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Rebelstar : Tactical Command
Année : 2005
Système : GBA
Développeur : Codo Technologies
Éditeur : Namco
Genre : RPG
Par Niko844 (11 mai 2009)

Malgré un gros catalogue de jeu, la Game Boy Advance n'a jamais disposé d'une logithèque particulièrement fournie en matière de jeux de stratégie. En effet, en dehors de la très célèbre série des Advance Wars, il n'y avait pas grand chose à insérer dans sa portable. Et pourtant, si l'on cherche bien, on peut tomber sur des jeux qui, bien que quasi-inconnus, s'avèrent être une excellente alternative aux gros blockbusters. Ça tombe bien, c'est le cas de Rebelstar Tactical Command !

Rebelstar Tactical Command, un des nombreux jeux injustement méconnu.

Sorti de manière très discrète en 2005, le jeu n'avait guère pu se faire connaître en France faute d'avoir été testé par la majorité des médias du jeu vidéo. Il n'y avait guère que les plus grands fans de Julian Gollop, le célèbre créateur de la série des X-COM, pour s'y être intéressé. Ce jeu n'est d'ailleurs pas le premier de la série des Rebelstar qui comportait déjà 3 épisodes, tous très appréciés des joueurs :

  • Rebelstar Raiders sur ZX Spectrum, sorti en 1984.
  • Rebelstar, sur ZX Spectrum et Amstram CPC (il s'agit d'un remake de l'épisode précédent), sorti en 1986.
  • Rebelstar 2: Alien Encounter sur ZX Spectrum, sorti en 1988.
Ci-dessus, le remake de Rebelstar, et le créateur de la licence, Julian Gollop.

L'action du soft se situe en l'an 2117. Les guerres, épidémies, catastrophes naturelles même et la crise financière ne sont plus qu'un mauvais souvenir. La cause de ce miracle ? Le fruit des réformes de Sarkozy ? Encore plus fort ! Une dictature imposée par des envahisseurs extraterrestres qui exercent un contrôle sans pareil sur la population. En effet, pour écarter toute forme de rebellion, ces êtres venus d'ailleurs n'hésitent pas à implanter aux nouveaux-nés des dispositifs permettant de les localiser. Au bout de 30 ans, ces derniers se font joyeusement kidnapper. Dieux merci, les rebelles se rebellent et décident de découvrir la terrible verité. Waouh...

Vous incarnez Jorel, chef d'un petit commando de résistants vaillamment partie mettre fin à l'oppression extra-terrestre... Bon, ok, tout le monde s'en fout, ce qui dans une certaine mesure devait aussi être le cas des programmeurs, le scénario n'étant ici qu'un prétexte à faire la transition entre chacune des 25 missions du jeu. Une approche certes un peu décevante, mais qui se voit vite compensée par le gameplay du titre.

Le scénario, faute d'originalité, permet de contempler les jolis artworks dessinés par Gez Fry.

Tout comme c'était le cas avec ses ancêtres, Tactical Command amène le joueur à contrôler un groupe de résistants. On pourrait en gros comparer le jeu à un Full-Spectrum Warrior sauce 2D, avec une vue isométrique et au tour par tour, à la Final Fantasy Tactics Advance. Le principal interêt du soft réside tout simplement dans le fait qu'il est unique en son genre sur la portable de Nintendo, grâce à un gameplay aussi riche que jouissif. Explications. La gestion de votre petite escouade, tout d'abord, repose sur la notion de « points d'action » qui permettent d'exécuter chaque mouvement, tir, rechargement, changement d'objet, etc. Chaque personnage ayant un nombre restreint de points, il faut s'appliquer pour ne pas le mettre en position délicate. Envoyer un soldat aussi loin que possible, par exemple, lui bouffera tous ses points d'actions, l'empêchant ainsi de faire quoi que ce soit avant le prochain tour, et par la même occasion le laissant totalement désarmé. Autant dire que les bourrins qui partiront rusher de l'alien à la sulfateuse risquent d'être déçus... Mais c'est de la stratégie, soldat !

