Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Sebinjapan (25 juillet 2011)
- Tu sais jouer au mahjong toi ? Eh oui. De la même façon qu'on confond Manga et Anime, Goldorak et Mazinger ou encore le PS Move et la Wiimote, on confond souvent également le mahjong, jeu de société très prisé en Asie, et le jeu dont il est question aujourd'hui : Shanghai. LES ORIGINES DE SHANGHAIL'histoire de Shanghai commence par la rencontre entre deux hommes : Brodie Lockard et Brad Fregger. Brad Fregger est producteur chez Activision, une société qui édite des jeux-vidéo sur tous les supports depuis l'Atari 2600. En décembre 1985, il rencontre Brodie Lockard qui lui montre un jeu qu'il vient de programmer sur Macintosh et qu'il aimerait voir édité. Le jeune programmeur est confiant dans le potentiel de son bébé car ce dernier a déjà fait ses preuves au sein des professeurs et étudiants ayant accès au système PLATO. PLATO (Programmed Logic for Automated Teaching Operations) est un système informatique utilisé pour l'enseignement assisté par ordinateur et qui était présent dans de nombreuses universités américaines depuis les années 70. Il a la particularité d'utiliser efficacement les réseaux pour permettre la communication et le partage de données à distance. PLATO est installé sur des terminaux informatiques spécialement conçus pour lui, et leur usage fut rapidement détourné pour proposer des jeux parmi lesquels on trouve pour la première fois le célèbre jeu de cartes Freecell, mais aussi une version multijoueur en réseau du fameux Spacewar. Et c'est donc sur PLATO qu'en 1981 Brodie Lockard programme un petit jeu de réflexion dans lequel on s'amuse par l'intermédiaire d'un écran tactile à retirer des pièces de mahjong identiques 2 par 2, à condition de respecter quelques règles très simples. Le jeune programmeur nomme son programme Mah-Jongg, comme l'antique jeu de société dont sont tirés les éléments graphiques à l'écran. Avançons maintenant jusqu'à cette année 1985 ou Brodie Lockard présente une version mise à jour de Mah-Jongg à Brad Fregger. Grâce la résolution du Mac, cette dernière profite de graphismes très fins bien que monochromes. Le producteur d'Activision trouve le programme sympathique mais doute un peu de son potentiel commercial : sa société arrivera-t-elle à faire acheter au grand public ce "petit jeu" au prix de 50 dollars, le tarif minimum pour un jeu Mac à l'époque ? Il repart cependant chez lui avec une copie du programme, car il s'est engagé précédemment à donner sa chance au programmeur. Et c'est sur cette copie que son épouse, et une partie de ses collaborateurs dont il sollicite l'avis, vont passer de nombreuses heures pendant les jours et les nuits qui vont suivre, sans parvenir à s'arrêter ! Pas de doute : Mah-Jongg est addictif et un contrat avec Brodie Lockard est rapidement signé. Pendant près de neuf mois, les gens d'Activision vont s'efforcer d'améliorer Mah-Jongg en y ajoutant diverses options et modes de jeu, et ils vont également solliciter leur département "marketing" afin de rendre le jeu le plus attractif possible auprès des clients potentiels. Le titre sera ainsi rebaptisé Shanghai, un nom qui d'après Brad Fregger évoque le mystère de l'orient. La façon dont les pièces de mahjong sont empilées décrit un motif nommé The Turtle (la tortue) dans le soft original. Mais chez Activision, ce motif devient "The Dragon" (le Dragon), ce qui en jette beaucoup plus ! Et ce succès fait des envieux ! De nombreuses copies voient ainsi rapidement le jour. Certaines sont l'œuvre de programmeurs qui connaissent déjà le jeu par l'intermédiaire de la version PLATO, et qui en font des conversions freeware (gratuites) sur divers systèmes plus ou moins geek de l'époque. Le nom original est d'ailleurs repris la plupart du temps et ces clones s'appellent souvent "Mahjong-quelque chose", ce qui va entrainer la confusion avec le "vrai" mahjong et également provoquer la création du terme "Mahjong Solitaire" pour désigner tous ces jeux copiés