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Pole Position
Année : 1982
Système : Arcade ...
Développeur : Namco
Éditeur : Namco
Genre : Arcade / Jeu de Course / Simulation
Par JPB (24 janvier 2010)
Le début du flyer. Cliquez sur une image pour une version plus grande.
Comme pour tous les flyers de cette page, merci au site Arcade Flyer Archive !

"Prepare to qualify !", cette phrase résonne encore à mes oreilles des années plus tard. Qu'est-ce que j'ai pu jouer à ce jeu, à Clermont-Ferrand, dans les années 1983-84 ! Le grand volant sur la borne, avec le levier de vitesse, la petite musique du début, tout concourait à faire de Pole Position un jeu exceptionnel (en tout cas à mes yeux).

La suite du flyer. Cliquez sur une image pour une version plus grande.

Je vous ai déjà parlé de Turbo, qui innovait sur bien des points. Pole Position lui est supérieur, et ce n'est pas le succès qu'il a eu qui me fera dire le contraire ! Version debout ou assise, une fois qu'on avait le volant en main, le reste n'existait plus. Mais je vais vous détailler tout ça.

En piste !

Pole Position est une course de F1 sur le circuit Fuji, au pied du Mont Fuji (stratovolcan actif japonais de 3776 mètres d'altitude, dont les éruptions principalement explosives le classent comme un volcan gris (appelé aussi de type Péléen) ; bien que sa forme ne le montre pas, il est de la même catégorie que le Puy de Dôme en France, fin de la parenthèse sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur).

Le Mont Fuji, juste à côté du circuit. La photo ne peut pas rendre la crainte respectueuse qu'on ressent,
soi-même si petit, à se trouver aussi près d'un immense volcan.

Une fois insérées les deux pièces de 1 franc (hé oui, ça remonte à loin), le tracé apparaît à l'écran, accompagné d'un petit jingle : ça fait le même effet que pour Scramble, ceux qui l'ont entendu ne peuvent pas l'avoir oublié. Et puis, changement d'écran : on aperçoit la piste, pendant qu'un dirigeable passe en tirant une banderole indiquant "Prepare to qualify" ("Préparez-vous pour les qualifications"). Au même moment, une voix féminine annonce clairement ces mots : ceux qui ont joué à Pole Position ne peuvent pas l'avoir oubliée non plus ! Comme je le disais au début, cet ensemble jingle + voix, je m'en rappelle parfaitement des années plus tard.

Le circuit, une seule piste.
Le dirigeable qui passe,
avec la synthèse vocale inoubliable.

Le feu vert s'allume : pédale d'accélération au plancher, vitesse lente engagée, la F1 bondit. En quelques secondes la vitesse est suffisante pour passer la vitesse rapide, mais il faut déjà prendre garde au virage à droite qui semble se jeter sur la voiture. Pas besoin de freiner, mais il faut au moins ralentir et bien négocier le tournant. Prenez garde à ne pas percuter un concurrent, lors des virages la visibilité est fortement réduite. Ensuite il faut foncer, la F1 peut dépasser les 300 km/h.

Le but des qualifications est d'arriver à boucler un tour suffisamment vite pour participer à la course. Si vous n'allez pas assez vite, ce sera le Game Over par manque de temps, car vous continuerez à piloter jusqu'à la fin du compte à rebours sans vous qualifier.

Le Mont Fuji au loin...
Quelques pubs pour des jeux Atari.

Pour info, la pole position s'obtient en faisant moins de 58'50 (4000 points) ; la seconde place est disponible si vous faites moins de 60 secondes (2000 points), et la troisième en faisant mieux que 62 secondes (1400 points). Pour réussir à obtenir au moins la dernière place, il faudra faire moins de 73 secondes, cela vous rapportera 200 points.

À fond, à fond, à fond !

Vous vous êtes qualifié ? C'est le moment de concourir pour de bon : vous vous retrouvez à la place que vous avez gagnée lors des qualifications. Le dirigeable repasse, tirant une bannière "Prepare to race" ("Préparez-vous pour la course"). Encore une fois, la synthèse vocale prononce ces mots, effet garanti.

Les résultats des qualifications.
Au départ de la course.

