Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Laurent (31 octobre 2000)
L'OdysseyEn 1966, Ralph Baer, ingénieur en chef chez Sanders Associates, commence à travailler sur un projet qu'il a imaginé 15 ans auparavant, alors qu'il n'était qu'un employé qui n'avait pas voix au chapitre : un récepteur de télévision permettant de jouer sur son écran à des jeux implantés dans la machine. Avec d'autres techniciens, il construit un prototype nommé "Brown Box" qui n'est rien d'autre que le premier jeu vidéo de l'histoire (voir l'article sur Ralph Baer). En 1971, Baer signe des accords avec Magnavox, fabriquant Américain d'appareils électroniques divers, dans le but de commercialiser l'engin. L'industrie du jeu vidéo est née, Nolan Bushnell travaillant au même moment sur Computer Space. En 1972, Magnavox lance donc la première console de jeu capable de jouer à plusieurs jeux différents stockés sur des supports externes : l'Odyssey. L'Odyssey résulte directement du prototype de Ralph Baer, largement amélioré toutefois par les ingénieurs que dirige ce dernier. L'Odyssey est capable d'afficher des graphismes en noir et blanc, rendus plus agréables par des cellophanes colorés à poser sur l'écran. En réalité, les cartouches de jeux vendues ne contiennent aucune donnée logicielle, mais simplement des configurations de cavaliers permettant de paramétrer les circuits internes de la console. L'Odyssey ne contient pas de micro-processeur (et pour cause : ceux-ci ne sont apparus que deux ans plus tard), tous ses circuits sont analogiques. Comme elle ne contient aucune mémoire, elle est livrée avec des fiches de scores où le joueur reporte au stylo ses records. À l'occasion de la sortie de l'Odyssey, Magnavox dépose l'appellation de "home videogame", ou jeu vidéo domestique, et lorsqu'Atari lancera quelques années plus tard la VCS, la société de Nolan Bushnell devra s'acquitter de droits d'auteur auprès de Magnavox, et il en sera de même pour Mattel et l'Intellivision. Auparavant, Magnavox gagne un premier procès contre Atari, déclarant que Pong est une copie d'un des jeux de l'Odyssey. Curieusement, peu avant son départ de Nutting Associates pour fonder Atari, Nolan Bushnell, inventeur de Pong, s'est rendu à une démonstration publique de l'Odyssey, et a même signé de son nom le livre d'or de la cérémonie. Ces dédommagements rapporteront plus d'argent que les ventes de la console, qui n'est pas restée dans les mémoires comme un succès foudroyant, loin s'en faut. La principale raison du démarrage difficile de l'Odyssey vient d'une erreur de marketing : Magnavox est à l'époque, dans l'esprit du public américain, un fabriquant de télévision avant tout. De plus, l'Odyssey est, d'après la presse spécialisée, la continuation d'un projet de "télévision ludique". Aussi, pendant longtemps, beaucoup de gens croiront qu'elle ne peut fonctionner qu'avec les téléviseurs de la marque, cette rumeur n'étant certes pas démentie par la politique commerciale de Magnavox, qui, dans un premier temps, ne vend la console que dans les magasins à son enseigne (pratique courante dans les années 70 / 80, souvenez vous des boutiques Tandy, Philips, etc.). Toutefois, la console fera une carrière honorable avec 100.000 exemplaires vendus, ce qui n'est pas mal pour un produit complètement nouveau. Le fait qu'elle ait été commercialisée ou non en Europe relève du mystère absolu. On a retrouvé des publicités annoncant une sortie Française chez ITT Shaub-Lorenz, mais aucun exemplaire n'a pu être trouvé. L'Odyssey 2 / Videopac G7000Après l'Odyssey, Magnavox, inspiré par le succès énorme d'Atari avec la console Pong, se lance dans la fabrication de consoles à jeu unique pour, en 1978, démarrer un nouveau projet de console multi-jeu à cartouches. Le résultat est l'Odyssey 2. En 1979, Magnavox est