Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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1) Qui étais-tu il y a vingt ans ?Il y a vingt ans, je venais à peine de terminer mes études, de me marier, et de m'installer dans la maison que j'occupe encore aujourd'hui. Je découvrais alors mon métier de prof, après avoir déambulé plusieurs années sur les bancs de la fac et dans une boutique de Lille où je vendais du jeu vidéo (mais pas que) à mes heures perdues. Comme j'étais féru de cinéma et de nouvelles technologies, je collectionnais les Laserdiscs et les DVDs, que j'estimais être les seuls supports capables d'afficher de belles images et d'envoyer du bon son. Je passais un temps insensé à scruter le calendrier des sorties américaines et, face au flot ininterrompu de films publiés dans des éditions inédites très fournies en suppléments, j'importais à tour de bras, priant à chaque fois pour que mes colis passent au travers des filets des douaniers. En parallèle, je continuais de jouer à la Playstation (qui arrivait en bout de course), et venais d'acheter une Dreamcast afin de goûter aux joies de la « haute définition ». 2) Quel était ton jeu préféré alors ?Final Fantasy Tactics sur Playstation – pour la qualité générale de sa réalisation, et la puissance invraisemblable de son gameplay. Je n'étais pourtant pas un grand amateur des jeux de rôle tactiques jusqu'alors – tout juste m'étais-je essayé à Tactics Ogre sur Super Famicom quelques années plus tôt et, plus loin encore, à Nectaris, un Famicom Wars-like sur PC-Engine. Mais Final Fantasy Tactics me retourna comme une crêpe ! Certaines batailles étaient si accrochées et intenses d'un point de vue stratégique que j'en sortais systématiquement avec l'impression d'avoir augmenté mon QI d'environ 2000 points. À cette époque-là, si le pauvre Kasparov m'avait défié aux échecs, je lui faisais échec et mat en cinq coups ! (NDMTF : Et la marmotte...) 3) Si tu devais choisir deux moments marquants de l'histoire du jeu vidéo entre 2000 et aujourd'hui, quels seraient-ils ?Mes deux moments marquants seront liés à un seul projet : la XBox de Microsoft. Grâce à la première console de la marque, j'ai pu expérimenter le jeu en ligne. Et croyez-moi : je m'en souviens encore comme si c'était hier. C'était un soir de 2003. Je venais de connecter ma console au net, et après avoir lancé l'illustre PGR2, je voyais apparaître face à moi une liste de noms inconnus, tous appartenant à des joueurs prêts à en découdre sur un tracé de Moscou, St Basil's Cathedral. Quelques secondes plus tard, les voitures se mettaient en place sur la ligne de départ ; dans l'oreille, j'entendais la voix de gens qui se souhaitaient bonne chance. Puis le feu est passé au vert, et tout le monde s'est élancé. C'est bien simple : j'ai été incapable de tourner au premier virage, rentrant de plein fouet dans la rambarde de sécurité. Certains joueurs m'avaient suivi, provoquant un gigantesque carambolage ; mais d'autres étaient parvenus à s'extirper de la masse pour filer loin, très loin, dans un grand crissement de pneus. Cette première expérience « en ligne » fut la première d'une longue série. Beaucoup des membres du site avaient eu la bonne idée de se lancer dans l'aventure XBox au même moment, ce qui rendit possible l'organisation de séances de jeu régulières. Mes meilleurs souvenirs de joueurs sont nés de ces moments passés avec toute l'équipe. 4) Ça veut dire quoi, « retrogaming » pour toi aujourd'hui ?Pour moi, le retrogaming démarre lorsque je lance un jeu auquel plus personne ne joue et dont la date de sortie est suffisamment éloignée pour qu'il me paraisse appartenir à une autre époque. Les jeux ayant une quinzaine d'années ou plus me semblent assez bien correspondre à ce descriptif. En août 2005, la XBox 360 et la PS3 n'étaient pas encore sorties. À l'heure où j'écris ces lignes, le retrogaming s'arrêterait donc à la génération PS2/Gamecube/XBox. Cela me va. Mais tout cela est évidemment très subjectif. Plus fondamentalement, le mot