Ces points d'action se révèlent d'autant plus important qu'il est impossible de savoir ou se trouvent tous les enemis. Ici, contrairement à bon nombre de jeux de stratégies, le champ de vision de vos personnages s'avère être réaliste. Impossible donc pour votre commando de voir un ennemi s'il se cache derrière un mur (ça va sans dire, non ? Comme le souligne malicieusement le héros pendant le didacticiel), et encore moins s'ils lui tournent le dos. Ce paramètre rend l'immersion d'autant plus efficace qu'il oblige à rester constamment sur ses gardes. Il ne s'avère nullement pénalisant pour le joueur lorsqu'un personnage tombe sur un ennemi jusque là non-visible en se rendant à l'endroit indiqué par le joueur. Il s'arrête ainsi immédiatement lorsqu'il découvre un ennemi, laissant au joueur la liberté de continuer ou bien de changer d'action.

La gestion des points d'action oblige le joueur à agir sans précipitation.

Bien entendu, ce paramètre s'applique aussi à vos ennemis, il est ainsi possible d'aveugler (à l'aide de grenades fumigènes) blaster, voire jouer les furets en poignardant le dos d'un alien imprudent. Car oui, le combat ne se limite pas aux flingues, il est bien possible de faire connaître les joies du corps au corps à corps à l'adversiaire, tel un ninja. Je ne vous ferai pas l'inventaire complet de l'armement, mais sachez qu'il s'avère assez fourni (fusil sniper, bazooka, lance-flammes, couteau, etc.) et qu'il ne sert pas qu'à massacrer du petit homme vert. À noter qu'il est possible de se débarasser de ses armes et de récupérer celle de vos ennemis.

La gestion du matériel en général est très importante, le poids du paquetage d'un perso ayant une influence directe sur son aisance au combat, et donc sur sa quantité de points d'actions. Et si par hasard l'un des combattants a besoin de l'objet d'un de ses coéquipiers, ce dernier pourra lui donner, voire carrément lui lancer. Wah, le détail qui tue ! Pour anticiper ou soigner les rafales, on retrouve dans l'attirail du parfait petit militaire les indispensables médikits, ainsi que les armures de protection, dont le poids a là encore son importance. D'autres items plus originaux sont à découvrir au fil de votre progression, mais je ne vous gâcherai pas la surprise... Il faudra d'ailleurs vous débrouiller pour en comprendre le fonctionnement et l'utilité, ce qui apporte une pointe de réalisme en plus, les résistants n'étant pas familiers à l'armement extraterrestre.

L'armement, abondant, autorise de nombreuses approches, mais peut s'avérer un peu encombrant...

Toujours au rayon des détails, les différents modes de tir aux caractéristiques différentes (coût en points d'actions, nombre de tirs, pourcentage de précision, type et quantité de dégâts) qui permettent de varier les gunfights. S'appliquer à la précision de ses tirs coûte beaucoup de points d'actions, et tirer dans le vent en espérant toucher quelque chose gaspille beaucoup de munitions. S'il n'y a aucun enemi à l'horizon, il reste la possibilité de mettre vos soldats en mode « vigilance », ce qui leur permettra d'attaquer toute cible apparaissant dans son champ de vision, et ce, dans le mode de tir que vous désirez. Une option bienvenue quand il s'agit de protéger l'entrée d'un bâtiment. La précision et la portée des tirs d'une arme s'amélioreront à mesure que l'expérience du soldat avec ce type d'arme grandit. Il est donc très important de bien préparer l'équipement de ses équipiers avant de partir au combat.

Le gameplay autorise une vraie subtilité dans le maniement des armes.

Car oui, il y a aussi une pointe de RPG dans le gameplay ! Ainsi, à chaque fois qu'il tue un ennemi ou soigne un camarade, le bon soldat grapille quelques points d'expérience. Au bout d'un certain nombre, il verra ses caractéristiques augmenter au hasard (intelligence, force, courage, etc.), ce qui lui permettra d'être un peu moins gauche sur le champ de bataille et surtout à ne pas paniquer en situation délicate, fuyant dans un coin sans pouvoir être contrôlé, ce qui peut s'avérer catastrophique surtout quand la quasi totalité de l'équipe devient incapable de se battre ! Au fil du des parties, le personnage gagne aussi des points de compétence, ces derniers pouvants être utilisés pour l'améliorer et lui apprendre de nouvelles choses, ou bien encore être gardés pour plus tard. On finit tout naturellement par spécialiser chaque membre de son escouade (un bourrin, un sniper, un médecin, un espion, etc.), tout en gardant à l'esprit qu'un soldat n'ayant aucun point dans certaines compétences seront incapable d'en faire usage (comme la capacité d'utiliser les médikits). On se prend alors au fil des parties pour un vrai petit chef d'escouade.

