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Turbo Out Run
Année : 1989
Système : Arcade, Amiga, Amstrad CPC, Atari ST, C64, FM-Towns, Megadrive, Windows, ZX Spectrum
Développeur : Sega
Éditeur : Sega
Genre : Arcade / Jeu de Course
Par Tonton Ben (13 mai 2013)

Trois ans (*) après le succès d’Out Run, l’équipe AM2 de Sega remet le couvert avec Turbo Out Run, et va faire évoluer quelque peu son concept original afin de ne pas proposer une simple copie conforme de son modèle, qui a été adapté sur la plupart des supports.

Histoire de vous mettre dans l’ambiance, voici deux films cultes à la gloire du Cannonball !

Là où Out Run nous emmenait en Ferrari Testarossa sur des parcours anonymes et variés (et dont l’agencement différait en fonction de la version japonaise ou occidentale du jeu), Turbo Out Run se concentre sur les États-Unis pour un remake du Cannonball, mais sans Burt Reynolds ou Roger Moore – ou David Carradine si vous préférez la version violente. L’idée est de rallier New York à Los Angeles à bord de votre Ferrari F40, en passant par Indianapolis, Chicago, Miami, Dallas, ou encore Denver. La course est découpée en quatre parties, chacune composée de quatre stages enchainés, soit 16 stages à parcourir contre 5 dans Out Run. Certes, les embranchements ont disparu, mais le jeu possède quelques nouveautés.

Le premier contact avec le jeu est engageant : la patte Sega AM2 avec de belles couleurs.
La carte du jeu.

Car comme toute course qui se respecte, il faudra cette fois-ci affronter un rival ! En effet, un blondinet va venir vous titiller à bord de sa Porsche 959 et se tirer la bourre avec vous. Il est aligné sur chaque ligne de départ à côté de vous, et viendra livrer une âpre concurrence avec vous durant la course, l’objectif étant de finir avant lui et avant le temps imparti. Si vous franchissez les lignes d’arrivée de fin d’étape après lui, ce n’est pas synonyme de Game Over, mais au départ de l’étape suivante, vous verrez votre pulpeuse passagère vous quitter pour aller s’installer dans la voiture de votre concurrent ! Vous roulerez alors tout seul (snif !), et si vous finissez l’étape avant lui, elle viendra se réinstaller à côté de vous ! Toutes ces animations posent l’ambiance, font partie du folklore d’Out Run.
À chaque fin d’étape, l’on vous proposera d’améliorer une partie de votre voiture : accélération, tenue de route ou turbo. Turbo ?

En fonction du mode de transmission choisi, les ingénieurs modifient la voiture.
Départ de New York, c’est jour de fête ! Notez le rival à gauche.

Et oui, comme son nom l’indique, dans Turbo Out Run, une option turbo est apparue sur notre bonne vieille F40 ! Une simple pression sur le bouton dédié et la voiture prend une accélération fulgurante, devenant par la même occasion difficilement contrôlable. C’est le genre de décision à prendre en ligne droite ou au démarrage, de toute façon, le turbo chauffe, et appuyer de façon répétée et rapprochée sur le turbo le fera surchauffer et il deviendra indisponible (une jauge en bas de l’écran mesure l’overheat du turbo).

Des effets supplémentaires très réussis sont présents : projections d’eau, plafond nuageux... Et les tonneaux sont toujours présents et spectaculaires !

Côté technique, rien de neuf, Turbo Out Run utilise le même moteur et les mêmes contrôles. Le jeu donne l’impression d’être un peu plus plat, et de proposer moins d’effets de dénivelé. On a surtout l’impression bizarre de croire que la Ferrari est plus grosse à l’écran que dans Out Run. En fait, à cause du placement de la barre de turbo en bas de l’écran, la position de la voiture a été rehaussée sur l’écran, et mange la visibilité de la route, rendant la conduite beaucoup plus difficile.

Départ de Miami, ma compagne est parti avec mon rival, j’enrage.
Entre les courses, les ingénieurs améliorent la voiture.

Et je dois dire que cet élément gâche énormément le plaisir du jeu. Ajoutez à cela un trafic beaucoup plus dense, l’apparition des voitures de polices qui viendront vous gêner un peu plus, et vous vous retrouverez très souvent dans le décor. Alors, oui, certains réglages viennent faciliter le jeu, comme les collisions latérales légères entre véhicules qui ne sont plus pénalisantes, ou encore le fait de pouvoir reprendre au début du stage en cours en cas de Game Over, ou bien la possibilité de choisir une boîte auto ou manuelle (toujours à deux positions) au début du jeu mais encore une fois, la visibilité pose problème. Et en plus, on ne peut plus régler l’autoradio !