sur Shanghai. Mais les fans de la première heure de Mah-Jongg sur Plato ne sont pas les seuls à se lancer dans la Shanghai-mania. Des professionels du logiciel tentent aussi de réaliser leur clone et de le mettre sur la marché. Activision ne le voit pas d'un très bon oeil et intente des actions en justice à l'encontre des vilains copieurs. SHANGHAIShanghai sort donc en 1986 sur Apple Macintosh, et sur le tout nouveau Apple 2 GS. Si vous ne connaissez pas cette machine, il s'agit en gros d'un Macintosh en couleur destiné plus au marché familial que professionnel. Un concurrent des ST et Amiga donc. D'ailleurs, Shanghai est porté sur ces 2 micros, ainsi que sur la plupart des autres machines du moment. Voyons maintenant en détail quelles sont les règles, très simples, de ce jeu. Ces tuiles sont réparties dans plusieurs familles en fonction des motifs qu'on y trouve, mais cela n'a pas grande importance en dehors des fleurs et des saisons (voir plus loin), qui côtoient donc ici des caractères chinois numérotés, des cercles, des bambous, des vents, et des dragons. Les voici telles que présentées dans un des menus de la très jolie version Amiga : Chaque tuile est présente en 4 exemplaires, sauf les saisons et les fleurs qui sont uniques. Le but du jeu est de retirer toutes les tuiles en les associant deux par deux et en respectant simplement ces deux règles d'or:
Ca a l'air simple, et ça l'est ! Comme dans une partie de Solitaire avec un jeu de cartes, la difficulté consiste à éviter de se retrouver bloqué sans être en mesure de pouvoir effectuer la moindre paire. Pour éviter une telle situation, il faut bien observer le plateau de jeu avant d'effectuer une paire, pour voir si une 3ème tuile identique ne proposerait pas une situation plus avantageuse. Il est ainsi préférable d'enlever dès que possible les pièces qui se trouvent aux extrémités ou au plus haut de la pyramide car ce sont celles qui bloquent le plus de possibilités. OPTIONS ET MODES DE JEULes bases du jeu ainsi décrites sont toutes présentes dans le Mah-Jongg de 1981. Mais Activision va ajouter de nombreuses options et modes de jeu pour le rendre plus attractif, et surtout pour mieux le vendre ! Brad Fregger avoue ainsi qu'il a fallu 9 mois à Activision pour finaliser Shanghai, car il prêtait énormément d'importance à ces options, ces "petit plus" qui d'après lui font souvent la différence entre un bon jeu du domaine public et un vrai jeu commercial. Toutes sont accessibles par des menus déroulants situés en haut de l'écran, chose devenue habituelle dans la plupart des logiciels, ludiques ou professionnels, développés pour les systèmes d'ordinateurs disposant d'une interface graphique. Quatre modes de jeu sont disponibles :
Enfin, on peut accéder à tout moment à des explications des règles de Shanghai ainsi que des différents modes de jeu. C'est ainsi l'équivalent de la documentation papier fournie dans la boîte du jeu qui est consultable à l'écran. La réalisation varie entre les différentes versions du jeu. La version originale sur Mac dispose de graphismes fins mais est monochrome. La version Apple2 GS conserve la même finesse et profite de dessins en couleur rendant le jeu non seulement plus lisible mais surtout beaucoup plus agréable à l'œil. Dans les deux cas, l'utilisation de la souris pour déplacer le pointeur servant à sélectionner les tuiles assure une ergonomie parfaite, qu'on ne retrouvera malheureusement pas dans les conversions sur des machines dépourvues d'un tel périphérique. On clique une fois sur une première tuile puis on double-clique sur la seconde pour les retirer. Shanghai est donc sans l'ombre d'un doute l'un des grands classiques du jeu de réflexion et est devenu avec le temps un de ces softs incontournables auxquels on joue sur le "bureau" de son ordinateur, comme Freecell ou le Sudoku. La suite de cet article s'attardera donc juste sur quelques unes des suites officielles produites par Activision ou sous licence Activision par d'autres sociétés. Mais avant