Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Jika (19 septembre 2005)
Oulala.... Vous n’êtes pas beau à voir. Non mais si, quand même... Regardez-vous : vous bavez et vous avez de l’écume au coin des lèvres. Et puis regardez la taille de la veine, irriguée à l’extrême, qui court sur votre tempe... Non puis franchement, vous êtes pathétique à fixer inlassablement la cage de Juliette, la souris de votre petite sœur, lui grommelant sans cesse que vous allez bientôt la mettre sur orbite. Je crois néanmoins que ce qui m’a fait le plus de peine, c’est de vous voir passer à tabac le vieux chat bedonnant de la concierge, en le menaçant de recommencer s’il s’approchait à nouveau de votre fusée. Quelle déchéance... Pour ma part, je ne vois qu’une raison possible à votre effroyable crise pathologique : vous avez dû commettre l’irréparable... Oui, c’est ça : vous avez sombré. Vous avez découvert ce que les experts appellent la "drogue vidéoludique". Vous avez consommé du ChuChu Rocket! Et du non coupé en plus... Et bien permettez-moi de vous dire que vous avez bien eu raison... La drogue, c’est mal. Enfin, sauf celle-ci...Seule et unique drogue que je vous conseillerais de consommer, ChuChu Rocket! est un cas à part, un pur ovni dans la grande tradition de Sega, son créateur. Sega a toujours été un précurseur, se permettant les jeux les plus fous, les délires les plus novateurs : Rez, Space Channel 5, ToeJam and Earl, Segagaga... Aujourd’hui, nous nous attarderons sur le sujet le plus grave de cet asile d’aliénés du jeu vidéo. Probablement le titre le plus déjanté que la firme du hérisson bleu ait pu produire : ChuChu Rocket! En parlant du hérisson justement, sachez que ChuChu Rocket! est un pur produit de la Sonic Team. Studio génialissime, véritable vitrine des meilleures créations de Sega, c’est à cette équipe que l’on doit une liste interminable de jeux brillants, parmi lesquels figurent Sonic the Hedgehog et ses suites, Phantasy Star Online, Nights into Dreams ou encore Samba de Amigo. ChuChu Rocket! est donc tout droit sorti de l’imagination de Yuji Naka, véritable leader de ce studio, et accessoirement papa du bel hérisson bleu au sourcil éternellement relevé. Occupant le double poste de director et de producer sur ChuChu Rocket!, ce soft est probablement son rejeton le plus original, ou tout du moins le plus atypique. Le concept de ChuChu Rocket! est pourtant un des plus vieux que l’on puisse connaître. Effectivement, le jeu traite de chats courant après des souris. Rien de transcendant, me direz-vous... Sauf que, à la sauce "hectolitres de saké et brainstormings arrosés", le concept devient plus surprenant. Les souris que vous voyez dans ce jeu sont en réalité des ChuChu, des souris de l’espace. Si si... Et bien sachez que sur leur planète sévissent d’horribles KapuKapu (les gros chats aux yeux explosés qui ornent cette page). Et vu l’aspect intergalactique de ce scénario époustouflant, la solution à ce problème ne pouvait qu’être en adéquation avec tout ceci. Les ChuChu décident donc de quitter leur planète en s’envolant grâce à des fusées : les Rockets. Voilà, tout est en place. Il ne manque qu’un système de jeu simplissime associé à un gameplay furieux et diablement efficace, et la magie ChuChu Rocket! pourra opérer. Mode solo : démarrage gentillet, afin de ne pas effrayer le néophyteLe quidam s’essayant à ChuChu Rocket! en solo se verra confronté à un puzzle-game brillant, savamment pensé, mais toutefois assez calme, chose assez rare pour un titre appartenant à ce genre. Le jeu se déroule sur un damier de 108 cases (12 colonnes et 9 rangées) sur lequel certains murs apparaissent (le placement des obstacles diffère en fonction des niveaux). Sur ce plateau, des petites souris sont positionnées, attendant que le joueur donne le départ pour foncer tête baissée, droit devant elles. Dès que ces dernières touchent un obstacle, elles tournent sur leur droite et repartent de plus belle. Et oui, à la manière de Ben Stiller dans Zoolander, les ChuChu ne peuvent tourner sans assistance que d’un seul côté. Le joueur, quant à lui, dirige un curseur sur le damier. À l’aide des quatre boutons colorés de son pad, il pourra placer des flèches, et ce dans les quatre directions. Quand une souris rencontre une flèche, elle suit donc la direction imposée par le joueur. Le but consiste à amener toutes les souris jusqu’à la fusée (placée à un endroit du plateau de jeu), sachant que les flèches dont dispose le joueur sont limitées et imposées (exemple : « deux flèches vers le haut et une vers la gauche »). Là où les choses se compliquent, c’est que les souris doivent également contourner des obstacles pour finir leur chevauchée fantastique en un seul morceau. Les ChuChu devront donc éviter les trous sur le plateau, mais également les ignobles KapuKapu, ces derniers se déplaçant également, en suivant les mêmes règles que les souris. Seul problème : les gros matous vont nettement moins vite que les petites souris. Il sera donc fréquent