DualSystem. Cette dernière borne offrait la particularité de jouer avec deux écrans, placés soit côte à côte, soit selon un angle d'environ 45 degrés, soit encore placés dos à dos, dans le fameux style « cocktail ». Le jeu a ensuite été intégré aux bornes Playchoice 10, dont la particularité était de proposer de jouer à plusieurs jeux Nintendo, mais dans un temps limité, défini selon la somme insérée dans la borne.
Le jeu a également été porté sur le PC-88, une machine crée par NEC à destination du Japon uniquement, sur laquelle ont par ailleurs été portés d'autres jeux de la Famicom tels Excitebike ou Ice Climber. Il existe enfin une version Sharp X1, ordinateur qui intègre le même processeur que le PC-88.

Les fameuses bornes Vs. Merci au site John's Arcade.

Super alerte aux cons !

Partis à la recherche du trésor de Willy le Borgne, pirate précocement décédé dans l'exercice de ses fonctions, la bande des Goonies s'est retrouvée dans la planque des Fratellis, gang de mafieux composé de Jack, Francis et de leur Mama. Le brave Cinoque, troisième frère, ayant chuté du berceau un peu trop souvent lorsqu'il était petit, reste caché aux yeux du monde par la famille, qui elle-même se cache, mais volontairement, pour échapper à la police, alors que Cinoque est retenu captif contre son gré. Vous suivez ? Ce n'est pas grave, Cinoque n'apparaît pas dans le jeu. Pas plus que la Mama d'ailleurs ou que le Papa, mais pour ce dernier, c'est moins gênant vu qu'il n'apparaît même pas dans le film.

Bref. Les copains de Mikey se sont fait capturer par le gang Fratelli, et c'est à celui-ci qu'incombe la tâche de les retrouver. Pour ce faire, il devra arpenter la vaste demeure des Fratelli, ou plutôt son sous-sol car c'est là que se déroulera la majorité du jeu. Je dis ça, mais en fait, il est bien possible que tout le sous-sol n'appartienne pas aux Fratelli puisqu'il s'étend sur une très longue distance. Mais de toute façon, lorsque le gang sera sous les verrous et que la maison sera saisie par les autorités compétentes, les discussions d'ordre cadastral ne seront plus à l'ordre du jour.

Des souris et des hommes. Un jeu aux références littéraires certaines.

C'est de ce côté les mecs ! Je sais exactement où on va ! C'est juste après le prochain virage !

Vous dirigez donc Mikey à travers six stages, à la manière d'un jeu de plateformes somme toute classique. Mikey peut sauter, grimper aux échelles ou aux lianes de vignes, et donner des coups de pieds à ceux dont la tête ne lui revient pas. À travers ces niveaux, vous devrez récupérer vos six compagnons (dans la bibliothèque verte), ainsi que des clés. Trois clés sont en effet nécessaires à chaque niveau pour déverrouiller la herse (eh oui) qui bloque l'accès au niveau suivant. Tant que vous ne les avez pas obtenues, vous errerez telle une âme en peine dans le niveau, tout en scrutant d'un œil anxieux le compte à rebours qui, une fois à zéro, vous fera passer de vie à trépas. Curieuse conception de la comédie familiale d'où est pourtant tiré le jeu.
Pour délivrer vos copains et récupérer les clés, il vous faudra ouvrir des portes. Pas à la manière vulgaire et sans panache du commun des mortels, non. Mais en déposant une bombe sur le seuil. Alors, s'offriront à vous soit une clé, soit l'un de vos amis (ou l'une de vos amies), soit un des objets disponibles dans le jeu, dont je parlerai plus tard.

