Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par JPB (17 septembre 2012)
Quand je vivais à Marseille, en 1986, j'avais un copain qui habitait assez loin de chez moi et qui avait un ZX Spectrum. Je suis allé chez lui quelques rares fois, et lors d'un de ces après-midi on a joué comme des dingues à deux jeux : Eureka et The Hobbit. à l'époque, j'avais déjà lu et relu Le Seigneur des Anneaux, et j'avais tout de suite fait le parallèle avec Bilbon, puisqu'il s'agit du même personnage bien évidemment. Je n'ai lu Bilbon le Hobbit que des années plus tard, et j'ai toujours le souvenir de ce jour-là quand je le relis. Aujourd'hui, tout le monde connaît Gollum, Gandalf, et les Hobbits ; merci à Peter Jackson d'avoir réalisé les trilogies cinématographiques du Seigneur des Anneaux en 2003, puis de Bilbo le Hobbit en 2014 ! Mais à l'époque, pas d'Internet, pas de films, et si Le Seigneur des Anneaux était déjà une œuvre littéraire culte, les livres de Tolkien étaient bien loin d'être aussi connus que maintenant. C'était surtout le bouche à oreille qui faisait qu'on découvrait ce roman - comme ce fut mon cas - et les livres "annexes" tels que Bilbon le Hobbit ou Le Silmarillon. Alors, imaginez ma surprise quand ce jeu fut testé dans le Tilt n° 23... Et encore plus quand mon pote me dit fièrement qu'il l'a récupéré ! Le contexteEncore une fois, permettez-moi de resituer le contexte de l'époque, car c'est important. Il existait des jeux d'aventure depuis des années, mais au départ c'étaient des aventures purement textuelles, où seule votre imagination permettait d'imaginer ce qui se passait en fonction de ce que vous pouviez lire à l'écran ; le précurseur st Adventure sorti en 1972. Mais avec l'avènement des machines plus puissantes, capables de gérer des images, de nouveaux jeux sont apparus, tirant parti des capacités graphiques ; le premier jeu de ce type est Mystery House, qui voit le jour en 1980 sur Apple II. Tous ces jeux d'aventure avaient un interpréteur syntaxique, qui leur permettait de "comprendre" ce que vous écriviez - dans la mesure de leurs moyens bien entendu. Il fallait composer avec cet interpréteur, car des actions qui paraissaient évidentes étaient parfois incompréhensibles pour la machine... Arriver à agir comme on l'entendait était en soi un jeu d'aventure ! The Hobbit est donc un jeu d'aventure textuelle, mais des écrans graphiques ont été ajoutés à certains moments pour rendre le jeu plus impressionnant. Côté packaging, le jeu était vendu avec le roman (en anglais hélas, mais ça part d'une excellente initiative), une carte du jeu et une liste des commandes utilisables, et surtout un livre d'astuces. Je n'ai jamais pu mettre la main sur celui-ci pour voir ce qui était indiqué, peut-être la solution complète ? Mon pote avait bien le jeu mais il ne l'avait pas acheté, alors vous pensez... L'histoireLe jeu suit fidèlement la trame générale du roman. Mais ne croyez pas que, si vous avez lu le livre, ce sera une promenade de santé : le jeu est TRÈS difficile. Vous incarnez le Hobbit Bilbon Sacquet, traduction française de de Bilbo Baggins (on pourra faire un débat pour savoir si Claude Ledoux a eu raison de traduire les noms en français ou pas... mais une autre fois). Pour ceux qui ne les connaissent pas, les Hobbits sont appelés Semi-Hommes, car ils mesurent rarement plus d'1 mètre 20 ; ce sont des personnages gais, rondouillards, qui vivent dans un pays appelé la Comté, et ne s'intéressent pas à ce qui se passe dans les autres pays de la Terre du Milieu ; ils se contentent du travail de leur ferme. Vous commencez l'aventure dans votre charmante petite maison dénommée Cul-de-Sac (Bag End), à Hobbitebourg. Contrairement au livre, Gandalf le Magicien et le Nain de grand renom Thorin Écu de Chêne sont déjà chez vous, et il ne vous reste plus qu'à partir à l'aventure. Vous allez entreprendre un long et dangereux voyage à travers la Terre du Milieu. En partant d'Hobbitebourg, vous prendrez la Grande Route de l'Est jusqu'aux Fourrés où se cachent des Trolls. Puis vos pas vous mèneront contre les Monts Brumeux, à Fondcombe (Rivendell), la Maison du Semi-Elfe Elrond. Ensuite, vous traverserez les Monts Brumeux en fuyant les gobelins, passerez par le Carrock où réside Beorn, puis franchirez la sombre Forêt Noire de Mirkwood remplie de bêtes sauvages ; vous serez forcé de transiter par la Cité des Elfes des Bois. Après cela, vous arriverez à Esgaroth, ville d'humains bâtie sur une rive du Long Lac. Erebor, le Mont Solitaire (où se trouve le but de votre aventure : le trésor des ancêtres Nains de Thorin) se trouve près d'Esgaroth, mais le trésor est enfoui au cœur de la montagne, et qui plus est... il est gardé par le terrible dragon Smaug.
