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Blade Runner
Année : 1998
Système : Windows
Développeur : Westwood Studios
Éditeur : Virgin Interactive
Genre : Aventure / Point'n click
Par Laurent (05 février 2002)

Avec 4 CD-ROM, des cinématiques somptueuses, un scénario d'une absolue non-linéarité, 6 fins différentes, une installation maximale sur disque dur qui atteint 1.4 Go (un record en 1998), des dizaines de personnages, lieux et événements, Blade Runner est un des jeux d'aventure graphique le plus grandioses jamais réalisés. Hélas, il marque également le crépuscule du genre, puisque depuis, ce type de production (qui n'a jamais trouvé son public sur consoles) s'est considérablement raréfié.

Blade Runner est adapté d'un film de Ridley Scott, qui lui même était adapté d'un roman de Philip K.Dick, dont le jeu reprend aussi certains éléments. Il est indispensable de revenir sur chacune de ces trois œuvres.

Blade Runner - le film

Sorti en 1982, réalisé par Ridley Scott et écrit par David Webb Peoples et Hampton Francher, il s'agit d'un futur classique du cinéma (ou simplement d'un classique si l'on considère qu'un film n'a pas besoin d'être vieux de cinquante ans pour l'être), et d'un des films de science-fiction les plus réussis et fascinants qu'on ait vus.

L'incroyable Los Angeles futuriste du film, imaginé par l'artiste Syd Mead (qui a aussi travaillé sur Tron), fait de maquettes et d'effets photographiques.

Rappelons l'histoire : à Los Angeles en 2019, Rick Deckard (Harrison Ford) est un blade runner. Il fait partie d'une unité de la police chargée de traquer les répliquants. Les répliquants sont des êtres humains artificiels dont l'apparence et le comportement reproduisent si bien celui des hommes qu'il est très difficile de les reconnaître. Ils sont mêmes capables de sentiments, et des souvenirs leur ont été implantés sur lesquels ils bâtissent leur caractère. Bien que nés adultes ils ont donc un vécu, une personnalité et sont en proie à certains conflits intérieurs. Seule leur force physique et leur agilité bien supérieures à celle d'individus normaux les en différencie, ainsi qu'une certaine tendance à l'insoumission. Ils ont été déclarés illégaux sur terre après une mutinerie, et ne servent plus qu'à exécuter de basses besognes dans les colonies spatiales. Au début du film, on apprend que 6 d'entre eux se sont évadés et ont réussi à gagner la Terre. Un collègue de Deckard, Holden, est parvenu à en débusquer un, mais a été grièvement blessé dans l'opération. Deckard est le second sur la liste des blade runners les plus compétents, principalement en raison de son insensibilité, qui le protège de tout apitoiement face à des copies conformes d'êtres humains.

Deckard et son véhicule volant.

On apprendra par la suite que les répliquants, menés par Roy Batty (Rutger Hauer) ne cherchent qu'à rencontrer leur créateur, Eldon Tyrell (Joe Turkel, le barman fantomatique de Shining), président de la compagnie qui les conçoit et les fabrique. Les répliquants ont une durée de vie volontairement limitée à 4 ans pour éviter qu'ils ne développent trop d'émotivité, et les évadés désirent prolonger cette existence, persuadés qu'en tant qu'êtres pensants leur vie est aussi précieuse que celle de toute créature terrestre. Deckard, de son côté, rencontre Rachel (Sean Young, qui joue aussi Chani dans Dune), une répliquante protégée par Tyrell et conçue pour éprouver des sentiments très élaborés. Rachel, qui se croit humaine, s'avère très coriace face au test de Voight-Kampf utilisé d'habitude pour démasquer les répliquants. Deckard va entretenir une liaison avec elle, ce qui est totalement contraire à ses principes et le perturbe grandement, jusqu'à le faire douter de sa propre identité. Serait-il lui aussi un répliquant ? C'est la grande question que les fans du film aiment se poser, d'autant que l'un des 6 répliquants recherchés au début de l'affaire ne sera jamais identifié. Le doute n'est pas directement évoqué dans le scénario mais plutôt sous-jacent, et s'inscrit dans la thématique du film (et du roman) comme on le verra plus loin.

