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Wrecking Crew
Année : 1984
Système : Arcade, NES
Développeur : Nintendo
Éditeur : Nintendo
Genre : Plate-forme / Puzzle
Par chatpopeye (04 octobre 2010)
Les enfants, ce que vous allez voir est l'oeuvre d'un héros de jeux vidéo professionnel. Ne tentez pas de le reproduire chez vous.

Commençons par rétablir la vérité. Non, Mario n'est pas un plombier. Cette légende vient du fait que dans Mario Bros, on évoluait dans un décor évoquant des égouts. Cela suffit-il à déterminer la profession du plus célèbre personnage de l'histoire des jeux vidéo ? À ce titre, les jeux impliquant un passage dans un train supposeraient que le héros est contrôleur ou cheminot ? À la rigueur, on pourrait affirmer que Mario est égoutier, mais là encore, rien n'est moins sûr, car que je sache, un égoutier ne passe pas son temps à donner des coups de tête à des tortues mutantes. Les petits malins du fond diront que Mario est charpentier, car du temps où il s'appelait Jumpman, dans Donkey Kong, il se déplaçait sur des poutres métalliques. Là encore, déplacer Bagman dans une mine n'en fait pas pour autant un mineur de fond.

Non, la vraie, la seule profession de Mario est : Ouvrier chargé d'un chantier de démolition. Il casse des maisons, quoi...

Wrecking Crew est un jeu à tableaux sorti d'abord en arcade en 1985, avant d'être porté sur Famicom et NES, ainsi que sur GBA dans la collection Famicom Mini, mais ce uniquement au Japon. Imaginé par Yoshio Sakamoto, qui travaillera plus tard entre autres sur des jeux tels que Metroid, Kid Icarus, ou encore Wario Ware, ce jeu met en scène Mario, armé d'une solide masse, dont le travail consiste à démolir bien proprement des bâtiments.

La version arcade, dans laquelle on travaille avec Luigi.

Composé de cent tableaux, chacun débute par une vue d'ensemble afin que le joueur puisse bien voir l'ampleur de la tâche.

Dans les derniers tableaux, cela se complique un peu...
Les différents éléments destructibles...
...et ceux qui ne le sont pas.

Plusieurs éléments doivent être détruits. Les blocs blancs ne nécessitent qu'un coup de masse, alors que les gris doivent être détruits en plusieurs coups. Les échelles blanches doivent également être détruites. Des bombes placées ici ou là offrent l'avantage de réduire en miettes les éléments disposés de part et d'autres. Une réaction en chaîne peut également se produire si plusieurs bombes se touchent ou sont reliées par un élément ou plusieurs éléments destructibles. Si Mario reste sur place quand il fait exploser une bombe, il dégringolera jusqu'au bas du tableau, sans toutefois perdre de vie.

En ce qui concerne les déplacements, Mario peut aller à gauche, à droite, passer d'un bord de l'écran à l'autre (idée empruntée à des jeux comme Pac-Man, et que l'on retrouvera plus tard dans les niveaux verticaux de Kid Icarus), mais il ne peut sauter. Pour accéder à la plateforme supérieure, il lui faut emprunter une échelle. Pour descendre, il lui faut soit utiliser une échelle, soit se laisser tomber. Contrairement à Donkey Kong, cela ne le fera pas perdre.

Mais alors, comment donc perd-on dans ce jeu ? Tout d'abord, plusieurs ennemis déambulent dans le décor, des créatures « clés à molette » et des hommes-aubergines qui tenteront d'empêcher Mario de parvenir à ses fins. Sakamoto doit vouer un culte à l'aubergine, car on retrouve des sorciers-aubergines dans Kid Icarus.

L'homme-aubergine, « clé à molette » et « clé à molette Jr »

Ces ennemis se déplacent selon un schéma bien établi, un peu à la manière d'Amidar. Il est donc aisé de prévoir leur trajectoire, mais les éviter se révèle parfois bien difficile. De plus, ces ennemis ne peuvent être détruits par la masse de Mario. Tout au plus peut-on les faire dégringoler d'une échelle quand ils se trouvent dessus et qu'on la détruit, les faire rentrer dans une porte que l'on aura préalablement ouverte, ou bien les coincer dans un bidon, si l'on a pris soin de détruire au moment opportun le pilier qui le soutient. Mais jouer avec les bidons peut s'avérer dangereux. En effet, Mario peut très bien se retrouver coincé à l'intérieur de l'un d'eux s'il ne s'écarte pas au bon moment. De plus, si l'on reste trop longtemps sur la même plateforme, une boule de feu apparaît sur le bord de l'écran et le traverse jusqu'à la rencontre fatale avec notre héros.

