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Medal of Honor - Débarquement Allié
Année : 2002
Système : Windows
Développeur : Electronic Arts
Éditeur : Electronic Arts
Genre : FPS

Après avoir fait sensation sur console, la série des Medal of Honor Allied Assault (MOH) débarque donc sur PC pour notre plus grand ravissement. Avec Return to Castle Wolfenstein (RTCW), les doom-likes du moment ont le vent en poupe et ce nouvel opus a toutes les cartes en mains pour devenir un mégahit ! La 2nde guerre mondiale semble inspirée bon nombre de développeurs en ce début d'année, mais tenant compte des bijoux qui nous sont servis, on en redemanderait presque !

Petite rétrospective grospixelienne...

Avant tout, il faut savoir que que le jeu d'action à la 1ere personne (FPS ou quake-like ou doom-like...j'arrête) ouvre 2 immenses brèches : la 3D, et contribua massivement au développement du mode multi player...

Les ancêtres des MOH et autres RTCW donc?
D'abord, Wolfenstein 3D (1992) d'Id software fut le premier à connaître un succès dans le style vue subjective. Le jeu fait tout de suite couler beaucoup d'encre, par sa thématique bien-sûr et par les représentations à foison de croix gamées, de portraits d'Hitler... mais est révolutionnaire par d'autres aspects : l'utilisation de la 3D, l'environnement texturé, une petite map pour se réperer, l'édition sous la forme d'un shareware... Ce jeu a ouvert la voie aux plus grands noms du genre qui apportent chacun leur lot de nouveautés qui constituent aujourd'hui la base de tout bon FPS : Doom (1993) toujours d'Id soft, Duke nukem 3D (3D realms en 1996), et les Quakes (qui ? Id soft bien-sûr !) sortis juste après.
En 98, la créativité dans le genre refait surface, avec la beauté graphique d'un certain Unreal, mais surtout par une bombe : Half-Life, qui enfin, pour un FPS a un véritable scénario. Il donnera naissance par la suite au génialissime Counter-Strike, le jeu en réseau le plus utilisé encore en 2002. Voilà pour les plus gros titres mais certains méritent d'être cités pour leur apport au genre, en vrac : Turok, Goldeneye (sur N64), plus récemment Return to Castle Wolfenstein... liste non exhaustive évidemment.

(pour beaucoup plus de détails, se référer aux articles sur Id Software, Wolfenstein 3d, Doom,Duke Nukem 3d,Unreal, Unreal Tournament, Half-life, Goldeneye 64 et Quake et l'évolution des FPS)

Descriptif pur...

La série des MOH a déjà fait ses classes sur la deuxième console de Sony en 2000. Réalisé par Dreamworks Interactive (dont S.Speilberg est le co-fondateur, d'où les similitudes avec Il faut sauver le soldat Ryan), depuis racheté par Electronic Arts, les maîtres mots de MOH sont réalisme et immersion et le jeu se distingue ainsi des Quake, Doom et Unreal...

MOH vous plonge donc dans un contexte historique très réaliste de 1942 à 1945, période qui marqua les premières défaites allemandes et le début de la contre-attaque alliée, ça tombe bien ! C'est là, que vous, le Lieutenant Mike Powell, membre de l'O.S.S au sein du célèbre 1er bataillon de Rangers, intervenez. Et vous l'aurez deviné, la libération de l'Europe aux prises de la tyrannie nazie repose sur vos épaules.

La scène du débarquement est VRAIMENT dantesque !

Ce documentaire historique interacrif ou encore ce Il faut sauver le soldat Ryan jouable (le capt. Dayle Dye, le même consultant sur ce film ou encore sur Platoon et La ligne rouge, s'est employé à ne laisser aucun détails au hasard pour le réalisme de MOH) débute en Afrique du Nord, votre mission : libérer un agent allié prisonnier des nazis qui pourraient mettre la main sur les plans du débarquement. Pour cette première mission, vous êtes accompagné mais dans bon nombre de missions vous devrez assurer vous-mêmes vos arrières. De là, votre personnage ira sur tous les fronts : Scandinavie, Normandie, Allemagne... Et c'est sans aucun effort que le joueur se plonge avec délectation dans des scénarios aussi diversifiés que réussis. 2015, le studio de développement, a joué sur toutes les ficelles pour qu'on en décolle pas, au point de terminer le jeu en quelques nuits... bref mais intense !

Un shoot sans sniper n'est plus un shoot !

