« Avec Four Players' Tennis, vous allez jouer le jeu de vos rêves... Vous pourrez "devenir" à votre gré Mark ou Nancy, des joueurs professionnels de classe internationale. Mais d'abord, vous devrez participer aux quatre principaux tournois : l'Open d'Australie, Roland-Garros, Winbledon et l'Us Open. Vous jouerez en simple contre un ami ou contre l'ordinateur ; en double avec Mark ou Nancy pour battre l'ordinateur ou avec un ami contre l'ordinateur. Vous connaîtrez l'exaltation et la sueur qui accompagnent un jeu... un set... un match... et la victoire ! Four Players' Tennis vous donne la maîtrise totale de la balle. Frappez un passing-shot croisé ou le long de la ligne, jouez des balles longues à partir de la ligne de fond, faites un service-volée, remportez le jeu en frappant un smash bien au-dessus de votre tête. Décidez de la vitesse du service et de l'effet de la balle pour réaliser un coup lifté, amorti ou latéral... tout comme un professionnel. Lorsque vous êtes prêt, faites un coup "miracle" et vous verrez votre balle changer de cap ou s'élever bien haut dans les airs ! Pendant que vous jouez, Mark et Nancy sont à vos côtés et vous prodiguent leurs conseils à la simple touche d'un bouton. Écoutez-les donc et descendez sur le court. Avec Four Players' Tennis, plus rien ne vous sépare du Grand Chelem ! »
Ce court texte, que l'on peut lire au dos de la boîte du jeu, est une merveille. Merveille d'enthousiasme, merveille de promesses. Je pense sincèrement qu'il y a un article entier à consacrer à ces phrases que l'on lisait étant petit, et qui étaient souvent tout ce que l'on pouvait apprendre d'un jeu, en ces temps où l'Internet n'existait pas, et où il fallait attendre qu'un magazine parle précisément du jeu que l'on voulait acheter. Quand j'étais petit, mon frère était grand fan de tennis. Regardant les compétitions à la télévision, achetant les magazines spécialisés, pratiquant en club. Pour poursuivre sa passion, il fit l'acquisition d'un jeu de tennis sur NES, Four Players' Tennis. Dans mes souvenirs, ce jeu fut acquis à peu près au même moment que Nintendo World Cup. Il est intéressant de voir que les jaquettes des deux jeux partagent cette même charte graphique ultra-réaliste mais, contrairement au fameux jeu de football, Four Players' Tennis respecte ce rendu, ou du moins essaie d'être aussi réaliste qu'il pouvait l'être alors. Ce jeu fait partie des tout premiers que l'on a possédés à la maison, avec Super Mario Bros. et Dragon Ball ; j'y ai donc passé des heures et des heures entières, m'extasiant devant un titre qui, aujourd'hui, fait plutôt pâle figure dans la ludothèque de la Nes. Cependant, j'en garde encore un souvenir ému, et avec raison quelque part puisque le jeu bénéficiait de certaines qualités indéniables.
Saga Africa...
Four Players' Tennis vous propose plusieurs modes de jeu, seul, à deux... et à quatre, grâce au fameux multiplicateur de manettes Nintendo, accessoire que je n'ai jamais eu en ma possession hélas. De toutes façon, je n'avais pas trois amis sous la main, alors l'un dans l'autre... Cette particularité, qui donne bien entendu son titre au jeu, n'est pourtant pas essentielle; et j'ai eu énormément de plaisir à jouer à Four Players' Tennis en solo, car la campagne est particulièrement bien pensée.
Si vous décidez donc de jouer seul, vous aurez accès soit à un versus classique contre un adversaire dirigé par l'ordinateur ou un ami, mais le gros du jeu consiste bien évidemment dans le mode Tournoi qui vous amènera à vous frotter aux quatre compétitions évoquées plus haut afin de décrocher le grand chelem et de devenir numéro 1 du classement ATP. Au début de ce mode, il vous sera proposé quatre choix de personnages : Mark, Nancy, Boy et Girl. Que j'explique davantage ces éléments.
Four Players' Tennis possède un petit côté RPG des plus intéressants. Chaque personnage possède en effet des statistiques qui sont la Force, la Vitesse, la Technique, l'Endurance, l'Adresse, l'Effet de Balle, la Concentration et le « Miracle ». Au début de chaque partie, et après chaque victoire, vous serez autorisé à placer un certain nombre de points dans chacune de ces catégories pour personnaliser votre joueur. Si Boy et Girl vous permettent de partir à partir d'un personnage « à vide », Mark et Nancy ont déjà des statistiques de base remplies, le premier du point de vue de la puissance, la seconde plutôt vers l'agilité. Au fur et à mesure du jeu, l'on ressent véritablement une différence au fur et à mesure que les statistiques sont allouées. Aussi, votre personnage frappera plus fort, courra plus vite et plus longtemps, placera la balle avec plus de précision... et aura même l'opportunité de faire un « Coup miracle ».
