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Slam City with Scottie Pippen
Année : 1994
Système : 32X, Mega-CD, Windows
Développeur : Digital Pictures
Éditeur : Sega
Genre : Sport
Par Jika (12 décembre 2011)

Depuis plus de dix ans maintenant, Grospixels met chaque semaine en lumière un jeu vidéo ancien. Tout au long de cette décennie de retrogaming sur le web, beaucoup de titres ont été chroniqués sur le site. Des grands classiques indémodables, des titres de qualité qui ont marqué leur époque, des petits jeux sympathiques qui méritent aujourd'hui une seconde chance... Grospixels ouvre ses portes à tous les types de jeu, sans restriction aucune ! Du coup, un bon nombre de productions vraiment atypiques a pu se frayer un chemin jusqu'au site. Et en dix longues années de Grospixels, nous avons vu passer pas mal de jeux vidéo improbables dans nos pages : des RPGs se déroulant en milieu scolaire avec Hourai Gakuen No Bouken: Tenkousei Scramble (1996, Dynamite), des jeux d'aventure faits en pâte à modeler avec The Neverhood (1996, The Neverhood Inc), des simulateurs de chat avec Alley Cat (1984, Synapse Software), etc. Des concepts de fou qui ont servi de point de départ à des titres de qualité très variable, mais avec une volonté commune, celle de sortir des sentiers battus. Et c'est précisément de l'un de ces titres complètement barrés que nous allons parler aujourd'hui, car l'article de cette semaine s'intéresse à un jeu de basket-ball prenant la forme d'un film interactif. Toujours intéressé ? Alors bienvenue dans Slam City with Scottie Pippen !

L'introduction du jeu plante le décor. Slam City with Scottie Pippen est une production de Digital Pictures, la compagnie de Tom Zito qui s'est rendue célèbre en se spécialisant dans les titres basés sur la Full Motion Video. Le nom de la société est aujourd'hui associé à bon nombre de films interactifs plus ou moins fameux, comme Supreme Warrior (1994, Digital Pictures), Sewer Shark (1993, Digital Pictures) ou Ground Zero: Texas (1993, Digital Pictures). Piocher dans le catalogue de Digital Pictures est toujours une bonne idée quand on cherche à dénicher un nouvel ovni vidéoludique...
À gauche, Tom Zito au début des années 90, avec une casquette ornée du logo de sa compagnie. Aujourd'hui retiré du business du jeu vidéo, Zito travaille à présent en tant que photographe. À droite, une image de Night Trap (1993, Digital Pictures), certainement le jeu plus célèbre de Tom Zito et de Digital Pictures. On ne saurait que trop vous conseiller de vous essayer à ce titre délicieusement culte aujourd'hui.

I wanna be like Mike.... or Scottie.

Afin de ne pas perdre les lecteurs qui n'auraient jamais regardé tard dans la nuit des matches NBA sur Canal +, il est important de préciser qui est le fameux Scottie Pippen qui prête son nom à Slam City. Scottie Pippen, ou Pip comme il était surnommé, était un joueur de basket-ball américain des années 80 et 90. Avec ses six titres de champion NBA avec les Bulls de Chicago (1991, 1992, 1993, 1996, 1997, 1998) et sa médaille d'or aux Jeux Olympiques de Barcelone de 1992 au sein de la mythique Dream Team, Scottie Pippen est considéré comme l'un des meilleurs ailliers de l'histoire du ballon orange. Il est également connu comme le « Lieutenant de Michael Jordan », le duo qu'il formait avec His Airness étant l'un des plus efficaces de toute l'histoire de la ligue nord-américaine. Bref, Scottie Pippen était un immense joueur de basket-ball que tout fan de ce sport connaît et admire. Ainsi il paraît évident que voir son nom associé à un jeu vidéo est tout à fait normal, étant donné sa notoriété. On se dit que Pippen doit chanter dans un groupe de rap comme Shaquille O'neal, qu'il doit avoir joué dans des films d'action comme Dennis Rodman ou qu'il doit présenter un show à la télévision comme Charles Barkley... Tout faux ! Scottie Pippen n'a jamais été un grand personnage médiatique, et si on excepte une apparition plutôt amusante dans un épisode de Urgences en 1996 (l'hôpital de cette série étant basé à Chicago, le lien avec le joueur des Bulls était tout trouvé), il a toujours été d'une grande discrétion en dehors des terrains. Du coup, voir un jeu vidéo porter le nom de Scottie Pippen est assez surprenant, même s'il fait partie des meilleurs joueurs de l'histoire de ce sport.

