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Viewtiful Joe
Année : 2003
Système : GameCube
Développeur : Capcom
Éditeur : Capcom
Genre : Beat'em all
Par Bruno (26 mars 2004)

Attention, jeu à hautes tensions ! On s'agrippe à son siège, on attache son slip, on verrouille son calbute car ça va déménager sec dans les chaumières. Viewtiful Joe (VJ) est l'œuvre de Hideki Kamiya, directeur de Bio Hazard 2 (Resident Evil 2), responsable de l'énorme Devil May Cry et on sent bien que VJ fut créé avec la même philosophie que ce dernier. Faire plaisir au gamer, qu'il en prenne plein la tête et que son cœur soit en joie, telle est la philosophie de monsieur Hideki. Mission réussie. Dès que la console est sous alimentation, Joe (en tenue de super-héros) castagne le logo Capcom avec punch et grâce, zoom et zik à fond les manettes, le joueur reste béat devant son écran, filet de fromage blanc aux lèvres. On ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec l'apparition de Dante dans l'écran titre de DMC.

L'histoire débute dans un cinéma de quartier. Joe, cinéphile devant l'éternel, se délecte d'un bon vieux film de série Z mettant en scène son héros de toujours, le Captain Blue. Joe est un mec cool comme on dit dans le jargon, casquette vissée sur le crane et bouc en option. Il est accompagné de la belle Sylvia qui contrairement à son boyfriend, ne pense qu'à fricoter frénétiquement. Contre toute attente, le gros méchant du film traverse la toile et enlève la jeune fille. Évidemment, Joe entre à son tour dans ce monde cinématographique pour retrouver cette donzelle à la sexualité exacerbée. Pas le temps de dire « ouf » et c'est à vous de jouer !

Devil May Cry chez Marvel et X-Or !

Première claque visuelle, vous dirigez Joe dans un monde imprégné de cell-shading. À ce propos, VJ fait avancer le schmilblik car le design fait très comics, on croirait se balader dans les cases d'un Marvel des années 70-80 animées par les studio Disney, les images ornant cet article sont très loin de rendre justice à la claque visuelle que procure le titre de Capcom. Il faut voir tout ce petit monde bouger, ça explose de tout les cotés, c'est fluide, nerveux... c'est merveilleux. VJ vous propose une expérience unique. Ça ne ressemble pas à du dessin animé, ni aux autres productions cell-shadées, de la vraie nouveauté finalement. Les ennemis ont des formes et des costumes incongrus, très rigolo. Les boss quant à eux, semblent venir de l'univers des Tortues Ninja, ajoutez à cela un look sentai (super héros japonais genre Bioman) pour notre cher Joe et vous obtenez une galerie de personnages qui crèvent l'écran et provoquent des éclats de rires.

Un beat'em all qui vient d'ailleurs (Allo, Mulder ?)

Nous voilà donc face à un beat'em all matiné de plates-formes, pour notre plus grand plaisir. Même si la 3D a la part belle, le vue adoptée est dans la pure tradition des titres 2D, de profil quoi. En civil, notre héros peut quand même se défendre en assaillant coups de poing et coups pied à l'intérieur d'une pellicule vieillissante et pleine de parasites. Effet garanti. Après avoir frité quelques ennemis, récupéré des bonus, Joe arrive devant son idole de toujours, le grand, le mirifique Captain Blue. Le « maître » lui enseignera les premières techniques de base, de quoi survivre un minimum mais surtout la possibilité de se transformer en héros surpuissant. Chaque rencontre avec Captain Blue fera progresser le capital « pouvoir » de Joe. Une fois transformé en « Viewtiful Joe », la pellicule est d'une netteté numérique et Joe va pouvoir se la donner à donf.

