Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Tonton Ben (16 juin 2004)
Bon, sur ce coup-là, je ne vais pas y aller par quatre chemins, Eternam est un jeu stu-pide. Farpaitement. De mémoire de joueur, j'ai rarement croisé un soft ludique poussant le concept de l'absurdité aussi loin. Mais qu'est-ce donc que cela ? Eternam est un jeu d'aventure de chez Infogrames, des gens pourtant si sobres d'habitude. Vous y incarnez Don Jonz, une espèce de shérif intersidéral qui a gagné des vacances bien méritées sur Eternam, une planète qui a pour seule vocation de servir de parc d'attractions. Mais derrière ce repos se trame un complot ourdi par l'ennemi juré Mikhail Nuke, un bandit notoire qui a pris le contrôle d'Eternam et qui met tout en oeuvre pour se débarrasser de notre sympathique héros. Avec l'aide de Tracy, une technicienne du parc qui s'est digitalisée dans le système informatique de la planète pour échapper au tyran, Don Jonz doit affronter un univers hostile et totalement déjanté. Et vous trouvez que le scénario est déjà bien barré ? Ce n'est rien comparé au reste de l'aventure. L'univers d'Eternam est composé de cinq îles, qui s'essaient plus ou moins dans la reconstruction historique : notre ami se retrouve propulsé sur l'île des barbares, une terre développée à un âge médiéval et administrée par un baron qui n'a pour seule passion que de vous faire passer ses épreuves mortelles, au sein de son château où l'on croise pêle-mêle un squelette bavard, des statues accros à la télé, un médecin allemand fou, et un clébard vraiment hargneux. Et ça continue de plus belle au fur et à mesure que l'aventure se déroule, avec un passage sur l'île de la Révolution, car chez Infogrames, on n'hésite pas à affirmer son chauvinisme (on rencontrait bien Benjamin Franklin dans Day of the Tentacle). Don Jonz y affronte un tribunal très expéditif et se frotte aux insoumis qui complotent contre le pouvoir. Sans vouloir trop en dévoiler sur le jeu, le héros sera amené à se dépêtrer de quelques problèmes avec la haute technologie, à explorer des tombeaux et même à se frotter aux membres de l'équipée de Drakkhen ! Comment on y joue ? Eternam, c'est comme du Point'n Click comme on dit chez nous, sauf que comme les contrôles s'effectuent au clavier, il n'y a ni Point, ni Click. Toutes les actions récurrentes du jeu d'aventure sont néanmoins présentes (parler, prendre, voir, utiliser...). Le jeu propose deux phases : en extérieur, nous avons droit à des déplacements en vue subjective dans un environnement troidé hérité de Drakkhen (moteur créé par Frédérick Raynal), et qui a été légèrement amélioré, avec l'ajout de relief. Les mauvaises rencontres y sont possibles, et il est nécessaire de se défendre contre la faune volante étrange qui n'aura de cesse de faire diminuer la barre de vie du héros. Attention aussi aux marais, en règle générale, il est déconseillé de s'éloigner des routes. En intérieur, on retrouve des plans deudé classiques avec la présence de notre héros. Il n'y a plus de phases d'action, seulement de l'exploration, du dialogue et de l'interaction avec les différents éléments du décor. Pour faciliter la progression, tout objet est repérable grâce à un trait pointillé entre celui-ci et le personnage. Attention, beaucoup sont inutiles, le jeu ayant une lourde tendance à abuser du principe pour attirer l'attention sur n'importe quoi (je pense entre autres à la déjection canine, ils n'ont pas reculé devant ce genre de choses). La grande force d'Eternam, outre le fait de verser dans l'art subtil de l'humour bien naze à souhait, est de proposer, à quasiment chaque rencontre, et pour les évènements importants, des animations de toute beauté. Tout est réalisé à la main, dans un style dessin animé certes un peu cheap, mais efficace. La séquence d'introduction où le héros se fait boxer par le clébard est mythique ! On n'a de cesse de découvrir de nouveaux passages animés qui ajoutent à l'ambiance bien branque du jeu. Toute la technologie d'animation ainsi que le système de navigation intérieure, seront réutilisés pour Shadow of the Comet, l'autre grande aventure d'Infogrames. Le tout est très coloré, VGA 256 couleurs oblige, avec du mélange entre des éléments dessinés, et des digitalisations (ahhh, la belle Tracy...). Question son, c'est pas le super pied, puisque seule un driver Adlib est présent pour nous jouer des mélodies midi certes entraînantes, mais un peu obsolètes d'un point de vue technique. Les bruitages sont du même acabit. Un autre reproche qui pourrait être fait à Eternam est de proposer un challenge avec une difficulté mal dosée, composée d'énigmes vraiment tordues, souvent sanctionnées, façon Sierra, par la mort du héros, un concept que Lucasarts avait très rapidement abandonné. De même, des pièges stupides sont régulièrement tendus pour 'assassiner' littéralement le héros : il suffit par exemple de pénétrer dans une maison inconnue sur la deuxième île pour se faire éclater par l'occupant. La scène est toujours agréable à voir, mais le procédé employé pour rallonger la durée de vie (pourtant honorable) est abusif et ne conduit qu'à la frustration du joueur. Bref, il est nécessaire de sauvegarder régulièrement. Malgré ses défauts, Eternam est un monument, un jeu que les férus d'aventure se doivent de connaître, sous peine de passer à côté d'un grand moment de franche déconnade. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (6 réactions) |