À gauche et en haut, Scottie Pippen, balle en main. À droite et en haut, Pippen et Jordan, le monstre à deux têtes des Bulls des années 90. En bas, l'action la plus célèbre de Pip, à savoir un dunk monstrueux sur la tête du pivot des Knicks, le grand Patrick Ewing, durant les playoffs de 1994. Sachez tout de même que le Patrick Ewing en question fait 2,13m pour 109 kg...

Maintenant que vous êtes tous incollables à propos de Pip, penchons-nous à présent sur le jeu qui porte son nom, à savoir Slam City with Scottie Pippen. Sorti en 1994 sur Mega-CD, la machine de référence pour les productions basées sur la Full Motion Video, Slam City est un film interactif qui présente la particularité de tenir sur 4 disques. Il est également important de signaler que Slam City with Scottie Pippen n'est pas un jeu de basket-ball traditionnel mais un jeu de One on One (« un contre un » en Français). Il ne s'agit pas de la première adaptation de cette discipline en jeu vidéo, vu que Electronic Arts ou Acclaim avaient déjà tenté leur chance auparavant avec entre autres Jordan vs Bird: One on One (1988, Electronic Arts) ou NBA All Stars Challenge (1992, Flying Edge). Bref, vous aurez compris qu'il est inutile de chercher le bouton de passe ici, car vous n'avez aucun coéquipier. Tout se joue entre vous et votre adversaire direct.

Le un contre un est une variante du basket-ball qui a explosé sur les playgrounds du monde entier. Le basket-ball est ici réduit à sa plus simple expression. Deux joueurs, un ballon, et une succession d'attaques/défenses sur un seul panier.

Il est intéressant de constater que Digital Pictures a tenté de coller le plus possible à l'esprit du un contre un au niveau du gameplay proposé. Pour comprendre ceci, il est important de parler un tout petit peu basket-ball. Du coup, permettez-moi de m'attarder sur quelques éléments un peu pointus... Sur un parquet de basket-ball, quand un joueur a le ballon et qu'il est tourné vers le panier, on dit qu'il est en position de « triple menace » (« triple threat » en anglais). Cela signifie qu'il peut tirer, partir en dribble vers le cercle (on appelle ceci « partir en drive ») ou faire une passe. En un contre un, l'une de ces trois menaces disparaît, étant donné que la passe est par définition impossible. Cela signifie qu'un joueur de un contre un qui est en attaque peut soit tirer, soit partir en dribble. Dans Slam City with Scottie Pippen, le gameplay essaie de retranscrire ceci. Balle en main, vous pourrez donc faire un shoot en extension en appuyant sur A (tout en réglant la puissance du tir avec les directions Haut ou Bas, en fonction de votre distance par rapport au cercle) ou tenter le départ en drive. Pour cela, il vous faudra vous décaler en appuyant sur Gauche ou Droite puis accélérer vers le panier en enfonçant le bouton B. Inversement, quand vous serez en défense, vous devrez tenter de défendre sur chacune de ces deux menaces potentielles. Vous pourrez défendre sur un shoot de votre adversaire soit en appuyant sur A pour vous mettre en opposition (ce qui signifie tendre les bras en direction du shooteur pour le gêner), soit en appuyant sur B pour tenter le contre. Il sera également extrêmement important d'éviter de vous faire déborder par votre adversaire s'il tente de partir en drive. Pour cela, vous devrez vous décaler à droite ou à gauche avec les fléches de votre croix de direction (une bonne défense en basket-ball impliquant de garder les appuis de l'attaquant entre ses propres appuis, afin d'éviter d'être dépassé), tout en tentant l'interception avec le bouton C quand le ballon passe tout près de votre main.

