Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (19 juin 2019) À bien des égards, la Nintendo Wii a été une console importante pour l'histoire du jeu vidéo contemporain, au même titre que le furent, jadis, l'Atari 2600 ou la NES. Elle fut importante par son succès populaire, qui introduisit le jeu vidéo à des publics qui, jusqu'alors, ne s'y étaient guère intéressés ; importante par son principe de motion gaming, qui provoqua une vague d'imitation importante dans l'industrie, quand bien même cela n'aurait-il observé que quelques années seulement ; importante pour sa philosophie, en montrant que bien que les graphismes et la puissance de calcul soient nécessaires pour améliorer les possibilités de jeu, ils ne devaient point être le point focal absolu des développeurs. Aux côtés des ordinateurs effectivement, la console accueillit un assez grand nombre de jeux de cet ordre, le système de pointage de la manette allant assez bien avec ceux-ci. Que ce soit par l'intermédiaire d'adaptations de licences venues du monde du micro, comme Runaway 2, de suites de grands classiques comme Monkey Island ou Sam and Max, ou encore de licences produites par Nintendo lui-même comme Another Code R, cette renaissance du p'n c, à laquelle on assistait depuis le début des années 2000 suite à sa disparition lors de la décennie précédente, envahit également le marché des consoles grâce à la Wii. Oh hisse-et-ohL'histoire de Zack & Wiki nous place dans un univers fortement inspiré par l'imaginaire de la piraterie, dans un esprit se revendiquant notamment de L'Île au trésor de Stevenson et, par ricochet, de Monkey Island qui doit évidemment beaucoup à ce roman fondateur. Zack, un enfant pirate, est accompagné d'une sorte de singe magique, Wiki, les deux faisant partie d'un équipage de forbans nommé les "Lapins des mers". Au cours d'une bataille les opposant à un gang rival, Zack et Wiki trouvent le crâne doré, et doué de conscience, de Barbaros, un chasseur de trésors légendaire. Celui-ci leur promet alors de les conduire à sa cache secrète, si et seulement s'ils l'aident à retrouver les parties disparues de son corps, éparpillées à la venvole au travers des océans. Le monde dépeint par Z&W est un mélange détonnant de plusieurs univers, conciliant la rondeur de son style anime et des thèmes renvoyant à la grande ère de la piraterie moderne, dans un esprit rappelant tantôt le manga One Piece, qui fêtait à la sortie du jeu ses dix années d'existence, tantôt les films Pirates des Caraïbes, dont le premier épisode sorti en 2003, tantôt Skies of Arcadia ou Megaman Legends, variation du héros de Capcom dont l'univers et les graphismes ont dû, à un moment donné du développement, influencer le résultat final. Ne serait-ce, Wiki et Data semblent sortir du même ventre, du moins, je ne pouvais à l'époque faire l'économie de ce rapprochement. La progression dans notre partie est segmentée effectivement par niveaux, plutôt que de nous faire traverser, à l'image des jeux d'aventure que je donnais en introduction, un vaste univers dans lequel il faudra résoudre plusieurs énigmes. Z&W reprendrait, en esprit, le principe d'un jeu d'aventure par tableaux, à l'image par exemple de la série Gobliiins, bien que la progression dans ceux-ci soit assez libre. On pourra ainsi régulièrement choisir la prochaine grande énigme à résoudre, et souvent les stages proposeront plusieurs issues. On a ainsi véritablement l'impression de suivre une véritable chasse au trésor, et on évite ainsi une monotonie que l'on aurait pu craindre. À l'instar des jeux Sierra, Z&W propose un système de score récompensant votre sagacité et votre habileté. Plus la solution proposée est ingénieuse, et moins avez-vous eu de difficultés pour l'appliquer, plus le jeu vous récompensera en points. Ces points augmentent une sorte de « réputation totale », vous permettant d'accéder à des niveaux bonus et à d'autres trésors, ainsi qu'à différents items facilitant votre progression. Dans la mesure où l'on pourra toujours revenir dans des niveaux antécédents pour améliorer son capital, c'est là une idée pertinente pour encourager la rejouabilité, et on est surpris de l'intelligence des concepteurs. Ding-dong, transforme-toi !L'autre caractéristique fondamentale du jeu, permettant du reste à cette