Avec l'aide d'un ingénieur de Tyrell, JF Sebastian (William Sanderson), Batty rencontre Eldon Tyrell, qui lui explique que toute tentative de le faire vivre plus longtemps ne peut que l'anéantir. Désespéré, Batty le tue, et à son retour auprès de ses amis s'aperçoit que Deckard les a éliminés les uns après les autres. Le film s'achève par un duel terrible entre les deux hommes. Deckard est vaincu, mais au moment de l'achever Batty arrive au terme de sa vie, et décide de l'épargner (à noter que vue la date de mise en service de Batty qui apparait furtivement sur sa fiche technique au début de l'histoire, et du panneau "November 2019" qui ouvre le film, la survenue de sa mort à ce moment est logique). Sa mission accomplie, Deckard s'enfuit avec sa bien-aimée (et inoffensive) Rachel (dont il sait que ses supérieurs vont lui demander de l'éliminer aussi) sans savoir combien de temps son bonheur pourra durer.

Rachel et Roy Batty.

À sa sortie en 1982 le film a été un échec commercial, en dépit de son éclatante réussite artistique et de la renommée de Ridley Scott qui avait triomphé peu avant avec Alien (en revanche Harrison Ford n'était pas encore une star à l'époque). Cependant, au fil des années la richesse de l'histoire, ses subtils non-dits et l'atmosphère sombre et fascinante (qui a inspiré de nombreux autres films) dans laquelle baigne Blade Runner lui ont permis d'accumuler des millions de fans fidèles à travers le monde. La perfection des effets spéciaux (entièrement photographiques) contribue à créer un univers futuriste d'une beauté époustouflante, peut-être le plus crédible qu'on ait vu dans un film. Les artisans de ce prodige visuel qui n'a pas pris une ride sont le designer Syd Mead (Tron), le photographe Jordan Cronenweth (Altered States) et le spécialiste en effets photographiques Douglas Trumbull (2001 L'Odyssée de l'Espace, Rencontres du 3ème Type), qui sont tout autant que Scott responsables de l'impact du film, de même que Evangelos Papathanassiou, à savoir Vangelis (trop rare au cinéma), qui a écrit et interprété l'intégralité de la magnifique bande sonore.

Chinatown et le test de Voight-Kampf sur Rachel.

En 1994, Ridley Scott est revenu sur le montage à l'occasion d'une seconde sortie en salle du film, ce qui a donné Blade Runner Director's Cut. Le plus gros changement de cette version concerne la fin, dont une scène a été supprimée (on y voyait Deckard et Rachel planant à bord d'un vaisseau au dessus d'un décor naturel verdoyant, la voix de Deckard indiquant que Rachel n'avait peut-être pas de limite de vie). Il s'agissait d'un ajout de dernière minute imposé par la production pour rendre le film moins désespéré, qui nuit à sa cohérence (en fait le monde dans lequel l'histoire se passe est apocalyptique, pas un arbre n'a survécu et très peu d'animaux ne sont pas artificiels). La version de Scott laisse donc les deux amoureux fuir vers l'inconnu et ne comporte aucun décor extérieur autre qu'un Los Angeles nocturne et pluvieux. L'autre modification importante opérée par Scott est la suppression de la voix off de Deckard commentant l'enquête faite pour retrouver la trace des répliquants dans la première partie du film, et explique un peu lourdement le geste magnanime de Batty après le duel final.

Avant Blade Runner peu de film ont bénéficié d'un tel remaniement, qui est en principe réservé aux grandes œuvres. Beaucoup considèrent d'ailleurs que Ridley Scott n'a jamais connu, et ne connaîtra peut-être jamais plus un tel état de grâce, à la vue de ses derniers films qui sont moins subtils et plus commerciaux.

Blade Runner - Le livre

Le roman s'intitule à l'origine Do androids dream of electric sheep? (Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques ?), date de 1968 et son auteur est Philip K. Dick, un auteur de science-fiction dont l'univers est complexe et décalé et le style empreint d'un humour très particulier.

