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Monkey Island - La série
Année : 1990
Système : Amiga, Windows ...
Développeur : LucasArts
Éditeur : LucasArts
Genre : Aventure / Point'n click
Par Mickmils (10 août 2003)

Je ne sais pas ce que vous pensez des téléphones portables, mais personnellement je les ai en horreur. Je suis moi-même obligé d'en avoir un pour mes études au cas ou il m'arriverait un truc genre kidnapping, mais c'est à peu près la seule utilité que j'en ai. Ah si, il y a une chose que j'aime bien faire : c'est jouer avec le truc qui fait les sonneries. Désormais mon téléphone fait « TAATAAA TI LA LA TAAAHHH... ». Vous aurez tous reconnu là le désormais célèbre thème musical de l'Île aux Singes.

Les consoles ont leurs Mario, Sonic, Crash Bandicoot et autres, mais nous aussi, utilisateurs micro, avons nos héros culte : l'un d'entre eux s'appelle Guybrush Threepwood, héros de la saga de l'Île aux Singes. Pourquoi ce dossier ? Tout d'abord, parce que c'est en plein dans l'actualité, coco ! Walt Disney prépare en ce moment-même une adaptation cinématographique, non pas de Monkey Island, mais de Pirates of the Carribean, une de leurs attractions dans Disneyworld... Quel rapport ? Monkey Island n'est rien d'autre qu'une adaptation plutôt libre de cette attraction ! Alors oui d'accord, il y aura Johnny Depp (Jo le Taxi, dans l'intimité). Oui, il y aura Orlando « Une ombre grandit dans mon esprit » Legolas-Bloom, mais les véritables stars ce ne seront pas eux. Les véritables stars ce seront les hordes de pirates fantômes et autres squelettes qui pulluleront dans le film tout comme dans la série de jeux. Certaines de ces créatures à moitié mortes seront, clin d'œil magnifique, ées comme le sont celles de Monkey Island (un dessin de travail montre deux squelettes en tout point identiques à Monkey Island).

Les deux squelettes ci-dessus apparaîtront dans Pirates of the Caribbean... Walt Disney les a repris de Monkey Island 3.

Allez, franchement, si vous avez joué a Monkey Island, ça vous remet pas dans l'ambiance ? Mais il y a d'autres raisons à l'existence de cet article : premièrement, il n'y a pas de dossier Monkey Island sur Grospixels, et ça, c'est vraiment une honte [NdL : Mais oui, il y en a un, cherche bien]. Deuxièmement, il y a même des gens qui ne CONNAISSENT PAS Monkey Island (vous en connaissez, j'en suis sûr).

Autres conceptuals drawings, la scène du bateau ne vous rappelle rien ?

Et enfin troisième et plus importante raison, une idée communément répandue parmi ceux qui jouent à Monkey Island est que le dernier épisode de la série est le quatrième, Escape From Monkey Island (ce qui n'est qu'à moitié vrai comme nous le verrons plus tard), et surtout que le fameux secret de l'Île aux Singes n'a jamais été révélé, et qu'il est un mystère inélucidé (et hop, un mot inventé, un)... D'ailleurs il n'existerait même pas ! Voilà qui est faux. Le secret existe. C'est tout simplement le secret le mieux gardé de l'histoire du jeu vidéo... Et il a été à moitié percé par des joueurs fous-furieux. Alors le voilà, le but de cet article : vous montrer COMMENT LucasArts a réussi à mettre au point une série fantastique... En grande partie grace à Monkey Island 2, certainement l'un des meilleurs jeux d'aventure de tous les temps (si ce n'est LE meilleur), et grâce à la fin de ce même jeu, absolument mythique, inoubliable... et aussi la plus énigmatique de l'histoire du jeu vidéo. Si vous n'avez pas joué à Monkey Island et que vous avez l'intention de le faire, je vous prierai de zapper tous les passages spécifiés spoilers, vu que ça vous gâchera écessaires à mon argumentation.

Allez, ça commence maintenant.

The Secret Of Monkey Island
(1990) PC, Amiga, Sega CD

La jaquette Amiga. Cliquez sur une image pour une version plus grande (merci au site Hall of Light !).

1990 : LucasArts s'est déja lancé dans le jeu d'aventure. Son système SCUMM fait un tabac et innove par rapport à celui des jeux Sierra qui oblige encore les joueurs a taper leurs commandes au clavier. Mais les coyotes de LucasArts sont des malins : on clique sur le verbe, on clique sur l'objet, zou. Zak MacKracken et Maniac Mansion ont déja eu l'honneur de profiter de ce système.

