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Tunnels of Armageddon
Année : 1989
Système : Amiga, Apple IIGS, DOS
Développeur : P.Z.Karen Co. Development Group
Éditeur : California Dreams
Genre : Action / Jeu de Course
Par Jean-Christian Verdez (18 février 2019)

Les jeux vidéo qui reprennent le principe du jeu de course parsemé d'obstacles, en vue subjective ou vue de dos, ne sont pas rares. Certains le font le temps d'un niveau, comme Earthworm Jim (1995) ou Saints Row 4 (2013), d'autres sur toute leur longueur, comme ScrewJumper! (2007). Chacun personnalisera la recette, privilégiant tantôt les combats, tantôt la course... Je profite d'ailleurs de l'occasion pour vous recommander Race the Sun (2013), qui est probablement le meilleur descendant spirituel de ce genre un peu particulier du jeu de course, et qui fait l'objet d'une compétition hiscore sur notre forum (Venez nombreux)...

Mais cette semaine, nous allons remonter un peu plus loin dans le temps, en 1989, pour nous intéresser une fois n'est pas coutume à un jeu oublié de nos bons vieux micro-ordinateurs, j'ai nommé Tunnels of Armageddon.

Aux commandes, on trouve Logical Design Works (LDW), une société américaine fondée en Californie en 1983 par Lucjan Daniel Wenzel. Au début, l'activité principale de LDW consiste à convertir sur différents supports les jeux de Strategic Simulations, Inc., notamment Phantasie I & II, NAM, Fighter Command... En 1987, LDW décide de passer à la vitesse supérieure et d'éditer ses propres jeux grâce à sa filière soeur, P.Z.Karen Co. Development Group, située en Pologne. Quasiment tous les jeux LDW seront ainsi développés par l'équipe P.Z.Karen (y compris Tunnels of Armageddon), et seront publiés sous le label California Dreams.

L'histoire ne dit pas si c'est lié à leur passif dans les conversions pour SSI, ou si c'est par intérêt personnel, mais le fait est que beaucoup de jeux Logical Design Works / California Dreams ont vu le jour sur Apple IIGS. Cela fait de LDW l'un des rares mais fidèles supporters de la machine 16-bit d'Apple. On leur doit ainsi de sympathiques versions de jeux de sociétés telles que Mancala et TrianGO. Plus tard, ils se feront remarquer avec la série des Street Rod et surtout Blockout, un excellent Tetris-like en 3D adapté sur de nombreuses plates-formes. Toutefois, Tunnels of Armageddon demeure leur première grosse production.

Mancala et Street Rod. Des jeux simples pour joueurs occasionnels aux productions plus ambitieuses, LDW propose toujours un travail très propre.

Direction l'Antarctique, avec pour objectif rien de moins que de sauver le monde. Oh, point de discours écologique ici, il ne s'agit de rien d'autre que d'un bon vieux challenge lancé par des extra-terrestres. Figurez-vous que ces vils plaisantins ont creusé des tunnels dans les profondeurs du Pôle Sud, afin de mettre la race humaine au défi : si vous parvenez au bout de ce parcours sous-terrain, l'humanité aura prouvé sa valeur et mérité d'acquérir les connaissances nécessaires pour s'étendre et voyager à travers la galaxie. Dans le cas contraire, et sachant que de grands pouvoirs entre les mains d'une race inférieure ont déjà failli mener l'univers au bord de la destruction, un système s'activera et détruira entièrement la planète Terre avec tous ses habitants, à titre préventif !

L'idée, c'est donc d'aller le plus vite possible pour prouver qu'on est les meilleurs. Cette définition de ce qu'est la sagesse me paraît un tantinet radicale, mais après tout qui suis-je pour juger les traditions extra-terrestres ? Voilà donc le joueur gratifié d'une ultime chance d'empêcher la catastrophe, en pilotant un petit vaisseau capable de se frayer un chemin à travers ces dangereux tunnels...

Vous êtes donc à bord de l'Hypervelocity Extraterrestrial Reconnaissance and Magnetically Elevated Scoutcraft, ou HERMES pour les intimes, prêt pour la course de votre vie. Vos objectifs dans Tunnels of Armageddon sont simples : en haut de l'écran, il y a deux barres de progression. La rouge symbolise l'alarme qui se propage à travers la zone en cours, si elle se remplit complètement, c'est le game over. La verte, elle, symbolise votre progression à travers les tunnels. Le but est, évidemment, que la barre verte progresse plus vite que la rouge ! Pour cela, il vous faudra aller le plus vite possible.

Mais attention, les tunnels sont parsemés de pièges, comme des portes qui s'ouvrent et se ferment, des passages étroits, des tourelles... Autant d'éléments qui mettront à mal votre bouclier en cas d'impact. Si le bouclier tombe à zéro, tout est fini. À vous de ne pas confondre vitesse et précipitation. Heureusement, votre énergie est restaurée à la fin de chaque stage.

Tunnels of Armageddon est divisé en 5 zones, elles-mêmes constituées de 4 stages, soit un total de 20 niveaux à la difficulté croissante. Tous les 4 stages (autrement dit à la fin de chaque zone), vous pourrez sauvegarder votre progression. De plus, vous vous verrez régulièrement offrir deux chemins au choix, auquel cas les tunnels pourront être de différentes couleurs afin d'indiquer la difficulté des parcours :

  • Les tunnels gris sont peu dangereux, mais ce sont aussi les plus longs. Si vous ne choisissez que ce type de tunnel, vous n'aurez quasiment aucune chance de survivre aux 20 stages.
  • A l'inverse, les tunnels rouges sont les plus courts mais aussi les plus difficiles. Ils vous feront gagner du temps si vous êtes assez bon pilote pour éviter les obstacles...
  • Enfin, les tunnels verts proposent un challenge modéré, pour une longueur moyenne...

Dans les tunnels, vous aurez aussi la possibilité de faire feu sur des générateurs, ce qui ralentira temporairement le compte à rebours. Vous pourrez aussi trouver quelques items tels un tir plus puissant, une recharge de bouclier, un accélérateur, et même un mode pilotage automatique (temporaire, bien entendu). Ces bonus ne seront pas superflus face aux pièges et ennemis qui hantent ces couloirs mortels. Il existe par exemple 3 sortes de tourelles, qui lorsqu'elles vous tirent dessus, diminuent votre vitesse, ou votre bouclier, ou les deux. Vous pouvez les détruire à l'aide d'un tir bien placé, tout en sachant que le tir de base ne parviendra pas à bout des tourelles les plus dangereuses... À l'opposé, le tir le plus puissant détruira non seulement les ennemis, mais aussi certains murs ! Vous pourrez aussi acquérir des bombes au plasma. Rares mais dévastatrices, elle éliminent tous les objets avoisinants.

Pour obtenir des objets, il faut tirer sur le symbole correspondant lorsque celui-ci apparaît, aléatoirement, sur l'un des murs du tunnel. Les premières parties peuvent du même coup s'avérer frustrantes car les symboles ne sont pas très explicites, et on ne sait pas toujours ce que l'on a obtenu... Cela nécessite donc un petit temps d'apprentissage, au terme duquel vos sessions de jeu deviendront un peu plus stratégiques.

Il faut aussi s'habituer à la maniabilité. Cette dernière est correcte mais parfois délicate car Tunnels of Arnageddon s'avère visuellement un peu confus. Certes, l'effet de color cycling programmé pour simuler le déplacement en vue subjective et à haute vitesse dans un couloir est très efficace [NB: les joueurs potentiellement victimes de motion sickness sont invités à tester ce jeu avec précaution]. Il a de plus l'avantage d'être très peu gourmand en ressources, ce qui en 1989 permettait à ce programme de fonctionner sur des ordinateurs très lents.

Mais le souci vient plutôt de la place que prend l'interface à l'écran. Les développeurs ont tenu à afficher dignement chaque option du vaisseau (bouclier, auto-pilote, etc), ce qui laisse une fenêtre ingame plutôt petite. Si l'on ajoute à ça des obstacles de couleur noire qui se confondent avec le fond du tunnel, noir aussi, cela oblige le joueur à rester vraiment très attentif pour éviter l'accident bête.

Une zone bleue... On arrive à la fin d'un stage.

Une fois habitué à ces petits travers, à vous les joies de la course frénétique dans des couloirs hostiles. Au final, Tunnels of Armageddon n'est pas le plus grand des jeux vidéo, mais il reste efficace, et remplit son contrat sans faire preuve d'ambitions démesurées.

Jean-Christian Verdez
(18 février 2019)
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