Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (10 décembre 2012)
Au cours de mes traversées dans l'espace internet, j'ai rencontré sur les sites anglophones un terme qui, je crois, n'est pas encore trop employé sur le web francophone ou, du moins, assez rarement : selon un certain nombre de personnes, il y a les jeux durs (hard) et il y a jeux durs façon NES (NES hard). Ce terme est intéressant, car il dissimule au moins trois présuppositions. La première, c'est qu'il existerait, concernant la difficulté dans le jeu vidéo prise comme un élément objectif (ce qui est toujours discutable bien entendu) un « avant » et un « après » Nes. Il faut préciser encore ce qu'on entend par là : la Nes a été, je crois qu'il faut le dire, la première console depuis l'Atari 2600 a avoir eu autant de succès de par le monde. Contrairement, cependant, à cette dernière, elle fut la première à présenter en nombre des jeux « narratifs », c'est-à-dire avec une suite de niveaux différents s'enchaînant les uns après les autres et non pas un challenge typé « arcade des premières heures » où l'on joue, encore et encore, à la même séquence avec une difficulté accrue. De ce point de vue-là, donc, les jeux Nes se démarqueraient largement de ce qui a été fait précédemment. Cette terminologie, cependant, n'est apparue que récemment, avec le recul des années et la constatation faite, à tort ou à raison, que les jeux sortis à compter, dirons-nous, de la Playstation ont tiré leur difficulté vers le bas ; et elle s'est construite par l'intermédiaire d'un certain nombre de jeux, découverts ou redécouverts au moment où l'émulation battait son plein et que les joueurs écumaient les romsets pour revenir vers leurs souvenirs d'enfance ou découvrir des perles oubliées. Curieux jeu que ce Battletoads. Très curieux, même. Il a un statut étrange, entre le chef d'œuvre reconnu de tous, la perle rare que l'on se plaît à redécouvrir tous les cinq ou six ans et l'inconnu au bataillon, malgré plusieurs suites et adaptations directes sur Game Boy, Megadrive, Snes, Game Gear ou Arcade. Battletoads fascine à plusieurs niveaux, avec raison sans doute, mais il a tout du cadeau empoisonné : et si lors des premières minutes de jeu l'on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi tout le monde ne cite pas ce jeu aux côtés des Zelda, des Mario et des Ninja Gaiden dans le panthéon de la console, une fois arrivé au troisième niveau on comprend mieux pourquoi. Et, de rage, on s'efforce de l'oublier avant de se faire avoir une autre fois, quelques années plus tard. Let's get mad, bad and crazy, 'Toads!Recentrons-nous un instant. Sorti en 1991 sur Nes, à une époque où le monde entier regardait déjà du côté des 16-bits et issu des cerveaux dérangés de Rareware, que l'on ne présente plus, Battletoads avait à l'époque produit son petit effet. Bien avant le succès de Donkey Kong Country et leur reconnaissance mondiale avec la N64, le développeur avait déjà été à l'origine de plusieurs grands succès sur Nes avec des titres comme la série des Wizards and Warriors, Snake Rattle'n Roll ou encore RC Pro-AM même s'il n'existait pas encore, à l'époque, l'étiquette « Rareware » accolée, de façon bien visible, sur la boîte du jeu. C'est à cause de cela, notamment, qu'il est compliqué de classer de façon absolue le jeu et de le faire rentrer dans une case précise. Si on le considère généralement comme un beat'em all - ce que le crossover avec Double Dragon et la version arcade semblent indiquer par ailleurs -, seuls quelques niveaux et, plus précisément, quelques sections au sein de ces niveaux relèvent clairement de cette catégorie. Le reste du temps, c'est plutôt à un jeu de plateformes auquel nous avons affaire, mâtiné d'un jeu de course comme vous le verrez quand je m'attarderai sur les différents mondes. Battletoads, en soi, est sa propre et meilleure définition tant il me paraît difficile de lui trouver un