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Battle Isle : la série
Année : 1991
Système : Amiga, Windows
Développeur : Blue Byte
Éditeur : Blue Byte
Genre : Stratégie

Incubation: Time is running out

Année : 1997
Système : PC
Développeur : Blue Byte
Editeur : Blue Byte
Support : CD

Voilà un titre bien obscur mais qui a laissé des marques à ceux qui y ont joué : Battle Isle Phase 4, plus connu sous le nom d'Incubation, est en réalité un spin off de la série (on verra qu'il est vraiment différent de la série et a inspiré le prochain épisode) dans lequel presque tout l'univers Battle Isle a été remplacé pour prendre un côté Aliens sombre, très sombre même.

Incubation, pourtant, reste toujours un jeu au tour par tour où l'on déplace des unités afin de laminer le camp adverse. Sauf qu'en lieu et place d'unités robotisées diversifiées, on a affaire à des humains bien en chair, des Space Marines précisément face à des créatures aliens agressives qu'il faudra flinguer, le tout avec un côté RPG rafraîchissant.

Le jeu commence par une scène de présentation du contexte (comme dans quasiment tous les jeux) : des space marines s'ennuient dans leur base jusqu'à ce qu'une nouvelle affectation leur donne enfin de l'action : la planète Skay Hallwa est infesté de dangereux Skay Ger (prononcez « Skai Guère »), une espèce indigène qui a muté et fait du dégât. C'est aux Marines de faire le ménage et comprendre ce qui se passe.

Désormais, le jeu est en 3D et les cutscenes sont un peu plus vendeuses que celles de Battle Isle 3.

Incubation permet d'incarner plusieurs space marines, dont le chef est un certain Bratt (qu'il faudra garder en vie tout le long de l'aventure). Le but est accomplir les objectifs signalés par le briefing de mission. Comme c'est du tour par tour, vous déplacez vos unités avant de laisser le tour à vos adversaires pour qu'ils fassent de même. Vos soldats peuvent attaquer à distance comme au corps à corps à l'instar de vos ennemis, en fonction des créatures que vous affrontez.

Le système de jeu est le suivant : vos unités ont généralement 3 points d'action par tour pour effectuer des tâches diverses. Se déplacer, attaquer, ouvrir des portes, des containers, manipuler des objets... En fonction de ces actions, un ou plusieurs points sont consommés. Les ordres en question peuvent être donnés soit sur la zone de jeu (comme se déplacer ou attaquer) ou bien dans la barre d'outils située en bas de l'écran.

L'écran du jeu de la première mission avec les boutons d'ordres au milieu en bas et le radar utile pour repérer les ennemis.

Ces ordres permettent d'offrir une certaine interactivité dans la zone de combat et ça ne sera pas de trop : la zone de jeu est composée de murs, sols et parfois du vide dans lequel vos soldats peuvent parfois tomber. Des obstacles tels que portes, interrupteurs, mines... nécessiteront une manipulation de vos hommes afin de pouvoir avancer dans le niveau, surtout que certains d'entre eux ont parfois des allures de puzzle.

Passons au combat : dès qu'un ennemi est à portée et en vue de tir, un réticule apparaît quand vous passez dessus avec votre souris. En cliquant, votre soldat tire sur l'ennemi. À noter que vos armes ont une certaine précision, signalée par des barres vertes sous le réticule de la cible, plus il y a de vert, mieux c'est. Outre le tir direct, vous pouvez vous mettre en défense grâce un bouton dédié. Dans ce mode, votre soldat attaquera tout ennemi qu'il voit et qu'il peut toucher. Ce mode est indispensable car il vous permettra de dégommer les hordes d'ennemis très facilement et de couvrir un secteur. En revanche, cela vous coûtera deux points d'action et posera de menus inconvénients.

Un ennemi est en ligne de mire mais Bratt à 50 % de chances de toucher sa cible. La rater ne pardonnera pas.

Le jeu est pourvu d'une grosse dose de RPG : à chaque fois que vos soldats tuent un ennemi, il gagne de l'expérience et une fois assez d'expérience aquis, il obtient un skill point, mélange entre niveau et point de compétence dont on verra l'utilité un peu plus loin. En outre, vos soldats disposent d'armes qui, pour chacune d'entre elles, dispose d'un nombre de munitions et d'un temps de surchauffe défini. En d'autres termes, vos tirs sont limités et vos armes ne peuvent plus tirer après plusieurs coups à la suite.