devenu une filiale de Philips, qui va commercialiser l'Odyssey 2 en Europe sous le nom de Philips Videopac G7000. Quel que soit le nom sous lequel elle est vendue, il est clair que l'Odyssey 2 est moins puissante que la VCS 2600 lancée entre temps par Atari. À cause du microprocesseur Intel 8048 cadencé à 1,78 Mhz et de la RAM limitée à 2 Ko les jeux sont plus lents, les graphismes en 128x64 16 couleurs moins détaillés, et le son n'est doté que d'une seule voie, contre 2 pour la 2600. Les graphismes de l'Odyssey 2 sont en fait des caractères pré-dessinés, la console étant incapable d'afficher des pixels détachés (bitmap), ce qui donne à tous les jeux un aspect similaire. Pourtant, son processeur graphique est d'une bonne qualité de fabrication, et l'affichage scintille beaucoup moins que celui de l'Atari 2600, dont les ravages sur les tubes cathodiques sont notoires (eh oui, ces vieilles rengaines, avec lesquelles vous bassinaient vos parents, "ton truc, ça bousille la télé !", étaient fondées en ce qui concerne la 2600). L'Odyssey 2 possède un atout de poids face à la 2600 : son clavier. Les publicités américaines pour la console le soulignent bien : "The keyboard is the key". Pourtant, les joueurs s'en moquent totalement, plutôt refroidis par l'absence totale d'adaptation de jeux d'arcade pour Odyssey (toutes les licences sont trustées par Atari), et le rejet par les développeurs externes à Philips de cette console qu'ils jugent obsolète. Le clavier, en revanche, fait forte impression sur les parents des acheteurs potentiels, avec l'apparence de sérieux qu'il confère à l'Odyssey 2. Hélas, il ne sera jamais utilisé convenablement. Les jeux éducatifs sont les seuls à en faire usage. Toutefois, l'Odyssey 2, aux USA, connaît un certain succès dans les premiers mois de son exploitation, avant d'être, dès le début des années 80, définitivement reléguée par la VCS 2600 qui triomphe dans le monde entier. La Videopac, quant à elle, se plante totalement en France, mais marche correctement dans d'autres pays Européens, et sera soutenue par Philips pendant un certain temps. Elle connaîtra une exploitation mondiale sous cette appellation, avec à la clé un succès fulgurant au Brésil, et d'autres apparitions aux quatre coins du globe sous différents noms. Une version améliorée, équipée d'un moniteur, nommée Videopac G7200 sera même lancée en 1981. L'après Odyssey 2En 1983, avec l'apparition d'une nouvelle génération de consoles (Colecovision et Vectrex), et l'effondrement du marché du jeu vidéo, l'Odyssey 2 disparaît définitivement. Magnavox annonce la développement de l'Odyssey 3, censée être commercialisée sous le nom de Command Center. Le Command Center est supposé être doté de plus de mémoire, de meilleurs graphismes, d'un clavier plus performant que la membrane de l'Odyssey 2, d'un synthétiseur vocal, et d'un modem 300 bauds. Il est même présenté au CES de 1983, mais ne sera jamais commercialisé. Du moins, c'est ce que tout le monde pense jusqu'en 1995, année où un collectionneur Américain déniche un Command Center, accompagné de 16 cartouches, dans un marché aux puces. En fait, le Command Center a bien été commercialisé, dans certains pays Européens, par Philips, sous le nom de Videopac G7400, mais en 1983 et pendant quelques mois seulement, cette exploitation ne s'étant soldée que par quelques ventes. Aujourd'hui, le Videopac G7400 est une denrée très recherchée des collectionneurs (américains surtout), et si vous en avez un dans votre grenier, sachez que vous pourriez en tirer un bon prix. Philips ne s'aventure à nouveau sur le terrain du jeu vidéo qu'en 1992, avec le CD-I, système supposé savoir tout faire (jeux, films interactifs, CD-Vidéo), mais qui en définitive ne fait rien aussi bien que les systèmes spécialisés dans chaque domaine et se solde