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Demolition Racer
Année : 1999
Système : Dreamcast, Windows, Playstation
Développeur : Pitbull Syndicate
Éditeur : Infogrames
Genre : Jeu de Course
Par Barbo (03 mars 2003)

Si vous croyez que le stock-car vidéoludique se résume à Destruction Derby et ses suites, détrompez-vous !

Pitbull Syndicate est un studio de développement qui n'a pas vraiment la côte à l'heure actuelle. C'est en effet ce développeur qui aujourd'hui maintient en vie la saga Test Drive, et ce depuis le quatrième épisode. Dans l'ensemble, force est de constater que la presse a toujours été divisée sur la façon dont Test Drive a évolué, la série étant aujourd'hui plus ou moins reléguée au rang de sous-Need For Speed (qui au passage n'aurait jamais existé sans Test Drive). Le septième et dernier volet en date, Test Drive Overdrive, n'a pas convaincu et l'image de Pitbull Syndicate en a probablement pâti à nouveau. Cet acharnement (toutes proportions gardées) de la presse (Pitbull Syndicate = développeur des derniers Test Drive = bof, pas terrible) est vraiment dommage, car non seulement les derniers épisodes de Test Drive me paraissent loin d'être mauvais, mais c'est surtout oublier un formidable éclair de génie qui a traversé les gars de Pitbull Syndicate à la fin des années 90, une véritable bombe de fun, de tonicité, d'intensité et de démesure qui fait passer Destruction Derby au rang de grand-père et reste selon moi LA référence absolue des jeux de stock-car : Demolition Racer. Si c'est à Accolade que l'on doit le design du jeu, il faut saluer la performance des programmeurs de Pitbull Syndicate qui ont su donner vie à ce concept avec un brio remarquable, ce que l'on peut constater dès le lancement du jeu : l'intro est absolument hilarante, elle est à elle seule une scène culte (je pense que ceux qui la connaissent me comprennent).

Dans Demolition Racer, il faut éventuellement gagner mais aussi voire surtout détruire : le principe de base du jeu repose en effet sur cette double performance. En clair, ce n'est pas votre position à l'arrivée qui vous fait gagner ou perdre la course, mais le nombre total de points que vous obtenez à la fin de celle-ci. Pour gagner des points, c'est bien simple : il faut foncer sur vos concurrents (il y a seize voitures au départ d'une course) et les emboutir. Le nombre de points obtenu à chaque choc dépend de la violence de celui-ci et de l'événement qu'il peut éventuellement déclencher : ainsi vous obtiendrez de 5 à 50 points selon la violence du choc provoqué, 5 points supplémentaires si le choc en question envoie la voiture touchée contre les rebords de la piste, 5 à 25 points selon l'angle de la rotation effectuée par une voiture lors d'un choc, 60 points si le choc enflamme la voiture, et 75 points si ce choc détruit la voiture. Enfin, il reste un cas à part, la « mort gratuite » qui consiste à atterrir sur une voiture concurrente après un saut, auquel cas la voiture en question est immédiatement hors-course, vous rapportant 500 points... Cet événement est cependant très rare.

Une fois la course terminée, l'ordinateur multiplie votre nombre de points par un coefficient dépendant de votre position d'arrivée (de 25 pour le premier à 0 pour le seizième), calculant ainsi votre nombre total de points. C'est ce dernier qui détermine votre performance globale et donc votre position finale. On peut donc très bien remporter une course en étant très agressif et sans forcément finir premier (cela est moins vrai dans les derniers championnats, où il vaut mieux être agressif ET finir premier). Vous devez finir parmi les cinq premiers d'une course pour passer à la course suivante dans le championnat amateur (quatre courses), parmi les trois premiers dans le championnat semi-pro (six courses) et premier dans les championnats pro (huit courses), endurance (dix courses) et stade (trois épreuves de survie dans des arènes). Au fur et à mesure que vous remportez ces championnats, vous débloquerez des voitures, des circuits et de nouveaux modes de jeu sur lesquels on reviendra plus loin.

Et sur la piste, ça donne quoi ? Hé bien le moins que l'on puisse dire, c'est que les enfants de chœur n'ont guère leur place dans Demolition Racer. L'agressivité des concurrents fait presque frémir tant les accidents au cours d'une course sont multiples et violents. À côté, Destruction Derby fait quasiment figure de promenade du dimanche. Les dégâts provoqués sont très bien rendus avec des capots qui s'ouvrent et s'envolent quelque temps après et des carrosseries qui n'en finissent pas de se froisser ; les sensations de vitesse sont incontestables et élèvent encore un peu plus la tension. Heureusement, quelques rares bonus, souvent peu visibles car généralement placés dans des endroits difficiles d'accès à pleine vitesse (bords de la piste, intérieur d'un virage, après un tremplin, près d'une caisse de TNT...) peuvent vous aider. Ces bonus se présentent sous la forme de caisses dont l'effet est immédiat dès que vous passez dessus : points supplémentaires, réparation ou invulnérabilité temporaire. Par contre, il faut absolument éviter les caisses de TNT (plus faciles d'accès que les bonus, évidemment !) qui endommagent sérieusement votre véhicule tout en lui faisant faire un joli vol plané. Les circuits sont d'un accueil fort peu chaleureux, en attestent leurs caractéristiques : virages relevés, bosses, trous, tremplins, rétrécissements de voies, rien n'est fait pour faciliter la tâche du joueur, excepté les bonus.

Vol au-dessus d'un nid de TNT...