Le jeu bacule entre un écran avec une image avec quelques lignes de texte, et un écran uniquement textuel plus complet qui décrit les lieux,
les personnages, et les objets importants. Si vous lisez le deuxième écran ci-dessus, vous voyez que Gandalf porte une étrange carte. Du coup,
vous pouvez tenter des commandes liées à elle, comme TAKE MAP, READ MAP... Vous allez ainsi petit à petit apprendre le vocabulaire permis par
le jeu, puisqu'en général les mots compris par l'interpréteur sont les mots-clés affichés dans les écrans texte.
Je reviens encore un instant sur l'interpréteur syntaxique de The Hobbit, qui est très riche et novateur. Il utilise un langage anglais
réduit, appelé inglish, qui permet de taper des ordres tels que GET THE ROPE AND THE SWORD (prendre la corde et l'épée), alors que
d'autres jeux auraient obligatoirement demandé deux commandes, une pour chaque objet. Plus impressionnant, cet interpréteur comprend la
commande suivante : ASK GANDALF ABOUT THE CURIOUS MAP THEN TAKE THE SWORD AND KILL THE TROLL WITH IT (parler à Gandalf de l'étrange carte
puis prendre l'épée et tuer le troll avec), ce qui est du jamais vu !
Un élément particulier de The Hobbit, que je n'ai pas rencontré dans d'autres jeux d'aventure textuelles (enfin, je n'en ai pas fait
tant que ça), c'est que le jeu est en "temps réel". Il lance sans cesse un compte à rebours (invisible) ; si vous ne faites rien pendant un
moment et qu'il arrive à 0, ça revient à taper l'instruction WAIT (attendre). Si vous vouliez faire une pause, il fallait écrire
l'instruction... PAUSE ! Il n'en reste pas moins que l'aventure est prenante, parfois un peu difficile à gérer pour qui ne maîtrise pas bien l'anglais, mais qui à l'époque proposait un challenge relevé et une réalisation graphique au-dessus de la moyenne. Le jeu fut très bien noté dans Tilt, gage de qualité ; il n'obtint aucune récompense en France, mais reçut le Golden Joystick Award de 1983 pour le meilleur jeu de stratégie. Autres versionsThe Hobbit est sorti sur un grand nombre de machines, mais hélas pas toutes. Je trouve vraiment dommage qu'on ait pu avoir une version Macintosh en 1987, mais pas de versions ST ou Amiga... Vous noterez en regardant les captures écran ci-dessous qu'il y a deux écoles au niveau des graphismes (on le voit bien sur l'image de Cul-de-Sac). Ceci est dû aux capacités techniques des machines, et au fait d'avoir un lecteur de cassettes ou de disquettes... Premier type de graphismes. On note hélas que l'écran-titre de la version Spectrum est un (gros) cran en-dessous des autres. Second type de graphismes, qui reprend ceux de la version Apple II. La version Mac est en réalité en noir et blanc sur 512x384 pixels. Même ci-dessous, avec des images redimensionnées de moitié, on ne peut que constater leur qualité. Je n'ai pas réussi à mettre la main sur une émulation Oric ou Dragon 32 qui fonctionne, et pas la moindre capture écran sur le net. ConclusionQuand on a joué mon pote et moi à The Hobbit, je ne sais plus si on a réussi à passer l'épisode des Trolls. Je suis persuadé qu'aucun de nous n'a eu l'idée d'attendre que l'aube se lève, d'autant plus qu'encore une fois aucun de nous n'avait lu le roman à ce moment-là, qui aurait pu nous mettre sur la voie (et encore !). Mais ce n'était pas la même chose qu'aujourd'hui : on recommençait, on essayait des combinaisons différentes... on s'accrochait ! Ce genre de défi est impensable actuellement... The Hobbit est en tout cas un jeu qui a eu un très grand succès, avec 100 000 copies vendues en deux ans, et un total d'un million de ventes au final. Peut-être a-t'il eu un succès limité en France du fait de l'anglais utilisé, même si à l'époque les traductions de jeux en français étaient très rares. Je ne sais pas combien de joueurs ont réussi à le finir sans la solution...
