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Space Panic
Année : 1980
Système : Arcade, Colecovision
Développeur : Universal
Éditeur : Universal
Genre : Arcade / Plate-forme
Par JPB (04 mars 2003)
Le flyer. Cliquez sur une image pour une version plus grande.
Merci au site Arcade Flyer Archive !

Sorti en 1980, Space Panic fait partie de la première vague de jeux vidéo : celle qui innovait. Graphiquement, c'est suffisamment clair pour qu'on ne s'y trompe pas : c'est un jeu de plateformes (certains affirment d'ailleurs qu'il s'agit du premier jeu de plateformes). On y trouve 5 murets verts, reliés entre eux aléatoirement par de nombreuses échelles.

Quel est ce jeu bizarre ?

Dans ce jeu, vous dirigez un pauvre Astronaute, qui se retrouve en territoire hostile, rempli de bestioles qui essaient de le grignoter (un menu touristique ne se refuse pas !). Et donc, le pauvre bonhomme armé d'une simple pelle va devoir défendre sa vie, et éliminer toutes les bestioles qui parsèment l'écran de jeu en les faisant tomber des murets.

L'écran titre.
Les différents monstres et les
hauteurs mortelles minimales.

Il existe trois types de bestioles, comme vous pouvez le voir ci-dessous :

La Créature ou Monstre.
La Chauve-souris ou Boss.
Le Scorpion ou Don.

- la Créature nécessite au minimum un seul étage pour mourir. Autrement dit, vous faites un trou, elle tombe, et hop : on n'en parle plus ;
- la Chauve-souris, elle, nécessite au moins deux trous verticaux alignés pour mourir ;
- le Scorpion a besoin quant à lui d'un minimum de trois trous alignés verticalement pour consentir à s'écraser.

Deux agencements possibles des échelles,
parmi tous ceux proposés.

Quand le jeu commence, le premier Astronaute de réserve se place au bas de l'écran. Au premier tableau, trois Créatures apparaissent aléatoirement sur les murets.

Le principe du jeu

Comme je le disais plus haut, il faut creuser des trous dans les murets. Les bestioles, attirées par l'Astronaute, tombent dans les trous et se raccrochent comme elles peuvent avec leurs antennes : c'est alors qu'il faut reboucher les trous pour qu'elles s'écrasent à l'étage en-dessous.

1/ On creuse et on attend.
2/ Quand la créature tombe...
... 3/ On rebouche !

Vous vous doutez bien que ce n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.
Si vous attendez trop, la bestiole qui est tombée dans un trou va finir par arriver à remonter. Et là attention : toute Créature qui remonte d'un trou se transforme en Chauve-souris ! De même, toute Chauve-souris qui arrive à remonter se transforme en Scorpion !! Si vous avez lu le début de l'article, vous savez qu'il leur faut plus de hauteur pour mourir, et gérer la hauteur est très difficile dans ce jeu où on a déjà du mal à creuser un simple trou près de soi.

Remarquez qu'au seul premier niveau, les Créatures n'évoluent pas en remontant.

La créature dans le trou remonte...
... et mange l'Astronaute !
Les deux Créatures vont y passer.

En revanche, vous avez le droit de faire tomber des bestioles sur d'autres, et là vous arriverez à les tuer du premier coup, quelles que soient les bestioles qui se cognent.

Les bestioles sont attirées par l'Astronaute, mais elles ont un comportement propre, et il est parfois inutile de les attendre dans son coin : il faut aller les chercher. Ce qui augmente les chances de se faire tuer... mais l'oxygène qui diminue oblige à prendre des risques.

Une Chauve-souris qui
tombe dans un trou...
... et remonte,
devient un Scorpion !
L'astronaute, en haut, commence
à manquer d'air.

L'Astronaute ne dispose que de 2000 unités d'oxygène qui comptent pour bonus à la fin d'un tableau (plus environ 1/3 qui ne compte pas). Alors, il va lui falloir agir au plus vite pour se débarrasser de toutes les Créatures qui rôdent... avant de mourir asphyxié.