On en vient d'ailleurs à l'une des caractéristiques de Demolition Racer : le jeu est franchement difficile et il faut beaucoup de pratique pour en venir à bout. Les concurrents étant très agressifs, ils marquent beaucoup de points et faire au moins aussi bien qu'eux est loin d'être évident, surtout dans les premières parties où il faut apprendre à concilier agressivité et vitesse. Cependant, les sauvegardes sont très bien pensées puisque celles-ci s'effectuent automatiquement dès que vous vous êtes qualifié pour la course suivante (si toutefois vous sortez proprement du jeu car je me souviens d'une fois où j'avais fait Alt + F4 après m'être énervé sur un circuit que je n'arrivais pas à passer et lorsque j'ai relancé le jeu le lendemain j'ai dû me retaper le circuit précédent...). Le jeu nécessite donc de la patience et de (très) nombreuses tentatives seront parfois nécessaires pour venir à bout d'un circuit. Malgré cela, on ne se lasse pas d'essayer et réessayer à nouveau, tant la déjante caractérisant une course dans Demolition Racer finit toujours par donner l'envie d'y retourner.

Si l'on achève tous les championnats du jeu, on se retrouve avec dix circuits (disponibles aussi en sens inverse), trois arènes de destruction, huit voitures et cinq modes de jeu différents (championnats exceptés). Les circuits proposent des environnements variés tels qu'une autoroute en travaux, un porte-avions, une usine chimique ou encore un cimetière de voitures. Du côté des véhicules, le panel est tout aussi varié et va de la voiture sans permis jusqu'au van en passant par des modèles rappelant les années 60 ou 70 et même un corbillard ! L'ensemble est donc franchement décalé et donne au jeu une incontestable fraîcheur comparé à ses homologues de chez Psygnosis. Pour ce qui est des modes de jeu, on retrouve le principe de base sous forme de course simple (mode Demolition), la Poursuite qui consiste simplement à finir la course en première position, le mode Poule Mouillée où l'on doit boucler les trois tours de circuit le plus vite possible à la particularité près que l'on court dans le sens inverse de celui dans lequel courent les quinze autres concurrents, le mode Dernier Homme dans la Course (le nom est un peu long mais a le grand mérite d'être très explicite) et le mode Suicide où il faut détruire sa voiture en premier pour être déclaré vainqueur.

Une américaine des années 50/60 et le fameux corbillard

La réalisation de Demolition Racer est variable selon les versions. Les graphismes ne souffrent aucun reproche en termes de finesse (sauf la version Playstation qui est franchement laide si l'on en croit Jeuxvideo.com, ce qui ne les a pas empêchés de noter le jeu 16/20). La jouabilité est très voire trop nerveuse avec des véhicules qui réagissent immédiatement à la moindre sollicitation du pad. Les voitures partent facilement en dérapage et il est souvent difficile d'en garder le contrôle, ce qui augmente encore la difficulté déjà élevée du titre. Curieusement, le jeu est bien plus jouable au clavier (en tout cas c'est l'impression que j'ai eue) et l'on maîtrise mieux son véhicule durant la course.

Une mention spéciale doit par contre être décernée concernant un fait très constant dans les jeux de course conçus et/ou développés par Accolade : les musiques sont excellentissimes. De Fear Factory (dont l'un des membres, Raymond Herrera a participé au bêta-test du jeu) à Junkie XL en passant par Empirion ou Cirrus, la bande-son tape dans le haut de gamme, bien que les morceaux de certains circuits ne soient pas vraiment appropriés à la folie d'une course de stock-car. Les bruitages sont très bons et participent plutôt bien à l'ambiance. La durée de vie est très bonne même s'il faut souligner qu'elle est en grande partie due à la difficulté du jeu.

Plusieurs défauts non négligeables sont encore à préciser : les couleurs des textures sont sombres et rendent l'atmosphère du soft un peu triste, au point qu'on a parfois besoin d'augmenter le contraste ou la luminosité de l'écran pour y voir un peu mieux (NdL : c'est d'ailleurs ce qui a été fait pour les captures d'écran de cet article, et pas qu'un peu). En termes de gameplay, les quelques caprices météorologiques intervenant de temps à autres n'ont quasiment aucune influence sur le comportement de la voiture, la jouabilité étant presque identique sur sol mouillé comme sur sol sec (ce qui n'est pas forcément un mal eu égard au niveau de difficulté) ; seul le brouillard complique un peu les choses en réduisant la visibilité. Il est également dommage que l'on ne puisse choisir le nombre de tours (trois me paraît un peu juste) et que les épreuves Dernier Homme dans la Course et Suicide se déroulent exclusivement dans les trois arènes du jeu. Ça n'a l'air de rien, mais un peu plus de possibilités sur ces deux derniers détails auraient permis à mon avis d'allonger la durée de vie du jeu sans que cela paraisse artificiel.

Un extrait du mode Suicide (AU SECOURS !!!!!!!)

Cela dit, il n'y a pas non plus de quoi crier au scandale, et l'on oublie ces défauts assez rapidement dès qu'on fonce tête baissée sur les voitures pour les faire valser. Demolition Racer est vraiment un très grand moment de fun et de défoulement, un jeu très abouti qui malgré d'excellentes critiques semble être aujourd'hui tombé dans les oubliettes : lors de la sortie au printemps 2002 du jeu Crash sur Xbox (autre jeu de stock-car, qui n'a que peu convaincu apparemment), tout le monde semblait n'avoir en tête que Destruction Derby comme référence dans le genre, comme si Demolition Racer n'était jamais sorti. Voilà qui est très dommage, tant le titre de Pitbull Syndicate me paraît d'une supériorité évidente à son aîné. Peut-être que les possibilités on-line promises pour Destruction Derby 4 sur PS2 justifieront cette attitude, en attendant, Demolition Racer reste pour moi l'incarnation ultime du stock-car ludo-numérique (copyrightJoypad). Si vous parvenez à le dénicher en occase, n'hésitez pas.

Barbo
(03 mars 2003)
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