Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par JPB (17 novembre 2014)
Vous qui me lisez depuis pas mal de temps, vous savez que j'ai plongé dans le monde des jeux vidéo à Clermont-Ferrand, en 1980. Écumant les
cafés et salles de jeux de la ville, je notais mentalement à quel endroit se trouvait tel ou tel jeu, pour y rejouer si l'envie m'y prenait -
à condition, bien sûr, qu'il n'ait pas été remplacé par un autre. Vous savez donc que j'adorais les jeux d'arcade.
Sortis du bus du côté de l'usine Michelin, pour ceux qui connaissent, je me laisse guider par mon voisin jusqu'à un local qui ne paie pas de
mine... On entre, mon copain fait les présentations, et le Monsieur nous explique comment mettre des sous dans les bornes qui fonctionnent :
vu qu'aucune des trappes n'est fermée, on n'a qu'à actionner manuellement le monnayeur ! Aujourd'hui, j'ai choisi de vous parler de Kangaroo. Un jeu qui m'a plu tout de suite, avec ses personnages sympas et son gameplay tout simple. Je me demande d'ailleurs si je n'ai pas commencé par ce jeu ce jour-là... "Je vous défends de toucher mon petit d'homme !"
Dans Kangaroo, vous incarnez Maman Kangourou qui doit sauver ses enfants capturés par d'ignobles singes. Enfin, comme le montre
l'introduction, c'est un peu de sa faute aussi, à Maman : si elle avait regardé où elle mettait les pieds, elle ne serait pas tombée bêtement
dans le trou.
Maman Kangourou se dirige au joystick, vers la gauche ou la droite : elle sautille dans la direction vers laquelle vous la déplacez. Si
vous poussez la manette vers le haut, elle saute sur place ou grimpe à une échelle ; si vous baissez la manette, elle se couche ou descend
une échelle. Incliner la manette en diagonale haute fera sauter Maman Kangourou en avant dans le sens que vous aurez choisi. Le bouton, enfin, sert à envoyer un direct fracassant, qui met provisoirement hors de combat les singes qui s'approcheraient trop près de vous ou permet de cogner un projectile ennemi - s'il est pile au niveau des poings. "Ne la touche pas, sale p*** !"
Chaque niveau se compose de 4 tableaux, qui sont reproposés à l'infini dans le même ordre, mais forcément de plus en plus difficiles.
Tout d'abord, on retrouve toujours la disposition habituelle : Maman Kangourou est en bas ; son enfant est en haut de l'écran, les yeux bandés,
occupé à faire des sauts dans sa cage. Ici, trois échelles permettent d'accéder aux plateformes intermédiaires. Il faut les emprunter et pour cela, déplacer Maman Kangourou vers la droite. Mais attention : un singe s'approche avec une pomme dans la main, préparez-vous à réagir : s'il lance la pomme au niveau du sol, il faut sauter par dessus ; s'il la lance au niveau du visage, il faut se baisser. Une fois que c'est fait, n'hésitez pas à envoyer un direct au singe, mais surtout ne le laissez pas vous toucher - ou ce sera "match nul" et vous perdrez une vie.
Vous pouvez sauter pour toucher les fruits disposés çà et là, histoire d'augmenter votre score (100 points). Au final, vous devez arriver jusqu'à toucher votre enfant (attention : arriver dans la cage ne suffit pas) pour remporter le tableau, avec les points bonus restants. Les tableaux suivants sont bâtis sur le même principe, sauf le troisième qui est un peu particulier, je vous en parle un peu plus loin. "Si vous relâchez ma fille maintenant, ça s'arrêtera là."Vos ennemis : les singes ! Il y en a de trois sortes.
Les premiers se promènent dans le tableau : ils descendent le long de l'arbre à droite de l'écran, jusqu'à atteindre la plateforme sur
laquelle vous vous trouvez. Ils se dirigent alors vers vous, plus ou moins longtemps, avant de lancer leur pomme à une hauteur aléatoire.
Ensuite soit ils repartent tout de suite vers la sécurité de l'arbre, soit ils continuent d'avancer un moment vers vous avant de faire
demi-tour. Cogner sur un singe, même juste avant qu'il ne tire, rapporte 200 points.