Dans son bureau, un gros bonhomme qui s'appele Ron Gilbert (qui finira par travailler sur des jeux d'aventure pour enfants) écrit un petit synopsis. L'histoire d'un type qui veut devenir pirate. Il la montre a ses bosses. « T'es sympa Ron, mais c'est pas terrible ». Ils ne lui ont pas dit ça, mais ça revient à peu près au même. Alors Ron réecrit son histoire, il y met un méchant et une fille à sauver. « T'es lourd, Ron » lui répond-on. Au bout de 4 ou 5 tentatives, Ron revient a la charge, bien décidé. Cette fois, son histoire s'inspire de Pirates of the Caribbean, une attraction de Disneyworld qu'il adorait étant gosse... et il y a mis des pirates fantômes ! « Woohoo ! C'est cool ! » lui font ses bosses... Et l'équipe de travailler sur Monkey Island.

Tatan... ! À droite, Ron Gilbert, le papa du jeu.

Quelques semaines plus tard, un type sur le projet sauve une animation sur Deluxe Paint, un brush comme on dit dans le métier. Un type qui marche. Il ne sait pas comment appeler le type. Finalement il l'appelle « guy » (mec), et sauve le fichier sous le nom « GuyBrush ». Le graphiste est content : il vient de donner naissance a une légende du jeu d'aventure. Notre équipe travaille d'arrache-pied, et en ressort un jeu d'aventure bourré d'humour. Histoire : Guybrush Threepwood (âge indeterminé, c'est important, on y reviendra après) débarque sur l'Île de Mêlée. Son trip à lui, c'est de devenir pirate. Il va voir les pirates du coin et apprend qu'il lui faudra pour cela remplir trois épreuves à la noix. Guybrush le fait, et tombe en chemin amoureux d'Elaine Marley, gouverneur de l'Île de Mêlée. Manque de chance, son petit lapin est capturé par un pirate fantôme, LeChuck, très très vilain. LeChuck est le seul à connaître un terrible secret, celui de l'Île aux Singes, dont tout le monde ignore l'emplacement. Il emmène la belle sur LÎle aux Singes... et laisse à Guybrush élivrer ! Le goujat !

Comment décrire cette première aventure ? En fait, mis à part sa dose d'humour, c'est un jeu qui, à nos yeux blasés, est carrément classique, même si les graphismes (de magnifiques dessins qui furent scannées et retravaillés) ne sont pas mauvais du tout, si la musique est magnifique - Michael Z. Land a encore fait un remarquable boulot avec des musiques Reggae parfaitement adaptées à l'ambiance du jeu, qui fut d'ailleurs réédité sur CD-Rom (Monkey Island 1 est mon premier jeu CD, mais vous vous en moquez), avec le gain à l'audio qu'on lui connaît -, il n'y a malgré tout qu'un scénario rudimentaire (et relativement classique)... Mais tout ça, c'est avec nos yeux de 2003 qui en ont déja vu des point'n'click, pfoula oui... En fait, à l'époque de sa sortie, Monkey Island place la barre très haut, surtout pour ses concurrents. Il représente aussi le point de départ d'une longue série de jeux d'aventures humoristiques (et là, j'ai l'image en tête de ces cannibales qui surveillent leur régime et leur cholestérol).
Les énigmes sont très très bien trouvées, les dialogues très drôles (sans être à mourir de rire non plus)... En repensant à Monkey Island, on le verra donc tout simplement comme un jeu novateur et sans défaut, le véritable (même si il y en avait eu d'autres avant) départ de cette longue série de jeux qui nous ont tant fait rire.

Résumons l'histoire, et ne vous avisez pas de lire ça si vous avez l'intention de découvrir la série en y jouant !

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NE LISEZ PAS, vous dis-je.

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Bon.

Guybrush se lance à la poursuite de LeChuck, trouve l'Île aux Singes, trouve un moyen de tuer LeChuck, revient sur l'Île de Mêlée, tue LeChuck, et sauve Elaine. Je vous l'avais dit, c'est pas super original. Mais encore une fois, ça ne rend pas compte de la qualité du jeu (vous croyez que c'est devenu mythique pour rien, vous, Monkey Island ?), et cette qualité-là, on n'en profite réellement qu'en y jouant. On notera quand même un passage inattendu : celui des combats à l'épée, où il faut à chaque fois déstabiliser son adversaire par une insulte bien placée. De combat en combat on en apprend de nouvelles. C'est sympathique, mais lassant une fois qu'on connait toutes les insultes. Oh, et on ne peut pas mourir dans Monkey Island. Ça aussi c'est nouveau. Enfin si, on peut mourir à UN endroit, mais il faut VRAIMENT VRAIMENT le faire exprès ou être un idiot comme c'est pas permis.