que ces différences d’allure vous jouent des tours, amenant à voir vos ChuChu courir comme des dératées dans la gueule d’un KapuKapu qui n’en attendait pas autant. Concept simple sur le papier, diabolique dans la pratique. Une phase de jeu en solo est donc très lente, puisque les flèches se placent alors que le jeu est immobilisé. Quand il le souhaite, le joueur peut d’une pression sur la gâchette lâcher les fauves afin de voir si le parcours qu'il a prévu pour ses petites protégées leur a été bénéfique. Véritable puzzle-game, ChuChu Rocket! contient 100 niveaux, la difficulté croissant parallèlement à l’avancée du joueur, bien entendu. Et comme si cela ne suffisait pas, le jeu propose également un éditeur de niveau pour donner la possibilité aux joueurs dépendants de concevoir leurs puzzles, ou alors de télécharger sur la DreamArena (enfin... lorsque celle-ci fonctionnait encore) les casse-tête conçus par d’autres fous furieux. Bref, les occasions de faire une rechute ne manquent pas, et tout joueur toxicomane trouvera aisément de quoi assouvir sa soif de réflexion et/ou de crises de nerf. En solo ChuChu Rocket! est déjà un très bon jeu. Un excellent jeu même... Prenant, malin et efficace, il fait parti des meilleurs puzzle-games auxquels on puisse s’adonner. Mais limiter ce soft au solo en ignorant le multi, c’est un peu comme s’essuyer la bouche avec une nappe au milieu d’un repas mondain, ou alors dire à un ami que sa sœur est « trop bonne » : ça ne se fait pas... ChuChu Rocket! en multi : jubilation vidéoludique et agression cérébraleOui, ça ne se fait pas ! Alors pitié, lecteur, essaie-toi un jour avec des amis (enfin, des gens qui étaient des amis avant...) au mode multi de ChuChu Rocket! Sache que dans les entrailles du titre de la Sonic Team se trouve la substantifique moelle du génie. Ce jeu est habité par cette essence, ce fluide magique qu'on trouvait naguère dans quelques perles du jeu multi. Pour meubler nos soirées entre amis, nous connaissions Bomberman le grand, Worms le magnifique ou MicroMachines le fabuleux. Faites donc place aux côtés de ces géants à ChuChu Rocket! le déjanté. Je suis même prêt à parier que vous oublierez par la suite le mode solo, trop propre sur lui pour devenir addictif, au profit de ce mode multi furieux et démoniaque. Le concept en multi est le même qu’en solo. À de très légères exceptions près... Première de toutes ces modifications, vous n’êtes plus seul. Jouable à deux, trois ou quatre, par équipe ou chacun pour sa peau, le concept du jeu est le même : il faut amener les souris à votre fusée. Chaque joueur a une fusée et un curseur : le gagnant est celui qui aura le plus de ChuChu dans son engin spatial à la fin du compte à rebours. Et là, vous commencez à sentir la fourberie des parties multijoueurs, la compétition faisant ressortir chez les participants ce qu’il y a de pire en eux. Mais ce n’est pas tout ! Yuji Naka et ses hommes sont des sadiques, et ils se sont régalés à rajouter quelques règles afin d’envenimer encore les choses. Alors sachez que maintenant un chat rentrant dans votre fusée enlèvera un tiers de votre capital de souris stockées. Sachez également que vous pouvez positionner vos flèches comme bon vous semble, sans restriction. Enfin si... Une seule restriction : il ne peut y avoir que trois flèches de votre couleur sur le damier. Si vous en posez une de plus, la plus ancienne disparaîtra ! Enfin, gardez également à l’esprit que certaines souris valent de l’or : on en trouve qui valent cinquante ChuChu d’un coup et d'autres sont des « souris-loterie », ce qui signifie que ces vermines lanceront en entrant dans une fusée un événement aléatoire, pouvant aller de la frappe chirurgicale de chats (avec dommages collatéraux de série) à la profusion jusqu’à plus soif de troupeaux de souris névrosées. Tout ceci ne serait pas drôle si vous contrôliez encore un peu les événements. Alors voici venir la principale différence entre le solo et le multi : en solo, vous décidiez du moment à partir duquel le jeu commençait. Là, les souris arrivent sans relâche et vous ne maîtrisez plus le rythme de la partie. Les ChuChu courent de partout, certaines meurent dans des trous, d’autres entrent dans des fusées, les KapuKapu parcourent le damier toutes dents dehors, à l’affût de la moindre petite souris. Et les autres joueurs plaçant des flèches de partout, contrecarrant les pseudo stratégies que vous élaboriez voilà dix secondes... Ici, vous touchez du doigt le génie de ChuChu Rocket! Ce jeu est conçu pour que vous paniquiez, que vous perdiez le contrôle. L’action est frénétique et le plateau de jeu trop petit pour que plusieurs joueurs prennent des souris sans marcher sur les plates-bandes des autres concurrents. Et là, forcément, c’est l’escalade : cris, hurlements, jetages de manettes, prises d’otage (euh... évitez quand même d’en arriver là). Tout va très vite dans ChuChu Rocket! Trop vite. Définitivement trop vite...
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