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Street Gangs
Année : 1989
Système : NES ...
Développeur : Technos
Éditeur : Technos
Genre : Beat'em all
[voir détails]
Par Jean-Christian Verdez (24 juin 2002)

De tous les jeux que Technos a développés, les plus connus sont sans doute la trilogie des Double Dragon. Pourtant la plupart d'entre eux mettent en scène un certain Kunio, jeune étudiant qui, nous allons le voir, n'est pas le dernier pour la baston. Après une première apparition dans le jeu d'arcade Renegade (l'ancêtre de Double Dragon du même développeur) et une autre dans un jeu de baston un peu plus sportif nommé Super Dodge Ball, (où le but du jeu était en gros d'assommer les adversaires avec le ballon), Kunio revient sur Famicom : la petite amie d'un de ses camarades décide, histoire de renouer avec les bonnes vieilles traditions du beat'em all, de se faire kidnapper avec la totalité des élèves de l'école. Finies les matches de Dodge Ball pour notre héros : voici donc l'un des rares jeux de toute la série mettant en scène Kunio qui soit sorti officiellement en Europe sur Nes, j'ai nommé Street Gangs.

Ce jeu, localisation oblige, est sorti sous plusieurs noms, avec plusieurs designs, éditeurs et dates différentes... Downtown Nekketsu Monogatari pour le Japon (1989 par Technos Japan), River City Ransom aux États-Unis (par American Technos), et enfin Street Gangs en Europe (1992, édité par Infogrames). Les uniformes sont remplacés par une tenue plus occidentale, les noms des personnages aussi (Kunio devient Alex, par exemple). Pour en finir avec les différences, le mode 2 joueurs qui permettait de ne pas frapper son camarade a disparu, détruisant ainsi tout espoir de terminer le jeu à deux, car des coups qui se perdent, il y en a croyez-moi.

Dès la sortie de l'école, les ennuis commencent
Encore un qui ne sait pas ce qui l'attend

Kunio va donc traverser tous les quartiers de la ville depuis l'école Nekketsu jusqu'au gymnase où l'attend son ennemi juré. Vous n'êtes pas obligé de « nettoyer » chaque zone, toutefois cela s'avèrera nécessaire dans certains quartiers de la ville pour faire apparaître les bosses. Car avant que les portes du gymnase ne s'ouvrent, il faudra éliminer tous les chefs de gang. La progression est très linéaire, puisque vous traversez un à un les différents quartiers de la ville. Toutefois, le jeu n'est en fait qu'un seul gigantesque niveau divisé en plusieurs écrans, et chose intéressante il est possible de revenir en arrière quand bon vous semble.

Vous allez rencontrer au total 9 gangs différents, reconnaissables aux couleurs de leurs vêtements. Chaque gang est composé de 9 membres. Bien sur si vous revenez en arrière vous rencontrerez tout ce petit monde plusieurs fois. Certains gangs sont plutôt trouillards, et si les ennemis vous voient mettre une raclée à leurs camarades, ils s'enfuiront sans demander leur reste. Notez à ce propos les dialogues qui défilent en bas de l'écran et qui sont parfois très amusants. Certains gangs adorent utiliser des armes, d'autres ont une grande résistance, ou bien privilégient les coups de pieds, de poings, etc. En fait chaque gang a sa particularité, et chaque membre d'un gang à aussi ses propres caractéristiques. À force de jouer, on finit par identifier les spécialités de chacun. Par exemple, celui d'un gang qui porte des lunettes de soleil est toujours le plus agile du groupe, celui qui a le front dégarni est très fort avec une arme, etc. Au hasard de votre aventure, vous trouverez des armes pour vous battre : pneus, poubelles, tuyaux, caisses en bois, tout y passe. Même le corps d'un adversaire temporairement KO peut servir, c'est pour dire... Une fois tous ces individus remis à leur place, il ne vous restera plus qu'à affronter Yamato (ou Slick ou Simon suivant la version avec laquelle vous jouez), le mauvais garçon de l'école.

