Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Tonton Ben (10 mars 2008)
Quand on regarde un peu l'historique d'Infogrames, difficile de ne pas constater avec quel élan avant-gardiste la firme de Bruno Bonnell s'est jeté dans le monde de la troidé, à une époque où cette technologie n'en était qu'à ses balbutiements. C'est bien simple, ils ont tout tenté, de la superproduction (Alone in the Dark) à l'expérimental (Light Corridor, Alpha Waves), en n'hésitant pas à en insérer même là où on n'en avait jamais vu (Eternam pour les jeux d'aventure, Drakkhen pour les jeux de rôle), mais toujours avec succès. Les simulations sportives n'y ont pas échappé, avec Advantage Tennis. À une heure où les simulations de tennis n'existent que par une représentation fixe du terrain et des animations plus ou moins saccadées, le tout en bitmap, se rapprochant finalement bien plus d'un Pong vertical graphiquement amélioré que des sensations de Roland Garros, le tennis sur micros et consoles n'a pas grand-chose à voir avec la réalité. Ce constat, Infogrames l'a bien compris, et ose le pari de la première simulation de tennis mâtinée de troidé, à destination de l'Amiga et des PC 80286. Impossible ? Et pourtant, ils l'ont fait, de fort belle manière. Advantage Tennis est un titre ambitieux, qui vous propose de conquérir le classement ATP, vous, jeune professionnel de la raquette, classé 100ème joueur mondial. Bon, OK, ce n'est pas vraiment le fonctionnement du classement ATP, mais on va faire comme si, le système d'Advantage Tennis est plus simple et plus fun. Et comme Infogrames veut faire ça bien, on commence par la création du profil de notre future star : nom, coups de prédilection, et paramétrage des capacités. Le nom, je vous laisse faire, vous devriez vous en sortir (sur les copies d'examen, ça garantit d'avoir au moins un point, ne jamais oublier son nom). Plus intéressant, le choix de quatre coups de prédilection permet de déterminer les compétences du joueur : coup droit et revers à une main ou à deux mains, plongeon ou smash... Le paramétrage des capacités, enfin, propose de répartir un total de points sur six jauges : coup droit, revers, volée droite, volée revers, smash et service, afin de tuner au poil votre alter-ego des courts de tennis pixellisés. Au fur et à mesure de vos évolutions, de nombreux points de compétences vous seront accordés, et vous permettront d'enrichir vos capacités. Et hop, on est parti pour la conquête du titre mondial ! Comment ? En participant à tous les tournois de l'année. Pas moins de 19 compétitions vous attendent, autant de chances de gagner des places au classement, sauf qu'avec le score minimum, et des compétences pas très élevées, les débuts vont être rudes, un vrai défi vous attend. Le maniement est d'une simplicité enfantine : les quatre directions déplacent le personnage, le bouton du joystick ou la barre d'espace déclenchent le coup de raquette, les directions avant et arrière aidant dans ces moments à appuyer le coup ou à couper la balle, pendant que celles de gauche et de droite contrôlent la direction de la balle. Les mouvements spéciaux sont plus ou moins automatiques selon le placement, la distance qui sépare le joueur de la balle, et la direction utilisée lors de l'action. Comme vous pouvez le constater, en 2007, les simulations de tennis n'ont pas réinventé grand-chose sur ce plan. Allez, premier match de 16ème de finale du premier tournoi de l'année, je rencontre un obscur Laverdure, 75ème au classement. Pas grave on va le scotcher vite fait, le match se joue en un set (deux pour les finales et les tournois du Grand Chelem). Premier contact avec le moteur du jeu, la sensation est déroutante. Le terrain est représenté de façon assez minimaliste, tout comme les joueurs, de simples bonhommes de fil de fer en bitmap. Bon. Première balle, j'appuie mon coup, et là, l'action part d'un coup à cent à l'heure, on est pas chez les vétérans avec les blagues de Llie Nastase ! Les coups s'enchaînent sans temps mort, l'ordinateur se défend, je rentre dans mon match. Coup droit, revers, smash, plongeon, et même le fameux coup entre les jambes de Yannick Noah, tout y est, avec un réalisme saisissant. Car la voilà, la grande force d'Advantage Tennis, son animation. Grâce au rotoscoping, cette technique qui permet de capturer les mouvements d'une personne, les parties de jeu sont criantes de vérité. Le revers de la médaille, et aussi afin que ça tourne correctement sur des machines pas encore très habitués à de la troidé : les joueurs manquent visuellement de concret. Après quelques minutes, ce détail s'estompe, effacé par la qualité des animations. Cette troidé est d'ailleurs exploitée jusqu'au possible, puisque les déplacements des joueurs provoquent des mouvements de caméra qui modifient la perspective du terrain et des joueurs qui évoluent dessus ! Bon, par moments, cela devient un peu compliqué à suivre, surtout pour les courses vers le fond de cour, mais l'effet ajoute aux très bonnes sensations que procure le titre. Ceci étant, le peu de couleurs affichées à l'écran (16, en EGA comme en VGA, ainsi que sur Amiga) préserve au moins la lisibilité des actions à l'écran. Infogrames ayant manifestement tout misé sur leur moteur de jeu, le reste de l'habillage est plutôt sobre : quelques écrans fixes pour les victoires, les défaites, les déplacements et les lieux de prestige, ceux-ci sont jolis mais cassent un peu le dynamisme créé par les matchs. L'ambiance sonore est assez drôle, tout en Adlib, un support bien connu pour mal retranscrire les bruits de raquette et de rebonds de balle. La musique répétitive des menus, par contre, est à oublier rapidement. Ceci dit, pour les vrais roots du 286, il reste le haut-parleur interne du PC, qui mettra à mal vos délicates oreilles. Et dire que j'avais pratiqué Advantage Tennis dans ces conditions à l'époque... Sur Amiga, bien sûr, la qualité sonore est tout autre, à base d'un remix du thème principal avec effets de rebonds de balle, un truc qui ne pouvait que sortir en 1991. Alors, de nos jours, Advantage Tennis paraît désuet, voire techniquement complètement largué, là où Virtua Tennis 3 affiche un photo-réalisme saisissant et une animation parfaite. C'est vrai. Du moins en ce qui concerne le visuel. Mais la jouabilité, et surtout finalement la technique troidé employée, ne doit pas faire oublier qu'Advantage Tennis s'est posé en précurseur d'une technologie aujourd'hui incontournable, et que quelque part, les Top Spin et consorts doivent sûrement beaucoup au titre d'Infogrames. Un avis sur l'article ? 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