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Mutant Chronicles : Doom Troopers
Année : 1995
Système : Megadrive, SNES
Développeur : Adrenalin Entertainment
Éditeur : Playmates Interactive Entertainment
Genre : Action
Par Dead JFK (23 juin 2004)
Quelques différences subsistent entre les versions Snes et Genesis, la plus évidente restant l'écran titre. Par ailleurs notez que malgré les apparences la version Nintendo dispose elle aussi d'un mode deux joueurs.

Les wargames futuristes ne sont pas légion sur nos petites tables, à nous les rôlistes ou tablistes. A une époque on avait le choix entre Warhammer 40k et Battletech, avant qu'un petit éditeur suédois propose toute une gamme de jeux situés dans un univers "techno-fantastique", savant mélange alliant une ambiance sombre faite de villes sinistres, démesurées et à l'architecture gothique torturée, à d'une technologie mi-rétro mi-futuriste... En clair, c'est un tiers cyberpunk, un tiers néo-obscurantiste et un tiers horrifique. Cet univers se nomme Mutant Chronicles et se décline sous quatre formes : un jeu de rôle ("Warzone", assez moyen), un jeu de plateau (intitulé "Blood Berets" et assez réussi, car reprenant le principe de Space Hulk, ou encore de Hero Quest, pour les connaisseurs), un jeu de carte très moyen (appelé "Doom Troopers" et assez peu connu, mais qui a toujours ses adeptes) et un jeu d'escarmouche (pour les non-initiés, un jeu d'escarmouche est un jeu de plateau ou l'on gère des combats entre bandes où chaque individu développe ses propres capacités au fil des parties, à contrario des Wargames, où on dirige des escouades entières sans dissocier les unités), le tout très inspiré, bien entendu, du Warhammer 40k de Games Workshop. Mutant Chronicles connaîtra également une adaptation vidéo-ludique sur 16-bits, intitulée Doom Troopers (le même nom que le jeu de cartes). Avant de passer au test proprement dit, un petit point sur les factions présentes dans l'univers s'impose...

L'histoire de l'univers de Mutant Chronicles est la suivante : Dans un lointain futur, l'humanité s'est élancée vers l'espace et a conquis le système solaire. Malheureusement, elle a au passage éveillé une sinistre puissance qui aurait dû rester endormie : la Symétrie Obscure. Quittant le cloaque qu'était devenu la Terre, l'homme - sous l'égide des Corporations - a conquis la Lune, Mars, Mercure et Venus, jusqu'à la ceinture d'astéroïdes. Entre luttes intestines, corruption et guerre à outrance contre les Légions Obscures, l'avenir n'est pas brillant.

Il existe cinq corporations ayant chacune une culture et une identité propre, n'étant pas sans rappeler des états du monde réel : Capitol (évoquant les Etats-Unis contemporains), Bauhaus (évoquant l'Europe franco-allemande), Mishima (à forte identité Nippone), Imperial (évoquant la Grande Bretagne) et Cybertronic (un empire récent mais hautement technologique). Celles-ci sont réunies au sein du tout puissant Cartel, sorte d'ONU du monde de Mutant Chronicles, dont les Casques Bleus sont ici nommés "Commandos de la Mort" et ont vocation de lutter contre les Légions Obscures. Luttant contre l'influence ténébreuse de la Symétrie Obscure, la Confrérie - organisation mystico-religieuse toute puissante - est omniprésente et peut même arriver à faire plier les Corporations. Les membres de la confrérie maîtrisent plusieurs familles de sorts: mystères de la cinétique, de la prémonition et de la domination. Dans chaque branche, on peut trouver différents sorts.

Du côté des adversaires, les Légions Obscures sont dirigées par 5 apôtres : Demnogonis qui répand les maladies, Muawijhe qui répand la folie, Algeroth le maître de la guerre et de la destruction, Semaï, le maître du mensonge et de la corruption et Ilian, la dame du vide et première apôtre. Leurs légions sont composées de monstruosités : nécromutants issus d'une autre dimension, légionnaires morts-vivants, centurions constituant les forces spéciales, Razides incroyablement puissants et Népharites (noms qui rappelleront quelque chose aux amateurs de Kult) démoniaques. Des dons particuliers sont réservés à ceux qui suivent les voies de la Symétrie Obscure, avec des spécificités selon les apôtres.