Enfin, il existe un contremaître, Spike, visiblement mécontent que Mario ait obtenu le contrat de démolition. Spike prétend alors faire le travail à la place de Mario. Et alors ? Et alors Spike, lui aussi armé de sa masse, casse les éléments qui lui plaisent. Ceci entraîne quelques complications pour Mario, car certains éléments ne doivent pas être cassés n'importe quand, sous peine de se voir coincé et de ne pas pouvoir terminer le niveau. En effet, comment accéder à un étage supérieur si toutes les échelles ont été réduites en miettes... De plus, Spike peut faire dégringoler Mario s'il casse un bloc alors que notre héros se trouve devant, ce qui sera parfois la seule manière de descendre de notre plateforme. Mais pour faire bonne mesure, Mario peut lui rendre la pareille. Il faut noter que Spike ne peut pas tuer Mario, et est curieusement invulnérable face aux autres ennemis. On retrouve Spike dans les niveaux bonus, dans lesquels il faut retrouver le premier une pièce cachée derrière des blocs.

Trouvez la pièce le premier et rapidement...
Spike, Mario et La flamme

Comme indiqué un peu plus haut, il ne suffit pas de casser tout ce qui se trouve devant soi pour espérer finir un tableau. Certains éléments, tels les échelles ou les piliers, doivent être détruits avec précaution, car leur absence peut empêcher Mario d'atteindre des blocs encore intacts. Il se retrouve alors Gros-Jean comme devant, et le joueur est obligé d'appuyer sur select pour abandonner le tableau et recommencer.

Gros-Jean comme devant, le Mario...

À noter également, le joueur peut décider du tableau auquel il veut jouer. À l'écran de présentation, il suffit de choisir parmi les cent disponibles. Ainsi, être bloqué à un tableau particulier n'empêche pas de faire les autres.

Dernière petite chose, Wrecking Crew est l'un des trois jeux de la gamme dite « Programmable » de la NES, avec Excitebike et Mach Rider. Le joueur peut donc composer ses propres tableaux et y jouer. Malheureusement, la fonction de sauvegarde et de chargement n'est disponible que sur la version Famicom, en utilisant le Famicom Data Recorder, ancêtre du Famicom Disk System. Dommage, car on tenait là un élément apportant une plus-value certaine au jeu, déjà très riche en soi. De même, on peut jouer à deux, le deuxième joueur incarnant Luigi, mais ce ne sera pas l'un contre l'autre, seulement l'un après l'autre, ce qui est un retrait par rapport à la version arcade, où le deuxième joueur jouait contre le premier.

Le petit rectangle clignotant permet de placer les éléments.

Wrecking Crew sur NES est un jeu très prenant. Il faut bien s'accrocher avant de venir à bout des 100 niveaux, d'autant que la moindre erreur oblige à recommencer le niveau depuis le début. Si dans les premiers tableaux, on peut partir la fleur à la masse et commencer à tout casser, les tableaux ultérieurs nécessitent une observation attentive de la situation afin de déterminer l'ordre de démolition des éléments. J'engage tous ceux qui liront cet article à jouer à une ou deux parties de ce jeu qui, semble-t-il, est le moins connu des trois jeux programmables de la NES. Par ailleurs, il existe sur Super Famicom une version intitulée Wrecking Crew 98.

Le premier opus a également été réédité dans la gamme Famicom Mini pour la Gameboy Advance, mais uniquement au Japon là encore.

Wrecking Crew 98

Et puisque vous avez été sages et attentifs les enfants, voici pour vous quelques petites gourmandises...

Flyers de la version arcade (merci au site www.arcadeflyers.com)
Le Famicom Data Recorder grâce auquel on pouvait sauvegarder les niveaux créés.

Et quelques pages issues du manuel US...

chatpopeye
(04 octobre 2010)
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"Wrecking Crew", par chatpopeye
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