retrogaming évoque pour moi une simplicité de gameplay qui s'est perdue au fil du temps, une action nerveuse ne laissant aucun répit, des parties courtes mais intenses, un archaïsme graphique d'une grande pureté visuelle, et une bande-son aux instruments électroniques improbables. C'est une définition évidemment réductrice, qui découle de mes goûts en la matière (ceux qui me connaissent savent que les salles d'arcade ont laissé sur moi une trace indélébile). À cette dimension personnelle s'ajoute une dimension nostalgique qui, j'en suis sûr, touche tous les retrogamers, quels que soient leurs genres de prédilection. J'aime toutefois à penser que la nostalgie n'entre en rien dans l'intérêt réel que l'on porte à un vieux jeu. Un bon jeu, c'est ccomme le bon vin : il ne vieillit pas. Lorsqu'en 2020, je joue à Dragon Spirit, c'est pour le plaisir de jeu qu'il me procure, non pour les souvenirs qui y sont associés. 5) Quel jeu as-tu découvert grâce à Grospixels ?Un, ou plutôt plusieurs, car tous appartenant à une catégorie de jeux sur laquelle je faisais régulièrement l'impasse : les jeux d'aventure textuels. J'avais eu vent de leur existence en feuilletant les pages de Tilt, mais le genre, trop lent et complexe, ne m'intéressait pas. J'avais essayé The Hobbit sur mon C64, et avais vite abandonné lorsque, après plusieurs commandes infructueuses, je compris que le courant ne passerait jamais entre moi et le clavier de mon ordinateur. 6) Quel article as-tu toujours voulu écrire ?Mon amour immodéré pour le shoot them up et pour Konami m'a très vite donné l'envie d'intégrer ces deux aspects dans un seul article. De cette volonté est né mon dossier sur la série des Gradius qui, même s'il n'est pas totalement achevé, correspond assez bien à l'article que j'avais toujours voulu écrire. 7) Pourquoi venir sur Grospixels en 2020 ?Pour la qualité de son contenu, qui n'a rien à envier aux publications plus professionnelles. Parfois très analytiques, souvent documentés, toujours passionnés, les articles du site ne sont jamais écrits à l'emporte-pièce. Ils constituent désormais une base de données extrêmement conséquente, qui s'adresse aussi bien aux néophytes qu'aux connaisseurs.Le forum n'est pas non plus à négliger. On y trouve une foultitude de discussions très pointues tenues par des joueurs d'expérience, dont les points de vue, toujours développés, s'avèrent souvent passionnants à lire. Le fait que ces échanges se fassent dans un français de bonne qualité rend le forum d'autant plus unique dans le paysage de l'internet vidéo-ludique francophone. 8) Quel est l'avenir du retrogaming pour toi ?L'avenir du retrogaming est tout tracé. Au fur et à mesure que les jeux vieillissent et tombent dans l'oubli, ils sont repêchés pour créer l'Histoire. Il y a vingt ans, rares étaient les joueurs à porter le chapeau d'archéologue du jeu vidéo. Désormais, ces archéologues se comptent par milliers, qu'ils soient historiens, journalistes, game designers ou simplement amateurs avertis. On n'a jamais compté autant de publications sur le sujet, autant d'événements axés sur le retrogaming, autant de jeux vidéo portant les gènes des plus grands classiques ! 9) Plutôt « Grospixels » ou « GrosPolygones » ?Grospixels, bien sûr ! Je ne suis toutefois pas mécontent des GrosPolygones. Lorsque ceux-ci seront enfin parvenus à atteindre à un tel niveau technique que le photo-réalisme sera enfin une réalité, je pourrai me délecter de voyages à l'autre bout du monde sans quitter mon siège. Flight Simulator 2020 semble montrer la voie ! 10) Le mot de la fin ?Pour mille raisons, il est exceptionnel qu'un site aussi ancien que Grospixels soit encore aussi actif. C'est une belle récompense, qui ne doit toutefois rien au hasard. Je suis ravi d'avoir mis ma pierre à l'édifice pendant tant d'années, et tire mon coup de chapeau à tous ceux qui participent activement à la vie du site. Puisse Grospixels prêcher la bonne parole pendant encore de nombreuses années !
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