Chaque niveau, donc, ne peut être terminé sans les trois clés, et il vous faudra procéder à une exploration des lieux et faire appel à votre mémoire pour vous souvenir des passages empruntés. En effet, sachant que des crânes géants font office de passage d'une zone à l'autre, il est fréquent que l'on tourne un peu en rond. Néanmoins, et même si des warp zones existent çà et là, le jeu n'est pas non plus un gigantesque labyrinthe à la Metroid, et la mémoire d'un joueur normalement constitué suffit à boucler chaque niveau. Bien entendu, rien n'empêche de se tracer sa petite carte sur le papier afin que les générations futures puissent jouer aux Goonies en vrai. Attention, une fois un niveau franchi, vous ne pourrez pas revenir en arrière. Soyez sûr d'avoir délivré le copain enfermé dans chacun des niveaux. À l'issue du dernier niveau, se déroulant sur le vaisseau de Willy Le Borgne, vous délivrerez la dernière Goonie, Andy (vous savez, celle qui embrasse Mikey par erreur, et qui vous a fait fantasmer pendant de nombreuses années... Bande de pervers...), et admirerez le navire de Willy Le Borgne quitter la baie.
Et vous recommencerez votre périple, car la vie est un éternel recommencement, sauf que vous gardez votre score, ce qui n'est pas si mal en fin de compte.

On peut aussi se prendre un contrepoids sur la tête. Encore un « boum-j't'attrape » !

J'vais vous cogner si fort qu'à votre réveil vos fringues seront plus à la mode !

Les ennemis sont peu variés dans ce jeu. Les frères Fratelli, tout d'abord, apparaissent ici ou là, et ne peuvent qu'être momentanément étourdis. Francis utilise un pistolet tandis que Jake préfère utiliser sa belle voix de ténor. Des notes mortelles partent alors dans plusieurs direction et Mikey doit bien évidemment les éviter pour ne pas faire baisser sa barre de vie.
On trouve également de nombreux rats, qui ne le sont d'ailleurs pas tant que cela puisqu'en mourant, ils laissent une bombe en parfait état de fonctionnement qui ne demande qu'à être utilisée contre les portes. N'oublions pas les renards, animaux malins mais fourbes qui, déguisés en rats, doivent être frappés à deux reprises pour mourir. À mesure que l'on s'enfonce dans les profondeurs de la maison, on peut tomber nez à nez (façon de parler) avec des squelettes, qui attaquent en lançant un de leurs os, voire leur crâne, ce qui deviendra un classique chez Konami (en tous cas dans Castlevania). Enfin, en s'approchant des niveaux liés à la mer, où gît le vaisseau de Willy le Borgne, on rencontrera le fantôme de ce dernier, insensible aux coups de pied de Mikey mais pouvant être détruit par le lance-pierres, ainsi que des poissons-volants et des pieuvres.
Attention au temps, limité. Le compteur ne vous laisse que de trois à dix minutes environ pour boucler un tableau, c'est selon. Mieux vaut savoir où vous allez. Et si par malheur, vous perdez les trois vies qui vous sont octroyées au début du jeu, c'est le game over. Pas de continue. Vous recommencez tout au début. Non mais qu'est-ce que vous croyez !

J'ai libéré un Goonie !
Tout le monde est content !

Pourquoi on mettrait pas du chocolat sur tout le sol ? Choco nous creuserait vite un trou.