C'est peut-être aussi à cause de cela que ce jeu me fait penser à Nintendo World Cup. Dans ce dernier, si vous vous en rappelez, il est possible en pressant sur A et B en même temps de déclencher un coup à la Olive et Tom, garantissant presque à chaque fois un but. Ici, le système est plus ou moins le même, les points alloués déterminant le nombre de fois où vous serez autorisés à l'utiliser en cours de match. Les effets sont listés dans le manuel : il s'agit du « Retour de balle Miracle », la balle est renvoyée automatiquement quelle que soit la position du joueur sur le cours, le « Lob Miracle », qui est en réalité l'équivalent du « Tir de l'Aigle » d'Olivier, la « Spirale Miracle », un lob particulièrement retors, « l'éclatement Miracle », qui ressemble aussi à un coup de Captain Tsubasa où la balle semble se démultiplier, et enfin la « Vitesse Miracle », un renvoi d'une grande vitesse. On les réalise en imprimant une direction spécifique avec les boutons A et B. L'avantage de ces coups spéciaux est certain, puisqu'ils garantissent presque à coup sûr, et ce même à haut niveau, le point face à l'adversaire. Quoi qu'il en soit, cet aspect personnalisation est des plus intelligents, car il permet véritablement de moduler son jeu, sans subir les détriments d'un avatar aux possibilités figées dans le marbre.
...ambiance de la brousse...
Les contrôles, justement, sont relativement bons pour un jeu de tennis sur Nes et surtout, permettent un contrôle certain sur la balle. A permet de faire un service rapide, une volée ou un smash après un lob, B un service lent ou un lob. Mais la grande idée est de combiner ces touches avec des directions précises pour créer des effets : une pression sur haut permet de faire une balle liftée, bas une balle coupée, gauche et droite de donner un effet latéral fort déstabilisant pour l'ordinateur.
Il n'en faudra pas moins pour lui faire mordre la poussière, car l'IA est d'un excellent niveau et ce dès les premiers matchs. Attendez-vous à essuyer de nombreux aces, des échanges tordus et à vous faire prendre à revers de nombreuses fois. Il faudra apprendre à composer avec cette jouabilité riche, mais un rien retorse parfois, pour gagner. En effet, au début du jeu, et à moins d'avoir tout misé sur la vitesse, le joueur a tendance à se traîner un peu sur le court, et rattraper les balles rapides se fait compliqué. Heureusement, il est possible d'effectuer un fantastique plongeon lorsque la balle est un peu trop loin, technique désespérée qui peut vous faire gagner le point mais qui souvent vous met dans l'embarras, compte tenu du temps mis pour se relever. Si les premiers matchs sont donc une sinécure, un certain rythme de croisière finit par s'instaurer une fois que vos statistiques ont commencé à grimper. L'ordinateur reste malgré tout un adversaire de taille qu'il ne faut pas prendre à la rigolade, car il possède plusieurs atouts dans sa manche...
Le mode tournoi vous permettra donc de vous frotter à quatre grands championnats, l'US Open, Wimbledon, Roland Garros et l'Open d'Australie. Le choix du tournoi n'aura pas comme unique conséquence qu'un léger changement graphique, mais influe de façon primordiale sur le gameplay, en premier lieu sur la vitesse de votre personnage qui se traînera plus sur terre battue que sur synthétique, et sur la balle qui rebondira moins haut et moins vite sur le gazon.
Ces petits détails font que Four Players' Tennis mérite d'être redécouvert. Au rang de ses autres qualités, notons l'inclusion de mots de passe qui permettent de reprendre une partie au début d'un match avec les statistiques telles qu'on les avait laissées, ou le plaisir indéniable d'une partie contre un ami ou avec un camarade, lors des matchs en double.
...attention les secousses...
En revanche, cet article ne serait pas complet sans parler des petits défauts qui pourront rebuter le joueur nostalgique ou curieux, en premier lieu l'absence quasi-totale d'environnement sonore. Aucune musique n'est présente lors des matchs, et les bruitages sont plutôt minimalistes bien que les scores et les fautes soient annoncées par des voix digitalisées assez impressionnantes pour une Nes (en tous cas, moi, ça m'impressionnait). Les graphismes, à l'inverse, sont assez minimalistes, voire épurés. Les optimistes pourront toujours dire que cela aidera à mieux suivre le jeu. La jouabilité, en revanche, est parfaite jusqu'au moment où, comme le veut l'usage, les joueurs échangent leur position autour du terrain. Vous vous retrouvez alors en haut de l'écran, et les choses deviennent assez délicates. J'ai toujours eu du mal à contrôler le personnage et à réceptionner la balle comme ceci, tous vos repères se perdent brutalement. Autrement dit, il vous faut apprendre à maîtriser le jeu à deux reprises pour espérer aller plus loin.
Je voudrais terminer cette rapide chronique par un mot concernant la version américaine du jeu, nommée alors Chris Evert & Ivan Lendl in Top Players' Tennis. Le jeu mettait en avant les deux fameux joueurs de tennis américains dont la réputation n'est plus à faire. Jeu à licence donc, la version européenne préféra se focaliser sur le fait de pouvoir jouer jusqu'à quatre à la fois, et modifia les noms des joueurs, Chris devenant Nancy et Ivan, Mark. J'ignore jusqu'à l'origine de cette modification ; mais si ce n'est toute référence à ces joueurs, les deux versions sont parfaitement identiques. Ceci explique notamment le fait que la jaquette que j'ai citée plus haut mette autant l'accent sur Mark et Nancy: il ne doit s'agir que d'une transposition bête et méchante du texte original. Faites l'expérience, et remplacez ces noms passe-partout avec celles de ces stars, le rendu est plus que convainquant. Que reste-t-il alors de Four Players' Tennis ? Un jeu ma foi très sympathique, dans lequel on se replonge toujours avec grand plaisir. Même si l'on a fait mieux depuis, il faut rendre à César ce qui appartient à César, et reconnaître que pour un titre sans aucune prétention, le titre d'Asmik offre bien plus que ce que l'on attendait.