Kobe Bryant (en blanc et jaune) en position de triple menace. Ici, Bryant pourra soit shooter, soit passer le ballon (dans le cas d'un match classique de basket-ball, à cinq contre cinq), soit partir en dribble pour aller au cercle. Toute l'essence du jeu en un contre un se trouve ici : l'attaquant doit réussir à se créer un shoot soit en évitant la pression du défenseur qui fait opposition avec ses bras, soit en passant ses appuis derrière ceux du défenseur pour pouvoir l'éliminer et partir en drive jusqu'au panier.

Quand on s'essaie à Slam City with Scottie Pippen, on sent assez rapidement que le gameplay du jeu essaie de retranscrire le feeling si particulier du un contre un. Le gameplay est en effet bâti sur cette notion de confrontation directe entre le défenseur et l'attaquant, les mouvements disponibles pour chacun des deux camps étant assez proches de ce que le vrai basket-ball peut proposer... Ceci dit, la vision du One on One de Slam City est terriblement simplifiée, et du coup, une grande partie de ce qui fait le charme de cette discipline est absente. Sur un vrai terrain de basket-ball, le un contre un s'apparente à une sorte de jeu du chat et de la souris... Feinter un shoot, feinter un départ en dribble main droite, revenir en position de triple menace, partir en dribble renversé main gauche, etc. Tout le jeu du un contre un est là, dans l'utilisation des feintes et de la tactique afin de remporter la bataille psychologique qui oppose les deux joueurs... Et malheureusement, ce pan tout entier du basket-ball est complétement occulté par Slam City et du coup le gameplay est d'une extrême sécheresse. Le jeu se résume alors à une sorte de Quick Time Event géant, vu que pour réussir un drive par exemple, il suffit d'appuyer sur B quand le défenseur n'est pas sur ses appuis. C'est terriblement réducteur, et même si la formule proposée par Digital Pictures a le mérite de plutôt bien coller à l'esprit de la discipline, les possibilités offertes au joueur sont bien trop restreintes pour qu'un vrai gameplay puisse émerger. Ceci dit, il faut tout de même garder à l'esprit que Slam City with Scottie Pippen est une production basée sur la Full Motion Video et que par définition, cette technologie n'autorise aucune flexibilité. Le système de jeu de Slam City with Scottie Pippen prend donc en compte quelques paramètres très simples comme le timing du joueur avec sa manette, ainsi que les plages de temps durant lesquelles l'utilisateur doit effectuer son action pour réussir (par exemple, quand le défenseur tente une interception à gauche, le joueur a un très court laps de temps pour partir à droite afin de réussir son drive). En fonction de ces paramètres, le jeu se contente alors de lancer des extraits vidéo illustrant la résolution déterminée par le système : un shoot extérieur réussi, un tir raté, un shoot contré, un drive, une interception... On sent néanmoins l'envie de Digital Pictures de fournir un gameplay un poil plus poussé que celui des autres titres basés sur les FMV mais le manque de souplesse de cette technologie finit par peser trop lourd dans la balance. Au bout de quelques parties, on se rend hélas compte que Slam City est d'une sécheresse désespérante et que son gameplay n'a presqu'aucune subtilité...

Lorsqu'il attaque, le joueur peut soit essayer de déborder le défenseur en dribble (à gauche), soit tenter un shoot extérieur (à droite). Dans ce cas-là, le joueur doit également estimer la puissance du tir en ajustant la jauge verte sur le côte gauche de l'écran.
Quand il est en défense, le joueur devra contenir les appuis de l'attaquant entre les siens, afin de ne pas ouvrir le chemin vers le cercle (à gauche). Il devra également mettre ses bras en opposition lorsque son adversaire tente un tir extérieur, afin de le gêner (à droite).

White men can't jump.