L'histoire, qui se déroule vers 1990, est beaucoup plus complexe que celle du film. Il y a plus de personnages (trop pour un film, en fait), Deckard n'a pas les mêmes aspirations et mène une vie différente de celle qu'on lui voit dans le film (il a notamment une épouse nommée Iran). Sa relation avec Rachel, importante dans le film, n'est qu'une sous-intrigue dans le roman et se termine bien avant la fin. Blade Runner n'est toutefois pas une trahison de l'œuvre de Dick, puisque les thèmes principaux du roman sont présents dans le film. Il faut signaler un aspect de l'histoire qui n'a pas vraiment été développé dans le film, mais le sera dans le scénario du jeu : le monde dans lequel se déroule l'histoire est sur le point de disparaître. Les colonies spatiales sont le dernier refuge pour l'humanité, car la Terre est usée jusqu'à la corde. Toute végétation en a disparu et les animaux sont tous en voie avancée d'extinction. La plupart de ceux qu'on trouve sont des clones fabriqués par l'homme, et un specimen naturel vivant coûte une fortune. Ainsi Deckard possède-t-il un authentique mouton au début du roman. Hélas celui-ci meurt, et la promesse d'une prime substantielle lui permettant de s'en offir un autre sera sa principale motivation pour partir à la chasse au répliquant. Ce genre de trait d'humour, caractéristique de l'univers de Dick, n'avait pas de raison d'être retranscrit dans le film (même si la rareté des vrais animaux est mentionnée dans les dialogues à plusieurs reprises). Cela aurait été assez ridicule, mais avec les mots de Philip Dick, c'est tout à fait cohérent.

Philip K. Dick.

La possibilité de s'offrir de vrais animaux pour les plus riches symbolise les inégalités sociales, très présentes dans les mondes en perdition décrits par Dick dans ses romans. Si ce thème n'est guère exploité dans le film, celui de la confusion quant à sa propre identité, très cher à l'auteur, est en revanche bien présent, ce qui permet de rattacher le film à l'auteur dont il s'inspire. Dans le film comme dans le livre, le doute existe quand à l'humanité du personnage principal, et la question ne trouve pas de réponse, à mesure que des comportements décrits comme naturels finissent par être observés chez des répliquants, et que les personnages humains s'avèrent plus ambigüs qu'il n'y parait.

Blade Runner - Le jeu

La boîte du jeu. Cliquez sur une image pour une version plus grande. Merci au site Abandonware France !

Il aura fallu attendre aux fans du film de Ridley Scott plus de 15 ans avant de se mettre enfin quelque chose de vraiment neuf sous la dent. En effet, malgré son succès d'estime énorme et l'existence du roman Blade Runner 2 (écrit par KW Jeter, un "élève" de Philip Dick), aucune suite n'a jamais été envisagée, avant ce projet de jeu vidéo dont les premiers échos remontent à 1996. Le fait que le Studio Westwood, à l'origine de l'excellent Dune 2, soit alors derrière le projet suffit à mettre tout le monde en confiance, de même que le principe du jeu d'aventure en 2D, seul capable de rendre parfaitement l'ambiance visuelle du film et sa narration. Hélas, il est vite établi que le héros n'aura pas les traits d'Harrison Ford, dont l'image a eu le temps de devenir très coûteuse, trop pour un développeur de jeux vidéo. Malgré cette petite déception Westwood promet une superproduction, un jeu d'aventure comme on n'en a jamais vu, susceptible d'être joué et rejoué à l'envi sans jamais rencontrer les mêmes péripéties. Ces promesses seront faites jusqu'en 1998, année de sortie du jeu sur PC. Le choc est alors considérable.

