Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par JPB (01 septembre 2004)
Lucasfilm Games (anciennement Games Group, renommée Lucasfilm Games puis de nos jours LucasArts), est une société de jeux vidéo qu'il est impossible d'ignorer. Nul doute que vous la connaissez tous. Loom utilise le même moteur graphique et d'animations qu'Indiana Jones et la Dernière Croisade. Comme lui, c'est un jeu d'aventure dans lequel vous allez diriger un personnage, mais avec une interface à la souris toute nouvelle.
Loom signifie Métier à Tisser. L'histoire
Sur une île aux formes escarpées, une petite nymphe messagère quitte le village dont les lumières se reflètent doucement sur l'eau, et se dirige en suivant un chemin tortueux vers un promontoire rocheux, à l'écart. En haut de ce rocher, un jeune garçon encapuchonné est assis sur le sol, adossé contre un vieil arbre qui ne porte plus qu'une feuille. Il semble songeur ou endormi. La nymphe fait le tour de Bobbin et s'adresse à lui en l'appelant "Fils de Cygna". Surpris, le jeune garçon lève la tête et l'écoute. La nymphe lui explique alors qu'elle a été envoyée par les Anciens pour le conduire à eux, puis elle repart à toute vitesse vers le village des Tisserands. Aussitôt, Bobbin se lève et prend le même chemin jusqu'au village, en contrebas. Une fois dans le village, Bobbin se rend dans le Sanctuaire des Anciens, qui se trouve dans la grande tente de gauche. Vue du dehors elle semble assez petite, mais l'intérieur est presque aussi grand qu'une cathédrale. Au bout d'un long couloir, dont le mur est orné de vitraux colorés et de tentures qui racontent l'histoire de la Guilde des Tisserands, se trouve le cœur du Sanctuaire : la Salle du Métier ou Salle du Loom. Le jeune garçon découvre que les Anciens sont en pleine discussion. Il s'approche discrètement pour pouvoir écouter ce qu'ils disent sans être vu. Une fois caché dans les ombres de la Salle du Loom, Bobbin se rend compte que le Haut Conseil, composé des trois Anciens Clothos, Lachésis et Atropos, est en train de juger la vieille Dame Hetchel. Bobbin la connaît bien : c'est cette vieille femme qui l'a élevé.
La vieille dame regrette de ne pas avoir dit à Bobbin tout ce qu'elle sait à propos des circonstances particulières de sa naissance. D'après elle, ses pouvoirs vont se réveiller et il n'est pas prêt à les utiliser.
C'est au Loom que le Haut Conseil fait appel pour qu'il décide du destin (et de la condamnation) de Dame Hetchel. Un des Anciens lève son bâton, qui se met à jouer quelques notes de musique, et aussitôt Dame Hetchel est transformée en cygne. Enfin... en œuf de cygne, ce qui ne manque pas de troubler les Anciens. Les cygnes s'envolent, quittent le village et disparaissent par une déchirure dans le ciel... qui semble être une déchirure dans la trame même du monde. Bobbin, tout seul, s'avance alors vers le Loom. Devant lui, par terre, restent un œuf et un bâton. Désespéré d'être toujours abandonné, il ramasse le bâton (la quenouille de l'Ancien) et l'utilise sur l'œuf par terre : il répète une combinaison musicale directement sur l'œuf...
Aussitôt, un petit cygne noir brise la coquille : c'est Dame Hetchel. Elle explique à Bobbin que le jour de sa naissance, le Chaos commença à se répandre sur le motif du Loom. Pensant à un présage, les Anciens prirent peur et crurent qu'en bannissant Bobbin, un certain ordre se rétablirait.
Dame Hetchel donne ensuite ses dernières instructions à Bobbin : utiliser la quenouille de l'Ancien pour apprendre la magie, ne jamais la perdre, et quitter l'île. Puis elle rejoint les autres cygnes en traversant une déchirure dans le Métier... et Bobbin se retrouve vraiment seul.
Le voyage de BobbinÀ présent, vous allez devoir diriger Bobbin dans son périple, une quête qui va lui faire découvrir d'étranges lieux et de non moins étranges personnages. Bobbin étant un membre de la Guilde des Tisserands, il va parcourir le monde à la recherche des cygnes de son village, et rencontrer de nombreuses autres Guildes. Chacune d'elles lui permettra de faire la connaissance d'un personnage principal (comme Maître Goodmold, de la Guilde des Verriers), ainsi que de personnages secondaires ; tous lui donneront des informations et lui permettront d'apprendre de nouveaux sorts. En général, une conversation donne des informations sur une quête, et cliquer sur des objets donne des informations sur des sorts. Réussir une quête, ou du moins franchir certains obstacles, donne à Bobbin la possibilité d'utiliser une nouvelle note sur la quenouille. De toute manière, il faut cliquer sur le maximum d'objets, car vous apprendrez ainsi très tôt des sorts importants, même si vous n'êtes pas encore capable de les lancer : ils vous serviront par la suite. Le cahier de tramesLe Cahier de Trames est un livre fourni avec le jeu. On y trouve 28 sorts (appelés donc trames), tous décrits avec des détails parfois cocasses. Par exemple, la trame de Silence est, je cite, "très prisée par les parents de jeunes enfants, et les élèves dans les dortoirs. Malheureusement, les membres de notre Guilde l'ont souvent utilisée de façon maladroite dans des situations sociales. La Guilde la plus coupable dans ce domaine est celle des Chefs d'Orchestre, dont les membres imposent toujours un moment de silence avant un concert."