La course est identique aux qualifications, à part deux points : le premier, c'est qu'il y a plus de concurrents en piste ; le second, c'est la présence de flaques d'eau qui ralentissement légèrement la voiture si vous roulez dedans. En dehors de ça, le tracé est le même, il faut arriver à tenir jusqu'à boucler le tour, qui vous redonne du temps supplémentaire pour recommencer, et ainsi de suite jusqu'à ce que le compte à rebours tombe à zéro. Les réglages par défaut du jeu demandent de réussir 3 tours pour la victoire.

Les feux rouges s'allument l'un après l'autre... Puis c'est le feu vert, c'est le départ ! Il faut dès à présent zigzaguer entre les concurrents, et bien sûr rouler le plus vite possible pour gagner non seulement les points des voitures doublées, mais aussi ceux du parcours effectué, et bien entendu avoir le plus de temps possible pour les tours suivants.

Je double prudemment dans le virage.
La moindre touchette, c'est l'explosion.

Du coup, percuter un adversaire ou un panneau au bord de la piste fait perdre de nombreuses secondes (en plus du temps qu'on met à revenir à pleine vitesse) mais pénalise aussi le score, car les concurrents vous redoublent et ceux-là ne sont plus comptabilisés.

Le jeu est relativement difficile, même s'il est simple à comprendre et à manier. Personnellement, je n'ai jamais réussi à faire plus de deux tours. Les Lagier, en tout cas, est infiniment plus doué que moi, puisqu'il a décroché le record officiel le 30/06/1986 avec 67 310 points.

La réalisation

Graphiquement, Pole Position est au top. Les couleurs flattent la rétine, l'angle de vue derrière la voiture, plus bas que dans Turbo, est parfait pour faire des kilomètres. Les décors sont simples mais jolis, avec un petit dégradé dans le ciel. Le Mont Fuji qu'on aperçoit donne un certain cachet à un jeu qui pourrait être une course de plus, mais voilà : on sait qu'on roule sur un circuit réel, et ce petit plus graphique est un des éléments qui ont fait de ce jeu un jeu culte.
Les sprites des voitures sont très bien faits, on voit tout de suite qu'on ne conduit pas une trottinette. La piste elle-même est très claire, les deux voies séparées par la ligne discontinue et bordées par les ralentisseurs permettent de bien voir les voitures débouler depuis l'horizon.

Je rebondis sur ces deux éléments de la piste (ligne continue et bordures) qui constituent la partie vitesse de l'animation : elle est bien rendue grâce à leur défilement rapide et fluide. Les panneaux qui approchent servent également à bien donner cette sensation, qui est d'ailleurs mieux retracée par le défilement de tous ces objets que par le compteur de vitesse.
Les différents sprites servant à l'éloignement des voitures concurrentes sont suffisamment nombreux pour qu'on n'ait pas l'impression de voir une voiture faire des bonds : ici elles se rapprochent - ou s'éloignent - régulièrement. Les différentes vues de la voiture du joueur sont elles aussi assez nombreuses pour la représenter lors des tournants. Par contre, pas d'éparpillement des pièces en cas de choc, à la place une belle explosion.

Je viens d'éviter une flaque d'eau.
À fond (307 km/h) dans la ligne droite.

Le son est bien fait pendant le jeu : le vrombissement du moteur, l'effet Doppler lorsqu'on double un concurrent, les crissements des pneus lors des virages appuyés, tout est bien fait, même si ça reste plus ou moins dans la norme. Non, dans Pole Position, c'est le petit jingle qui accompagne le joueur quand il insère la monnaie, et surtout cette synthèse vocale féminine qui était, en 1982, à tomber par terre... On a fait mieux depuis, bien sûr, mais à l'époque !

Le pilotage de la voiture est lui aussi très efficace. Le volant fait tourner la voiture qui reste au centre de l'écran (elle ne se déplace pas horizontalement comme dans Turbo) ; le levier de vitesse lente/rapide est standard, par contre ici on trouve deux pédales : une pour l'accélération, l'autre pour le freinage. Du coup, le pilotage gagne encore en réalisme.