Autre chose importante : le sol. En bas de l'écran, le sol est bleu : il est impossible d'y faire un trou. Ceci est problématique car non seulement un trou sert à tuer les bestioles, mais il est possible de s'y précipiter en cas de danger, et ce quelle que soit la hauteur de la chute qui attend l'Astronaute. Il est conseillé d'éviter de traîner sur le sol. Plus vous êtes haut, mieux ça vaut.
Dans tous les cas, le plus sûr est de faire deux trous, un de chaque côté de vous, et si possible de prévoir assez de place entre pour en creuser un troisième en cas d'urgence pour fuir.

Un trou de chaque côté.
La Créature remonte : avant qu'elle
n'arrive, hop ! dans le trou.

Plus on avance...

... plus l'affaire se corse. Normal.
Le nombre de Créatures va augmenter, jusqu'à atteindre 7 au niveau 3. Mais au niveau 4, une Chauve-souris apparaît d'office, et au niveau 7 un Scorpion s'invite à la fête... Sans compter l'évolution des bestioles qui arrivent à remonter d'un trou... Seul point positif, l'oxygène disponible augmente pour vous donner plus de temps.

Le début du niveau 4... et une fin rapide !

Si au début, on fait des trous comme on peut pour survivre, le fait de devoir se battre contre les Chauve-souris ou les Scorpions oblige à commencer à raisonner en hauteur. Il est primordial de se servir des échelles pour se repérer et faire des trous correctement alignés. Sur les images ci-dessous, vous avez la configuration-type pour créer une superbe ligne de chute, avec des échelles immenses de chaque côté.

N'oubliez pas que, s'il est obligatoire de créer un nombre minimum de trous pour tuer des bestioles coriaces, rien ne vous interdit d'en faire plus que nécessaire pour augmenter vos points.

Le Scorpion tombe d'une hauteur de cinq murets pour 2000 points.
Les trous se rebouchent au passage.

Détail amusant : après avoir perdu, si vous parvenez à dépasser le Hi-Score, vous pourrez entrer vos initiales... en creusant au bon endroit ! C'est ce qu'a dû faire Kevin Clark, le 13 mars 1983, en entrant le record de 48 960 points.

Creuser sur les lettres pour écrire ses initiales !

En conclusion

Space Panic est un jeu au design assez simple, mais avec une stratégie relativement intéressante à haut niveau. Les graphismes sont simplistes mais suffisants pour qu'on se prenne au jeu. Les bruitages sont simples eux aussi, mais le bruit des bestioles qui s'accrochent avec leurs antennes est un monument du genre. Tellement que dans le café où se trouvait ce jeu, lorsqu'il a été remplacé au bout de plusieurs mois, une pétition a circulé pour qu'il soit remis : son titre était "Rendez-nous notre Beuûeeûûte quotidienne" (traduction approximative du bruitage en question).

Je n'ai pas entendu parler d'adaptations consoles autre que sur la CBS ColecoVision. Cette version était assez ressemblante. Trois faits marquants : uniquement 4 murets au lieu de 5, l'Astronaute a un casque (ce qui paraît logique), et les bruitages de déplacement sont complètement pourris.

La cartouche originale, la doc (photo perso :-D ), et l'écran de la version Coleco.

Notez qu'il existait aussi un jeu à cristaux liquides de la marque Epoch, qui portait le nom de Space Panic. Mais il n'avait rien à voir avec l'original.

Aujourd'hui, il est clair que Space Panic est un jeu qui a vieilli. Il est répétitif. Et il est stressant. Mais pas en 1980. C'est ce petit bonhomme, qui court dans tous les sens sur ses murets, qui m'a réellement fait plonger dans le monde des jeux vidéo. Même si j'avais découvert Space Invaders quelques années plus tôt, c'est dans Space Panic que j'ai commencé à claquer mon argent de poche. Tous les samedis matins, en rentrant de l'école de Clermont-Ferrand, je mettais 10 F (soit 6 parties à l'époque !) dans le monnayeur de ce jeu, en version assise (cocktail).
Et si au début, je restais 1/4 d'heure, quelques semaines plus tard je rentrais en retard à la maison... et je me faisais engueuler ;-) !

JPB
(04 mars 2003)
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