Blade Runner s'étale sur 4 CD. Lors de l'installation, il est possible de les copier entièrement sur disque dur, ce qui représente 1,4 Go, à une époque où les plus gros HD vendus excèdent rarement les 2 Go. Une telle opulence de données s'explique par les cinématiques en 320x200 16-bits plein écran, nombreuses, et d'une qualité alors jamais vue. Elles atteignent largement la qualité visuelle de ce qu'on voit usuellement sur Playstation (et qui fait rager les possesseurs de PC qui ne bénéficient pas de la décompression vidéo en hard), et sont magnifiques, parfaitement animées et interprétées. Les graphismes du jeu sont en 640x480, et utilisent des procédés d'affichage classiques, bien que les sprites représentant les personnages changent de taille en fonction de leur profondeur dans l'image et soient soumis à certains effets de lumière. Le scénario est un habile mélange de fidélité au film, d'emprunts au roman et d'éléments nouveaux.

Comme Harrison Ford n'est pas de la partie, le personnage principal a été renommé. Il s'appelle Ray McCoy et ressemble en tous points (à part le visage) à son modèle cinématographique. Lorsque l'histoire débute, on lui confie une enquête banale : un marchand d'animaux authentiques nommé Runciter (ce nom est une référence à Philip K. Dick, c'est celui du héros d'Ubik) s'est fait cambrioler. Des animaux ont été massacrés. L'enquête mènera rapidement McCoy sur les traces d'un groupe de répliquants qui se sont évadés d'une colonie spatiale et se sont rendus sur terre. Des personnages clés comme J.F. Sebastian ou Eldon Tyrell sont présents, tandis que d'autres, plus ou moins inspirés de ceux du film, sont propres au jeu. Certains autres, par contre, viennent du livre, comme cette équipe de blade runners qui mènent l'enquête en parallèle de McCoy et le soupçonnent d'être lui-même un répliquant, au point de le capturer à un moment de l'histoire.

Blade Runner se joue à la manière d'un jeu d'aventure traditionnel : on promène son perso sur des images fixes qui sont autant de superbes reproductions des décors du film. Les actions se font par le biais d'un menu très complet. À tout moment du jeu, il possible, avec le bouton droit de la souris, de dégainer son arme et de tirer sur un personnage rencontré si on le croit répliquant. Cette particularité nous emmene à la caractéristique principale du jeu : la structure non-linéaire du scénario.

Blade Runner est probablement le jeu d'aventure le plus tortueux de son temps. On peut le recommencer de nombreuses fois sans passer par les mêmes scènes, le finir sans avoir rencontré des personnages aussi primordiaux que Tyrell ou Rachel, ou sans avoir utilisé un des quatre CD-ROMs. Si on y joue en même temps qu'un ami, inutile d'essayer de s'échanger des conseils puisque chacun vit une aventure différente, même si la trame est la même. Les personnages seront dans certains cas des répliquants, dans d'autres des humains... Inutile de préciser que si l'on fait le mauvais choix et qu'on tue un humain, c'est la fin du voyage, et les petits malins qui pensent qu'on peut finir le jeu sans tuer personne se trompent...

Il y a au total 6 fins distinctes, et même 12 si on compte celles qui diffèrent entre elles sans donner lieu à des cinématiques spécifiques. Il est difficilement possible de décider à l'avance vers quelle conclusion on se dirige, et les solutions parues qui détaillent toutes les combinaisons d'évènements possibles sont particulièrement longues. Les personnages possèdent une vie propre, et ne se trouvent pas toujours au même endroit au même moment. Ainsi, si on revient à une sauvegarde précédente, il ne se passe pas toujours la même chose. Heureusement, les évènements les plus importants pour la progression sont inévitables. En réalité, on n'est pas loin de Shenmue et sa ville virtuelle, sachant qu'ici il s'agit du Los Angeles de Blade Runner, dans lequel des millions de fans ont rêvé de se promener.