Pour vous aider dans votre périple, vous pourrez faire usage de différents objets, qui peuvent être récoltés de différentes manières. Certains, tel le lance-pierres, peuvent être trouvés derrière une porte, à l'instar des clés. D'autres, la plupart d'ailleurs, sont moins évidents à trouver. Il faut en effet à tel ou tel endroit d'un niveau, utiliser une combinaison de type « direction + touche » pour les faire apparaître. Lors de vos premières parties, seul le hasard vous les fera trouver. Néanmoins, ces objets ne sont pas nécessaires pour terminer le jeu, en revanche, ils pourront vous faciliter grandement la tâche pour la plupart. Ainsi, l'imperméable vous protégera des chutes d'eau, le casque des stalactites, etc. Certains sont encore plus insolites, à l'instar du protège-oreilles, que l'on peut trouver dès le premier niveau, et qui vous immunisera contre les vocalises de Jake Fratelli, certes moins redoutables que celles de Johnny Hallyday, mais néanmoins suffisamment dangereuses pour faire baisser votre barre de vie. D'autres ne vous serviront qu'une fois, comme les chaussures à ressorts, lorsque vous souhaiterez atteindre une zone haut-perchée. Enfin, le sac permettant de transporter deux bombes au lieu d'une ne sera que d'une utilité toute relative étant donnée la facilité déconcertante avec laquelle Mikey peut trouver des bombes. À croire qu'il a des origines basques/corses/irlandaises...(choisissez selon votre susceptibilité).
Notez aussi que des diamants sont dissimulés un peu partout sous la maison des Fratelli. Apparaissant lorsque Mikey passe à l'endroit où ils sont cachés, généralement à l'occasion d'un saut, ils permettent de remplir la barre de vie lorsqu'ils sont tous récoltés. Nous tenons là une preuve supplémentaire, si besoin était, de la stupidité des Fratelli qui s'obstinaient à vivre de divers larcins alors qu'ils vivaient au-dessus d'une mine de diamants, et donc au dessous de leurs moyens.

Parmi les éléments cachés, il faut également mentionner des personnages qui font un caméo. Vous aurez ainsi peut-être l'occasion de rencontrer le fameux Konamiman, personnage fictif de Konami que l'on aperçoit dans un certain nombre de jeux de la société, le Vic Viper de Gradius, Twinbee, voire... Steven Spielberg lui-même (qui était rappelons-le le producteur du film via sa société Amblin, et qui a écrit l'histoire du film).

Arghhhh ! Le fantôme de Willy le Borgne est à mes trousses !
Ici, on aperçoit Konamiman ! (image piquée sur Gamefaqs)

Mais il commence à me plaire ce gosse...

Le jeu est extrêmement plaisant à jouer, grâce à une maniabilité et une fluidité qui ne souffrent d'aucun défaut. La musique est entraînante et reprend le thème de Cindy Lauper, Goonies are good enough. On prend du plaisir à aller et venir à travers les différents tableaux, à prendre les passages « tête de mort » qui nous mènent on ne sait trop où, et à faire exploser les portes en se demandant ce qu'elles renferment, tel un enfant devant un Kinder Surprise. La difficulté n'est pas très importante, si l'on prend le soin de ne pas se précipiter et de sauter n'importe comment. Néanmoins, le temps étant limité, les premières parties ne vous permettront sans doute pas de terminer le jeu. Ce n'est que lorsque vous aurez bien mémorisé les endroits importants, ou que vous aurez tracé votre propre carte, que vous pourrez espérer terminer le jeu. D'autant que certains passages vous emmènent loin, pour finalement tomber sur une porte ne révélant qu'un lance-pierres ou une potion de vie. Sachant que vous aurez probablement perdu de la vie et surtout du temps pour y accéder, ce n'est pas très intéressant.
Dernière petite mise en garde, ne vous avisez pas de laisser un de vos copains derrière vous, sinon, au moment où vous pensez atteindre le repaire de Willy le Borgne, vous serez renvoyé au début de jeu, et il faudra tout recommencer. C'est dur, mais c'est ainsi.

Une des clés qui vous permettront de terminer le niveau.
La version PC-88.

Font chier les gosses.

Vs. The Goonies est donc un jeu bien sympathique, mais il faut surtout le considérer comme la préquelle de The Goonies II. Car si vous ne devez jouer qu'à un seul de ces jeux, ce doit être ce dernier. Reprenant le principe de base de Vs. The Goonies, à savoir le sauvetage des copains, il en améliore de nombreux points, ne serait-ce qu'au plan des items qui, là, ont une véritable utilité, et introduit un système d'exploration de salles, tout en supprimant le chronomètre, ce qui permet au joueur d'errer à sa guise dans la maison et la cave des Fratelli. Je ne peux que vous engager à lire l'article qui lui est dédié pour en savoir plus et surtout à y jouer.

chatpopeye
(02 septembre 2013)
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