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Elliot Quest
Année : 2014
Système : Linux, Windows, WiiU ...
Développeur : Ansimuz Games (PC) / PlayEveryWare (Wii U)
Éditeur : Ansimuz Games
Genre : Aventure / Action / Plate-forme
[voir détails]
Par Erhynn Megid (26 septembre 2016)

Mais de quoi parle ce jeu ? Vous incarnez Elliot qui, après la mort de sa femme d'une maladie incurable, va attenter à sa vie en sautant d'une falaise. À sa grande surprise, il survit et se rend compte qu'il est en réalité immortel. Mais cette immortalité est en fait une malédiction lancée par le Satar, une entité qui va l'empêcher de mourir car elle tente de se réincarner en lui. Le jeune homme va alors quérir l'aide des quatre gardiens de son île pour trouver la force de vaincre le Satar.
Plutôt sympathique, l'histoire se traîne malheureusement et n'est comptée qu'à la fin de chaque donjon majeur. Elliot n'a de plus aucune interaction avec les PNJ autres que des dialogues plus ou moins génériques ou l'achat d'objets. Il y a aussi un système de morale, buggué sur Wii U (il indique toujours « Neutre », peu importe votre alignement) qui vous orientera vers une fin ou une autre (il y en a trois). Comment est géré l'alignement ? Il suffit par exemple d'ouvrir les coffres des villageois (et uniquement les coffres ; les coeurs et autres contenus ne sont pas pris en compte), de s'allier avec un personnage, de détruire une statue divine ou de laisser un enfant mourir dans un cimetière...

Épée contre Arc ? Facile. En utilisant la tornade, l'ennemi est sonné et perd en plus son bouclier, le laissant complètement vulnérable.

Concernant le gameplay, Elliot se bat avec un arc aux flèches infinies du début à la fin du jeu. Il obtiendra aussi au fil de l'histoire différentes magies et autres objets pour l'aider, certaines magies étant plutôt pétées genre la tornade qui aspire les créatures volantes, attire les bonus et rend invincible, ou la boule de glace, faisant un one-shot direct de n'importe quel ennemi de base. Bien qu'immortel, si Elliot est vaincu au combat, il retourne à la dernière pierre de sauvegarde du Satar. Ce qui a été fait est heureusement conservé car la pierre sauvegarde automatiquement dès que vous la frôlez. C'est à la fois pratique et pénible si vous n'avez pas touché de pierre depuis longtemps ; en cas de mort, vous risquez de réapparaître très, très loin (genre dans un autre donjon). De plus, chaque décès entraîne une perte plutôt importante d'expérience (le jeu n'allait quand même pas rendre l'immortalité agréable).

Situation tendue ? Meuh non ! Un coup de tornade et ces tirs seront de l'histoire ancienne.

L'expérience permet d'obtenir des capacités dont une majeure partie sont indispensables ; certaines permettent d'effectuer un tir chargé qui inflige cinq fois plus de dégâts, d'augmenter la fréquence de tir, la distance des tirs, réduire le coût des magies, etc. Attention : le joueur est limité au niveau 20, ce qui implique que vous ne pourrez pas tout apprendre. Il va falloir choisir judicieusement car chaque capacité apprise l'est définitivement. Le problème vient du fait que vous êtes particulièrement vulnérable pendant une grande partie du jeu et les coeurs se font rares. De plus, lorsque vous revenez à la vie, vous ne récupérez que la moitié de vos HP (cela ne descend pas en dessous de trois cœurs). Également, si vous dépensez vos potions et que vous perdez, elles sont perdues.
Enfin, le jeu se déroule exactement comme Zelda II : avec des phases de donjons / grottes / villages en vue de profil et de l'exploration en vue de dessous. Heureusement et contrairement à Zelda II, cinq ennemis seulement vagabondent sur la carte et à des positions définies (il y a une raison), vous laissant explorer tranquillement.

Les donjons sont clairement le point fort du jeu. Il existe seize boss sur l'île dont quatre optionnels particulièrement balèzes (sauf un qui, contrairement aux autres boss, subit des tonnes de dégâts avec la tornade, le tuant instantanément).

Graphiquement le jeu se défend plutôt bien, on reste dans du très classique pixel art mais le jeu a un univers très cohérent. La musique est excellente, mais... on attaque là un des problèmes d'EQ : son inspiration. S'inspirer de Zelda 2, 3 et Mario World pour faire la musique et les bruitages, pourquoi pas ? Mais en utiliser jusqu'aux sonorités, ça frise le plagiat. La première musique du premier donjon est donc une repompe quasiment parfaite des bois perdus de A Link To The Past, ailleurs c'est le thème des Gerudos qui passe à la moulinette et aussi le thème des grottes de Zelda 3. Heureusement pour le jeu, ces éléments « volés » accompagnent des musiques très sympa mais qui gardent leur histoire, et ça fait vraiment sortir. Les musiques originales sont excellentes aussi.

Plutôt agréable à parcourir, la carte du monde recèle des tas de zones cachées, qu'Elliot signalera par un « ! » dès que vous vous en approcherez.

L'autre problème vient de l'absence quasi-totale de guidage. En dehors du fait que les temples que vous devez visiter sont entourés d'un halo sur la carte, vous n'avez strictement AUCUNE information sur votre mission, Elliot n'en ayant parlé qu'à un personnage qui vit dans une zone reculée de la map. Vous allez donc devoir vous heurter à nombre de zones inaccessibles ou à des passages qui vous trollent parce que vous n'avez pas de bombes. Ou que vous n'en avez plus. Je parlais de la version Wii U qui est bugguée, mais dans les premières versions PC, le joueur ne pouvait pas acheter de bombes pour remplir son sac ; il fallait acheter un nouveau sac (un bug permettait d'ailleurs d'acheter le même sac à l'infini). Et les ennemis ne lâchent presque jamais de bombes (c'est toujours d'actualité). Il m'est arrivé dans le dernier donjon de devoir faire demi-tour jusqu'au village de départ pour remplir mon sac. Rageant (et des aller-retours, vous allez en faire une tonne).

Comme énormément de choses dans Elliot Quest, l'inventaire est inspiré de Zelda.

Enfin, le dernier point particulièrement pénible vient de l'ergonomie : il est impossible de passer d'un objet à l'autre sans ouvrir le menu. Ce dernier s'ouvre très vite mais le simple fait de devoir le faire peut rendre certaines situations pénibles ; le menu prenant toute la place sur l'écran et masquant donc l'action. Il n'est pas non plus possible d'assigner plus d'un objet aux boutons (le jeu pourrait être joué avec une manette de Nes ou une Wiimote).
Malgré ces problèmes, j'ai passé un chouette moment avec Elliot Quest sur Wii U. Mais par pitié, si vous ne deviez y jouer que sur un seul support, prenez la version Steam qui tournera même sur un dinosaure.

Erhynn Megid
(26 septembre 2016)
Sources, remerciements, liens supplémentaires :
Images : NintendoLife.com (images elles-mêmes tirées du collage du site d'Ansimuz).