Dans Slam City with Scottie Pippen, vous incarnerez Ace, un jeune joueur de un contre un qui tente de percer dans le milieu. Vous aurez la possibilité d'affronter quatre autres joueurs sur les différents playgrounds de la ville... Fingers est le plus faible des adversaires que vous pourrez rencontrer : sa défense pachydermique vous offrira de belles opportunités pour le déborder et filer vers le cercle. Juice est la deuxième joueuse que vous pourrez défier : ne la sous-estimez pas, car la demoiselle est redoutable. Le troisième des quatre basketteurs que vous croiserez est Mad Dog, un molosse aux épaules de catcheur et au jeu très rugueux. Enfin, si vous vous sentez suffisamment fort, Smash vous attendra de pied ferme, mais attention, jouer contre lui est très délicat, étant donné qu'il réagit avec une vivacité exemplaire (ce qui a tendance à fortement réduire les timings lors de vos matchs contre lui)... Slam City with Scottie Pippen propose une structure de jeu assez originale étant donné qu'elle est complétement ouverte. Tous les joueurs peuvent être défiés dès votre première partie. À vous de choisir l'adversaire qui vous convient ! Durant les rencontres, votre objectif est très simple : il vous faut gagner du respect. Et pour cela, il va falloir gagner des matchs et enchaîner les bonnes performances. Vous gagnerez des points de respect à chaque action positive, alors qu'inversement, toute performance négative vous fera perdre de vos précieux points. Bref, dunkez sur votre adversaire et votre compteur explosera ! Cependant, si vos shoots se font régulièrement contrer, alors votre total de points de respect fondra comme neige au soleil... Gardez également à l'esprit que plus vous jouerez fréquemment contre le même adversaire, plus la quantité de points de respect que vous gagnerez en l'affrontant diminuera. Du coup, afin de maximiser vos gains, il vous faudra éviter de toujours jouer contre le même basketteur. Ce total de points de respect est au centre de l'expérience proposée par Slam City : en effet, votre objectif principal dans le jeu sera d'atteindre la barre du milliard de points, ce qui vous vaudra l'honneur d'avoir le droit de défier Scottie Pippen lui-même. Une fois le grand Scottie défait en un contre un, le jeu sera terminé, mais comme vous vous en doutez, ce ne sera pas chose facile...

De gauche à droite et de haut en bas : Fingers (joué par Malcolm Ian Cross), Juice (interprétée par Dana Wilkerson, une ex-joueuse professionnelle de basket-ball), Mad Dog (incarné par Keith Neubert, un ancien joueur de football américain en NFL que l'on a vu également dans Alerte à Malibu ou Les Feux de l'Amour) et enfin Smash (joué par Antwahn Nance).
Évitez les actions négatives (comme ce dunk de Mad Dog sur votre tête, sur l'image de gauche) et enchaînez les coups d'éclat (en contrant par exemple votre adversaire, comme sur la photo de droite) afin de faire grimper votre total de points de respect. On notera que le jeu tire profit de la mémoire interne du Mega-CD puisque vos points de respect sont sauvés d'une partie sur l'autre, et ce même si vous éteignez votre console.

D'un point de vue purement technique, le jeu s'en tire avec les honneurs, même si on regrette une résolution des vidéos assez faible, chose qui était un problème très fréquent dans la plupart des productions Mega-CD. Ceci dit, Slam City se rattrape avec une mise en scène de qualité. Les vidéos d'actions de basket-ball sont bien filmées et le dynamisme des différents gestes de Ace ou de ses adversaires est bien retranscrit. De plus, le jeu propose entre chaque action de petites cutscenes qui rajoutent énormément de piment. Il faut par ailleurs savoir que le basket-ball de rue (aussi appelé Streetball) a toujours été le théâtre d'affrontements verbaux qui ont fait la légende de cette discipline (les Américains appellent ça le Trash Talking). Tous les moyens sont bons pour déconcentrer son adversaire lors d'un match, et du coup, afin de prendre l'avantage dans la guerre psychologique du un contre un, user et abuser de petites vannes assassines est chaudement recommandé. Slam City met ceci parfaitement en valeur en donnant la parole après chaque action soit à votre adversaire, soit au public (détail amusant : quand vous affrontez un joueur, les trois autres basketteurs que vous pouvez croiser dans le jeu ne se priveront pas de venir lâcher quelques commentaires bien sentis depuis les tribunes). Grâce à ces petites séquences vidéo intermédiaires, les confrontations dans Slam City with Scottie Pippen débordent de vie.