cela jetons rapidement un œil sur les différentes adaptations du premier épisode ... LES DIFFÉRENTES ADAPTATIONS DE SHANGHAILe moins qu'on puisse dire, c'est que Shanghai est sorti sur un nombre conséquent de machines ! En fonction des résolutions et palettes de couleur disponibles, les conversions sont plus ou moins heureuses. Mais au-delà des capacités des diverses consoles et micros concernés, on doit manifestement se rendre à l'évidence : certaines versions ont bénéficié d'un soin beaucoup plus important que les autres. Ainsi la version pour IBM PC et Compatibles sous MS-DOS, qui est la première conversion après les sorties originales sur Mac et Apple 2 GS, ne brille pas vraiment pas son graphisme terne et surtout le fait que l'impression de relief est totalement inexistante. Des lignes de couleur sont donc utilisées pour délimiter les différents étages de la pyramide. Il faudra se passer de souris et saisir son clavier ou son joystick pour profiter de Shanghai sur la plupart des micro-ordinateurs 8-bits. Quoique la version Atari 800 XL permette de brancher une souris Atari ST. Ce n'est pas sa seule qualité puisqu'elle arbore un graphisme très fin et des tuiles dont les motifs sont identiques aux versions originales. Autre atout : un guide illustré des tuiles comme sur Amiga. Mais hélas, l'utilisation de couleurs uniquement sur les 3 étages les plus hauts de la pyramide, alors que les autres pièces restent en noir et blanc, provoque beaucoup de confusion visuelle. Pas de souris non plus sur consoles, il faudra se contenter tant bien que mal du joypad. La version Sega Master System, programmée par Sega, s'en sort plutôt bien avec un graphisme coloré et lisible et un tutorial très soigné qui explique les règles de façon limpide. La première machine à permettre de jouer n'importe où à Shanghai est la Gameboy. Une version de poche est programmée par HAL Laboratory pour la portable de Nintendo. C'est un réel plaisir de pouvoir pratiquer Shanghai de cette façon car le jeu se prête particulièrement bien à une utilisation nomade. De plus cette version est graphiquement réussie et dispose de musiques. Malheureusement, elle souffre aussi d'un manque d'options et de modes de jeu là où tous les autres ports conservaient les modes originaux. On ne pourra en effet que s'adonner au mode solo classique sans restriction de temps. D'autre part, le fait que toute l'aire de jeu ne soit pas affichée entièrement à l'écran (il faut légèrement scroller à gauche ou à droite pour atteindre certaines tuiles) peut rendre le début d'une partie un peu inconfortable, mais c'est une question d'habitude. La version la plus importante de Shanghai, celle qui aura le plus d'impact sur le futur de la série, c'est certainement celle produite en Arcade par Sunsoft. Ici, on joue obligatoirement en temps limité. Mais en temps beaucoup plus limité que n'importe quelle configuration du mode "tournament" dans les versions originales. L'astuce est qu'on récupère un peu de temps à chaque paire effectuée, et ce système va être repris dans quasiment tous les autres épisodes de la série réalisés au Japon. La pression mise sur le joueur est conséquente : il faudra parfois se précipiter sur les paires qu'on aperçoit pour vite récupérer le temps nécessaire à la poursuite de la partie, mais on risquera bien entendu de prendre de mauvaises décisions ... De jolies illustrations viennent récompenser les joueurs qui parviennent à réaliser toutes les paires. Dommage que le déplacement du curseur se fasse par l'intermédiaire d'un joystick, un trackball aurait peut-être été plus adapté. Si l'envie vous prend d'essayer Shanghai, ce que je vous recommande chaudement, vous n'avez que l'embarras du choix en fonction de votre machine préférée. Je me permettrai tout de même de vous conseiller la version Amiga, vraiment très agréable pour des parties relaxantes, et la version Arcade si vous vous sentez plus enclin à batailler contre le chronomètre.
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