liberté résolutive de briller, c'est la façon dont nos héros interagissent avec leur environnement. Le joueur contrôle Zack, dans des environnements clos se présentant soit sur un plan de côté, le jeu s'approchant alors d'un platformer traditionnel, soit en trois-dimensions. Le singe Wiki, quant à lui, suivra docilement son ami mais, d'un geste, il peut se transformer en clochette magique. Lorsqu'on la fait tinter au contact d'un objet mobile ou d'une créature, animal ou personne, Wiki transformera ainsi ledit élément en quelque chose d'autre. Cette dynamique de transformation, qui sédimente la résolution de la majorité des énigmes du jeu, est à la fois un principe ludique des plus réussis, puisque l'on est toujours étonné des associations que nous proposent les développeurs, et un principe de résolution des énigmes particulièrement stimulant. En jouant, ainsi, sur le retour d'un objet à son contrepoint animé, on compense l'inventaire unique de Zack, et on prend grand plaisir à faire interagir ces éléments entre eux et avec le décor pour résoudre les différents problèmes qui s'offrent à nous. On regrettera néanmoins que pour utiliser la cloche, il faille agiter la Wiimote ; et ce geste devant se faire souvent, et parfois en série, il peut être rapidement fatigant. De même, la majorité des actions que l'on accomplira avec ces éléments exigent une utilisation de la Wiimote, par exemple pour scier du bois. Cela n'est pas gênant en tant que tel, mais dans la mesure où notre récompense en points dépend également de notre efficacité gesticulatoire, il arrive régulièrement que l'on n'atteigne point le score maximal à cause d'un défaut de reconnaissance de la manette. Ce problème de points, cependant, n'est pas la seule conséquence néfaste de cette imprécision. En effet, et à l'image de beaucoup de jeux Sierra, Z&W est un jeu d'aventure aux situations bloquantes et mortelles. Bien que le jeu soit, dans l'ensemble, assez généreux, notamment en vous permettant d'acheter des indices vous indiquant l'étape subséquente d'un fil de résolution particulier, il est possible d'échouer, soit en se retrouvant dans une situation inéchappable, soit en mourant effectivement des mains d'un ennemi ou d'un piège. Bien que la majorité de ces impasses soient téléphonées, et que l'on ne soit alors jamais surpris des conséquences funestes de nos actions, il est des niveaux plus vicieux que d'autres. Zack & Wiki est effectivement un jeu d'aventure qui, du point de vue de sa difficulté, peut apparaître souvent inégal, même s'il est toujours ardu de faire la part des choses dans ce genre particulier tant les sensibilités individuelles diffèrent. Du point de vue personnel, je considère néanmoins le jeu comme assez difficile et ce dès ses premiers instants, indépendamment même des solutions alternatives que j'évoquais plus haut. Dès les premiers stages, l'on nous demande de faire preuve d'une intelligence certaine et d'un sens aigü du timing. Et même si nos premiers échecs ne se scandent pas par une issue fatale, puisqu'il est toujours possible de recommencer la séquence d'actions dès le commencement, ce n'est pas le cas des niveaux ultérieurs qui nous punissent cruellement à la moindre imprécision, la chose étant poussée à son paroxysme dans les niveaux secrets du jeu, d'une méchanceté rarement entrevue. Et une bouteille de rhum !Que cela soit à cause de ces choix de gameplay, ou bien parce qu'il s'agissait là d'une nouvelle licence, force est de reconnaître que le jeu ne rencontra point son public. Malgré une puissante campagne marketing et des critiques élogieuses de la part de la presse spécialisée, les ventes furent incroyablement décevantes, que ce soit au Japon comme ailleurs, et Capcom fit rapidement savoir qu'il n'avait aucunement l'intention de donner une suite au jeu. Plus d'une décennie plus tard, Zack & Wiki a effectivement rejoint la cohorte nombreuse des one shots, des jeux auxquels on n'accorda aucune seconde chance et qui ne survivent que grâce à la mémoire des joueurs. Peu de références sont effectivement faites au titre aujourd'hui, aucune annonce de portage sur console virtuelle n'a été faite, et le jeu semble destiné à doucement disparaître de la marche du temps. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (168 réactions) |