par des pertes monstrueuses. Les jeux et accessoires de l'Odyssey 2Le point le plus remarquable de la ludothèque de l'Odyssey 2 est que quasiment tous ses jeux importants sont l'œuvre d'un seul homme : Ed Averett, ancien commercial chez Intel reconverti dans la programmation, appelé à la rescousse après que les premiers designers engagés par Magnavox soient tombés à cours d'idée après six mois de travail. Averett à crée, en dehors des tous premiers et des tous derniers sortis, tous les jeux de l'Odyssey 2, ayant à son actif 24 titres écrits en 4 ans. Le titre le plus connu sur Odyssey 2 est KC Munchkin!, jeu supposé concurrencer Pac Man sans violer les lois sur les copyrights. Cela n'empêchera pas Atari (détenteur des droits d'exploitation du jeu sur console), d'attaquer Magnavox pour plagiat, et de gagner, obligeant Magnavox à retirer de la vente son jeu le plus populaire, et portant un autre très mauvais coup à l'Odyssey 2. D'autres jeux pour Odyssey 2 s'avèrent être de bons titres plutôt sympa à jouer, comme Killer Bees!, Turtles!, Pick Axe Pete!, UFO! et Attack of the Timelord! (pratiquement tous les jeux de l'Odyssey 2 étaient affublés de ce stupide point d'exclamation, et par ailleurs ils étaient numérotés pour encourager l'acheteur à les collectionner). En dehors des jeux développés chez Magnavox, très peu d'éditeurs tiers sont venus enrichir la ludothèque de l'Odyssey 2. Seul Parker Brothers et Imagic figurent sur la liste des licenciés, en raison des limitations de la console, et de son manque de succès. Du reste, les jeux Parker Bros ne sont sortis qu'en Europe sur Videopac G7000. En fait, la plupart des jeux sortis sur Odyssey 2 sont des clones limités d'autres jeux, mais il faut noter tout de même la série Master Strategy. Il s'agit de cartouches contenant des extensions de mémoire, accompagnées d'accessoires de jeu (plateau, dés, pièces, etc...), qui permettaient de jouer à un jeu de société original avec l'appui de la console. Ces jeux n'ont aucun équivalent, et s'avèrent tous passionnants, même si l'action se passait plus sur le plateau de jeu que sur l'écran. 3 titres seulement ont été inclus dans la collection : The Quest For The Rings, Conquest of The World, et The Great Wall Street Fortune Hunt. Un quatrième, nommé Sherlock Holmes Consulting Detective fut programmé mais jamais commercialisé. À la fin des années 90, un fou de l'Odyssey 2 nommé John Dondzilla s'est lancé dans le développement de nouveaux jeux pour la console, et il fabrique lui-même les cartouches, qu'il vend par l'intermédiaire de son site Internet (http://www.classicgamecreations.com). On y trouve des titres tels que AMOK!, un clone de Berzerk, et l'Odyssey 2 Multicart, une cartouche contenant les 61 titres existants pour la console. Pour ce qui est des accessoires, le seul qui ait vu le jour aux USA est "The Voice", un module qui ajoutait des voix à certains jeux. En Europe, d'autres accessoires furent commercialisés, comme le Videopac C7010, une extension mémoire accompagnée d'un jeu d'échec qui n'aurait pu fonctionner sur une cartouche normale, le "Home Computer Module", un add-on permettant de programmer le Videopac G7000 en Basic (Microsoft Basic en l'occurrence), et le Computer Intro! qui permettait de programmer en assembleur. Signalons pour l'anecdote que la première Odyssey était dotée d'un pistolet optique qui réagissait à la lumière sur l'écran. Il suffisait de pointer une lampe de poche sur votre télé, et le reflet de celle-ci faisait grimper votre score ! Par ailleurs, le pistolet ne réagissait pas si la lumière ambiante était trop forte. Pour finir, signalons qu'il existe un émulateur d'Odyssey 2, OE2M, crée par Dan Boris, et que les jeux se trouvent facilement, si l'expérience vous tente. Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |