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Street Fighter - Annexe : le PC

Street Fighter II Turbo - Hyper Fighting
Année : 1993
Systèmes : PC
Développeur : Jung Young Dug
Editeur : Pirate !!
Supports : Disquettes

Du Pixel Art, j'adoooooore !
Bienvenue au royaume du rip de sprite sauvage.

Les aventures rocambolesques de Street Fighter II sur Pécé ne s'arrêtent pas là, loin de là. Alors que les éditeurs officiellement mandatés par Capcom se cassent les dents, Jung Young Dug, un chinois (un simple pékin, quoi), développe dans son coin une version du hit des salles d'arcade.

Chun-Li a le teint vert, elle doit en être malade...
Et pourtant ! Il y a de vraies boules de feu...

Alors, forcément, ce n'est pas très beau : buggés à souhait, les graphismes donnent l'impression d'avoir été scotchés à la va-vite sur un coin de table. Si la plupart des éléments ont été fidèlement repompés de la version arcade, les écritures et les barres de vies proviennent du 'talent' artistique de l'auteur. Mais là où notre ami chinois excelle, c'est dans le doublage : bon nombre de voix ont été refaites ! Le ha-do-ken maison est à hurler de rire, c'est du grand n'importe quoi.

Vous l'avez compris, il ne faut pas se fier aux images depuis le début...
...
parce qu'ici, sincèrement, la jouabilité n'est pas mauvaise !

Mais là où cette blague devient consternante, c'est lorsque l'on s'aperçoit que l'ensemble se joue plutôt pas mal ! Certes, les sensations ne rivalisent pas avec la version originale, ne serait-ce que sur les déplacements ou les distances de coup, mais il n'empêche que comparé aux deux adaptations précédemment sorties, cette mouture venu tout droit du fond de la cave qui sent la pétrolette tient carrément la route, et pousse le vice en proposant un mode type 'Rainbow edition', c'est-à-dire la version trafiquée (ha-do-ken en l'air, changement de personnage en cours de combat) qui a sévi dans certaines salles d'arcade.

Super Street Fighter II Turbo - Grand Master Challenge
Année : 1995
Systèmes : PC
Développeur : Eurocorp
Editeur : Gametek
Supports : Disquettes / CD

C'est superbe, j'achète.
Allez, on y croit, on serre très fort les f...

Quel constat navrant : malgré les meilleures volontés du monde, les pécéistes se retrouvent à pratiquer le Street Fighter II sur une navrante version pirate d'origine chinoise, étant donné que mêmes les adaptations officielles ne sont pas capables de retranscrire, au-delà du générique d'introduction, ces sensations si viriles made in Capcom, celles qui vous parcourent l'échine et qui stimulent chaque doigt posé délicatement sur le panel de la borne d'arcade locale. Ce coquin de sort aura-t-il donc décidé de spécialiser le Pécé à ces jeux atypiques et spécifiques, Doom, Warcraft et consorts, renvoyant à la Super Nintendo le plaisir de la castagne en duel ?

C'est même trop bô pour y croire...
...
Argh, c'est incroyable, ça cartonne !

Et bien non ! Contre vents et marées, de petites équipes de développement soutenues par des éditeurs qui n'ont pas froid aux yeux, bravent les puissants lobbies japonais qui se réservent l'exclusivité, et tentent 'la montée impossible', le Loch Ness du Pécé : l'adaptation réussie d'un Street Fighter II. Si, Madame, c'est possible, je l'ai vu, approché, tâté de mes doigts boudinés. Le miracle s'est produit.

Fluide, rapide, complet...
Plus fort que Gérard Majax, voici SSF2T jouable sur Pécé !

Canonisés depuis leur consécration, les saints d'Eurocorp, avec leurs apôtres de chez Gametek, ont gagné le respect de bons nombres de joueurs de Street Fighter II grâce à une version Pécé du dernier opus de la série, le Super Turbo. Transfuge d'une adaptation précédente de toute beauté sur le support mort-né appelé 3DO, ce SSF2T pour les intimes propulse le joueur dans les sphères des sensations de l'arcade, tout simplement. C'est fabuleux.

SSF2T, le jeu avec des jolies filles dedans...
...
qu'on a envie de serrer très fort contre soi.

Quel émerveillement pour les yeux ! Il n'y a pas de mot pour décrire le spectacle, surtout après les catastrophes précédentes, c'est magnifique. Le tour de force consiste à ne pas avoir collé les sprites et les décors telles depuis l'arcade, mais bel et bien de les avoir redessinés. Cela vous fait peur ? Soyez sans crainte, le travail est incroyable. Les personnages présentent un volume impressionnant, et surtout, ils se meuvent parfaitement. Car, en plus, les p'tits gars d'Eurocorp savent correctement programmer leurs moteurs d'animation, et nous en mettent plein la vue avec des mouvements savamment décomposés, le tout dans des décors fluides et vivants. Le bonheur n'est pas loin.

Si, le bonheur est là, devant vos yeux mes amis ! C'est tout bonnement... jouable. Beau et jouable, je vous dis ! Les coups sortent une première fois, comme ça, pour mettre en confiance, mais aussi les fois suivantes... J'en pleure tellement c'est bon. Le tout est rapide, chatoyant, délectable, ce n'est pas possible, on n'est pas sur Pécé. Serions-nous en face du titre parfait ?

Faut pas hésiter à lui mettre sa raclée, à Blanka, il l'a bien mérité.
Décidément, ce Zangief, il les lui faut toutes.

Mais... argh, il y a un 'mais', je le savais. Laissez-moi deviner... C'est une démo qui n'a jamais été terminée ? Le programme est méchamment virusé ? J'arrête pas de me faire humilier face à l'ordinateur en mode easy ? Non, c'est pire que ça... Figurez-vous qu'à la sortie du jeu, les p'tits gars de chez Eurocorp et de chez Gametek, ils étaient tellement fiers et excités d'avoir réussi leur pari, qu'ils ont fêtés ça en payant des coups à boire à tout le monde... Et qu'ils ont oublié de coller les musiques sur le cédé.

Cela parait idiot, écrit comme ça, mais c'est vrai. Alors le joueur, qui vient de casser sa tirelire pour se fendre le titre, il met la galette dans le tiroir, il tape les commandes magiques sous son DOS préféré, hop ça part... Sauf la zik. Au début, on croit à une erreur de manip', un driver son pas loadé... Mais au bout d'une demi-heure, il faut se rendre à l'évidence : elles ne sont pas là. C'est pas possible, les joueurs d'arcade pécé sont maudits.

J'aime pas ta musique ! Dégage !
Un feu d'artifice de bonheur remplit mon coeur.

Alors le joueur, tout énervé, il repart à son magasin préféré, histoire de crier sa haine bien fort ; pas longtemps, puisque le vendeur, tout sympa, va lui répondre que tout ceci n'est pas bien grave, d'ici quinze jours (maaaaaaaaximum) il va recevoir les pistes audio, que chez Gametek ils se mortifient de honte, et que les coupables ont déjà été sévèrement punis. Un discours comme celui-là, ça rassure le joueur.

On a frisé la chatastrophe. Mais cet incident mis à part, tout y est, et ENFIN, malgré toutes ces péripéties, il est possible de s'éclater sur Pécé avec le titre de Capcom. Car les mauvaises langues affirmeront qu'il était possible, depuis longtemps, de se massacrer avec un Mortal Kombat d'excellente facture... Mais c'est une autre histoire.

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