Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par François (18 décembre 2006)
Lorsque les premières bornes neo-geo MVS firent leur apparition en France, les joueurs eurent l'occasion d'être doublement surpris : non seulement ils faisaient face à un nouveau standard pour la réalisation des jeux d'arcade, mais il leur fallait en plus choisir un titre parmi tous ceux disponibles sur une seule et même machine, le MVS (pour Multi Video System) permettant d'installer jusqu'à 6 cartouches en fonction du nombre de slots présents sur la borne. Placé devant un panel de titres de qualité tels que Magician Lord, Nam 1975 ou Blue's Journey, le choix était parfois des plus difficiles et il n'était pas rare de se retrouver accidentellement sur tel ou tel jeu, faute d'avoir pu se décider avant l'écoulement du temps accordé pour la sélection ! C'est de cette manière un peu idiote que je débutais mon long voyage dans le petit monde de SNK, avec Ninja Combat : je n'ai pas eu à le regretter et, bien des années plus tard, voici l'occasion de revenir sur ce titre. De nos jours, une forteresse aussi mystérieuse que gigantesque effectue une apparition pour le moins remarquée au sein d'une mégalopole japonaise : la ville, dévastée lors de la téléportation du bâtiment, sombre en plein chaos et est désertée par ses rares survivants. Voilà pour le scénario qui, s'il ne marquera pas les mémoires, a cependant donné l'opportunité aux développeurs de nous offrir quelques idées originales. Un gameplay des plus surprenantsBien que Ninja Combat soit classé dans la catégorie des beat'em all, il apparaît rapidement que sa jouabilité fait appel à des éléments extérieurs au genre : Tout d'abord, les différents ninjas que le joueur va être amené à contrôler n'utilisent pas vraiment leur arme de base au corps à corps : celle-ci émet en fait une onde d'énergie plus ou moins destructrice et de portée variable selon le personnage, comme vous pouvez le constater sur les images ci-dessus. Pourtant, on reste bien dans le jeu de baston pur et dur lorsque le héros ramasse une arme abandonnée sur le terrain ou dissimulée dans les éléments du décor (nunchaku, hache, massue, hallebarde....), ce type d'accessoires s'utilisant exclusivement au corps à corps, comme l'illustrent les deux exemples ci-dessous : Ninja Combat est donc caractérisé par une jouabilité hybride, enrichie par la présence de commandes supplémentaires : En pressant de manière continue le bouton d'attaque, une jauge de pouvoir commence à se remplir et lorsqu'elle atteint son maximum, le guerrier lance un sort dévastant l'écran, au coût d'une unité de vie (sur 4 au total). Étant donné qu'il n'y a aucun moyen de se soigner en cours de niveau, cette possibilité est à réserver lors du face à face contre un Boss : en cas de victoire, les unités de vie perdues sont régénérées pour le niveau suivant. Enfin, à côté du traditionnel bouton de saut (qui sert également à poser par terre les armes ramassées), figure une autre commande, le "Special" : il s'agit d'une manœuvre d'évasion permettant de prendre un peu de distance face à des ennemis coriaces ou d'échapper à une tentative d'encerclement. Pendant son exécution, le ninja est quasiment invulnérable et si le joueur appuie sur le bouton d'attaque à la fin du "Special", il exécute alors une nouvelle action offensive. Elle ne cause pas autant de dégâts que la magie et peut parfois conduire à s'exposer inutilement, mais cette attaque spéciale a au moins le mérite de ne coûter aucune unité de vie ! Revue des troupesEn début de partie, le joueur n'a le choix qu'entre deux personnages disponibles. Cependant, chaque demi-boss battu au cours des premiers stages devient accessible pour le niveau suivant et au final, la sélection s'effectue entre 5 combattants : Les frères jumeaux Joe et Hayabusa sont les principaux protagonistes de l'histoire et constituent les personnages les plus équilibrés du jeu ; leur attaque à base de shurikens bénéficie d'une longue portée et eux seuls peuvent ramasser les armes blanches traînant sur le terrain. Ils ont un profil identique, excepté pour la magie, où le "Fire Dragon" de Joe est légèrement surclassé par le "Power Thunder" d'Hayabusa. Musashi a été fait prisonnier en tentant d'infiltrer seul la forteresse et ensorcelé par Genyohsai : le combat contre nos deux héros permet de rompre le sortilège et désormais ce farouche guerrier ne rêve que de prendre sa revanche... Kagerow se dresse sur la route des héros en vue de tester leur valeur au combat : après avoir pris sa raclée, elle décide de se joindre à eux... À chaque jeu de baston son bourrin et cette fois-ci c'est Gembu qui s'y colle. Homme de main du clan Shadow, il estime avoir été manipulé par Genyohsai et se retourne contre son ancien maître. Les différents combattants disponibles peuvent se côtoyer dans un mode deux joueurs évidemment le bienvenu, mais sachez qu'il n'est pas possible de prendre 2 fois le même guerrier. Et maintenant, penchons-nous un peu sur les épreuves les attendant... Déroulement du jeuStage 1L'action démarre en périphérie de la ville et les ninjas doivent se frayer un chemin à travers un parc d'attractions