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The Adventures Of Willy Beamish
Année : 1991
Système : Amiga, Windows ...
Développeur : Dynamix
Éditeur : Sierra On-Line
Genre : Aventure / Point'n click
Par Laurent (11 mars 2004)

Bon, franchement, The Adventures Of Willy Beamish n'est pas un jeu très connu, il y en a d'autres dont j'aurais pu vous parler avant, mais j'ai une tendresse particulière pour celui-la, alors...

Au début des années 90, après avoir créé des hits comme MechWarrior ou A-10 Tank Killer, le studio de développement Dynamix (où officient quelques anciens de Cinemaware), associé à l'éditeur Sierra, se spécialise pour un temps dans l'aventure graphique avec des jeux Heart of China ou Rise of the Dragon. Ces titres ne proposent qu'une interactivité restreinte, inférieure à ce qu'on observe par exemple dans les point'n click de LucasArts, ainsi qu'une densité textuelle modérée. Le joueur s'y contente de choisir des directions, des actions ou des options de dialogue, mais les ambiances visuelles sont très travaillés, offrant le mieux que peuvent afficher les machines sur lesquelles ces titres tournent (en général l'Amiga, le PC et le Mac).

Willy Beamish, crée par Jeff Tunnell et son équipe, sort ainsi en 1991 sur Amiga et PC, puis en 1992 sur Mac et en 1993 sur Mega-CD, l'extension CD-ROM pour Megadrive qui lui va à ravir tant il comporte de Mo de données comparé à une production 16-bits conventionnelle.

Les moyens mis en œuvre pour réaliser de tels titres étaient comparables à la pré-production d'un long métrage animé. Dessinateurs et animateurs planchaient longuement sur l'univers du jeu et ses personnages, pendant que les scénaristes lui donnaient suffisamment de richesse pour que le joueur s'y plonge en dépit de la perte visuelle que représentait le passage des dessins et des animations sur ordinateur.

Dans The Adventures of Willy Beamish, vous incarnez Willy, un petit garçon de neuf ans qui est une véritable terreur, le cauchemar de tout parent ou professeur. Il ne fait rien à l'école, ne pense qu'à s'amuser aux dépends des autres en bravant les interdits, et la seule créature terrestre qu'il aime vraiment est son crapaud Horny, la plupart du temps caché dans son cartable.

Willy n'a d'autre but dans la vie -outre l'interception des bulletins calamiteux postés à ses parents par l'école- que de devenir champion du monde de jeu vidéo (il joue sur un micro de marque "Nintari" !), martyriser sa petite sœur, mépriser sa grande sœur et s'échapper de l'école. Au cours de la progression dans l'aventure, il sera amené à sauver son père, sa ville (sur laquelle un couple affairiste véreux veut mettre la main), et faire face à diverses épreuves comme une course de crapauds à laquelle Horny participe, ou encore le championnat du monde Nintari, à la fin du jeu (clin d'oeil direct aux Nintendo World Championship). Mais entre temps, ce sont nombres de situations hilarantes que vous aurez vécues à ses côtés, dans lesquelles les valeurs de la société américaine des eighties sont malmenées à travers une série de personnages caricaturaux excellents.

Willy Beamish et Bart Simpson même combat ? Certainement. Ses parents sont des cadres-sup débordés de travail et constamment menacés de chomage qui n'ont pas une seconde à eux pour s'apercevoir que leurs enfants sont livrés à eux-mêmes, son directeur d'école est un vieux conservateur débile, l'infirmière est une bimbo siliconée et avide, et les copains de Willy sont tous des demeurés qui se détestent. Tout cela constitue un tableau peu reluisant, malgré l'apparence cartoon du jeu.

L'histoire peut partir dans plusieurs directions en fonction de la réussite du joueur dans certaines portions du scénario, et l'ensemble de la progression est santionné par un indicateur appelé Trouble-O-Meter. Plus la situation de Willy se complique, plus celui-ci grimpe : par exemple, lorsque le jeu démarre, Willy écope d'heures de retenue à cause d'un incident survenu lors de la conférence de fin d'année de son directeur d'école. Il doit alors trouver un moyen de s'échapper. S'il n'y parvient pas, il sera puni de Nintari par ses parents, ce qui compromettra grandement ses chances de gagner le championnat du monde, dans l'hypothèse où il parvient à s'y rendre, ce qui n'est pas gagné d'avance etc. A tout moment, si le Trouble-O-Meter dépasse la cote d'alerte, le jeu se termine.

Willy Beamish n'est pas le seul jeu d'aventure à embranchements multiples, l'aventure graphique permettant de bien meilleurs résultats en la matière que les tentatives ultérieures dans le cadre d'Action-RPG en 3d et temps réel.

Images de la version Mac offertes par le Grenier du Mac

J'ai personnellement joué à Willy Beamish sur Amiga, mon affection pour l'univers du jeu m'ayant permis de tolérer d'incessants temps de chargement sur 12 disquettes (et ça n'allait guère mieux en l'installant sur disque dur), mais la version PC permet de le faire tourner sur les machines d'aujourd'hui et goûter tranquillement à l'humour du scénario (vous trouverez le jeu en français chez Lost Treasures). Une version CD-ROM pour Amiga et PC fut éditée, dans laquelle les textes sont doublés par des acteurs, mais elle est extrêmement rare aujourd'hui (surtout sur Amiga). Lors des dialogues, les gros-plans sur les personnages y sont animés, mais de manière rudimentaire (seules les lèvres bougent un peu, les expressions faciales ne varient pas). La version Sega-CD -assez courante sur les sites de vente aux enchères- comporte également des dialogues parlés, mais elle est handicapée par des temps de chargement quasiment aussi longs que si l'on joue sur Amiga avec des disquettes.

Sur les versions disquette, le son de Willy Beamish est assez pauvre. L'intro comporte tout de même une musique géniale dont vous trouverez une version maison sur la page Gromix.

Il est dommage que le jeu n'ait pas été un franc succès (une suite était prévue, puis annulée bien que scénario et character-design fussent bien avancés), les joueurs ne se contentant déjà plus en 1991 d'un dessin-animé interactif. Willy aurait pu faire l'objet d'une série animée qui aurait été jouissive, mais les Simpsons (créés en 1989) étaient déjà passés par là.

Il est probable que le décalage entre la direction artistique "tout public" de ce jeu et son humour assez méchant ait désorienté le public. De toute manière, Willy Beamish précède de peu une longue traversée du désert pour le jeu d'aventure.

Laurent
(11 mars 2004)