Même les poubelles servent d'armes
Les uniformes de la version japonaise

Donc, la jeune fille en détresse, la grosse brute du lycée - du genre qui se rasait déjà à l'école primaire à force de chercher des ennuis au lieu d'étudier (on en a tous connu un comme ça) -, et plusieurs bandes rivales toutes contre vous, tout y est pour offrir un jeu de baston dans toute sa splendeur. Mais ce n'est pas tout : ce jeu permet aussi de faire évoluer son personnage d'une manière qui n'est pas sans rappeler les RPG. En effet, votre personnage possède une force différente pour chaque « catégorie » de bastonnade : coup de poing, coup de pied, utilisation d'une arme, lancer d'un objet, agilité, défense, force, volonté, points de vie et points de vie maximum. Par contre l'évolution des personnages n'est pas du tout basée sur l'expérience des combats : chaque adversaire éliminé laissera derrière lui une petite somme d'argent. Cette somme varie selon le gang auquel votre adversaire appartient (de quelques cents, à plusieurs dollars pour un boss). L'argent récolté va vous permettre d'acheter de quoi améliorer vos capacités.

Le statut de votre personnage
Ici vous trouverez de quoi reprendre des forces...

Hé oui, régulièrement dans votre parcours vous traverserez des zones dénuées d'ennemis mais dans lesquels vous pourrez vous adonner aux joies du shopping... Des restaurants, des boulangeries, des marchands de chaussures, etc. Chacun vend différents produits, à des prix différents, et qui ont tous des propriétés particulières. Par exemple, l'Espadon du Sushi Bar vous rapporte 4 points de coup de poing, 4 points de lancer, augmente votre énergie ainsi que votre énergie maxi. Certaines nourritures sont à consommer sur place, d'autres tels que les donuts et autres friandises sont à emporter. Vous pourrez les manger plus tard, lorsque le besoin s'en fera ressentir. Certains commerces vous laisseront le choix... Autres boutiques intéressantes : les marchands de chaussures. Rien de tel pour augmenter la force de vos coups de pieds. Des espadrilles aux rangers, tout y est. On notera enfin, la possibilité d'apprendre de nouvelles techniques en achetant des livres particuliers dans les librairies.

Vous aurez donc, une fois que vous aurez acquis les « articles » intéressants, la possibilité de faire évoluer votre personnage dans une spécialité particulière. Par exemple, acheter des Texas Boots et lire le livre Dragon Feet rendra chaque coup de pied mortel. Il y a d'ailleurs des techniques peu utiles mais très amusantes... Grand Step pour sauter à pieds joints sur un ennemi, ou Javelin Man, pour le lancer à travers tout l'écran...

Mmmm, des donuts !
Les password sont vraiment très longs !

Vous l'aurez compris, ce jeu de baston ne se prend pas au sérieux. Les personnages ne sont par réalistes mais ont un design super déformé, leurs yeux leur sortent de la tête lorsqu'ils se prennent un coup violent... Bref Street gangs est un jeu de combat plus fin que la moyenne de par son côté « évolution des personnages » et très second degré grâce notamment au design typiquement japonais des personnages.

L'univers de Street gangs a été repris plusieurs fois dans le jeu vidéo, et s'est vu adapté sur de nombreuses machines. Toutefois c'est sur Famicom qu'on a pu revoir Kunio le plus souvent, jouant au foot, au basket, se battant dans la rue, jouant au hockey, se battant à nouveau dans la rue, etc. Toutes ces nombreuses « suites » montrent bien à quel point Street gangs fut un succès au Japon, ce qui était chose méritée. En revanche par chez nous la musique a été différente, ce qui priva le joueur d'un nombre important de séquelles, pourtant toutes réussies.

Jean-Christian Verdez
(24 juin 2002)
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