Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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G.III - Un regard sur le dessin animéNous y venons enfin. Pokémon est, j'ai tenté de vous en convaincre depuis plusieurs pages, un jeu d'une qualité rare qui a su se renouveler au fil des années et des générations, avec plus ou moins de bonheur parfois mais toujours avec ferveur. À lui seul, il aurait pu devenir un titre incontournable de Nintendo, un coup de génie qui aurait su reproduire les chocs qu'ont été Super Mario Bros., The Legend of Zelda et tant d'autres. Mais à nouveau, restons honnêtes : ce qui a su propulser cette série-ci sur le devant de la scène, bien plus que la presse ou une campagne marketing « traditionnelle », c'est bel et bien la série animée Pokémon. Nintendo et les dessins animés, cela a toujours été une histoire d'amour : de Captain N à The Legend of Zelda en passant par le fameux Super Mario Brothers Super Show, Nintendo n'a pas attendu les années 1990 pour promouvoir et faire vendre leurs jeux, consoles et accessoires par l'intermédiaire de la télévision. Pokémon, cependant, marque une certaine rupture avec ce principe : si, auparavant, le dessin animé arrivait bien après la sortie des jeux en magasin et cherchait davantage à créer un « bastion de fans » (c'était l'époque du « Nintendo Club » et de Nintendo Power), ici, sa création et sa diffusion étaient concomitantes à celle du jeu vidéo. De plus, on remarquera la fidélité extrême (du moins, pour un produit du genre) à sa source, les lieux, personnages - du moins les principaux - et antagonistes rencontrés seront les mêmes que dans le jeu vidéo. Comme je l'avais annoncé en début de dossier, l'objectif de la série animée Pokémon est avant tout didactique. Les aventures de Sasha et de son fameux Pikachu ont été pensés, créés, diffusés de façon à servir de « tutoriel » aux joueurs dans un premier temps, tant les règles de Pokémon peuvent paraître obscures pour un enfant ou un joueur guère habitué aux RPG, genre qui à l'époque restait malgré tout confidentiel et ce jusqu'à la sortie de Final Fantasy VII aux États-Unis et en Europe. Concrètement, chaque épisode de la série animée, et ce quelle que soit la saison, est consacrée à un et un seul thème spécifique : la découverte d'un pokémon sauvage et de ses capacités, un lieu, un champion d'arène... Et, dans chacun des épisodes ou presque, l'on trouve la Team Rocket ou, du moins, trois de ses représentants : Jessie, James et Miaouss, qui vont tenter de faire des bêtises et, surtout, de capturer le Pikachu de Sasha qu'ils jugent surpuissant. Plus drôles que dangereux, ils sont rentrés dans l'histoire grâce à leur « chanson », un leitmotiv qu'ils scandent à chacune de leur apparition : « Nous sommes de retour ! Jessie : Afin de préserver le monde de la dévastation ! Jessie ! James ! Jessie : La Team Rocket plus rapide que la lumière ! Et, bien entendu, dans chaque épisode ils se feront tatanner le visage et se feront expulser manu militari dans une grande explosion les expédiant dans les nuages, où ils hurlent alors : « Une fois de plus la Team Rocket s'envole vers d'autres cieux ! » D'autres membres de la Team Rocket et des autres factions bio-terroristes (Team Aqua, Magma...) apparaîtront au cours de l'aventure, mais ce trio infernal restera encore et toujours présent, bénéficiant du reste d'un engouement formidable de la part des spectateurs, et non sans raison. Le dessin animé Pokémon ne restera pas, soyons honnêtes, dans les annales de l'animation japonaise ; n'eût été le « phénomène » des monstres de poche, le show n'aurait même pas duré une saison. Très brouillon dans sa narration, animation en dents de scie, messages simplexes... Pokémon est la cible de choix favorie des opposants aux produits nippons, qui arguent systématiquement que ce sont des œuvres imbéciles et incapables d'élever la jeunesse. Alors, bien sûr, ces scènes-ci étaient loin d'être du niveau des cartoons de Nickelodeon mais ils apportaient une soupape de décompression nécessaire qui élevait légèrement le dessin animé et le rendait « acceptable » pour les grands enfants ou les pré-ados, du moins, largement plus regardable. Une fois tout ceci supprimé, nous nous retrouvions devant une soupe sans saveur et quand bien même l'on serait fan du jeu comme je l'étais, au fur et à mesure, l'on ne peut que s'en détourner. Son besoin de mener une « grande aventure » prend rapidement le pas sur les bribes d'informations que l'on aurait pu récupérer dans le jeu lui-même, informations du reste bien mieux développées et bien plus riches, et le tout devient rapidement indigeste.
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