plutôt mal fréquenté. Ce premier niveau est clairement destiné à assimiler le gameplay particulier du jeu : le combat contre Musashi est une simple formalité et le Boss ne constitue pas un challenge des plus éprouvants (prenez seulement garde à l'allonge de ses bras...) Stage 2L'ennemi tente d'enrayer votre progression en détruisant le seul pont menant à la ville, tandis que Kagerow teste vos capacités offensives lors d'un affrontement kitch à souhait ! Mais les choses sérieuses démarrent à la fin de ce niveau, avec un Boss susceptible de vider votre barre de vie en une seule attaque : le "Special" est donc de rigueur pour esquiver ses coups... Stage 3La surface de la mégalopole étant impraticable, un passage par le métro apparaît comme la seule issue possible. Malheureusement, un comité d'accueil vous attend sur place : les troupes de Gembu vous pourchassent jusque sur une rame dont la course est brutalement interrompue par un Boss des plus coriaces... Concernant ce dernier, son crâne est recouvert d'une sorte de carapace s'ouvrant au moment où il va lancer son attaque la plus meurtrière : il suffit d'esquiver en conséquence. Stage 4La base de la forteresse abrite un ensemble technologique avancé et bourré de pièges vicieux. Vous aurez ainsi droit à quelques phases de plateforme bien stressantes avant d'atteindre un ascenseur des plus classiques (baston à tous les étages...), vous menant finalement au Boss de ce niveau : combat difficile en perspective, vu les nombreux mouvements d'attaque dont il dispose (la meilleure technique est encore de lui donner un coup rapide avant de prendre ses distances). Stage 5Une fois parvenu dans la cour intérieure, ce n'est pas le moment de relâcher votre attention car l'endroit est soigneusement gardé par des patrouilles de hallebardiers et autres adversaires cruels... Le chemin est rude jusqu'au palais de Genyohsai : vous aurez à subir le traditionnel retour des premiers boss avant de vous heurter au portier du palais, un sorcier particulièrement puissant, capable de vous renvoyer votre magie ! Pour gagner ce face à face, il faut être constamment mobile... Stage 6Les jeux sont faits pour le clan Shadow ! En désespoir de cause, le démon Hakuunsai et ses acolytes sont invoqués pour permettre à Genyohsai d'achever son plan. Le niveau du palais, qui compte parmi les plus beaux du jeu, est riche en passages de plateforme et le combat contre Hakuunsai particulièrement ardue : ne restez surtout pas sur le même plan que lui, sinon s'en est fini de votre vie ! Pour information, le nom d'Hakuunsai est un hommage à un grand maître des arts martiaux ayant vécu au 12ème siècle AP-JC... Stage 7Après quelques affrontements contre le résidu de ses troupes, vous pénétrez dans les appartements privés de Genyohsai et engagez une brève passe d'armes avec lui, avant d'assister à sa transformation en géant. Bon courage, face à ce dernier : il faut d'abord détruire l'un de ses bras avant de pouvoir s'approcher de sa tête (son seul point sensible), le tout en esquivant un spectre des plus agaçants et visiblement intégré au jeu à la dernière minute... Le jeuTechniquement parlant, Ninja Combat ne révolutionne pas son support, surtout si on le place à côté de certains jeux sortis en 1990 (je pense notamment au fabuleux Magician Lord). Son design fait plutôt penser à un titre antérieur d'Alpha Denshi :Gang Wars. Il faut dire que les deux jeux ont pratiquement le même staff, d'où quelques similitudes dans la représentation de l'action, mais la ressemblance s'arrête ici et Gang Wars ayant lui aussi son lot d'originalité, je vous recommande vivement la lecture de l'article qui lui est consacré. Et puis, ne soyons pas trop sévères : les graphismes ainsi que les animations restent d'une qualité honorable pour un titre ayant participé au lancement du MVS ; en progressant dans les niveaux, on a même droit à quelques décors tout simplement magnifiques. Enfin, Ninja Combat comporte son lot réglementaire d'effets spéciaux : zooms (les wagons du grand huit, l'apparition du second boss...), effets d'étirements et de rotations appliqués à certains ennemis, etc. Sur le plan audio, le cahier des charges est largement assuré : explosions, cris des ennemis, impacts des armes..., tous les bruitages ont la pêche et exploitent pleinement les capacités du MVS ; petite cerise sur le gâteau, l'histoire est émaillée de quelques lignes de dialogues digitalisés. Bien sûr, ce n'est pas du Shakespeare mais tout ça reste rudement sympathique, aujourd'hui encore. Quant aux musiques, elles accompagnent efficacement l'action et on ne leur demande pas plus ! Pour conclure, Ninja Combat a bénéficié d'un certain succès (on croisait souvent son chemin dans les salles d'arcade au début des années 90) et a fait l'objet d'une adaptation fidèle sur neo-geo (versions cartouches et CD). Alpha Denshi ne lui a pas donné de suite, mais il semble que cela faisait partie de la politique du développeur de ne jamais faire deux fois la même chose, du moins avant d'entrer dans le giron de SNK sous le nom d'ADK... François (18 décembre 2006) Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (25 réactions) |