Le second reste en haut de l'écran, et lance à intervalles réguliers un trognon de pomme, qui rebondit horizontalement jusqu'à atteindre
la verticale de Maman Kangourou, et qui tombe ensuite verticalement - attention, des fois il rebondit en arrivant au contact d'une plateforme,
c'est complètement aléatoire. Il faut éviter le trognon ou taper dessus au bon moment pour gagner 200 points. Le singe tout en haut est en
revanche inaccessible. Le troisième type d'ennemis ne vous attaque pas : il s'agit des singes du tableau 3, qui se placent l'un sur l'autre et qui retiennent un des enfants prisonnier tout en haut. Il sont immobiles et vous devez les frapper à répétition pour que, petit à petit et singe éjecté par singe éjecté (400 points chaque fois), la cage arrive au niveau du sol - mais on peut sauter sur la cage s'il ne reste qu'un singe en-dessous. Méfiance car certains primates se rajoutent à la colonne de temps en temps. Dans ce tableau, le souci vient des singes qui montent petit à petit à la corde de l'arbre, sous le gros tas de pommes : quand il y en a trop qui sont suspendus là, la branche craque et toutes les pommes volent en tous sens. Il est à mon sens impossible d'arriver à toutes les éviter... Donc, régulièrement, il faut aller boxer les singes suspendus aux lianes pour éviter ça, ou alors être super rapide et sauver son enfant avant. À chaque tableau, au bout d'un moment, s'invite à la fête un autre personnage qui va vous en faire voir : le gorille, Big Ape. Il n'est pas dangereux en lui-même, car vous ne risquez pas de mourir au contact. Du coup, vous pouvez l'envoyer valser d'un direct bien placé (800 points quand même !) mais attention car si c'est lui qui vous touche avec ses immenses bras "télescopiques", il vous pique vos gants de boxe, vous laissant démuni et incapable de frapper vos ennemis pendant quelques instants. Ce n'est pas aussi grave que perdre une vie : on peut continuer à bouger, et même atteindre l'enfant kidnappé sans gants. Mais on ne peut plus compter que sur l'esquive, et dans certaines situations, ce n'est pas suffisant. "Pourquoi le cyclope a-t-il enlevé mon fils ?"Kangaroo est l'exemple-type du jeu de plateformes. Partir du bas de l'écran pour arriver tout en haut, franchir des obstacles ou du vide en sautant, et éventuellement éliminer les ennemis, à première vue rien que de très banal. Mais resituons-nous dans le contexte : Kangaroo est sorti en 1982. Quels sont ses prédécesseurs ? Space Panic (1980), premier jeu de plateformes ; Donkey Kong (1981) et ses innombrables clones ; Bagman (ou Le Bagnard, début 1982)... Les jeux de plateformes ne sont pas encore vraiment à la mode, on reste dans le shoot'em up ou la course. Donc, Kangaroo sort en juin 1982 et n'a pas beaucoup de concurrents dans son domaine, même s'il est difficile de concurrencer un monument comme Donkey Kong ; pour le reste, c'est affaire de goûts du joueur. Kangaroo propose des graphismes colorés et très sympas. Les couleurs des objets sont vives, les éléments du décor facilement reconnaissables, et le look des protagonistes est attachant. En plus on n'a pas beaucoup de problèmes de collision de sprites, comme c'était souvent le cas à l'époque.
L'animation des personnages est très propre. Les étapes du saut de Maman Kangourou, comme les mouvements que font les singes quand ils
avancent ou lancent une pomme, sont bien déliées et correctement réalisées. C'est un petit dessin animé qui se déroule sous les yeux du joueur.
Le son est très travaillé. Pas tellement au niveau des bruitages, assez classiques, mais plutôt côté musiques. Car il y en a beaucoup :
Le maniement est très simple, comme je l'ai expliqué en début d'article. Pas de mauvaises surprises de ce côté, Maman Kangourou répond
parfaitement aux sollicitations du joueur. Une remarque : ne pas oublier qu'elle est incapable de descendre la moindre dénivellation,
même si elle paraît insignifiante : il faut toujours sauter pour passer d'un niveau à un autre. "Je vais retrouver ma fille, elle est dans cet avion !"
Que dire des conversions officielles ? Qu'elle sont peu nombreuses et chapeautées par Atari. Il y a certainement eu des clones sur les machines de l'époque, mais j'avoue que je n'en ai pas trouvé. Par contre, j'ai découvert que, comme pour Donkey Kong, un dessin animé a été commandé pour l'émission Saturday Supercade aux USA. Un cartoon du même acabit que celui de Donkey Kong justement, avec les personnages du jeu réunis dans un zoo. Je vous laisse regarder un épisode à cette adresse Kangaroo doit être suffisamment connu pour avoir eu droit à des conversions officielles d'Atari. Cependant, j'avoue ne l'avoir jamais revu en arcade après cette journée mémorable. De notre côté, mon voisin et moi, on a passé une bonne partie de l'après-midi dans cette salle. Il fallait du temps pour rentrer en bus, alors on a dû partir vers 16H30 ; mais c'était fantastique ! Je n'y suis jamais retourné : l'occasion ne s'est jamais représentée et j'ai déménagé quelque temps plus tard. Mais je n'ai jamais oublié cette après-midi d'exception. (P.S. : essayez de trouver les films traitant de kidnapping d'enfants, dont j'ai mis quelques citations en titres de paragraphes...) Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (14 réactions) |