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Metal Warrior
Année : 1999
Système : C64
Développeur : Lasse Öörni (Cadaver)
Éditeur : Covert BitOps
Genre : Plate-forme / Action

METAL WARRIOR 3
(Version 1.0 : 2001 / Version 1.3 : 2007)

We are as one as we all are the same
fighting for one cause
Leather and metal are our uniforms
protecting what we are
Joining together to take on the world
with our heavy metal
Spreading the message to everyone here
Come let yourself go

(Metallica - Metal Militia)

"Le temps efface toutes les blessures ..." C'est certainement ce que pense Goat, ex-membre du groupe de war-metal Cyberpriest alors qu'il médite dans sa cabane perdue au fond des bois, lieu de sa retraite spirituelle où il se consacre corps et âme à son entraînement d' "Overman". En effet, trois mois ont passé et Goat a décidé de se réconcilier avec ses anciens amis, il invite donc Ian et Phantasm à venir le rejoindre et en discuter autour d'une bière ... ou deux ... ou douze. Mais alors que le jeune couple de musicos-justiciers vient le rejoindre, des forces spéciales de l'armée déboulent sans prévenir et tentent de capturer ceux qu'ils qualifient d'ennemis de la nation ! Goat parvient cependant à leur échapper et, alors qu'il contemple ce qui reste de sa cabane réduite en cendres par les militaires, il se jure de découvrir ce qui se trame, et pour cela décide de retourner en ville collecter des informations ...

Les militaires attaquent la cabane de Goat et capturent Ian et Phantasm. Cette fois le joueur dirige le batteur de Cyberpriest et l'aventure commence dans la forêt. Suivant le chemin qui sera pris à partir de là (plusieurs villes sont à proximité), les personnages rencontrés et certains événements seront différents.

Dans ce 3ème épisode de la saga Metal Warrior, le joueur dirige donc cette fois Goat, l'Overman taciturne qui ne supporte pas les faibles. Mais il n'est pas seul. Au fil de l'aventure d'autres personnages se joindront à lui, à commencer par Ian et Phantasm s'il parvient à les secourir. Et le joueur peut alterner entre chaque membre de son équipe à tout moment afin de progresser dans ce qui est toujours un jeu d'action/aventure en vue de profil. Mais cette addition ne constitue pas le seul changement : Lasse Öörni nous sert en effet un jeu bien plus ambitieux, plus vaste, et regorgeant de nouveautés.

Ainsi, la composante "jeu de rôle" a été approfondie. Les personnages gagnent toujours des points d'expérience, et ce de plusieurs manières. En combattant bien sûr, mais aussi en subissant des dégâts, en se soignant, en atteignant des points précis de l'aventure, et même en se déplaçant (mais là, il faudra en faire des kilomètres pour grapiller quelques points !). En allant ensuite dans des salles de sport, ces points peuvent être dépensés pour augmenter 3 caractéristiques :

  • l'agilité qui permet de se déplacer plus vite et de sauter plus haut
  • la force qui permet de grimper les échelles plus vite et d'infliger plus de dégâts avec les armes de mêlée
  • la résistance qui permet d'encaisser plus de dégâts et de se soigner plus vite
En appuyant sur la touche Entrée, on accède à cet écran qui permet de changer de perso. À ce moment de l'aventure, Goat a retrouvé Ian et Phantasm, et a recruté le détective Hammer. Notez que les différents persos ont des caractéristiques différentes.
On peut toujours pénétrer dans de nombreux bâtiments dans les villes. Certains sont sur plusieurs étages et proposent des décors qui fourmillent de petits détails.

Ensuite, sachez que le temps est géré cette fois, avec un cycle jour/nuit ayant une grande influence sur tout ce qui se passe dans le jeu. Il est ainsi bien plus dangereux de se promener la nuit, les ennemis étant plus nombreux. Dans les villes, les bars ouvrent le soir et les magasins de 8h à 19h ... sauf le Dimanche, jour ou tout est fermé ! Certains événements ne se déclenchent également qu'à des heures précises. Une montre vous indique toujours l'heure "in game" sachant qu'une minute équivaut à une heure dans le monde de Metal Warrior.

Comme le jeu gère un cycle jour-nuit, chaque décor (sauf les intérieurs) bénéficie de plusieurs palettes de couleurs en fonction des moments de la journée. Ici la ville au crépuscule et en pleine nuit.

