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Bad Mojo
Année : 1996
Système : Mac, Windows
Développeur : Pulse
Éditeur : Acclaim
Genre : Aventure / Point'n click
Par Djib (04 février 2002)

En 1996 Pulse, développeur californien particulièrement créatif et déjà responsable d'Iron Helix (l'un des premiers jeux sur CD-ROM disposant d'un vrai environnement 3D) lance sur le marché un véritable Ovni vidéo-ludique : Bad Mojo (littéralement : le mauvais gri-gri).

Dans la métamorphose, Kafka imaginait qu'un matin un personnage se retrouvait transformé en cafard, eh bien dans Bad Mojo vous allez pouvoir vivre cette expérience et devenir un misérable petit insecte. Originalité est le mot qui caractérise le plus Bad Mojo, c'est en effet un jeu d'aventure totalement à part, une joyeuse incursion dans le monde sordide et glauque de la vermine (au sens propre).
Il constitue une délicieuse exception dans le monde des jeux d'aventures : il ne ressemble à aucun jeu précédent et n'inspirera aucun jeu suivant.

Vous incarnez Roger Samms, un biologiste un peu dérangé qui projette de détourner les fonds qui lui ont été accordés pour développer des insecticides. Mais au moment de subtiliser l'argent et de s'enfuir avec son magot, Roger est soudainement métamorphosé en blatte, en cafard, en vermine quoi ! À vous de découvrir qui est derrière cette sorcellerie et d'essayer de retrouver votre nature humaine...

En adoptant le point de vue de l'insecte, l'aventure vous fait vivre des péripéties incroyables qui sont le quotidien d'un cafard. Le jeu est composé d'une suite d'écran fixes très finement réalisé et dans lesquels vous baladez votre corps d'insecte avec les flèches du clavier. Vous n'avez pas d'inventaire, ne pouvez pas parler avec d'autres personnages mais comment faire alors pour progresser dans l'aventure ? Et bien en faisant fonctionner votre cerveau et en manipulant des objets, en effet chaque endroit visité constitue une sorte de petite énigme qu'il faut résoudre pour faire avancer l'histoire. Par exemple en faisant pivoter un vieux mégot encore fumant, vous empêchez une agressive araignée de se ruer vers vous.

L'ambiance dans Bad Mojo revêt un aspect très important : vous passez en effet de longs moments à vous balader seul à travers des décors particulièrement glauques et ceux-ci sont très réussis : on y croise des pièges pour insectes, des rats crevés, des tâches de sauce, des ordures diverses, bref les graphistes se sont attachés à recréer avec beaucoup de réalisme les textures les plus sordides possibles. De nombreux détails bien sympathiques contribuent à cette ambiance excellente, par exemple le rat crevé dans un piège au début du jeu ne l'est qu'à moitié : si votre cafard passe trop près de sa gueule il se fait croquer... La qualité globale de la réalisation est excellente (surtout pour l'époque) et les animations du cafard sont très réalistes.
Au fil de l'aventure des flashes-back se déclencheront lorsque vous passerez à certains endroits (photos, journaux ...) et permettrons de vous en apprendre un peu plus sur votre malédiction et peut-être de retrouver votre nature humaine...

La richesse des énigmes, la simplicité du maniement, la qualité de l'ambiance et des graphismes font de Bad Mojo une expérience ludique inoubliable. Évidemment, il ne faut pas être trop dégoûté par les endroits sinistres où votre cafard se ballade, ni dérouté par l'originalité de l'aventure.
À noter que Pulse suite au peu de succès public de Bad Mojo (malgré d'excellentes critiques) s'est finalement recyclé depuis quelques années dans le marché de la 3D sur le web avec sa technologie Pulse 3D et ne développe plus de jeux. C'est bien dommage...

Djib
(04 février 2002)
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