équivalent, indépendamment de ses suites. Je ne prétends pas tout connaître mais, très sincèrement, je n'arrive pas à me représenter un autre jeu au feeling similaire. The Dark Queen don't surf !Si l'introduction du jeu présente donc trois grenouilles, le joueur ne pourra diriger que Rash (joueur 1) ou Zitz (joueur 2) au cours du jeu. Contrairement à Pimple qui est la plus musclée du trio, ceux-ci sont assez fluets bien qu'ils sachent se défendre : étant des grenouilles, ils sont capables de faire des bonds prodigieux (avec le bouton A) et distribuent à qui mieux-mieux des torgnoles à tout ce qui bouge (bouton B) : pour l'occasion, et avec le prétexte de la « réalité virtuelle », leurs membres se transforment totalement, leurs poings deviennent énormes, leurs pieds deviennent des bottes lourdes et lorsqu'ils donnent des coups de boule, des cornes de bouc leur apparaissent. De là, battre les ennemis se fait particulièrement jouissif tant la violence des coups apparaît à l'écran : et les pauvres hères se font expulser manu militari, se déglinguent ou s'enfoncent dans le sol meuble avant de se faire houspiller la face. Le jeu est composé de douze niveaux, tous distincts les uns des autres, et d'un combat contre la Dark Queen. Il est possible de répartir les niveaux en trois catégories, chacune ayant ses propres règles :
À côté de cela, la plupart des niveaux (sauf les mondes 2, 3, 4, 6, 7 et 9) se terminent par un combat contre un boss, qui fait aussi office de point de contrôle : mourir face à lui n'entraîne aucune pénalité du moment que l'on a des vies. Le joueur possède, à côté de cela, trois continues (en utiliser un remet le score à zéro et ramène le joueur au début du niveau en cours, bien évidemment) et débute l'aventure avec trois vies (symbolisées par des cœurs). Les vies se gagnent en collectant les objets « 1up » dissimulés ci et là et à chaque palier de 100 000 points franchis. Même si le jeu n'affiche que cinq cœurs en haut de l'écran, le jeu garde en mémoire jusqu'à neuf vies au maximum ; cependant, à part à un ou deux endroits précis du jeu (dans Impact Crater et Surf City), il n'existe pas à ma connaissance de moyens d'en gagner facilement. Enfin, les Toads possèdent jusqu'à six points de vie, symbolisés par de petits carrés. Si cela semble suffisant, il convient de se rendre compte qu'énormément de pièges sont mortels au contact (comme les pics, le gaz ou les canards en plastique... hé oui) ou enlèvent une moitié de barre de vie d'un seul coup (comme l'électricité ou certaines attaques de boss). Compte tenu, du reste, qu'il n'y a aucune frame d'invincibilité après un choc (uniquement après la perte d'une vie lors d'un niveau beat'em all ou d'un combat de boss), il est très fréquent de mourir en un clignement de cil car l'ennemi, ou l'obstacle, nous aura touché deux fois de suite sans que l'on ne puisse rien y faire. Keep a cool head and you'll be okay!Mais si le jeu fait également figure d'hapax, c'est aussi concernant ses aspects plus techniques. Il n'est pas peu dire que Battletoads fait partie des jeux les plus beaux de la Nes, pas tant sur le plan purement esthétique je pense - Mr. Gimmick, encore une fois, est largement plus coloré et sympathique à l'œil - mais bien sur le plan de l'esbroufe : de la même façon que Donkey Kong Country criera à la face du monde sa beauté « m'as-tu-vu », Battletoads est un déluge d'effets pyrotechniques et de prouesses graphiques et serait à la Nes ce que Michael Bay est au cinéma. Holy Hip-hop,'Toads!Malheureusement, mais c'est aussi l'une des marques de fabrique de Rare, le jeu souffre de limitations et d'approximations dans le gameplay en lui-même. Les hitboxes des 'Toads ou des éléments du décor sont parfois délicates à distinguer, ce qui rend certains combats ou certains sauts incroyablement difficiles à réaliser ; il arrive fréquemment de tomber de l'espace de jeu par accident, sans pour autant qu'il n'y ait de trous