Et puis, je vous parlais d'un jeu plus vaste. Ceci concerne d'abord les environnements visités par les héros, plus nombreux et variés. On trouve ainsi cette fois trois villes, plus le village perdu où se terre Snake, notre ami rebelle anarchiste. Autour de ces lieux centraux, on trouve des forêts, des montagnes, une autoroute, une décharge publique, un laboratoire secret, ou bien encore une base militaire qui sert de décor à une scène mémorable évoquant fortement le jeu d'arcade Green Beret dont la conversion C64 fait partie des hits de cette machine, ce qui n'est sûrement pas un hasard. Le "climax" du jeu se déroule quant à lui au sein des locaux d'une "méga-corporation" dont on gravit les étages en mitraillant les forces de sécurité devant les employés qui lèvent les mains derrière leurs bureaux, espérant rester en vie !

Le jeu est gigantesque avec de nombreux lieux dans des décors très variés. Ici la cour d'une base militaire et les bureaux à l'intérieur d'une méga-corporation.

Et d'autre part, c'est aussi l'arsenal que peuvent utiliser les héros qui s'est encore une fois enrichi. Avec deux nouveautés importantes : d'abord le fait de pouvoir tirer dans plusieurs directions, et aussi la présence de nombreuses armes de mêlée comme un couteau, un fouet ou un nunchaku qui ont des portées et vitesses d'attaque différentes, et ne nécessitent pas de gérer ses munitions.

Alors, encore une grande réussite ce Metal Warrior 3 ? Eh bien, ça va dépendre de vos nerfs ! Car ce 3ème épisode est très difficile, bien plus que les premiers. Cette difficulté est due à certains choix de game-design totalement assumés, mais est également la conséquence de petits soucis d'équilibrage et d'interface. Dans la première catégorie, nous avons l'apparition des chargeurs pour les armes qui viennent s'ajouter aux munitions limitées. Quand le chargeur est vide, le héros est victime d'une petite seconde pendant laquelle il ne peut pas tirer, seconde qui peut souvent s'avérer fatale tant les ennemis pullulent dans certaines zones et vident notre barre d'énergie en un rien de temps avec leurs armes surpuissantes. Les motos, très nombreuses dès le début, sont bien plus difficiles à éviter, Goat ne sautant pas assez haut : il faudra attendre l'arrivée de la plus agile Phantasm pour passer certaines zones plus facilement, ou bien cumuler les points d'expérience pour augmenter l'agilité de l'Overman, mais la résistance devrait être la première priorité de tout joueur souhaitant progresser dans le jeu. Et désormais les items de soin ne redonnent pas de la vie immédiatement, ils agissent comme le sort "regen" dans un jeu de rôle en faisant remonter la barre de vie du héros tout doucement.

Certaines sections du jeu sont de véritables labyrinthes sur plusieurs étages, avec des portes un peu partout menant à des pièces uniques ou à d'autres couloirs ...
Heureusement certains lieux sont dénués d'ennemis, comme ce garage. Ca permet de souffler un peu et d'utiliser un médikit en toute sécurité.

Et là, on aborde le gros problème d'ergonomie du jeu : l'absence d'un bouton ou d'un raccourci clavier pour utiliser immédiatement un medikit ou un autre objet de soin. Ici, comme dans le 1er épisode d'ailleurs, il faut faire défiler l'inventaire jusqu'à atteindre l'objet souhaité ... ce qui est suicidaire dans 90% des endroits du jeu ! Déjà parce que l'inventaire est fortement encombré, et parce que le rythme de l'action est beaucoup plus soutenu, ne laissant aucun temps mort.

Mais l'auteur du jeu est bien conscient de cette difficulté élevée. Il tente de la compenser avec deux systèmes de jeu. Le premier est la possiblité de changer de personnage à n'importe quel moment (touche entrée) et de repartir avec un perso en bonne santé, sachant que l'équipe peut comporter jusqu'à 5 héros et qu'un perso tombé au combat redevient disponible après 24 heures (in game). Le second, c'est un système de sauvegarde par mot de passe : on en reçoit un lorsque tous ses héros sont morts et il permet de reprendre l'aventure à la dernière ville traversée, avec toutes ses caractéristiques, mais en étant dépouillé d'une grande partie de son argent et de ses armes. Un système un peu comparable à celui présent dans les Dragon Quest.

