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Death Rally
Année : 1996
Système : Windows
Développeur : Remedy Entertainment
Éditeur : Apogee Software
Genre : Jeu de Course
Par Tonton Ben (24 mars 2008)

Le WRC, c’est sympa, mais cela devient vite un peu monotone. Du goudron, de la boue, Sébastien Loeb qui gagne à la fin... Non, vraiment, c’est comme la F1, ça manque de crasses, de vilaineries, de carambolages et de mitraillettes. Allez, les enfants, histoire d’assouvir vos plus bas instincts, allez donc vous installer Death Rally, vous m’en direz des nouvelles !

Apogee Software, la boite qui a ensoleillé mes nuits !
C’est pas un bel écran titre qui pète le feu ça madame ?

Ahhhh, Apogee Software. Vous voyez tout de suite de quoi je veux parler. Non ??? Voyons ! Allez, pêle-mêle : Rise of the Triad, Duke Nukem, Commander Keen, Wolfenstein 3D... Vous saisissez tout de suite dans quel créneau on se place ? Le meilleur du Pécé, tout simplement. Ces mecs se lancent dans n’importe quel genre, et nous proposent avec Death Rally la réhabilitation de ce bon vieux Super Off-Road, mais croisé avec Carmageddon. Cool !

Le menu qui résume tout : la caisse, la couleur, les options et les réparations.
Et hop ! On s’inscrit vite fait pour une course !

Pas de scénario dans Death Rally, juste de l’ambiance. L’atmosphère alternative du monde pourri où le seul défouloir vient de ces courses ultra-violentes à base de quatre concurrents qui cherchent à passer la ligne d’arrivée de 19 circuits fermés, et ce par tous les moyens. Et comme toute organisation « sportive », celle-ci propose un classement à long terme, les victoires remportées influençant la position des vingt participants au classement général. Évidemment, en jeune c... débutant, l’on commence au bas de l’échelle...

Sur la grille de départ, mieux vaut ne pas être devant.
Bonjour l’embuscade en plein virage !

...avec une caisse toute naze. À peine 60mph. Tout juste bon à concourir dans la catégorie facile, les plus doués ou les mieux équipés allant s’inscrire dans des courses de catégorie moyenne ou difficile. Pour le talent, cela ira s’acquérir par l’expérience ; mais pour l’équipement, seul l’argent gagné par les courses pourra financer le tuning du bolide. Trois axes d’améliorations sont possibles : le moteur, pour gagner en vitesse ; les pneus, pour maîtriser le contrôle du véhicule notamment dans les virages en épingles à toute blinde, et le blindage, pour ne pas fracasser son engin au bout de trois murs ou carambolages.

Les éléments troidés du décor sont astucieusement placés et apportent une profondeur visuelle très réussie.

Et l’argent, comment le gagne-t-on ? Très simple. Principalement, en gagnant chaque course sélectionnée. Selon le niveau de difficulté choisi, et en fonction de sa place à l’arrivée, les brouzoufs peuvent être engrangées très vite. Mais d’autres moyens de faire la culbute sont possibles : sur le parcours sont dispersés des dollars à ramasser en passant dessus, dont parfois un gros qui vaut vraiment le coup, et qui viennent s’ajouter au pécule gagné en fin de course. Attention, ceci n’est valable que si l’on ne termine pas dernier, sinon adieu les bonus.

Le « sponsor » s’en mêle aussi, en distribuant de temps en temps un bonus pécuniaire pour excellents résultats. Et puis, parfois aussi, un objectif pas super glorieux vous sera proposé contre rémunération : il s’agira soit de ramasser des stéroïdes (© Duke Nukem), et de finir premier, soit d’éliminer un concurrent spécifique de la course (il ne doit pas franchir la ligne). Attention, rater la mission vous attirera des ennuis.

Le marché noir, une étape incontournable pour mettre toutes les chances de son côté.
Il faut apporter ses stéroïdes au Duke...« Hmmm, that’s better » !

Car des crasses, dans Death Rally, il va en être largement question. Après le menu du garage, vient celui du marché noir, beaucoup plus rigolo, où l’on vous proposera quelques agréments pas fair-play du tout : achat de mines (à larguer dans les virages où dans les roues d’un concurrent trop proche), turbo amélioré (mais qui attaque la carrosserie), pare-chocs éperonnant pour infliger le max de dégâts au contact, et sabotage, pour réduire l’armure d’un concurrent au hasard au début de la course. C’est payant, mais ça paie !

Alors, comme si la vitesse et la conduite ne suffisait pas, la problématique des dégâts du véhicule devient un élément primordial du jeu : 100% de dégâts, et c’est l’élimination pure et simple de la course. Mais passé les 50%, la facture devient salée en réparations à la sortie ! Et des dommages, on en prend rapidement. Ne vous retrouvez jamais devant les autres en début de course (les moins bien classés au championnat général ont les premières places sur la ligne de départ), c’est un coup à se faire sortir en 20 secondes. Généralement, il faut se mettre en retrait, avoiner un max à la mitraillette, et reprendre le lead de la course à coups de turbo, dont les recharges se trouvent aisément sur le parcours, comme pour les munitions de la mitraillette. En parlant des bonus de course, attention à ne pas ramasser un champignon hallucinogène, l’effet est garanti ! L’écran part en sucette pendant 5 secondes à coups de superbes distorsions visuelles, bonjour le contrôle.

Les effets de distorsion dus aux champignons hallucinogènes sont impressionnants, et handicapent réellement la conduite, c’est un coup à finir dans le mur à chaque prise.

Parce que techniquement, Death Rally, il claque sévère. Quelle démonstration de la part de nos amis de Remedy ! Au-delà d’un design général très bien senti, tout le sel du titre prend forme lors des courses. Avec une vue verticale plongeante extrêmement lisible, l’on peut apprécier l’effort graphique de chaque niveau : des villes de béton de Suburbia à la jungle de Bogota, en passant par les canyons de Hell’s Road, c’est superbe. De nombreux effets de troidé très bien intégrés transcendent l’expérience, et donnent un volume saisissant aux parcours, également très variés dans leur conception. Il y en à littéralement pour tous les goûts.

Avec mon pare-chocs amélioré, les carrosseries adverses ne vont pas tenir longtemps.
Le must : finir une course seul. Le bonus en vaut la peine !

Que dire des contrôles ? Ils se révèlent excellents. Le jeu se veut très véloce, mais jamais les contrôles ne prennent le joueur en défaut, c’est du tout bon. L’anticipation est la règle, la connaissance des circuits est impérative. C’est rapide, ça part à 100 à l’heure, les sensations répondent présentes. La musique, très techno, colle parfaitement à l’ambiance, le tout formant, avec des voix et des bruitages très bien sentis, un environnement homogène. Bravo !

Et si le jeu ne propose pas un mode deux joueurs, ce qui n’est jamais très facile pour ce genre de titre du point de vue de la lisibilité dans l’action, le mode réseau est là pour combler les attentes de celles et ceux qui veulent du massacre en groupe : jusqu’à huit joueurs peuvent se connecter en même temps pour s’affronter en répartissant dans différentes courses. Néanmoins, même en solo, c’est du plaisir à l’état pur, pas forcément très long, le jeu en soi étant assez court à retourner avec un bon entraînement (trois modes de difficulté globaux sont disponibles, bonne chance pour le mode Hard), mais demeure intense. Un certain défi vous attend, il vous arrivera régulièrement de vous faire retourner sur de nombreuses courses, car l’IA est bonne, très bonne.

Le circuit Complex porte très bien son nom !
Le Duke, c’est le meilleur, il truste toutes les victoires. « Come get some ! »

Death Rally, avec l’ensemble du catalogue Apogée Software (et Epic Megagames, voire du monde du shareware Pécé en général), se montre parfaitement représentatif de la qualité proposée par ces ténors du jeu vidéo sur le support longtemps réputé pauvre dans le domaine. Je radote beaucoup sur ce sujet, mais j’insiste pour l’avoir particulièrement vécu : c’est avec ce genre de titre que le monde du shareware a supplanté les éditeurs dits classiques sur Pécé, alors que le rapport de force financier était totalement déséquilibré, les équipes du shareware étant généralement 4/5 types maximum bossant quasiment de façon amateur sur ce genre de projet. Comme quoi, le talent et la passion...

Il est amusant de constater, une décennie plus tard, ce que ces expérimentations videoludiques ont pu engendrer. Si le nom de Remedy vous dit quelque chose, c’est sûrement parce que vous avez vu le logo de cette petite boite finlandaise sur deux autres monuments sortis depuis : l’excellentissime Max Payne, et sa suite culte The Fall of Max Payne.

Mise à jour : le jeu est désormais librement téléchargeable depuis de nombreux sites, y compris celui de Remedy.

Tonton Ben
(24 mars 2008)
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