à cet endroit précis ou même de passer à travers les murs ou les plateformes ; enfin, il y a ici et là quelques bugs qui peuvent soit jouer à votre avantage, en vous permettant de finir un niveau plus rapidement, soit vous bloquer définitivement. Par exemple, il était impossible, en version américaine, de finir le jeu en mode « deux joueurs », puisque le joueur 2 ne pouvait pas terminer le niveau 11 et accéder au niveau 12 ; fort heureusement, l'erreur a été corrigée en version européenne. Non : Battletoads se joue seul, c'est un duel entre vous et la machine. Certains niveaux sont si délicats que les solutions « officielles », s'entend celles données dans des magazines type Nintendo Power ou que l'on peut trouver sur divers sites recommandent de prendre des warp-zones, dissimulées ci et là et qui vous permettent de sauter un monde à chaque fois, pour finir le jeu. Car même en mettant de côté les « errances » de gameplay dont je faisais état à l'instant, le jeu est difficile. Très difficile. Pas insurmontable, certes : mais cruel. La difficulté, il faut le dire, ne tient pas aux phases beat'em all, mais bien aux phases de plates-formes et de courses. Dans ces deux cas, il faudra bien plus que des réflexes, il faut de la patience et de la mémoire. La plupart du temps, l'obstacle ne peut être surmonté à moins de prédire son existence ; et si l'on arrive, au bout d'un moment, à « sentir » le level-design et à prédire l'arrivée et de tel ou tel élément, on finit toujours par se faire avoir. Not so fast battlejerks!Comme je viens de le dire, Battletoads est un jeu difficile. Très difficile. Mais dieu, qu'il sait récompenser vos efforts ! Il n'est pas un seul niveau qui ressemble au précédent, qui n'introduise un élément de gameplay nouveau repoussant toutes vos limites. Un petit tour d'horizon vous en convaincra, je pense... Niveau 1 : Ragnarok's CanyonLe premier niveau du jeu est une véritable promenade de santé. Parmi les choses intéressantes, notons la possibilité de chevaucher une créature volante crachant des boules de feu et un boss sympathique, dont le point de vue se situe dans son cockpit (on voit donc la chose selon une vue se rapprochant de celle d'un fps). Les plus rapides pourront trouver une warpzone vers le niveau 3. Niveau 2 : Wookie HoleLe deuxième niveau se déroule à la verticale, les héros étant suspendus à des filins. Le niveau n'est pas très compliqué, il faut juste à penser à jouer constamment sur la hauteur pour éviter les ennemis. Si vous êtes bons, vous parviendrez même à jongler avec les corbeaux et à amasser des vies. Vous en aurez vite besoin... Niveau 3 : Turbo TunnelVoici le niveau que sans doute la majorité des joueurs n'ont jamais dépassé à l'époque. Si la première partie du stage est une phase de beat'em all classique, il se compose majoritairement d'une grande phase en moto supersonique assez délicate. La moto peut sauter (il ne faut pas hésiter, au cas où) mais il faut surtout éviter des murs de briques, parfois posés devant vous au dernier moment et prendre des tremplins pour franchir de larges gouffres. La dernière section est un cauchemar : vous irez tellement vite qu'il faut être d'une perfection exemplaire, et je veux dire au pixel près, pour réussir. Si vous êtes rapides, vous pourrez prendre la warpzone vers le niveau 5. Niveau 4 : Arctic CavernsGla gla ! Ce niveau de plateformes est délicat compte tenu de sa physique particulière. Vous ferez néanmoins de belles batailles de boules de neige avec des bonhommes (de neige), et la warpzone vous conduira au niveau 6. Le niveau n'est pas des plus compliqués cependant, à condition de prendre son temps. Niveau 5 : Surf CityVous remplacez les motos par des planches de surfs, et roulez petits bolides ! Rassurez-vous, la chose est nettement plus abordable que le monde 3. En général, un niveau assez aisé. Niveau 6 : Karanth's LairAh, ah. Un conseil : prenez la warpzone vers le niveau 8, et