Sous chaque trame est dessinée une petite partition, sur laquelle vous pouvez inscrire au crayon les notes correspondantes quand vous les aurez découvertes. Au crayon, car certaines trames peuvent changer d'une partie à l'autre. C'est vrai, le Cahier de Trames n'est pas indispensable en soi. Ce qui est indispensable, c'est de noter le moindre sort que vous découvrez. D'abord, pour vous souvenir des notes associées ; ensuite, parce qu'un sort peut être joué à l'envers, et donc faire l'effet inverse. Le premier exemple obligatoire de ce principe doit être associé à la tornade (je n'en dis pas plus)... Même s'il vous est possible de jouer des sorts inversés au tout début du jeu, pour le plaisir. Le Cahier de Trames apporte au final quelques petits plus : le nom exact du sort, un emplacement pour noter les notes... et le plaisir d'avoir un document papier assez marrant ! L'importance de la musique
La musique occupe un rôle primordial dans ce jeu. Ensuite, toute action est accomplie par la quenouille, et donc par une combinaison de notes. Tout au long de son aventure, Bobbin va découvrir de nouveaux sorts associés à sa quenouille et à la musique, jusqu'à ce qu'il ait accès à toutes les notes. Par exemple, le sort que Bobbin apprend au début du jeu, devant le Loom, est Ouverture. C'est grâce à lui qu'il permet à Dame Hetchel de sortir de son œuf : il nécessite comme tous les autres sorts 4 notes de musique. Sur la quenouille, elles sont notées E C E D et correspondent à Mi Do Mi Ré. Cette remarque est importante, car le jeu dispose de 3 modes (essai, normal et avancé). En mode avancé, il n'y a pas de lettres sur la quenouille, et vous devrez rejouer les sorts que vous apprendrez uniquement à l'oreille ! Note : pour ceux qui n'ont pas l'habitude, je rappelle le principe de notation américaine (A B C D E F G à partir de la note de référence La), on a donc C = Do ; D = Ré ; E = Mi ; F = Fa ; G = Sol ; A = La ; B = Si. Le jeu en lui-même
Visuellement impressionnant par les décors et les dessins des personnages présentés, Loom tire son épingle du jeu face aux productions de l'époque. Les jeux d'aventure sont alors représentés principalement par Lucasfilm (Maniac Mansion, Zak McKraken, Indiana Jones et la Dernière Croisade), on a vu plus tôt Les Voyageurs du Temps et Operation Stealth de Delphine, et les King's Quest pour n'en citer que quelques-uns. L'univers de Loom se démarque des autres, et donc les images aussi : les graphistes y sont allés à cœur joie !
Les personnages sont animés de façon très simple, mais au moins font-ils plus que simplement bouger les lèvres quand ils parlent (comme dans Zak McKraken). Comme je le disais au début, l'animation est la même que dans Indiana Jones et la Dernière Croisade : des déplacements rapides, un changement de taille du personnage en fonction de son éloignement, et des mouvements de tête et de la bouche lors des conversations. Si l'on profite d'un gros plan sur un des protagonistes, celui-ci n'est pas animé : c'est un simple dessin, mais qui peut avoir trois expressions faciales (souriant, neutre et triste), et le personnage ferme les yeux quand il prononce une nouvelle phrase (ce principe sera utilisé ensuite dans Monkey Island). Rien de transcendant au final, mais c'est tout de même agréable à regarder. En parenthèse, je me rappelle d'une petite animation, petit délire des programmeurs, qui me fait toujours sourire : à plusieurs reprises, Bobbin doit ouvrir un élément particulier... À ce moment-là, tout l'écran de jeu se met à vibrer sous la force du sort, et on voit apparaître le Workbench derrière !! Le son, j'en ai parlé plus haut, inutile d'y revenir. L'histoire : elle est vraiment très belle. On retrouve le mythe du métier à tisser avec les Trois Parques : Clotho (qui tisse le fil, c'est la naissance), Lachésis (qui déroule le fil, ce sont les jours de la vie) et Atropos (qui coupe le fil, c'est la mort). Cette légende déjà racontée dans la mythologie sera reprise dans d'innombrables histoires (même dans "Ulysse 31", dans "Hercule" de Disney, ou dans "Insomnie" de Stephen King !) Comme vous le voyez, contrairement aux productions précédentes de Lucasfilm Games, on ne nage plus en plein délire (même si de nombreux passages sont assez marrants), mais la quête de Bobbin, basée sur une vieille légende, laisse la part belle à la poésie, au merveilleux. Certaines scènes sont un peu glauques par contre... mais elles sont minoritaires.
En revanche, Loom présente un défaut assez important : c'est un des jeux d'aventure les plus linéaires que j'ai connus. En raison de sa simplicité, Loom fut d'ailleurs conseillé aux novices des jeux d'aventure. Loom est donc un conte à jouer, un voyage bercé par la musique de Tchaïkovski, qui a eu son heure de gloire. De toute façon, à l'époque, un jeu Lucasfilm ne pouvait pas être mauvais, la marque était un réel critère de qualité. Pensez que quelques mois plus tard, sortiront Monkey Island, Indiana Jones & the Fate of Atlantis, Day of the Tentacle, Sam & Max... Dommage que LucasArts, de nos jours, ne se lance plus dans des productions aussi originales (pensez à Sam & Max 2 ou Full Throttle 2 qui ont été annulés)... Marketing, triste marketing...
Loom fut testé (en version PC) :
Loom reçut les prix suivants : Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (41 réactions) |