Turbo non maîtrisé (voyez la flamme), voiture sur le bas-côté !
Visez le comité d’accueil à l’arrivée à Los Angeles !

Turbo Out Run n’a pas eu le même succès en arcade que son illustre grand-frère, et a été commercialisé en tant que jeu indépendant ou bien sous forme de kit pour transformer les bornes d’Out Run en Turbo Out Run. Mais le jeu a connu une autre vie sur micros et consoles, et il s’avère qu’elle est plus catastrophique que son échec en arcade, et mériterait à elle seule un article dédié !

La version la plus fidèle est sans conteste la version FM Towns, réalisée par CRI. De ce que j’en ai vu, elle semble arcade perfect, avec des performances un peu réduites cependant. La version Megadrive, qui n’est jamais sortie aux U.S.A sur Genesis d’ailleurs, ne s’en sort pas trop mal, et fait avec ses moyens : beaucoup moins de détails, mais une vitesse de jeu soutenue, et une fidélité certaine à la version arcade, avec une meilleure visibilité. Elle a été réalisée par Sega. Bon, il n’y a pas de quoi s’extasier tout de même.

Version Megadrive.
Version Amiga.

Les autres adaptations, à part la version Pécé, ont été prises en charge par U.S. Gold. Si la version C64 est, de façon unanime, réussie et fait honneur au support, les versions ZX Spectrum et CPC sont très lentes. Les versions Amiga et Atari ST, elles, saccadent à mort dès le premier décor affiché, c’en est injouable. Mais là encore, il y a malgré tout une volonté de coller à la version originale.

Alors que la version Pécé, elle, part dans le n’importe quoi général. Je vais vous en parler un peu plus, parce qu’il se trouve que je l’ai achetée avec mon frère à l’époque dans un bac de jeux en solde lors d’un séjour en Allemagne. On voulait changer un peu de Prince of Persia. Je ne connaissais pas la version arcade, nous avons été aveuglés par la mention Sega et Out Run. Le vendeur nous avait même fourni une disquette de boot MS-DOS 3.30, le jeu ne supportait pas le DOS 5.0. Ça commençait bien.

Programmé par C0DE T0 G0.
Ouh là là, ce n’est quand même pas très joli. Ah oui, la police ne sert à rien dans le jeu.

Pour le coup, et j’ai longtemps cru le contraire, cette conversion n’est pas l’œuvre d’U.S. Gold. Elle a été effectuée par une petite boîte, C0DE T0 G0, pour le compte de Sega. Et pour le coup, le cahier des charges n’a pas été super respecté ! Tout d’abord, les graphismes sont complètement différents, avec l’ajout d’un tableau de bord. La jauge de turbo a disparu, et a été remplacée par une jauge de température. Cette dernière pourrait remplir la même fonction, sauf qu’elle n’augmente pas qu’avec le turbo, mais avec l’accélération et le braquage de la voiture ! Si vous conduisez à fond, ou à chaque virage serré, la jauge augmente, et elle ne redescend pas vraiment. Il faut donc conduire très prudemment, et pas trop vite... tout le contraire de ce qui est demandé ! Cette nouvelle donne rend les courses injouables.

La boutique, une nouveauté de cette version.
Départ de la deuxième course, c’est déjà un exploit d’en arriver là !

De l’argent est également distribué à la fin de chaque course, et peut être dépensé dans une boutique pour améliorer sa voiture. D’ailleurs, les courses ne s’enchaînent plus par série de quatre étapes, mais sont découpées. Des écrans intermédiaires sur les lieux d’arrivée sont également apparus.
Techniquement, ce n’est pas trop mal, c’est fluide à défaut d’être joli, mais c’est surtout très lent. Et injouable. J’avais ce jeu sur la conscience depuis plus de vingt ans, ça fait du bien d’en parler !

Allez, on va finir sur une bonne impression venue de l’arcade !

Que retiendra-t-on de Turbo Out Run ? La version arcade n’est pas à la hauteur d’Out Run, et les conversions qui ont inondé les marchés micros et consoles ont grandement participé au travail de sape. Il faudra attendre OutRunners en 1992 pour avoir une véritable suite de qualité au chef-d’œuvre de Yu Suzuki.

(*) Les dates diffèrent selon les sources, sur la version arcade, il est indiqué 1989, mais sur les conversions, la date de la version d’origine précise 1988.

Tonton Ben
(13 mai 2013)
Sources, remerciements, liens supplémentaires :
Une reprise d'une des musiques de ce jeu est disponible en mp3 sur la page Gromix :
http://www.grospixels.com/site/remix.php
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