Les vidéos de basket-ball sont très réussies et les dunks s'enchaînent à un rythme effréné. D'ailleurs, on appréciera la grande quantité de séquences filmées, ce qui évite de toujours revoir les mêmes extraits vidéo.
À gauche, un spectateur lambda qui ne se prive pas de faire un petit commentaire à la fin d'une action. À droite, Mad Dog et Smash sont venus vous chambrer depuis le bord du terrain alors que vous affrontez Fingers. Signalons par ailleurs que pour profiter des différents dialogues de Slam City, il vous faudra maîtriser un tout petit peu la langue anglaise, le jeu étant intégralement en version originale non sous-titrée.

Ceux qui suivirent les Jeux de Barcelone en 1992 se souviennent très certainement que la Dream Team et son incroyable parcours tout au long du tournoi olympique ont donné naissance à un phénomène de mode à travers le monde. Grâce à cette équipe de légende, le basket-ball (et plus particulièrement la NBA) connut un véritable boum durant la première moitié des années 90. Profitant de la popularité du basket-ball traditionnel, le Streetball et toute l'imagerie qu'il véhiculait (à savoir le hip-hop, les fringues hyper colorées ou encore les grosses chaussures montantes comme les fameuses Pump de Reebok) étaient également à la mode dans ces années-là. Bien évidemment, Slam City with Scottie Pippen profita grandement de cette tendance. Véritable vitrine du Streetball et de la mode sportswear de cette époque, Slam City est un bel hommage à cette période-là et possède du coup un charme rétro certain. Quand on a connu le début des années 90 (souvenez-vous du look de Will Smith dans Le Prince de Bel Air, avec sa fantastique coupe en brosse et ses shorts fluo...), on ne peut pas être insensible aux extraits vidéo que distille le titre de Digital Pictures. Slam City with Scottie Pippen possède indéniablement une atmosphère unique et cette ambiance-là touche forcément en plein cœur tous ceux qui ont passé du temps sur des playgrounds entre 1990 et 1995.

Si vous désirez découvrir l'univers du Streetball des années 90, on vous conseillera l'excellent film Les Blancs ne savent pas sauter de Ron Shelton, avec Wesley Snipes et Woody Harrelson.

(Do) I love this game(?)

Paradoxalement, j'avoue avoir une grande tendresse pour ce jeu et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce qu'étant un amoureux absolu du ballon orange, Slam City with Scottie Pippen me parle tout particulièrement. De plus, le titre possède un charme certain du fait de son atmosphère tellement typique des années 90, avec ses playgrounds baignés de la culture urbaine des États-Unis et ses joueurs aux looks aujourd'hui improbables. Enfin, Slam City est intéressant car il est l'une des rares productions utilisant les FMV qui aient tenté de justifier son gameplay en se basant sur les réalités du sport qu'il cherchait à représenter. L'intention était louable, certes, mais malheureusement il suffit de jouer quelques parties pour se rendre compte que tout ceci s'effondre très vite à cause d'un gameplay qui n'avait pas les moyens de ses ambitions. Alors finalement, que penser de ce Slam City with Scottie Pippen ? On pourrait très rapidement le condamner en soulignant encore une fois son manque d'intérêt dû à une interactivité limitée et un gameplay rachitique car, vous l'aurez compris, Slam City with Scottie Pippen n'est pas un bon jeu. Cependant, on peut encore lui trouver de l'intérêt aujourd'hui. Pourquoi ? Parce qu'il est le temoin de son époque et que son charme désuet peut encore agir. Mais aussi parce qu'il est également le témoin de toute une page de l'Histoire du jeu vidéo, quand ce dernier expérimentait en découvrant les possibilités que lui offraient le CD et sa capacité de stockage phénoménale. Il est du coup un formidable exemple de ce que cette mode des FMV a donné de plus bizarre et de plus atypique. Alors le retrogamer un tant soit peu aventurier pourra se laisser tenter à condition qu'il ait au préalable une affinité certaine avec le monde du basket-ball et de la NBA. Il se peut même qu'il trouve en Slam City with Scottie Pippen une vraie curiosité, un essai manqué à la fois bancal et surprenant, mais aussi un vrai ovni comme on en voit très peu. Bien sûr, les expérimentations que le jeu vidéo a pu mener ne furent pas toutes des succès retentissants, mais elles valent certainement la peine d'être revécues aujourd'hui sous un prétexte de curiosité historique. Et c'est exactement pour cette raison que Grospixels met en lumière aujourd'hui ce titre si particulier...