Les motos sont particulièrement pénibles dans cet épisode. Difficiles à détruire ET à esquiver, elles font d'énormes dégâts à la barre de vie.
Voici l'une des très rares phases de plateforme du jeu. On passe surtout son temps à canarder dans Metal Warrior 3.

Malgré ça, la tâche reste bien ardue, et compliquée par certains choix qui se révèlent plutot pénibles, comme ces magasins fermés le dimanche ou cette "énigme" où Goat doit s'infiltrer dans un camion pour entrer dans le camp militaire, mais le camion ne passe à un endroit précis qu'une fois par 24 heures ! Si vous venez juste de le manquer, il faut attendre 24 minutes de jeu avant qu'il ne repasse...

Mais que ces petits défauts ne vous trompent pas : Metal Warrior 3 reste un homebrew de très grande qualité qui se distingue d'emblée, une fois encore, par son ambiance, son action et sa réalisation de très haute volée.
L'aventure est toujours intéressante, grâce aux personnages truculents qui sont toujours au rendez-vous, même si les dialogues ne sont hélas plus illustrés par les portraits de interlocuteurs (les cut-scenes sont toujours présentes).

"Mmmm... t'as les cheveux longs ? T'es sûrement un administrateur systèmes, file-moi ta carte d'accès !". Ou comment reconnaître un informaticien dans une compagnie de costards-cravates...
L'antagoniste de cet épisode est le général Ironfist, un militaire opportuniste qui a des relations auprès des puissants de ce monde.

Les dialogues et les énigmes sont un peu moins nombreux car le rythme est définitivement tourné vers l'action. Bien que plus vaste, le déroulement du jeu est finalement plus linéaire qu'auparavant, les aller-retours étant quasi-inexistants et la majeure partie du temps étant consacrée à dégommer des ennemis par paquets de 100 comme dans un run-and-gun à la Contra ou à la Green Beret.
Les ennemis sont encore plus variés et très bien armés. Petite surprise : on trouve même une phase de shoot-them-up lorsque Goat prend les commandes d'une moto volante ! Dommage que ce passage soit un peu court et trop facile.

Une courte phase de shoot-them-up est présente. On pilote un engin volant et, après avoir survécu à quelques ennemis de base, on affronte cet hélico en guise de boss.
L'action dans Metal Warrior 3 peut vraiment être qualifiée de frénétique. Les ennemis arrivent de tous côtés, et attaquent même depuis des machines volantes.

Quant à la réalisation, c'est encore une totale réussite, avec des graphismes fins et très lisibles, un scrolling impeccable et des sprites toujours aussi réactifs, ne souffrant d'aucun problème de collision. Notons que l'apparition du cycle jour/nuit permet de varier la palette de couleurs utilisées, avec des lieux qui ont une atmosphère bien différente suivant qu'on les parcourt en plein jour, au crépuscule, ou au milieu de la nuit.
Enfin, les musiques sont toujours aussi excellentes, mais cette fois elles ne sont plus toutes l'oeuvre de Lasse Öörni. En effet, nous avons ici droit à une sélection de quelques-uns des meilleurs modules produits par la scène des compositeurs Metal sur C64. Et ça défonce !!! Vous pouvez en profiter, encore une fois grâce à ce player que nous devons au site www.gamebase64.com. Bonne écoute !

Il est possible de voir des scènes différentes en fonction des personnages qu'on incarne à un moment donné ou si on a recruté tel ou tel co-équipier. Ici, Goat et Phantasm ont des répliques différentes face au général Ironfist.

Il y a encore pas mal de choses à dire sur Metal Warrior 3. Par exemple il existe deux fins ainsi que quelques petites différences dans certaines cinématiques en fonction des personnages présents dans son équipe, et des actions accomplies.
Malgré quelques pics de difficulté un peu rebutants, cet épisode est à faire pour tous les fans d'action sur micro 8 bits. Ne reste plus ensuite qu'à attaquer ce qui peut être considéré comme le chef-d'oeuvre de l'auteur à ce jour, le fantastique Metal Warrior 4...

C'était bien, mais c'était dur ! Rares sont ceux qui arriveront à la fin du jeu. Rassurez-vous, le suite est largement plus abordable.
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