Le scénario de Mutant Chronicles: Doom Troopers, quand à lui, est très simple : le Cardinal Dominic envoie au casse-pipe un commando de la méga-corporation Capitol. Imaginez un Rambo blond avec une armure bleue et une sulfateuse plus grosse que lui faisant équipe avec le célèbre Mark Steiner, ranger vénusien de Bauhaus (si si, il est très célèbre, autant dans le jeu de table qu'un Drizt ou un Elminster chez les adeptes d'AD&D), ici équipé d'une grosse armure et de deux immenses MP5. Et voilà nos duettistes lancés comme des chiens de guerre sur Vénus et sa jungle luxuriante (oui, admettons...) pour nettoyer la racaille des nécromutants du sournois Demnogonis et des népharites adeptes de la symétrie obscure... Eh oui, finalement ça se complique ! Et encore il ne s'agit que du synopsis du jeu. Reportez vous à la grosse dizaines de livres exposant tout le background de Mutant Chronicles pour en savoir plus... L'éditeur Playmate Interactive Entertainment a lancé le jeu sur les deux plates-formes les plus en vue du moment : Genesis et Super Nintendo. Malgré cette volonté de ratisser large, Doom Troopers n'est sorti qu'aux USA.

D'un point de vue graphique, le style adopté est le CG, à savoir des environnements et personnages en image de synthèse transposés en bitmap 2d, à la manière de Donkey Kong Country ou Killer Instinct. Sur la base de ce visuel travaillé, le développeur Adrenalin Entertainment crée une mise scène sanglante et morbide pour retranscrire une atmosphère pourtant propice à la poésie et à la philosophie. Vous l'aurez bien sur compris : Doom Tropers c'est du brutal, du lourd à ne pas laisser entre toute les mains.

Les personnages ressemblent moins à du vrai faux CG qu'à des figurines peintes, vernies et articulées. Par moment l'effet est presque cheap, mais toujours efficace grâce à une animation plutôt fluide. Certains ennemis permettent d'admirer des saynettes sympathiques, comme ce nécromutant pendu par la tête se déchirant le cou sous son propre poids ou cet autre déambulant après s'être reçu une bonne rafale dans le corps, le tout avec un effet bien gore. Miam ! Côté son l'ensemble est réussi : ça mitraille, ça hurle, et les thèmes musicaux respectent l'ambiance glauque à souhait, un peu dans l'esprit de ce que composerait un John Carpenter sous acide.

Mais l'attrait du jeu ne se limite pas à sa réalisation. On peut notamment pratiquer le carnage à deux joueurs ! Vous et votre compagnon de boucherie vous offrirez des crises de fou-rire devant ce spectacle grand-guignolesque et jubilerez lorsque, à court de munitions, vous achèverez les nécromutants à grand coups de rangers... Jouissif, quoique pas aussi bon qu'un Contra ou un Metal Slug, Doom Tropers propose un challenge intéressant pour peu qu'on y adhère un minimum. Un gameplay plus riche, dans l'esprit d'un Earthworm Jim par exemple, en aurait même fait une oeuvrette de bon aloi (comme dirait Maître Capello).

En gros et pour résumer : tu aimes la violence, la moiteur du Vietnam te manque, tu veux trucider du zombie, tu te sens investi par les forces du Bien et tu as un copain qui pense comme toi ? Pas de doute Doom Troopers est la cartouche qu'il te faut ! A contrario : tu aimes la douceur, la poésie, l'écologie est ton principal souci, 2001 est ton livre de chevet et tu n'as pas d'ami... Que fais tu as lire cette article ? Tu n'as pas envie de tester tout de même le jeu ?

Il semblerait que si les Suédois sont très attachés à l'univers de Mutant Chronicles il n'en soit pas de même par chez nous. J'apprends néanmoins, alors que ces lignes sont écrites, que Paradox Entertainment (spécialiste des wargames connu pour des titres comme Europa Universalis ou Hearts of Iron) a démarré en 2001 le développement de deux RTS reprenant cet univers: Mutant Chronicles: Warzone, annoncé sur PC et visiblement annulé récemment, et Warzone online: Mutant Chronicles, RTS jouable uniquement en multi-joueur online, prévu sur X-Box. Sera-t-il plus proche d'un Breed que d'un Everquest ? Il est encore bien tôt pour le dire, d'autant plus qu'on a aucune nouvelle de ces jeux. Les premiers screenshots étaient pourtant sympathiques... Wait & see, donc, en attendant qu'un jeu réellement adapté de Warhammer 40K (grand inspirateur de Mutant Chronicles) apparaisse enfin sur nos PC ou consoles. Ce sera le RTS Dawn of War, qui a l'air diablement alléchant au vu des premiers screenshots... Mais c'est une autre histoire !

Dead JFK
(23 juin 2004)
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