De Basketball (1978, Atari) à NBA 2K12 (2011, Visual Concepts), le basket-ball est l'un des sports les plus représentés dans le petit monde du jeu vidéo. Parmi tous les titres basés sur cette discipline, Slam City with Scottie Pippen est certainement l'un des plus atypiques.

Annexes

* Slam City with Scottie Pippen reçut des critiques très contrastées lors de sa sortie en 1994.

- 83% dans Megaforce.
- 55% dans Joypad (« Ce n'est pas vraiment un jeu, mais un film interactif à la c... où, tel un singe savant, vous devrez appuyer quand on vous le dit pour voir un petit film avec des basketteurs qui dunkent » - Grégoire Hellot).
- 50% dans Player One (« Même si vous êtes accro à Scottie Pippen, ne vous laissez pas abuser par ce soft à base de vidéo qui n'a rien pour plaire ! C'est frustrant de laideur et injouable. » - Guillaume Lassalle [Didou]).

* Grâce au menu des options, il est possible de modifier les règles du jeu (Récupère-t-on le ballon quand on vient de marquer ? Combien de points doit-on inscrire pour remporter le match ? Etc.). De plus, le joueur peut décider de s'entraîner en activant dans les options l'affichage du timing. Une fois cette option enclenchée, le jeu précisera clairement les moments durant lesquels vous devez entrer vos commandes pour réussir vos actions (quand partir en drive, quand intercepter, etc.). Bien sûr, les matchs joués avec cette aide ne donneront droit à aucun point de respect additionnel.

Le message « Break » vous indique quand tenter votre pénétration vers le cercle. Pratique pour apprendre les timings... Cependant, même avec cette possibilité de vous entraîner, le jeu est extrêmement difficile. Alors bon courage si vous souhaitez avoir le droit d'affronter Pip.

* Il est possible de regarder à cette adresse un making-of expliquant comment Digital Pictures produisait ses jeux basés sur les FMV. On peut d'ailleurs y voir Scottie Pippen en train d'interpréter la chanson principale de Slam City (notons qu'il s'agira de la seule et unique tentative de Pippen dans le monde du rap). D'ailleurs, les plus rigolos d'entre vous pourront dire en commentant cette séquence : « Là, Pip qui chante... ».

*Slam City with Scottie Pippen sortit également en 1995 à la fois sur PC et sur Mega-CD 32X (soit la Megadrive plus le Mega-CD et le 32X). Signalons pour l'anecdote que seuls six titres furent commercialisés sur Mega-CD 32X. Les cinq autres jeux qui rejoignent Slam City sur cette liste sont Corpse Killer (1994, Digital Pictures), Fahrenheit (1994, Sega), Night Trap (1994, Digital Pictures), Supreme Warrior (1995, Digital Pictures) et Surgical Strike (1994/1995, The Code Monkeys). Certaines pages internet parlent également d'une version 3DO de Slam City mais cela reste à confirmer.

Slam City with Scottie Pippen sur Mega-CD 32X. Le jeu profite clairement de la nouvelle palette de couleurs permise par le champignon du 32X.

On conclura cet article avec une coïncidence amusante, puisque ce dernier a été finalisé le 27 novembre 2011, soit le jour de l'annonce publique de la fin du lockout en NBA (le conflit entre joueurs et propriétaires des clubs qui paralysait la ligue). De toute évidence, la NBA attendait sagement que Grospixels soit prêt avant de lancer officiellement la saison 2011-2012... ^^

Jika
(12 décembre 2011)
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