Voilà, ça c'est pour la petite histoire. Interloqués, les joueurs parvenant à la fin du jeu se demandent : « Fichtre, c'est quoi le secret de l'Île aux Singes ? » Ron Gilbert apporte alors un élément de réponse dans une interview. Tout d'abord, beaucoup de choses qui devaient se retrouver dans Monkey Island n'y sont pas, par manque de temps de développement et de place (on avait des disquettes à l'époque, mais si, souvenez-vous, les trucs qui ressemblent à des biscottes). Les anachronismes, notamment (on trouve un distributeur de soda sur l'Île de Mêlée) passaient pour des blagues... alors qu'ils avaient un lien avec le mystérieux secret... Mais quel est-il ce secret ? Ron nous dit : « C'est pour la suite ».

Elaine et Guybrush à la toute fin du jeu. Moment extrêmement romantique... Jusqu'à la réplique culte de Guybrush... Qui ne sait pas trop ce qu'il a voulu dire d'ailleurs.

OK, Ron...

Monkey Island 2: LeChuck's Revenge
(1991) PC, Amiga

La jaquette Amiga. Cliquez sur une image pour une version plus grande (merci au site Hall of Light !).

À peine un an après Monkey Island, voici Monkey Island 2, le retour... Les coyotes de chez LucasArts se sont mis au boulot dès la fin du développement du premier épisode, Ron ayant déja une histoire en place, et l'équipe disposant d'élements non utilisés. Le développement se déroule presque sans problemes... Seuls deux petits pépins : les combats d'insultes ont été zappés par manque de temps, et l'équipe se dispute à un moment sur la fin du jeu. En effet, nos petits gars ne la comprennent pas. Ron Gilbert a eu l'idée GÉNIALE de ne l'expliquer à personne... Il parvient tout de même à l'imposer. Pourquoi cette idée est-elle géniale ? Parce que 12 ans après la sortie de Monkey Island 2, les fans en parlent encore, de cette fin, et se lancent dans des discussions interminables pour essayer d'en tirer un sens. Aujourd'hui encore, en 2003, seul Ron Gilbert est le seul à la comprendre vraiment, et malgré la pression des fans il ne parle pas. Cependant... Nous le verrons, en grattant bien... On trouve pas mal d'éléments de réponses...

Le premier choc quand on joue à Monkey Island 2, est technique : les graphismes d'abord, atteignent un nombre de couleurs mirobolant : 256 ! ... Bon sang, 256 !

Deux des dessins, euh, dessinés puis scannés dans le jeu.

Ensuite la musique : si c'est toujours du MIDI, si c'est toujours un Michael Z. Land en super forme avec le même style musical, le système iMuse est très astucieux. Par exemple dans la ville de départ, Woodtick, toutes les musiques de tous les bâtiments et de toutes les scènes sont chargées mais jouées « en silence ». Lorsque l'on passe d'une zone à l'autre, la musique est remplacée progressivement... Quoi qu'on fasse, donc, la transition d'une musique à l'autre par vos actions ne vous agresse pas les oreilles ! C'est ête, mais il fallait y penser.

Autres changement majeurs :

  • Le jeu propose deux niveaux de difficulté : Monkey Island 2 (« Je veux tout ! Toutes les énigmes ! Tout le travail ! ») et Monkey Island 2 Doux (« Je n'ai jamais joué a un jeu d'aventure avant. J'ai peur » [sic]). Vous vivrez dans les deux cas la même histoire, seules les énigmes changent et sont plus simples dans un mode... Le jeu n'est, à mon goût, franchement intéressant que dans le premier mode.
  • L'humour : Monkey Island 2 est bien plus drôle que le premier, de par ses situations burlesques (il vous faudra mettre un rat dans un ragoût, scier la jambe de bois d'un type qui dort, vous promener en tutu, tricher à un concours de crachats, prendre au piège un vendeur de cercueils... Oui, vous en ferez des choses dans ce jeu !), et ses dialogues excellents (on dirait du Audiard).
Guybrush faisant de son mieux pour envoyer un crachat le plus loin possible devant une foule ébahie.