On appréciera donc à sa juste valeur l'IA très soignée, point fort de MOH, qui vous obligera à vous surpasser. Vous devrez en effet faire preuve d'un minimum de stratégie et de finesse pour espérer atteindre vos objectifs de mission, de fait il est fort peu recommandé de foncer dans le tas...Car c'est qu'ils sont malins les ennemis ! Vous serez ravi de voir qu'ils ne restent pas à attendre bêtement que vos balles en viennent à bout, non non : ils se mettent à couvert, se couchent et dès qu'ils trouvent un trou de souris pour vous atteindre, ils ne vous ratent pas ! On déplore un tantinet que nos compagnons n'aient pas autant de jugeote à certains endroits... Vous remarquerez dès les premières minutes de jeu que MOH est construit tel un bon scénario de film hollywoodien, un peu trop même, ce qui donne un côté quelque peu linéaire au jeu. Donc, pas de surprise lorsque vous reprenez du service en difficulté moyenne. Mais ne laissons ces petits détails ternir la beauté et la réussite indéniable de ce titre.

Tout d'abord, le moteur Quake III ne lésine pas : destruction partielle du décor, explosions très bien rendues, lumière dynamique, textures sublimes, modélisation des personnages dotée de plusieurs expressions...en bonus, vous aurez les insectes qui tournent autour des lumières et les barils d'huiles qui se vident plus ou moins longtemps en fonction de la hauteur de votre impact...hihi ! Et comme tout ce qui est beau est gourmand, vous devrez trouver un équilibre entre performances et graphismes.

On se sent puissant !

La maniabilité est celle d'un FPS (First Person Shooter) classique et la prise en main se fera sans difficulté pour les initiés du genre. Le gameplay quant à lui est aussi riche que le reste. Les décors sont tout bonnement époustouflants, la variété des armes reste quelque peu limitée par rapport à certains shoot mais, au moins, elles possèdent chacune leur utilité:

  • Le bon vieux colt 45 lorsque l'ennemi se fait proche ou le traditionnel silencieux, lorsque l'on veut se faire discret.
  • Pour tirer en rafale nous avons, le pistolet mitrailleur Thompson ou le FAB ( Fusil Automatique Browning), lourd mais efficace !
  • Pour les snipers, le fusil Springfield 1903 sera votre meilleur ami...
  • Le fusil à pompe Winchester pour dégommer 4 nazis en train de faire une partie de cartes en interieur.
  • Les grenades défensives Mark II et le lance-roquettes antichar vous seront églement très utiles.

Bien-sûr, vous pouvez prendre les armes de vos victimes, ce qui de fait vous donne accès à tout l'arsenal allemand, en gros vous aurez l'équivalence des armes citées précédemment .
De plus, vous pourrez vous servir des mitrailleuses MG-42 placés aux endroits stratégiques de défense, ce qui est, jouissif lorsque vous avez des ennemis en nombre devant vous, mais un petit peu déroutant. On est surpris de voir qu'ils sont de temps en temps très bêtes. Sans compter que vous avez le contrôle du Tigre Royal allemand (NB : un char quasi indestructible à l'époque qui fit des ravages chez les alliés) pendant quelques missions.
Vous l'aurez compris, tout l'arsenal et tous les véhicules sont authentiques. Autre détail, vous avez accès aux objectifs de missions et pouvez sauvegarder/charger d'une simple touche sans devoir retourner dans le menu.

Une mitrailleuse avec munitions illimitées et sans risque de surchauffe...le pied !

Quant au nombre de missions ( 30 niveaux répartis en 6 campagnes ) et à leur diversité : ça ne laisse pas le temps de s'ennuyer. Au programme : mission d'infiltration (si vous entendez alaaaarm ! c'est foutu...) où vous revêtez l'uniforme allemand et êtes en possession de papiers volés à un officier, mission de nettoyage où vous faites irruption dans un aéroport et devez détruire tous les avions avant qu'ils ne décollent ou encore mission de sabotage dont la finalité est de mettre hors service le sous-marin U-Boot et bien d'autres. Mais, la scène d'anthologie, la mission qui vous coupera assurément le souffle est sans conteste, le D-day.

Petit avant-goût : 6 Juin 1944, Omaha Beach, 6h00. Le destin du monde libre se joue aujourd'hui. Porté sur un chaland de débarquement, vous vous apprêtez à participer à la plus grande opération militaire de l'Histoire. Votre capitaine donne les dernières instructions avant l'instant fatal, vos compagnons d'armes murmurent une dernière prière. La tension est palpable, l'attente est insupportable. Des obus de mortiers et de canons font s'élever des gerbes d'eau gigantesques, soudain, l'inévitable se produit, l'un d'eux touche une barge voisine de la vôtre entraînant une explosion qui projettent à plusieurs mètres les hommes à bord... Les jambes tremblent de plus belle. Vous prenez une profonde inspiration, en espérant que ce ne soit pas la dernière, avant de pousser un cri qui vous donne du courage au moment où la passerelle s'abat. Instantanément, les balles fusent, vous frôlent. Effrayant, assourdissant, le déluge de feu qui s'ensuit ne vous laisse que peu d'alternatives : s'abriter, s'abriter à tout prix...