n'en parlons plus. Bon, parlons-en un peu. Voici le deuxième niveau que les joueurs n'ont pas su passer à l'époque. Dans ce niveau qui doit beaucoup au fameux Snake, les Toads doivent escalader des serpents géants qui errent ci et là dans de grandes grottes tout en évitant les pics mortels. Les bestioles vont très vite, les sauts sont millimétrés, le niveau est une horreur. Pour les imbéciles - oui, il n'y a pas d'autres mots - qui auraient raté la warpzone de la deuxième grotte, sachez qu'il est possible de terminer la quatrième section du niveau assez facilement en évitant de se farcir le chemin programmé par les développeurs. Je continue d'ailleurs à me demander si l'astuce est accidentelle, ou si elle a été voulue de base... Mystère, mystère. Niveau 7 : Volkmire's InfernoVous avez aimé les motos ? Vous avez adoré le surf ? Vous allez hurler de plaisir pour les petits avions ! Cette course vous fera crier de douleur tant il vous faudra être d'une précision exemplaire avec le pad pour se faufiler dans des trous de grandes barrières électriques, éviter un barrage de boules de feu et des missiles téléguidés. Niveau 8 : Intruder ExcluderCe n'est pas tant que le niveau est long (la preuve, il n'a qu'un seul checkpoint, si on excepte le combat de boss) mais il peut être retors si on se presse tant les sauts doivent être millimétrés et qu'il ne suffit d'un rien pour tomber dans un trou, se faire aspirer par un ventilateur ou suffoquer à cause du gaz mortel. Niveau 9 : Terra TubesVoici, en revanche et selon moi, sans doute le niveau le plus compliqué de tous. La première phase de jeu vous demandera d'échapper à de gigantesques roues crantées qui menacent de vous écraser, tandis que la seconde vous fera connaître les joies de l'exploration sous-marine. Malheureusement, la maniabilité ici est on ne peut plus perfectible et il est difficile de nager, d'éviter les pics et les poissons... Sans parler des canards jaunes qui vous tuent en un seul coup et que l'on ne peut détruire définitivement, juste assommer pour un court laps de temps. Saloperies. Niveau 10 : Rat RaceAdieux, piètres artifices mécaniques ! Pour courir, rien de tel que ses jambes ! Rat Race vous demande de dépasser à la course des rats qui veulent activer des bombes ce qui signerait automatiquement votre mort. Attention, épreuve plus difficile qu'on ne le croit... Niveau 11 : Clinger WingersFinalement, les machines, ça a du bon. Chevauchant des sortes de coupe-pizzas (je vois pas trop comment décrire ça autrement), les Toads doivent échapper à une boule à facettes géante (idem) en remontant une piste parfaitement folle s'étendant dans tous les sens. Il ne s'agit ici « seulement » que d'imprimer la bonne direction sur le pad, mais votre délai de réaction doit être exemplaire : sinon, la boule-disco vous écrasera sans même y réfléchir. Niveau 12 : The RevolutionEnfin. Et ouille. The Revolution ne possède qu'un seul et unique checkpoint, et cela est on ne peut plus dommage. La première partie est assez classique : monter, éviter les obstacles et surtout les rhinocéros qui peuvent vous tuer très facilement. Surtout ne pas oublier, au premier étage, de récupérer la barre en métal. Come to me now, if you dare!Ouaip, jeu très étrange que ce Battletoads. Célèbre pour ses graphismes, sa musique et sa difficulté exemplaire. Peu joué, précisément pour ses raisons, enfin, surtout pour cette dernière à dire vrai. Il me semble qu'au fur et à mesure du temps les joueurs reviennent vers Battletoads de plus en plus, qu'on lui consacre, tout du moins, de plus en plus de visibilité. Battletoads, Battletoads, Battletoads... Quand donc pourrons-nous vous revoir sur nos consoles ? Je sens dans mon ventre comme un sentiment d'acte manqué, d'inachevé, même, que seule une suite pourra guérir. Allez, Rare, vous pouvez bien nous offrir ça, non ? Go get 'em 'Toads! Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (11 réactions) |