Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Laurent (03 août 2001) Space Invaders avait introduit à lui seul toutes les bases du shoot’em’up, sauf une : la vitesse. En se présentant au premier abord comme un "Space Invaders passé en 45 tours" (pardonnez cette image particulièrement vintage), Galaxian pourrait passer pour l’ancêtre d’un genre qui a donné au jeu d’arcade ses plus belles heures. Il s’agit pourtant d’un jeu surestimé, surtout comparé à sa suite Galaga. Vous dirigez latéralement un petit vaisseau chargé de défendre la galaxie qui est la vôtre contre des envahisseurs agressifs qui ne se contentent pas, comme ceux de Space Invaders, de rester groupés et descendre tous en même temps. Vous devez faire face à des attaques kamikazes par les flancs ou de front, par des ennemis infatigables tentant des percées seuls ou en petits groupes, dans le plus pur style des All Blacks tels qu’ils jouaient dans les années 70/80, époque du jeu (mais en fait ça n'a rien à voir). Il y a quatre types d’ennemis : les drones, les émissaires, les frelons et les vaisseaux amiraux. Dans l’ordre, de plus en plus intelligents, prudents, donc de plus en plus dangereux. Leur intelligence artificielle est d’un niveau étonnant pour un jeu de cette époque : lorsqu’ils se lancent à l’assaut, le joueur doit faire preuve d’une grande capacité d’anticipation et de bons réflexes, car ils savent éviter les tirs et visent bien. D’ailleurs, le jeu est très difficile, trop, ce qui le rend vite lassant. En plus, le vaisseau ne peut tirer qu’un projectile à la fois... frustrant. Pas question donc, de faire l’aller-retour d’un bout à l’autre de l’écran en balayant les ennemis de tirs. C’est là la principale nouveauté par rapport à Space Invaders : il faut analyser les déplacements des ennemis, prévoir l’axe vertical de leur point de sortie lorsqu’ils fondent sur vous, se mettre en face d’eux et les atteindre, tout en évitant leurs projectiles et ceux des ennemis restés en haut de l’écran. Il s’agit aussi de ne pas se faire coincer entre un côté de l’écran et une ligne de feu ininterrompue, ce qui est à l’origine de la plupart des vies perdues. Le challenge est d’autant plus grand qu’on est dans les années 80 et que le score est encore une donnée importante dans l’esprit du joueur, qui espère laisser son high-score - anonyme puisque Asteroids n’est pas encore passé par là - dans la machine. En effet, le nombre de points rapportés par chaque ennemi détruit est multiplié par deux s’il a été touché pendant une percée. Le joueur chevronné aura donc pour priorité de se concentrer sur les groupes d’attaques, tandis que le débutant les laissera passer, tout en décimant les lignes arrières (tactique qui a hélas ses limites). Les vaisseaux amiraux jouent un rôle capital dans la réussite de la mission. C’est dans la façon dont vous vous occupez d’eux que vous ferez la différence avec les amateurs peu éclairés, la prochaine fois que vous jouerez à Galaxian dans une salle d’arcade (il en existe encore où l’on trouve des bornes Galaxian, si si, et croyez-moi, si vous vous y mettez, vous attirerez les curieux, et dans ce cas mieux vaut assurer). Il faut savoir que ces vaisseaux n’attaquent de front qu’avec une escorte de deux frelons placés en bouclier. Cette formation est de loin la plus difficile à contrer, mais c’est aussi celle qui rapporte le plus de points. Si vous parvenez à les abattre tous les trois alors qu’ils ont déjà quitté le peloton, c’est là que ça paye le plus. Bien sûr, le risque est énorme. Il faut donc laisser une réserve de frelons pour que les amiraux puissent les utiliser, car s’ils n’ont plus d’escorte disponible, ils s’enfuient, et reviennent au niveau suivant. À noter également que la destruction d’un vaisseau amiral provoque un choc psychologique chez la flotte ennemie, qui s’arrête de tirer pendant environ 3 secondes. Sachez profiter de cette brève accalmie pour rattraper votre retard sur les évènements. Bien entendu, le fait que le vaisseau qui vous est attribué ne puisse lancer qu’un projectile à la fois met l’exactitude de vos tirs au premier rang des conditions à remplir pour réussir, puisqu’un coup raté met un temps terriblement long à atteindre le haut de l’écran. Les ennemis, eux, peuvent tirer 3 ou 4 projectiles simultanément, ce qui semble indiquer que cette limitation a été voulue par les développeurs du jeu et n’est pas causée par des contraintes techniques. Le joueur a 3 vies et en gagne une à 7000 points, score déjà difficile à réaliser en soi. Ensuite, plus rien, et les meilleurs joueurs ne dépassent que rarement 30.000 points. Les graphismes du jeu remplissent leur office, à savoir qu’ils constituent un pas en avant par rapport à ceux de Space Invaders. Les ennemis tournent sur eux-mêmes pendant les attaques, chaque sorte d’ennemi est colorée d’une façon différente, et les pixels qui donnent au fond d’écran l’allure d’un ciel cosmique étoilé scrollent, ce qui crée une illusion d'action en mouvement. À noter tout de même qu'il s'agit du premier jeu d'arcade entièrement en couleurs RGB, ce qui explique la précision de son affichage supérieure à celle de ses contemporains. L’ambiance sonore est comparable à celle d’un bombardement pendant la seconde guerre mondiale, à savoir que la musique de fond se limite à une sorte de sirène d’alerte bien stressante, et les attaques ennemies sont ponctuées d’un sifflement de bombe en chute. Les tirs, marque de fabrique des shoot'em up japonais de cette époque, ont un bruit composé de notes de musiques, différent de ceux des jeux américains qui émettent un bruitage de type "bruit blanc". Tout ça, sorti d’un petit haut-parleur avec un volume surpuissant, a le don, dans le cadre d’une salle d’arcade, de faire perdre ses moyens au joueur occasionnel qui va donc devoir allonger la petite monnaie s’il veut s’amuser plus d’une minute ou deux. Seul le video-game maniac saura faire abstraction de tout ça et se concentrer sur les consignes en vigueur. En général, le jeu se joue au joystick, mais certaines bornes commercialisées ont été équipées d'un track-ball. Titre emblématique des salles d'arcade du début des années 80, Galaxian a connu un gros succès, a été adapté sur Atari VCS 2600, puis plus tard sur MSX par Namco himself, mais ce succès est injuste dans la mesure où Galaga, qui lui succède, est passé un peu inaperçu alors qu'il est objectivement meilleur et vieillit beaucoup mieux. Plusieurs suite ont été réalisées, mais toutes sous des appellations dérivées du titre Galaga. Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |