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Jet Set Radio Future
Année : 2002
Système : Xbox
Développeur : Smilebit
Éditeur : Sega
Genre : Action

Mais JSRF, est-ce qu'on l'aime ?

Si je me loupe...
Grospixels n'encourage le tag que dans JSRF, et seulement si l'on fait peur aux vieilles dames en partant.

Malgré toutes ces améliorations, Jet Set Radio Future s'est quelque peu retrouvé au cœur de la polémique. Du point de vue grand public, force est de constater que le titre ne s'est pas extrêmement bien vendu, mais à peu près pour les mêmes raisons que son grand-frère sur Dreamcast : trop associé à de vulgaires simulations de roller sans identité qui avaient inondées le marché à cette époque (Rolling, ou le plus réussi Agressive Inline pour ne citer qu'eux), et par son image anti-conformiste qui effraie les mères de famille, Jet Set Radio Future n'a trouvé son bonheur qu'auprès de ceux qui ont connu et fini le premier épisode, et qui l'attendaient avec impatience.

Mais même dans cette catégorie de joueur, JSRF n'a pas fait l'unanimité. Après une longue enquête auprès de plusieurs personnes qui ont manifesté un avis négatif, voici les points qui en ressortent.

Test Run face à Cube dans les profondeurs...
Encore un délire des programmeurs !

La difficulté générale a été revue à la baisse : fini le temps limité, ce qui enlèvera l'une des sources de stress principales inhérentes au premier volet, Jet Set Radio Future se découvre à son rythme ; d'autant plus qu'il est possible de sauvegarder à tout moment dans chaque niveau, on comprendra qu'il y a peu de chances de voir l'écran Game Over, sauf dans les niveaux Pharaoh Park et Square Dinosaurian Square qui pratiquent le saut à l'élastique sans élastique. Certes, le challenge se corse au fur et à mesure des neuf chapitres, mais sincèrement, il n'y a pas de quoi s'arracher les cheveux, surtout si l'on a maîtrisé le premier volet.

Hayashi, le fou furieux de service.
Vite, se tirer d'ici !

Et la gestion des forces de police n'arrange rien à l'affaire : finies les courses poursuites frénétiques avec Onimusha aux fesses, exit les grinds entre les tanks pour plier un niveau ; dans JSRF, les interventions de l'inspecteur Hayashi, un grand malade aux cheveux blancs et aux yeux injectés, sont scriptées. En gros, à plusieurs moments de chaque niveau, des grilles électrifiées viennent bloquer le passage, et des troupes de la police Rokkaku s'attaquent au héros. Et sincèrement, le défi n'est pas à la hauteur.

Seul lot de consolation : les boss. Hayashi est un personnage qui regorge d'imagination, et les moyens qu'il va déployer à plusieurs reprises sont très impressionnants, donnant lieu à des duels épiques, et un peu plus difficiles.

Des boss complètement fous vont donner du fil à retordre aux GG.

Étant donné que la gestion des tags a été simplifiée, beaucoup se sont demandé quel pouvait être l'intérêt du jeu ! Je pense, pour ma part, que l'objectif de JSRF a été recentré sur l'exploration, et sur un déroulement du scénario plus développé. Avec sa quinzaine de niveaux au relief complètement halluciné, l'ajout d'un temps limite aurait été excessif. Et comme beaucoup de tags se pratiquent en grindant sur des câbles électriques, voire aussi en vertical, la présence des QTE, les manipulations nécessaires du premier volet, n'était pas gérable.

Vous n'êtes pas au bout de vos surprises...
Vitesse et virages vertigineux sont les maîtres mots de JSRF.

Bien que la grande majorité des emplacements à tagger se situe sur le parcours principal de chaque niveau, certains, particulièrement bien cachés, ou visibles mais difficilement accessibles, peuvent vous faire tourner chèvre ! Manier la carte modélisé en troidé, et la faire tourner dans tous les sens s'avèrera absolument nécessaire pour boucler les différentes sections du jeu. Par exemple, Rokkaku-dai Heights et les égouts de Tokyo-to misent à fond sur cet aspect recherche qui pourra poser problème si l'on a du mal à visualiser le niveau (peut-être à cause du Cell-Shading), ou si l'on n'applique pas une méthodologie construite d'exploration ; par contre, dans Pharaoh Park et dans la Zone résidentielle fortifiée, le défi ne situe pas dans la localisation des objectifs, mais dans la manière de les atteindre ; pour Sky Dinosaurian Square et Kibogaoka Hill, il s'agira plus de maîtriser sa vitesse et ses trajectoires en grind... Et de savoir atterrir au bon moment. Il y en a vraiment pour tous les goûts, et ces orientations de gameplay contribuent à renouveler le fun dans le jeu.

DJ Kouji, dans ses oeuvres, répand le mal par sa musique hypnotique.

Et si l'aventure se boucle au bout d'une vingtaine d'heures, une durée somme toute très honorable, sachez que tout n'est pas fini ! En effet, de nombreux challenges s'offrent au joueur, dans cet ordre précis : tout d'abord, il s'agit, dans chaque niveau, de récupérer une cassette audio qui va débloquer cinq « Street Challenges ». Au menu, score à atteindre, combos de grinds, combos aériennes, figures enchaînées et un objectif spécifique par endroit sont à réussir. À chaque objectif rempli, un « Soul Graffiti », ces logos disséminés un peu partout qui donnent un nouveau graffiti (ces derniers peuvent toujours être créés), apparaît, s'ajoutant aux cinq premiers prenables par défaut dans chaque niveau.

Et un Soul Graffiti de plus, un !
Les petits carrés, sur la carte, se sont des immeubles... Et il faudra les visiter un par un...

Et lorsque tous les Soul Graffiti sont récupérés dans un niveau, jusqu'à quatre épreuves sont disponibles chez Roboy : Jet Rush, le défi course ; Jet Graf, le défi tag ; Jet Tech, le défi score ; et Jet Flag, le défi checkpoint. Un score Jet dans ces épreuves, ce qui s'avère moins dur que dans JSR, et un nouveau personnage se retrouve dans les rangs ! Il y a en tout vingt-quatre protagonistes, dont la moitié se débloque par ce moyen. Une fois le jeu terminé, un défi tag est réapparu, tous les niveaux sont à re-décorer, avec certains emplacements vraiment tendus à avoir.

Jet Set Radio a également, malgré lui, distillé une image agressive, par une bande son plus éclectique, un design des personnages plus futuriste et moins funky, et dans un plan général, un Tokyo-to ultra-moderne, à l'architecture avant-gardiste et à sa population en tenue de cosmonaute. Qui plus est, les premiers dialogues avec l'équipe présente dans le garage, ou avec les autres riders rencontrés dans les niveaux ne fleurent pas forcément la franche camaraderie ; par exemple, Roboy, le robot qui sert de menu principal, est affublé d'un caractère horrible.

Agréable, ce Roboy...
...mais plus sympathique que ces donzelles.

Et pourtant, JSRF n'est pas si loin de son grand frère : tout le monde, excepté Hayashi, apparaît toujours en dansant en rythme, amis comme ennemis. Même le boss de l'histoire, DJ Kouji, se prend toujours pour un yakuza des platines, une idée terrible ! Et l'esprit insufflé dans cet épisode est le même que sur Dreamcast... Ceux qui ont vu la fin comprendront de quoi je parle. Et à part un morceau de rap, et quelques paroles explicites dans une ou deux chansons (que l'on ne comprendra qu'à la lecture de celles-ci... je pense à Birthday Cake), ou dans les premiers dialogues qui traduisent la tension qui règne dans Tokyo-to, l'ambiance n'est surtout pas aussi « Gangsta » que l'on pourrait le croire de prime abord. Mêmes les dialogues de Professeur K apparaissent moins trash que sur Dreamcast, où l'on apprenait que les Noise Tank se nourrissaient des pilules hallucinogènes, et finissaient par trépaner Pots le chien mascotte des GG...

Highway Terminal sous l'influence de DJ Kouji.
Gloire à Professeur K !

JSRF se veut comme une expérience personnelle, finalement très intime, et par conséquent très subjective. Il ne faut peut-être pas y chercher exactement le même challenge que dans Jet Set Radio, mais personnellement, j'y ai trouvé tout ce que j'y espérais. Avec des contrôles parfaits, un univers démentiel, une bande son hypnotique et une aventure qui tient le joueur en haleine, JSRF cartonne un max. Un avis sincère à celles et ceux qui ont été rebutés par les points négatifs énoncés plus haut : ne vous arrêtez pas à ce détail, il disparaît tellement vite que j'ai dû recommencer l'aventure depuis le début pour m'en apercevoir, c'est dire si on les oublie rapidement dans le feu de l'aventure ! Ce jeu procure des sensations incroyables, l'immersion totale est garantie. Et au prix où l'on trouve ce titre de nos jours, il n'y a plus aucune excuse pour passer à côté. En tout cas, j'en suis devenu raide dingue.

Tonton Ben
(31 décembre 2004)
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