D'autres jeux sur l'univers de Tolkien sont sortis depuis celui-ci. Et on a eu droit à de nouveaux jeux basés sur la licence à chaque film
des trilogies de Peter Jackson...
The Hobbit fut testé : Bonus !Voici le cheminement complet, écrit par Jacob Gunness en 1990, fort utile pour ceux qui auraient le courage d'essayer de finir The Hobbit de nos jours. Mais même si vous n'en avez pas l'intention, vous aurez grâce à lui une idée des commandes qu'on pouvait utiliser dans ce jeu - l'interpréteur est, comme je le disais, assez costaud : (You begin in your cosy little hole) READ MAP, E, E, N, WAIT (till dawn breaks. The trolls have now turned to stone. He-he!), S, GET KEY, N, UNLOCK DOOR, OPEN IT, N, GET ROPE AND SWORD, S, S, SE, GIVE MAP TO ELROND, SAY TO ELROND "HELLO", SAY TO ELROND "READ MAP" (this gives you a hint), WAIT (until Elrond gives you some lunch), EAT LUNCH, SAY TO ELROND "GIVE ME MAP", E, S, E, N, NW, N, SE, D, D, D, D, E, GET GOLDEN KEY, U, N, W, S, E, N, WAIT (till the crack opens and you are captured. You are thrown into a dungeon), DIG, SMASH TRAP DOOR (until it breaks. Under it is Curious Key, which Thorin takes), SAY TO THORIN "OPEN WINDOW", SAY TO THORIN "PICK ME UP", SAY TO THORIN "WEST", SW, WAIT (until a goblin enters), N, SE, E, GET RING, N, S, NW, E, OPEN DOOR, U, CLOSE DOOR, E, E, OPEN CURTAIN, OPEN CUPBOARD, GET FOOD, EAT IT, NE, E, E, LOOK ACROSS RIVER (you spot a boat), THROW ROPE ACROSS RIVER (keep trying until you hit it), PULL ROPE (you pull the boat across the river), SAY TO THORIN "CLIMB INTO BOAT", CLIMB INTO BOAT (it floats to the other shore), CLIMB OUT, E, SMASH WEB (till it breaks), NE, SMASH WEB, N, WEAR RING, EXAMINE DOOR, WAIT (until the door opens), NE, S, KILL BUTLER WITH SWORD, GET RED KEY, UNLOCK RED DOOR WITH RED KEY, OPEN DOOR (if Thorin has been caught, he should come out now), OPEN BARREL, OPEN TRAP DOOR, GET BARREL, THROW IT THROUGH TRAP DOOR, SAY TO THORIN "JUMP ONTO BARREL", GET BARREL, THROW IT THROUGH TRAP DOOR, JUMP ONTO BARREL (you sail down to Long Lake), E, PICK UP BARD, W, N, U, N, NW, N, W, E, NW, N, WAIT (until the sun shines on the rock and opens Secret Door), SAY TO THORIN "UNLOCK DOOR WITH CURIOUS KEY", DROP BARD (it's a good idea to save your game here, since Thorin has a bad habit of walking down to the dragon and becoming toast!), E, SAY TO THORIN "WEST", WEAR RING, E, GET TREASURE, E, W, PICK UP BARD, U, DROP BARD, SAY TO BARD "GET STRONG ARROW FROM QUIVER" (if he takes too long, restore), WAIT (till the dragon appears), SAY TO BARD "SHOOT DRAGON", S, S, S, D, S, S, S, WEAR RING, W, WAIT, WAIT (watch out for those spiders!), W, WAIT, WAIT, W, N, SW, W, W, W, W, SW, W, OPEN CHEST, PUT TREASURE IN CHEST (Congratulations. You have killed Smaug and found the treasure - a real thief!)
NOTES:
1. All interactive commands are for guidance only. There is no guarantee that whoever you want to talk with is at the place at the time which the solution states. Otherwise you'll just have to go find him! There is no guarantee, either, that those persons will actually do what you ask them to. Hooray for intelligent NPCs! Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (12 réactions) |