L'aspect RPG du titre est loin d'être un vulgaire gadget. Bon sens et organisation facilitent grandement les missions.

Autre paramètre important et non des moindres, l'environnement. Déception : les zones de jeu sont désespérément plates, mais le joueur appréciera la possibilité de se planquer derrière un rocher, une fenêtre... Mais pas trop longtemps non plus, hein, car du côté de ces saletés d'alien, on hésite pas non plus à faire usage d'explosifs en tout genre pour vous déloger, voire pour bousiller votre planque ! La présence d'environnements destructibles ravira donc les amateurs d'entrée fracassante qui pourront passer aux travers de certains murs d'un coup de roquette bien placée. On retrouve aussi les bons vieux bidons d'essence à faire péter à ces tronches de cakes aliens. Des petits détails ultra-fun qui font donc toute la différence !

L'environnement, en partie destructible, permet d'élaborer de nouvelles stratégies.

Passée l'agréable surprise concernant le gameplay, difficile de s'enthousiasmer. D'un point de vue visuel tout d'abord, on est bien loin du niveau d'un Gunstar Heroes, mais ça reste propre et pas si moche. On retiendra le design très kitch des extraterrestres rencontrés, par ailleurs assez peu variés. Les artworks représentant les personnages au combat évitent de les confondre, les sprites étant tous identiques. Vous l'aurez compris, bien que corrects, les graphismes n'étaient pas la priorité des développeurs...

La direction artistique, visant le grand public, n'hésite pas à reprendre les vieux clichés de la science-fiction.

Niveau sonore, c'est pire. Les musiques, bien que potables, s'avèrent très vite insupportables ! C'est bien simple, je les ai très vite coupées pour me concentrer sur l'action. On pourrait aussi pester contre les bruitages plus que moyens. Mais bon, on ne peut pas non plus dire que le support se prête facilement à une immersion sonore exceptionnelle. On risque quand même de vous prendre pour un attardé en vous voyant absorbé par un jeu à base de « prr, prr, prr » ou encore de « piou, piou »... (NdlR : mais c'est le propre du rétrogamer !)

La seule image de circonstance que j'ai pu trouver pour parler de la musique...

Vous l'aurez compris, ce qui est réussi dans Rebelstar Tactical Command, c'est bien le jeu en lui-même ! Le mode solo devient très vite accessible grâce à un tutoriel réussi. On apprend vite les rudiments du métier pour les appliquer dans des missions très diverses, allant du sauvetage de coéquipier, de la protection de zone en passant par le bon vieux massacre en règle de toute forme de vie non-terrienne. Une fois cette campagne terminée, il est possible de jouer en mode escarmouche, seul ou à 2 joueurs. Un mode très sympathique, d'autant plus qu'il propose de jouer toutes les races du jeu dans les 25 maps du mode solo. Petite précision cependant, le mode 2 joueurs n'est jouable que sur la même cartouche. Une initiative bienvenue en ces temps ou le pouvoir d'achat est en berne, mais qui risque fort de pénaliser les possesseurs de Game Boy Advance dont le pote à tendance à bourriner les touches. Autre contrainte et non des moindres, il faut que le deuxième joueur soit familier au gameplay et à toutes ses subtilités pour vraiment s'éclater, et vue la popularité du jeu, ce n'est pas chose facile. Au pire, vous pourrez toujours jouer seul, avec une IA plutôt réussie, mais pas aussi vicieuse qu'un joueur humain. On regrettera aussi, en plus de l'absence de mode multijoueurs par câble link, l'impossibilité d'importer ses propres personnages personnalisés (les caractéristiques de chaque équipe se limitant leur niveau général, désigné par un simple chiffre).

L'accessibilité de l'interface vient appuyer la grande richesse du gameplay.

Au final, Rebelstar Tactical Command se révele être une excellente surprise. Julian Gollop nous livre là un des jeux les plus riches et les plus réussis du genre sur ce support. Les vieux briscards du jeu vidéo devraient particulièrement l'apprécier, car contrairement à bien des blockbusters, celui-ci se débarrasse sans ménagement de toute forme d'esbroufe, que ce soit au niveau sonore, visuel ou bien encore scénaristique, afin de se concentrer sur un gameplay aux petits oignons. Espérons que Gollop et son équipe donneront à cette saga d'autres épisodes. Il a en tout cas indiqué qu'il espérait que cet opus ne serait pas le dernier...

Niko844
(11 mai 2009)
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