Tout comme ce bon vieux Dante, Joe à la classe vidéoludique internationale tant ses chorégraphies sont stylisées. En comparaison, les plus beaux ballets passeraient pour du smurf effectué avec maladresse. Principale raison à tout ça : la possibilité de ralentir ou d'accélérer le temps. Pour ralentir l'action, rien de plus simple, il suffit de presser le bouton [L] et là, comme par magie, Joe peut esquiver les attaques ennemies pour mieux contre-attaquer, les projectiles (balles de gun, missiles, etc.) sont bien visibles et Joe pourra les renvoyer contre ses adversaires. En version accélérée, via le bouton [R], il distribuera des pains à la vitesse de la lumière, s'enflammera (littéralement) et évitera des pièges impossible à esquiver autrement. Dernier pouvoir, le Zoom (bouton [B] ou stick jaune) qui donne accès à des coups spéciaux particulièrement efficaces. Sans compter un grand nombre d'énigmes qui ne pourront être résolues qu'en jouant du changement de vitesse. En effet, plus que de simples gadgets tape à l'œil, ces pouvoirs sont l'essence même du gameplay et du fonctionnement du jeu tant ils influent sur les décors qui vous entourent. Joe se tape la grande classe et vous êtes le réalisateur de votre partie (bien vu, pour un jeu se déroulant dans un film) et on ne s'en lasse pas.

Comme vous pouvez vous en doutez, malicieux que vous êtes, toutes ces possibilités ne sont pas gratuites. Une barre de VFX est là pour remettre les choses en place, une fois vide, Joe reprend sa forme originelle. Il faut ensuite patienter quelques secondes pour que la jauge se remplisse et que l'on puisse se transformer à nouveau.
Autre chose, avant de vous porter un coup, une tête de mort apparaît à proximité de l'ennemi, ce qui vous permet d'esquiver un coup de point en mettant le stick vers le bas ou vers le haut pour éviter un coup de pied. Sympa. Tout comme DMC (oui, encore lui), le joueur sera jugé pour la classe de ses enchaînements, pourra acheter des pouvoirs et des items entre chaque niveau.

Abordons le sujet de la difficulté. Autant vous prévenir, VJ est très old school à ce niveau, comme un Ghost'n'Goblins par exemple. Le mode « normal » est hyper ardu (trop à mon goût, bonjour les crises de nerfs vers la fin) et le mode « facile » propose sont lot de grandes difficultés aussi. Ce dernier me paraît plus « humain », un véritable mode « normal » comme on en voyait sur les consoles 16 bits. Ni trop facile, ni trop ardu. Toujours est-il qu'en finissant tout les modes, de biens belles surprises vous attendent !

Et côté musique alors ? Si je vous dis que la personne chargée de mettre en musique tout ce petit monde bien furieux n'est autre que Masami Ueda, qui avait officié sur DMC, tout est dit, non ? Une bande son de qualité même si les thèmes sont moins marquants et plus effacés que ceux de DMC. Les bruitages ne sont pas en reste, ils donnent du punch, plus qu'il n'en faut aux attaques de Joe et d'une manière générale, à toutes les situations rencontrées par ce dernier.

Et puis, un jeu qui vous demande si vous allez aux toilettes quand vous le mettez sur pause, c'est pas de la pure pignolade vidéoludique quand même ? En effet, à chaque mise en pause du jeu, ce dernier vous demandera pourquoi ! Ou alors, un commentaire bien assaisonné vous sera lancé en plein tronche. Le jeu est truffé de bonnes trouvailles, tant est si bien qu'il me parait impossible de toutes les répertorier ici.
VJ ne cessera pas de vous en mettre plein la vue tant les surprises sont nombreuses, tant la démesure de la réalisation est bluffante. L'humour est omniprésent, à travers les cinématiques, les dialogues, les clins d'œil parsemant le jeu... un bonheur de tout les instants.

VJ réécrit le genre beat'em all, comme Devil May Cry l'avait fait auparavant, empruntant une autre voie. Hideki Kamiya nous offre une leçon de jeu vidéo sur un plateau. Je terminerai cet article par une citation de mon collègue Djib : « Viewtiful Joe est au beat'em all ce que Ikaruga est au shoot : une réécriture magistrale, inventive et artistique d'un genre old school. » À quoi bon écrire un article alors que cette tirade résume si bien le jeu. J'vous jure...

Bruno
(26 mars 2004)
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