Le jeu dispose de points d'équipements, qui symbolisent l'argent dans Incubation. Ils se gagnent en ouvrant des caisses dans les niveaux (souvent en prenant des risques) et servent à être dépensés dans l'écran d'amélioration (qui est un écran séparé, on le verra plus loin) pour obtenir de nouvelles armes et matériel. Mais il ne suffit pas d'avoir assez de ces points d'équipement pour pouvoir vous payer ce que vous voulez : chaque soldat possède des points de compétences dans chaque domaine (combat, armes légères, armes lourdes, ingénierie, médecine et commandement). À chaque fois que vous achetez une arme ou un objet, vos skills points sont dépensés dans un domaine correspondant à ce que vous achetez. Par exemple, acheter le fusil de combat avancé permettra d'obtenir un point de compétence en armes légères. Là où ce système devient intéressant, c'est que chaque point de compétence est définitif et peut être utilisé pour obtenir des objets qui demandent des compétences similaires : par exemple, si vous achetez un pack de munitions, vous pourrez vous offrir dans la foulée une armure standard sans débourser le moindre skill point. Mieux vaut spécialiser vos hommes car les skill points sont limités à 15 (en fait, au début du jeu, ils sont un peu spécialisés mais à vous de voir ce que vous allez en faire).

Dans cet écran, on peut acheter toutes les armes et équipements qui seront parfois indispensables à la mission.

Le jeu se compose d'une carte sur laquelle vous pourrez sélectionner certes vos missions (généralement une seule disponible mais parfois deux, entre lesquelles il faudra choisir) mais aussi les dépôts où vous pourrez faire vos améliorations et les scènes qui expliqueront la suite de l'histoire et vos futurs objectifs. Il est aussi possible de sauvegarder (recommandé, vous comprendrez vite pourquoi) et de modifier les options, en particulier la difficulté.

Cet écran est en fait une carte où vous pourrez suivre la campagne et accéder autres menus et missions.

Parlons un peu de l'opposition : il s'agit des Scay Ger, une race indigène mutante type Alien qui pullule sur Scay Hallwa et qu'il faudra neutraliser. Ils sont très variés, allant du simple ennemi faible mais dangereux car en nombre aux rares, énormes et puissants béhémoths qui peuvent couper en deux vos hommes en un clin d'œil. Chacun a ses capacités de combat propres et une tactique pour les vaincre : les omniprésents Ray Ther sont faibles mais attaquent en nombre, les Gore Ther sont puissants, lents et invulnérables sur leur face avant, les Ray Goo peuvent tirer mais ont fâcheuse tendance à sauter sur vos soldats (et se faire trucider)...

Pour ce qui est de l'ambiance graphique, on baigne en plein Alien, ce qui donne une palette sombre avec des teintes grises, marron et les couleurs qui vont avec. On a donc une ambiance pesante qui fait pression sur le joueur, d'autant plus que parfois le tour des ennemis est présenté par une caméra en première personne, pour donner un peu d'ambiance. La musique est du même tonneau avec des morceaux à la fois militaires et oppressants. Bref, on est dedans jusqu'au cou.

Incubation est entièrement en 3D et assez réussi vu son époque. La 3D est très crédible et le tout bien modélisé. Le jeu se veut assez violent : Skay Ger comme Marines explosent dans des gerbes de chair de sang. Rassurez-vous, ce n'est pas l'orgie de gore mais mieux ne vaut pas avoir sa progéniture à côté, c'est plus prudent.

Incubation n'est pas franchement
Kid Friendly
: il y a souvent des gerbes de sang quand vous tuez un ennemi.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser son habillage, Incubation est plus un puzzle game qu'un jeu d'action. Les ennemis sont souvent sans pitié quand ils vous ont en ligne de mire et font de gros dégâts alors que vos hommes ont peu de points de vie. La clé sera donc de déplacer vos unités et de les disposer dans l'espace afin de couvrir votre avancée, bref un jeu de stratégie.

Les armes ont leurs avantages et inconvénients : plus précises, un chargeur plus grand, portée plus importante, chauffe plus ou moins vite, modes d'attaque secondaires utiles... À vous de savoir quelle arme à utiliser. En revanche, vous n'aurez pas toujours accès aux stocks d'armes pour acheter ou changer d'arme (d'autant plus que ça coûte en points d'équipements).

Le jeu ne contient qu'une campagne d'une trentaine de missions, plus ou moins courtes et de difficulté croissante. Une fois terminé, il n'y a plus grand-chose à faire, à part obtenir l'extension The Wilderness Missions qui ajoute une nouvelle campagne, un mode escarmouche où vous pourrez choisir l'environnement et le type de mission associé ainsi qu'équiper vos soldats. En plus, il y a un éditeur de cartes inclus.

Bien que s'éloignant un peu de la série principale, Incubation reste un bon de stratégie tour par tour qui a su conquérir un public fidèle mais restreint. Et on va voir que la série a eu un impact sur le dernier épisode... ce qui a un peu déplu à certains.