Cette ville est magnifiquement reconstituée. Les nouveaux lieux sont dessinés en totale cohésion avec ceux du film qui apparaissent. Ces derniers sont d'ailleurs plus faciles à appréhender dans leur architecture que dans le film, comme l'appartement de Deckard / McCoy (qui se voit gratifié d'un animal de compagnie absent du film, autre emprunt au roman), ou le marché aux animaux. Les moments les plus célèbres du film sont présents, notamment l'analyse avec le système ESPER des documents photographiques qui révèle son lot de surprises sur de nombreuses photos trouvées, ou encore le test de Voight-Kampf. Lors de celui-ci, une caméra est placée sur l'oeil du sujet. On lui pose une série de questions plus ou moins vicieuses provoquant des émotions variées, et les mouvements de dilatation de ses pupilles (provoqués par les émotions) sont analysés. S'ils ne sont pas tout à fait cohérents c'est un répliquant, et la machine le signale. On est amené plusieurs fois à faire ce test sur des personnages rencontrés, et on croit revivre certains moments très forts du film.

Côté scènes d'action, une seule à se mette sous la dent : une phase d'entraînement sur simulateur visant à se familiariser au maniement d'armes. Signalons enfin que les phrases prononcées par Ray McCoy peuvent prendre un ton que le joueur définit dans le menu des options. McCoy peut être au choix agressif, distant, mesuré, etc.

Si le film Blade Runner nous paraît actuel dans sa réalisation alors qu'il date d'il y a plus de deux décennies (seul un logo Atari aperçu au détour d'une scène trahit l'âge de l'œuvre !), le jeu est-il aussi en avance ? La réponse n'est pas un oui catégorique, mais elle est amplement positive. Si les graphismes sont somptueux et parfaitement colorés, il n'en est hélas pas de même pour les personnages. Ceux-ci sont parfaits tant qu'ils ne changent pas de position dans la profondeur de champ. S'ils se rapprochent, le zoom se fait par grossissements des pixels, et on se croit alors en pleine partie de Doom. Cette petite critique mise à part, Blade Runner est un enchantemement visuel, et le travail sur l'ombre et la lumière est remarquable. En tout cas, l'impression d'être plongé dans le film est patente. Côté bande sonore, le rendu est encore plus brillant. Les voix sont, pour la plupart celles des acteurs qui jouaient dans le film (la correspondance est aussi vraie dans la version française, qui du coup est excellente). La musique de Vangelis est également présente, même si ce ne sont pas les versions du film qu'on entend (elles ont été ré-interprétées). Peu importe, le plaisir auditif est intact. Les effets sonores constituent l'aspect le plus incontestablement réussi du travail de Westwood Studios. Une myriade de samples du film sont audibles en permanence, et le tout est parfaitement mixé.

La difficulté de l'aventure est de type "grand public", à savoir que les non-spécialistes du jeu d'aventure arriveront sans peine à finir au moins une fois le jeu. Les énigmes sont logiques (rappelons que c'est aussi le cas dans le film dont une partie est structurée comme une enquête de détective), les interactions entre les objets ne réservent pas trop de surprises. Les relations avec les personnages sont assez évoluées et il faut composer avec leur caractère, ainsi que leurs habitudes de vie. L'interface du jeu ne complique pas trop les choses non plus. De toute façon, un jeu dont la production a coûté autant ne pouvait se limiter aux aventuriers virtuels les plus férus, rompus aux délires à la LucasArts.

Blade Runner est donc une réussite quasi-totale. Certaines critiques se sont élevées, notamment sur le manque d'originalité du gameplay, qui rappelle un peu celui des diverses aventures du détective Tex Murphy (Martian Memorandum, Under a Killing Moon, The Pandora Directive), mais le challenge énorme que représentait l'adaptation en jeu vidéo d'un film aussi vénéré a été plus que bien géré par Westwood.

Conclusion

Un roman excellent, un film inoubliable, un jeu d'aventure remarquable, l'univers de Philip K. Dick et des répliquants a de quoi nourrir vos rêves pour longtemps. Sans la désuétude du genre, on peut spéculer sur les autres grandes œuvres cinématographiques qui auraient pu ainsi constituer la matériau de base d'un jeu d'aventure. L'inverse aurait été possible, également : des adaptations en film des Monkey Island (MAJ : pour celui-là c'est fait même si c'est officieux, avec Pirates des Caraïbes) ou autres Leisure Suit Larry. On peut toujours rêver que tout ça redevienne d'actualité un jour... en 2019 par exemple.

Laurent
(05 février 2002)