Chris Lindsey, directeur du Musée du Jeu Vidéo et d'Arcade de Saint-Louis, explique que le succès de Pole Position était dû à de nombreux facteurs : son réalisme au niveau des graphismes et du pilotage, le fait que la vision se trouve derrière la voiture et plus au-dessus de la piste (comme dans les Sprint et dans une moindre mesure dans Turbo), ce qui fait qu'on se sent plus impliqué dans le jeu ; mais aussi au fait qu'il n'y a pas de violence, et que les femmes apprécient beaucoup ce type de jeu. Il raconte qu'on trouvait Pole Position non seulement dans les salles d'arcade, mais dans d'autres lieux, même les stations service. Chez Namco, on revient sur le fait que, lorsque le jeu fut vendu dans les salles d'arcade, il était fréquent de voir les gens faire la queue jusque sur le trottoir.

Les suites et les conversions

Le succès de Pole Position étant tel, une suite ne pouvait pas ne pas voir le jour. Ce fut chose faite dès l'année suivante avec Pole Position II. Au programme : le choix entre 4 circuits, un créé pour l'occasion et 3 autres existants (Fuji, Suzuka et Seaside) disposant chacun de leurs propres palettes et éléments de décor. Le pilotage n'a pas évolué, même si la F1 roule un peu plus vite en vitesse de pointe. Par contre, lors d'un crash, cette fois la voiture explose avec des débris. Graphiquement, je trouve que la voiture est moins fine, mais c'est uniquement dû à la palette de couleurs utilisée car le sprite n'a pas changé.

Les 4 circuits de Pole Position II.
Au départ de l'ovale Test.

Namco et Atari continueront la saga en passant à Final Lap en 1987. C'est un hommage à Pole Position avec une nette amélioration graphique, et un pilotage plus "glissant" à mon sens. On pilote une Williams/Renault sur le circuit de Suzuka. Bizarrement, je me rappelle que j'ai beaucoup aimé le jeu de loin, mais une fois que j'ai pris les commandes, avec la voiture qui semble déraper sur la piste lors des tournants (comme si on pilotait une voiture de rallye), le jeu a perdu beaucoup de son attrait... Le jeu sera décliné ensuite en Final Lap 2, Final Lap 3, puis Final Lap R en 1993 (encore amélioré graphiquement). Les Final Lap suivants ne seront plus créés par Namco.

Final Lap : une superbe digitalisation de la voiture.
Final Lap R : encore plus bô !

Juste pour info, parce que je m'étais posé la question, le "monstrueux" TX-1 aux 3 écrans ne fait pas partie de la saga.

Venons-en maintenant aux conversions de Pole Position.

Version Atari 2600.
Version Atari 5200.
Version Atari 7800.
Version Atari 400/800XL.
Version Vectrex (avec le cache pour les couleurs).
Version C64.
Version Vic 20.
Version PC.
Version BBC Micro.
Version Spectrum.
Version intellivision.
Version TI-99/4A.

Comme vous le voyez, ce ne sont pas les conversions qui ont manqué !
Pole Position est sorti sur la plupart des supports de l'époque (mais pas la ColecoVision, dommage... enfin, on se consolait avec Pitstop) et compte-tenu des capacités des machines en question, je trouve que les adaptations sont très correctes. Je me rappelle d'avoir joué à la version Atari 2600, qui était très agréable, même si je trouvais les concurrents hideux...
Le jeu est ressorti depuis, dans les années 2000, dans les habituelles compilation de souvenirs, sur PlayStation, N64, Dreamcast, PS2, GameCube, XBox, et PC (Namco Museum).

Pole Position a lancé la tendance au photo-réalisme dans les jeux vidéo - avec la technologie de l'époque bien sûr. Ses superbes graphismes, son réalisme, sa jouabilité au top et ses effets sonores inoubliables (je ne l'ai pas déjà dit ?) l'ont propulsé à la première place du hit-parade des jeux d'arcade, et cela pendant deux ans. Si de nos jours il est dépassé graphiquement, au niveau du gameplay il est toujours d'actualité. Et sa renommée est, encore aujourd'hui, considérable. Un jeu culte.

JPB
(24 janvier 2010)
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