Cet humour vient du fait que Monkey Island 2 est plus centré sur le scénario que le premier. En effet, le premier pose les bases de l'histoire, et le 2 EST l'histoire.

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SPOILER : RÉVÉLATIONS SUR LE SECRET DE LÎLE AUX SINGES.... OUAIS !

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Attention, je vais résumer toute l'histoire. Vous verrez, c'est important pour comprendre ce que peuvent être le secret et la dimension géniale du jeu.

Une période indéterminée après Monkey Island 1, Guybrush est presque célèbre. Presque, parce que personne ne croit à son histoire. Guybrush est surtout très seul, puisque largué par Elaine, comme une loque humaine qu'il est... Mais Guybrush a grandi, il a même une petite barbe... Cette fois-ci, il se lance à la recherche d'un trésor appelé « Big Whoop » (qu'on peut traduire en français par un truc du genre « beaucoup de bruit pour rien », ce qui aura son importance aussi par la suite... c'est également un nom qui semble évoquer une attraction dans un parc). Guybrush commence son aventure sur l'Île de Scabb, très riche. Notons que Monkey Island 2 est peut-être le seul jeu d'aventure où l'on commence avec autant d'argent, pfoula, vous êtes riche à un point comme c'est pas possible... Vous êtes le Bill Gates des Caraïbes ! Notons, également, que Monkey Island 2 est le premier jeu où l'on perd son argent aussi vite. Dès le premier clic de souris, notre bon vieux Guybrush se fait tabasser par un dénommé Largo LaGrande, qui en profite pour lui piquer tout son argent. Largo terrorise toute l'Île de Scabb, car c'est l'ancien bras droit de LeChuck, et tout le monde lui lèche les bottes. MAIS ÇA NE VA PAS SE PASSER COMME ÇA AVEC GUYBRUSH THREEPWOOD, LE PIRATE QUI PEUT RETENIR SON SOUFFLE PENDANT 10 MINUTES SANS BRONCHER !

Guybrush se retrouve donc coincé sur l'Île de Scabb tandis que Largo met la pagaille. Retrouvant une de ses amies de Monkey Island, une sorcière, Guybrush l'aide à recueillir les ingrédients d'une poupée Vaudou, grâce à laquelle il devrait pouvoir forcer son ennemi à quitter l'Île de Scabb. Mais le Vaudou et Guybrush, ca fait trois, donc il doit se retrouver très près de Largo. Guybrush parvient PRESQUE à chasser Largo de l'Île de Scabb. Presque, parce que ce dernier part volontairement : Guybrush a l'idée géniale de faire son malin devant lui, affirmant qu'il a tué LeChuck en lui montrant sa barbe comme preuve (la barbe de LeChuck, hein, pas la sienne, prenez des notes). Largo, tout content, la lui vole et part avec, lui disant que, youpi, avec ça, on va pouvoir ressusciter le gros LeChuck.

Et Guybrush de se demander s'il n'a pas fait une bêtise.

Soulignons que LeChuck sera ici ainsi un Zombie décomposé, et non un spectre. Le fait qu'il soit décomposé n'améliore pas beaucoup son humeur et sa sympathie envers Guybrush. Miss Vaudou révèle alors à Guybrush qu'il ne peut espérer s'en tirer contre LeChuck cette fois (le coup de bol de Guybrush dans Monkey Island lui permettant d'éliminer le pirate fantôme frise l'indécence). Guybrush a donc tout intérêt à fuir. Mais où ? La solution serait Big Whoop. Big Whoop serait bien plus qu'un simple trésor, ce serait une porte vers un autre monde. En trouvant cet autre monde, Guybrush pourrait échapper à jamais à LeChuck. Guybrush n'a pas le choix. Il va falloir le trouver, ce trésor. Guybrush apprend très vite qu'il y a un petit moment, quatre pirates ont trouvé Big Whoop. Il apprend également qu'ils ont été impressionés, et que c'était si magnifique (ou si terrible) qu'ils voulaient s'assurer que PERSONNE d'autre ne trouverait l'endroit mystérieux. Ils ont donc pris leur carte du trésor, et l'ont déchirée en quatre morceaux, chacun en emportant un.

Guybrush apprend également que l'un de ces pirates était un certain Gouverneur Marley, le père d'Elaine (voilà qui ne présage rien de bon pour un Guybrush dont les talents de séduction ont déja fait leur manque de preuve dans l'épisode précédent).

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