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Super Mario Bros. 3
Année : 1989
Système : NES
Développeur : Nintendo
Éditeur : Nintendo
Genre : Plate-forme
Par Koda Smooss (17 avril 2014)

Une question qui revient souvent quand les gens savent que vous êtes un amateur de jeux vidéo : « Quel est ton jeu préféré ? ». Au-delà du fait que cela me donne envie de frapper mon interlocuteur tellement cette interrogation n'a pas de sens, cela me force au moins à faire le tri entre le jugement purement nostalgique et les titres qui ont une vraie valeur et ont apporté une contribution majeure au paysage vidéoludique. Ainsi, mon Saint Graal des jeux vidéo doit à la fois être associé à des souvenirs d'enfance et toujours offrir une expérience jouissive aujourd'hui. C'est pour ça que parler d'un jeu actuel comme de son jeu préféré n'a pas de sens. Il faut laisser le temps faire son œuvre pour que l'on puisse se rappeler avec émotion des moments associés à la période pendant laquelle on jouait à cette fameuse perle. Cette réflexion a au moins le mérite de réduire la liste des potentiels jeux favoris. Je serais bien incapable de dresser un top 10 comme les Américains ou les Anglais aiment tant le faire. Pourtant, j'ai bien le sentiment d'avoir une préférence. Un mélange d'aveuglement total et d'expérience de jeu parfaite. Mon Graal porte un nom : Super Mario Bros. 3.

Je ne prétends aucunement donner une vérité, mais Super Mario Bros. 3 (SMB3 pour les intimes) est reconnu comme étant un chef-d'œuvre, un travail d'orfèvre, une attention aux détails servie avec un gameplay parfaitement calibré. La saga Mario était déjà extrêmement populaire au moment de la sortie de SMB3. Pourtant, il y a un écart gigantesque entre les deux premiers épisodes et celui-ci. C'est simple, il suffit de lister les nouveautés apportées par cet opus pour s'en convaincre : apparition de la carte, mondes thématisés, extension de la notion de power-up, niveaux bonus, objets de soutien, un gimmick par stage, Bowser a des baskets... Ah pardon, je m'égare. Il y a bien d'autres choses mais je crois que cette courte liste est déjà bien suffisante pour se convaincre de la force de SMB3. Peu importe de toutes façons, puisque ce qui compte, c'est comment on l'a vécu la première fois (bordel, j'étais choqué par les baskets de Bowser, quoi).

À une époque où tout le monde commençait à avoir la Super Nintendo, j'avais toujours ma fidèle NES. L'avantage c'est que les copains prêtaient facilement leurs vieux jeux dépassés. Bon OK, je crevais d'envie d'avoir une Super Nintendo mais mes parents ne voulaient pas. Alors je piquais des jeux à mes potes. SMB3, je ne l'ai quasiment joué que comme ça. Une semaine par ci, une semaine par là. Pas de sauvegarde alors je recommençais tout à chaque fois. Ce n'était pas bien grave tant les premiers mondes sont merveilleux. Oh, les suivants aussi mais ils sont aussi plus durs, plus exigeants et j'étais à l'époque une sacrée truffe. Il fallait que mon frère me fasse le niveau où il faut s'envoler avec une carapace parce que j'en étais incapable, c'est dire. Bref, le début, c'est la découverte, la balade champêtre. C'est aussi là qu'on découvre les nombreuses transformations de Mario. Si j'ai tant d'amour pour ce jeu, je pense que c'est en partie grâce aux différents costumes que l'on peut revêtir. Le raton-laveur (que j'appelais sans véritable raison « castor » dans ma jeunesse), le lanceur de marteaux, le tanuki ou encore mon préféré : la grenouille. Ouais, c'est le plus nul mais il a trop la classe en grenouille, Mario. En plus de rendre notre plombier méchamment choupinou, ces transformations bouleversent profondément la façon dont on aborde les niveaux. Pouvoir voler aura tendance à vous faire explorer le niveau dans sa verticalité par exemple. Et là où SMB3 est très fort, c'est qu'il y aura souvent des trésors cachés à trouver dans les hauteurs.

Les secrets, parlons-en justement. Il y a tellement de petits raccourcis. Un petit passage dans les nuages, une pièce avec des pièces (ha ha), un couloir en hauteur menant à un nouvel endroit... Le fait d'avoir tant expérimenté ce jeu en étant jeune fait que j'ai pris des automatismes. Dès que je remets la cartouche dans la NES, je sais déjà exactement ce que je vais faire. Tous les passages que je vais prendre. Les endroits où je sais que je vais facilement faire des vies au début. Je sais aussi pertinemment que je vais aller chercher les flûtes permettant de sauter des mondes mais que je ne vais pas les utiliser. Ce n'est pas grave, j'ai toujours fait ça. Ça fera juste que je perdrai des super items à la fin parce que l'inventaire est limité. Ouais, c'est très bête les habitudes en fait.