Faites plus que ce qui vous est demandé, ne vous contentez pas de faire le boulot et vous aurez peut-être droit à une distinction ! En effet, 9 médailles viendront couronner vos actes héroïques devant l'ennemi comme par exemple la légion du mérite, la médaille pour bonne conduite ou encore la croix de guerre Norvégienne... En terminant le jeu en mode facile, vous aurez droit l'étoile de bronze, l'étoile d'argent en mode moyen et enfin (pour les balèzes) la croix du service honorifique parachèvera une carrière en mode difficile.

Mission d'infiltration...keep cool !

Le caractère très immersif de ce shoot vient également en grande partie de l'ambiance sonore, qu'elle vienne de la musique ou des effets. La bande originale qui est digne d'un film de Spielberg (digne de John Williams, donc) suggère bien-sûr la bravoure, le sacrifice, l'héroïsme... le b.a -ba de tout bon ranger quoi !
Les explosions, les coups de feu, les avions qui passent au loin, les chenilles de chars qui grincent, les dialogues en allemand, c'est simple : on s'y croirait !

Le seul petit hic, c'est le mode multijoueurs qui est somme toute décevant par son classicisme. En LAN ou en réseau (gamespy uniquement ou 2 patchs à télécharger pour pouvoir jouer sur GOA) 4 modes vous y attendent (chacun pour soi, match par équipe, match par points et match par objectifs) sur 11 maps. On regrettera également l'impossibilité d'intégrer des bots. Le plus palpitant reste donc, et non dans une moindre mesure, la campagne solo.

Le débat fait rage...

Pour aborder l'aspect éthique, certains diront qu'il y'a un côté un peu immoral à exploiter un chapitre aussi atroce de l'histoire. Mais les développeurs ne vont pas jusqu'au bout dans le créneau du réalisme et ont su (ou ont du ?) ne pas le pousser à l'extrême. Vous ne verrez donc pas le portrait d'Adolf ni de représentations à foison de l'emblème hitlérien. Et pour taire tous risques de polémique, le sang et les corps déchiquetés ne sont pas de mise dans MOH (décidé juste avant la sortie du jeu, le 11 septembre !). Pour les puristes, un patch (non-officiel) est néanmoins prévu pour retrouver l'hémoglobine...

Mais si 2015 prend autant de précautions, c'est qu'ils se doutent bien que le contexte choisi peut susciter certaines réactions, surtout celles provoquées par la sortie de Return To Castle Wolfenstein (RTCW d'Activision). On le sait, le débat stérile sur la violence dans les jeux vidéos en général s'éternise. A ce propos, à voir absolument le site de l'association Familles de France, la rubrique " découvrez les jeux vidéos que nous vous conseillons " est à mourir de rire !

Que peuvent donc reprocher les moralistes à ce nouveau style de FPS tels que RTCW qui reprennent un contexte historique, en l'occurrence, la 2nde guerre mondiale ?
En premier lieu, c'est de pouvoir endosser l'uniforme nazi(en mode multiplayer) et de réveiller une vocation de fasciste chez le joueur ou indirectement de soutenir l'idéologie nazie (pfff !). D'autre part, les nombreuses représentations et symboles nazis, le fait de pouvoir jouer autour du thème de la 2nde guerre peuvent tendre à banaliser cette période et le symbole qu'elle représente. Doit-on en conclure que plus l'évenement est lointain chronologiquement, plus l'on peut se permettre de le porter en jeu ? On imagine mal en effet un BinLaden3D...

Mais enfin, répond l'être sensé, le joueur moyen n'est pas si bête ! Par définition il joue, à travers ces jeux il ne termine pas en chantant les louanges du IIIème Reich ! Un spectateur n'est pas subjugué au cinéma lorsqu'il voit des symboles nazis. RTCW, s'adréssant à un public plus âgé en général (plus trop si comme prévu RTCW sort sur GBA en Août 2002 !) est déjà averti et achète le jeu en connaissance de cause. De plus, ce genre de jeu, parce qu'il montre des nazis et des croix gamées n'entraîne pas forcément une vision révisionniste de l'Histoire : dans MOH, le jeu est fidèle à l'Histoire : les Alliés gagnent et dans RTCW, on peut détruire même les symboles hitlériens...

En fait, aucun de ces jeux ne fait l'apologie du nazisme à priori : On y casse du nazis, non ?
Une petite anecdote tout de même, qui prouve probablement le mauvais goût des développeurs (ce qui n'empêche pas RTCW d'être un excellent jeu) : Wolfenstein en Allemagne, ça donne quoi ? Eh bien les nazis sont remplacés par une secte nommée The Wolfes et Heinrich Himmler (implacable chef policier de la Shutzstaffeln, la SS, sous l'Allemagne hitlérienne) renommé : Heinrich Höller...

Un allié victime d'un obus lors du débarquement : c'est le plus gore de ce que vous verrez...

Conclusion

Pour finir, neutre et en pur gamer, Medal of Honor : Débarquement Allié vous surprendra dans le très bon sens du terme. Vous serez littéralement sidéré par son réalisme. Forcé de dire que dans l'obscurité avec un caisson de basse et un PC correct, l'ambiance et les sensations sont réellement garanties !

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