Il y a aussi quelque chose de fantastique dans la façon dont sont expliqués les possibilités de Mario. Le premier niveau est un didacticiel à lui tout seul. Sauf qu'il n'est pas chiant et rébarbatif comme c'est le cas dans les productions modernes. Tout se déduit. On nous présente les ennemis typiques afin de pouvoir appréhender des patterns de déplacement. On comprend également assez vite que taper sur le bord à droite d'un bloc fait sortir l'objet à gauche (adieu petit champignon). On pige aussi qu'il va falloir utiliser les carapaces pour casser des briques. On capte rapidement que cette jauge « P-Wing » en plus de nous faire courir très vite, peut nous faire voler avec la bonne transformation. Et tiens, comme par hasard, la première piste d'envol nous fait atterrir directement sur une zone secrète. Voilà comment on encourage les gens à fouiller un niveau de fond en comble. Et puis, le retour que l'on a en tant que joueur dès que Mario s'envole est tellement grisant. Le mélange entre la vitesse et le son émis dès que la jauge pour décoller est pleine donne envie de foncer à travers les niveaux. C'est assez paradoxal de donner envie d'explorer tout en l'encourageant aussi à courir à fond la caisse au travers du niveau. Deux facettes pour un même jeu et autant de façons de l'aborder.

L'apparition d'une carte du monde apporte beaucoup à l'ambiance du jeu. En plus de tout de suite donner un caractère particulier à chaque zone, elle permet surtout de comprendre quel type de niveau on va se coltiner. S'il y a de l'eau sur la carte, c'est que ça pue par exemple. Mais la préparation ne suffit pas car SMB3 a introduit la notion le plus cool de la série (c'est complètement objectif bien sûr) et qui restera dans tous les épisodes de Mario en 2D qui suivront : un gimmick par niveau. C'est bien simple, chaque niveau met en scène un nouveau mécanisme/objet/monstre qui souvent ne reviendra pas. Ce stage aura un scrolling automatique. Dans celui-ci le niveau de l'eau montera et descendra. Ou encore dans celui-là vous serez poursuivi par le soleil (je détestais ce niveau quand j'étais gamin d'ailleurs). Bref, un vrai bijou. La découverte d'un nouveau monde est un véritable bonheur. Et quand on croit s'habituer, paf, on se rend compte que le monde 5 est coupé en deux. D'ailleurs, la montée vers la deuxième partie de ce monde se fait au travers d'un niveau qui est une des expériences les plus fortes de ce jeu. Cette impression de réellement grimper et accéder à cette partie nuageuse procure un sentiment fabuleux. Je recommande chaudement cette grimpette à tout le monde.

La richesse de ce Mario vient aussi de là : dès que l'on pense qu'un schéma est acquis, il est bouleversé. Le monde 8 est d'ailleurs très fort pour ça. Je pense que je peux tranquillement sélectionner un objet avant de rentrer dans le niveau, hop, dès que je suis dessus, je rentre directement dedans. Oups. Je crois que tous les stages sont visibles sur la carte, hop, je me fais attraper par une main géante pour un mini-niveau. Re-oups. Ma plus grosse surprise, et ça reste encore incroyable je trouve, c'est le monde 4. On arrive dans une ambiance de jungle. On pense naïvement que ça va être le thème du monde. On rentre alors dans le premier niveau et tout est d'une taille démesurée. Au début, c'est un bloc que l'on voit beaucoup plus gros que d'habitude. Bon, soit. Ensuite arrive une tortue géante et là on commence à se poser des questions. Jusqu'à arriver aux goombas géants et là on comprend que les développeurs n'étaient pas très nets.

Il y a 10 000 choses que j'aime dans ce Super Mario Bros. 3. J'aime le fait que graphiquement, ce jeu reste toujours une méga-baffe dans la gueule. J'aime toutes ces musiques si particulières qui permettent d'identifier directement un monde ou un niveau. J'aime la physique impeccable du jeu qui fait que Mario réagit au doigt et à la manette. Je vais même jusqu'à aimer ce put*** de stage avec scrolling automatique où il faut enchaîner des sauts sur ces espèces de bestioles volantes. J'aime Mario 3 car, même si je remets la cartouche dans la NES presque tous les ans, je me régale autant à chaque fois à faire exactement les mêmes choses que les fois précédentes. C'est pour ça que Super Mario Bros. 3 est très certainement mon jeu préféré. Et comme il est accompagné par plus de 20 ans de nostalgie, ce n'est certainement pas près de changer.

Koda Smooss
(17 avril 2014)